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mercredi, 22 septembre 2010

L'aveugle point du lisse

Bien des idées passent et s’évadent dans les éthers, comme des âmes perdues se dissolvent sans plus qu’une trace, pas même une odeur ou une couleur camaïeuse se distingue dans l’azur, subsiste. Lorsque rien ne les renouvelle, comme un air frais que respire la cervelle, une pluie qui abreuve celles qui y sont restées, les bras vous en tombent. Et lorsque les zébrures de l’éclair rageur ne sillonnent plus l’équilibre des cieux et des terres, rien ne les retient plus et elles s’évaporent comme l’eau des flaques au soleil ou sont bues par le temps comme le lapement du chat le lait.

Le vécu antécédent y est pour beaucoup, dans son foisonnement qui se presse à la mesure des asticots sur le rai du présent fermentant, et se bouscule sans pouvoir s’ordonner des tours ou des mots de passage, des distributions et des catégories pouvant en rendre le tri plus facile. Mais trier pour quoi ? puisque que cette fatigue qui vous donne tant de mal à la retenue du folâtre des pensées ne vous permet plus d’y porter votre intérêt ! On met en ordre pour le plaisir de l’autre, pour rendre agréable un énoncé dans lequel il se doit d’y pouvoir être distingué une trame ou un fils, un tissu bariolé dont l’ensemble forme un dessin par l’entrelacs des traits qui s’étalent devant vous et qui aiguise une curiosité dans les surfaces laissées à la vue intérieure à l’aune du déroulement du dessein.

Dans les pires moments de l’adolescence, certains ont reçu comme punition de devoir décrire une boule de billard blanche sur quatre pages sans parler de sa forme ni de sa couleur ; il n’y a pas pire moment que de se retrancher dans la description d’une âme vide pour tenter de lui redonner du plein. L’écriture remplit, mais à une telle lenteur qu’elle laisse à la traîne toute une kyrielle de pas informulés, à la cadence hachée de l’énoncé hésitant du fait qu’il faille extraire du fond du puits profond de ce qui veut perdurer à être, la torture de la formulation. C’est qu’on se trouve, comme devant cette boule blanche, ronde ou sphérique, qui se tourne autour de soi-même sans qu’on en perçoive un seul mouvement sinon que linéaire, au devant de ne rien avoir à dire que sa solitude affective, face au froid du glissant et de l’insaisissable, le geste maladroit où vous trouez le tapis qui vous le rend en croche-pied, une trébuche qu’aucun geste des bras vous fait rattraper et qui vous étale dans votre fatigue, encore, de vous relever. Pour peu que le sol soit jonché des gravillons des arguties et votre peine s’augmente des déchirures périphériques dont la poisse sanguine englue mieux dans le marasme des écorchures de l’âme.

Parler du vide comme de la surface lisse de l’imitation de l’ivoire, verra pour une part sa pénibilité s’évanouir dans la publication qui en sera tout à l’heure faite : communiquer est correspondre, même dans le vide de la toile et donne le sentiment peu éloigné de la sensation d’exister en un endroit situé là où quelqu’un vous lit, sans savoir ni le lieu, ni l’heure de cette situation. Ecrire coûte, surtout quand on en arrache des lambeaux de plaisir de l’outil de la satisfaction par gestes brusques, saccadés, à la manière de la mauvaise humeur où vous noient vos réprobations devenues quasi-sempiternelles devant ce sort terrible qui vous reflète votre impuissance d’un sourire déploré ne signifiant rien d’autre que cette débilité : des chaînes si étroites qu’elles vous scient les chairs du ressenti et si solides qu’on s’y sent suspendu, les membres cordiaux enceints dans ses tours resserrés par le poids de cette âme que vous supportez seul et le bout aussi fin que le cheveu de la déesse de l’amour que vous tenez entre l’index et le pouce et dont la présence est si faible qu’il ne reste que la sensation qu’il va vous échapper sans aucune certitude de sa réalité toujours.

La force de telles illusions indésirées, contrebalancée par le simple fait que la vie tient à vivre, étire le fil et, vous le savez, qu’elle perdure et cela va rompre. On chutera inévitablement en arrière avec un gouffre sous les fesses pour ne plus vous retenir et la vie s’en ira dans cet effondrement de vous là où plus rien ne vous reconnaîtra, où plus rien ne discernera qui vous êtes, plus même vous. Quoi faire ? Ne tient-il qu’à vous seul d’être seul ? Lorsque la boule de billard s’est tournée, pouvez-vous toujours situer son ancien point de repos ?

Pour autant, cet amer qui nage dans votre bouche déteint sur l’ensemble de votre vécu et les distractions que vous vous accordiez pour le plaisir issu d’une petite communauté qu’elles vous apportaient, vous lassent, elles aussi, pour vous enfoncer plus dans ce fouillis désertique. L’isolement se renforce et renforce davantage le sentiment d’impuissance devant les petites misères de la vie quotidienne à qui vous ne pouvez à personne parler pour les diluer dans le temps. Cette page-ci, n’y suffit pas, car personne ne veut lire que le briquet est cassé, que l’adsl fonctionne mal, qu’on a de plus en plus froid aux pieds et aux bouts des doigts et que l’appétit ne vous donne plus l’imagination culinaire à laquelle vous êtes coutumier et qui vous faisait passer le temps du dîner moins dépourvu de nouveauté. C’est pourtant de vie quotidienne dont vous manquez, de partage d’affects, d’effets, de reflets. Le lisse lisse tout faute d’aspérités.

C’est sans secours, on ne peut pas se demander, à soi, du secours, car c’est le manque de l’autre qui vous fait défaut ; cela ne tient qu’à l’autre que vous ne soyez plus seul. Cela tient à vous, bien sûr, mais moitié à l’autre, aussi. C’est-à-dire que vous ne voyez pas où vous pourriez vous porter secours : d’abord les forces commencent sérieusement à vous manquer, ensuite vous ne voyez pas comment vous pourriez vous changer pour rencontrer l’autre. Et quel autre ? Il est où qui vous satisfasse ? En quoi ? On le sait : le bonheur de l’amour est composé du trépied du corps, du cœur et de l’esprit. On sait que cela intéresse encore… mais comment ? Et où ? Dites-le moi ! J’y cours ! même en claudiquant. Quel extrême que de penser que le secours que vous implorez s’enfuira dans la rencontre de l’autre !

vendredi, 17 septembre 2010

Éloge du chiotte à compost

On fait souvent usage des mots « toilettes sèches » pour insister sur le non-usage de l’eau dans l’évacuation des excréments par le tout-à-l’égout, à la place de ceux de « toilettes à compost » qui, eux, sous-entendent la participation à un cycle, la transformation de ces déchets sans l’usage de l’eau, certes, mais principalement avec celui du temps qui passe qui, lui, est le summum de la gratuité et agrémenté d’un ensemble de dispositions qui favorise cet usage. Dire qu’il n’est pas utilisé d’eau dans les « toilettes à compost » est beaucoup plus impliquant que de ne seulement pas utiliser d’eau comme dans les toilettes dites « sèches » : c’est une manière de penser la gestion de l’ensemble des déchets et ceux que vous produisez vous-même, chaque jour du simple fait de vivre. La séparation des « eaux grises » (eaux de lavages essentiellement) de manière à supprimer les « eaux noires » (eaux souillées par les excréments) est un ENTENDEMENT du monde.

Il est évident que les consortiums de l’eau ont tout intérêt à empêcher que cet entendement, cette compréhension des possibles, ne se fasse pas, car c’est leur gagne-pognon. Pourtant des immeubles sont déjà équipés de toilettes "sèches" et la gestion de leur compostage ne présente pas de difficulté ; et individuellement, ce n’est qu’une question d’organisation, au mieux, collective.

L’humanité aura bien changé en bien le jour où il y aura un ramassage municipal des sacs des toilettes à compost. Il s’agit de comprendre que la pollution de l’eau qui ne se pas fera de cette manière, mènera à comprendre qu’une autre pollution, l’industrielle, est étrange par sa balourdise et son obstination, car l’effort qui sera fait par les gens pour protéger, par les toilettes à compost, LEUR usage de l’eau, ne sera plus aussi tolérant pour ce qui est des autres manières de polluer l’eau, ce sang de la terre.

Faire la « promotion » des toilettes à compost n’est pas un truc de bobo ou de baba, c’est LA solution qui englobe une multitude d’autres résolutions qui mettront fin à l'emploi qui est fait des excréments par les firmes de dépollution de l’eau à usage ménager afin de gagner de l’argent lorsqu’ils favorisent la pollution des eaux par celles, noires, des WC... jusqu’aux résidus des médicaments qui servent à vous « guérir » des maladies engendrées par cette société. Il y a un lobbying contre les toilettes à compost qui fait passer des lois par nos chers délégués, nos députés parle-et-menteurs, qui en réfrènent l’expansion.

C’est parce que, dans ce contexte social, compréhension bien étrange et ambiguë est faite avec les organes génitaux, à la sexualité, que nos déchets corporels doivent cesser de rester anodins, ignorés, comme on veut cacher les fonctions liées à la sexuation (le fait d’être doté d’un des deux sexes) et incidemment la pollution générale qui inonde tout ici. Car c’est sans doute dans cette étrange et ambiguë relation entre les excréments et la sexualité, la confusion entre un organe sexuel et une fonction excrétrice que l’affaire achoppe et que réside cette résistance à tant de simplicité. L’usage des toilettes à compost facile cette discrimination qui, par conséquent, discriminera davantage leur différence et leurs spécificités et consécutivement ce qu’il faut faire et ne pas faire en matière de « pollution ».

J’insiste sur le mot « compost » vu que, à la différence du mot « sèches », il montre mieux ce que deviennent nos excréments : des éléments d’un recyclage, une intégration des déchets humains dans le cours du temps et son usage, ce que ne montre pas le mot « sèches » qui conserve encore un aspect séparé, donc séparable de ses propres productions. D’autant que, pratiquement, les toilettes sèches demanderaient une disposition qui sépare les urines des fèces qu’un particulier n’est pas toujours à même, dans un premier temps, de faire. On ignore souvent que les urines sont stériles, chez la personne saine ; elles peuvent contenir des résidus de médicamentation, comme les fèces, mais elles sont stériles à moins de provenir d’un être très malade. Elles peuvent donc, elles aussi, être considérées comme des eaux de lavage, des « eaux grises ». Un dispositif dans la cuvette des WC peut faire cette séparation. Mais si on utilise un seau qui réceptionne aussi les urines, ces toilettes ne sont plus sèches du tout. D’un point de vue plus collectif, le seau est protégé par un sac à compost (c’est-à-dire, lui-même compostable) d’une trentaine de litres que l’on referme à peine plein et place dans un dispositif ad hoc, et il est ramassé par des municipaux selon des critères hygiéniques correspondant et sans gêne pour eux.

Le principe des toilettes à compost est simple : les matières fécales sont composées principalement d’azote qui empêchent leur décomposition rapide. En y adjoignant une matière carbonée (« on recouvre ses déchets de sorte à ce que l’usager à venir n’en soit pas importuné ») tels que sciure ou copeaux de bois, feuilles sèches ou broyat de paille, la décomposition des matières azotées qui donne cette odeur si particulière, est stoppée et commence aussitôt une décomposition de type compost. Cette décomposition, suivant qu’on retourne ou non le fumier qui perd vite ses aspects repoussants, tous les trois à quatre mois environ, demande un temps de compostage de deux ans, maximum ; au mieux il demande, avec des soins, six mois. De sorte que l’on peut confectionner deux réceptacles de un mètre cube qui seront alternativement utilisés tous les deux ans et le terreau servira pour les jardins. Ce procédé est, bien évidemment, industrialisable par une accélération du processus, l’usage de la lombri-culture, etc. à l’échelle communale. L’hygiène liée au procédé est connue et sûre. Les résidus médicamenteux eux-mêmes disparaissent dans le processus de compostage.

La différence de traitement des eaux grises des eaux noires est considérable. Les eaux noires (la chasse d’eau des affaires) qui contiennent les excréments humains sont réellement pathogènes, nocives et délétères, mais seulement parce qu’elles contiennent ces excréments. Dès lors que les eaux domestiques sont exemptes de matières fécales, elles peuvent être considérablement mieux traitées par lagunage, sans aucun problème, qui est moins coûteux en énergie (c’est le soleil et les plantes qui travaillent pour nous). C’est une des raisons pour lesquelles les consortiums de traitement des eaux veulent conserver le tout-à-l’égout actuel qui ne fait pas cette discrimination, car c’est dans ces « eaux noires » qu’ils trouvent leur légitimité ; et la propagande qui va avec.

C’est donc l’approche que l’on a des déchets en général et de ceux qui vous sont les plus intimes et dont vous voulez vous débarrasser au plus vite (vade retro, satanas !) qui résoudra un des aspects les plus immédiats de la pollution et, pouvant déteindre sur une compréhension plus générale de la pollution générée par cette société qui n’a que faire de ses déchets, sinon, encore le même déchet, dès lors qu’elle y trouve son compte, l’argent qui est, lui, incompostable, ces toilettes à compost permettront de saisir une autre organisation sociale qui saura générer moins de travail pour moins de déchets !

Note d'avril 2017 : la difficulté, en ville, est de trouver de la sciure ou autre matière carbonée de bonne qualité. J'ai remarqué qu'en utilisant du pellet de bois (ou granulé de bois) légèrement humidifié et auquel on a jeté une dizaine de gouttes d'huile essentielle de cèdre ou autre résineux, fait très bien l'affaire, car la cohésion de ce granulé tient sur sa déshydratation. Un sac de 15 kg (4 €) doit pouvoir tenir un couple de mois...

mercredi, 15 septembre 2010

Le remue-lemming

Je me souviens de la première fois où j’ai comme douté de la manière de penser de cette société alors que je lisais un article sur les lemmings : ces petites bêtes se « suicideraient » lorsqu’elles « se » savent en surnombre. Que j’ai trouvé cela étrange ! C’est étrange que des bêtes, pleines de vie, faites pour la vie, vivantes, « se » suicident. Et puis j’ai constaté que c’est lors (c’est dans l’article) d’une transhumance qu’elles veulent traverser un détroit et qu’elles s’y noient. Autrement dit, du fait de ce surnombre indiscutable, le besoin d’aller voir ailleurs leur fait traverser un détroit où elles pensent, estiment, subodorent trouver de quoi satisfaire ce surnombre. En conséquence, elles ont déjà l’habitude de traverser des cours d’eau ou des étendues d’eau et que le désir d’alors, leur fait entamer une traversée qui leur sera fatale, à celles qui s’y engagent. Celles qui restent, voyant leur nombre diminuer, peuvent penser qu’il ne leur est plus nécessaire d’entamer cette traversée. Aussi, je me suis mis à penser, moi, qu’elles ne se suicident pas, mais vont sur des chemins qui s’avèrent mortels pour elles, ce qui n’est pas du tout pareil.

Dans de tels cas, je remonte l’histoire à l’envers : pourquoi donc, veut-on absolument penser que le suicide est possible chez le vivant ? puisque c’est de cela qu’il s’agit, comme d’une fatalité humanisée, devant laquelle il ne resterait qu’à baisser les bras, à la subir, à s’y soumettre. Je suis simplet, je veux bien, mais là, ça fait beaucoup à avaler, comme grosse couleuvre : il faudrait se résigner à un fait dont on est, soi, responsable ?

On veut faire penser que le surnombre doit faire l’objet de sacrifice. Premièrement : pourquoi ce surnombre, chez nous, les humains, nous qui sommes sensés être sensés ? Et secondement, pourquoi un tel surnombre chez d’autres mammifères ou autres animaux ? Cela fait parti du cours de leur vie : l’abondance dont profite une génération qui se reproduit alors en fonction de ce qui lui est proposé, ne convient pas obligatoirement à la génération suivante, car cette abondance n’est plus si abondante en raison de ce nombre supérieur, soit de ce nombre même soit de la moindre abondance. Ce que je veux dire est : penser que nous sommes des animaux qui ne savent que profiter du moment de l’abondance du moment sans penser au lendemain, ne laisse dubitatif quant à notre maîtrise de CETTE abondance dont nous pourvoit la vie. De fait, si l’humain établit un équilibre entre son TRAVAIL et les FRUITS de ce travail de sorte à ne pas se reproduire en fonction de l’abondance que ce travail apporte ici et maintenant, il devrait être à même de ne jamais manquer de rien, ou de très peu. La question subsidiaire devient donc : mais c’est quoi cette misère ? Ne serait-ce pas cette manière d’interpréter le monde de sorte à penser que les lemmings « se » suicident dès lors qu’ils « se » sentiraient en surnombre ?

Et puis cela sous-entend surtout qu’une partie d’une population doit se sacrifier pour la survie de l’autre ; quant au choix qui doit être fait des uns et des autres, certains seront de toutes évidences plus égaux que d’autres. Ainsi, en résolvant l’énigme du lemming, je me suis fait apparaître quelques facteurs pour le moins improbables, d’une part et d’autre part, le fait que je n’étais plus tout à fait d’accord avec les interprétations que ces scientifiques sociaux, nés de cette société, qui ont tété son lait sur les bancs de ses universités et autres laboratoires, et qui ne pensent que pour corroborer par cette interprétation sa manière de fonctionner. Ça jette un doute aussi vivant qu’un asticot dans une pomme malade : les explications que cette société donne des faits issus de la « nature » sont sensiblement orientés et cela me gêne, car ce que j’aime, c’est de trouver une explication la plus vivante possible pour clarifier un fonctionnement vivant. Or, ici, selon elle, il s’agit de mort « volontaire ».

La trace qu’une telle constatation laisse, outre le doute dont je parlais tout à l’heure, est qu’on va chercher ailleurs les explications qui vous manque du monde, en lâchant celles qu’on veut bien vous donner. Comme on doit, en quelque sorte, tout refaire, trouver de nouvelles références, établir de nouvelles fondations, au début c’est assez long et pénible, incertain et vague, tâtonnant et hésitant. Puis on se fait ses marques, comme on dit. Il y plusieurs choses qui ne peuvent mentir : on respire, on mange, on boit, etc. Si les organes génitaux se situent près de l’anus, c’est tout simplement parce qu’ils servent eux aussi à la décharge, mais cette fois-ci, de l’énergie excédentaire accumulée de par le fait de vivre ; et la fonction de la décharge n’a rien de sale, sinon que pour une personne qui trouve les organes génitaux entachés de souillure, ce qui est moral et non pas vital. La charge se fait par l’apex des corps, par la bouche, les yeux, l’ouïe, la chevelure, la cervelle et la décharge par la racine, la base de sur quoi tout ceci est bâti, les pattes arrières, ce qui donne l’élan. Si la jonction supérieure des pattes avant s’en séparée de l’axe osseux du corps en se scindant en deux omoplates pour acquérir une mobilité extraordinaire, celle des pattes arrières est toujours et encore soudée à cet axe.

S’il ne s’agissait que d’une confusion passagère, je ne serais pas si coupant : c’est l’ensemble des interprétations du monde qui cherche à se correspondre à un fait global d’organisation sociale. C’est ce que je nomme un « état d’esprit d’un moment » dans le cours du temps.

Cette pensée est fondue tant à partir de celle que l’on nomme « dominante » que de celle qui ingère cette domination. C’est LE drame humain : le fait que le battu fait sien le fait d’être battu, et son « état d’esprit » aussi bien. Si les gens ne se révoltent pas, c’est qu’ils n’en n’ont pas « l’état d’esprit » et cet état d’esprit est tributaire du fait qu’ils sont battus, dans tous les sens du terme. Les victoires de ses idoles qui jouent encore à la balle répondent à ses désirs inassouvissables et pour une fois, encore, réalisés… par d’autres ! Ses renoms militaires sont encore des victoires pour d’autres que eux ; ses conquêtes commerciales accomplissent la pauvreté de leurs existences amoureuses. Et la ruée matinale qui les mène au travail restera stérilisatrice semblablement à cette cheminée d’usine ou la tonne de papier qui échoit dans ses poubelles bureaucratiques.

C’est cet « état d’esprit » qui limite l’ensemble des possibles d’une société donnée dans l’acquisition comme vécu immédiat du bonheur : certaines sociétés refusent le « progrès » parce que celui-ci détruit cet équilibre entre ce que la nature pourvoit et le bonheur implicite de l’organisation sociale qui le permet. Un état d’esprit si emprunt de lui-même qu’il en oublie totalement, même contraint par la nécessité et l’évidence, son intégration indubitable à la vie qui le porte, sur laquelle il pose érigé ses pieds ou repose son dos quand il dort, ne peut survivre à son idéologie, à son Idéal. Il sait, comme dans son interprétation du « suicide » des lemmings, qu’il va à la mort, mais refuse de la voir : un état d’esprit est comme une âme qui ne veut pas mourir alors que son corps périt ; elle laisse sans cesse penser le contraire de ce qu’elle est : un souffle qui disparaît lorsqu’elle quitte le corps mort, un rien d’autre.

C’est donc un fait de morale qui maintient ce monde et cette morale tient sur une interprétation qui retourne à elle-même, une tautologie, une maladie. Le remède est à la fois simple et compliqué. Simple, car il suffit de s’en défaire, compliqué, car il n’est pas si facile de s’en défaire… et pour quoi ? Elle ne laisse de place à rien d’autre qu’à elle-même ! Enfin… c’est ce qu’elle n’est plus si sûr de pouvoir croire.

mardi, 14 septembre 2010

La plaie de l'Idéal

Je pense que, du fait que l’enfant se rêve comme surpuissance sur le monde par cela-même que sa pensée se voudrait d'une surpuissance du même ordre, il se forme comme une structure de pensée à partir de laquelle il voudrait se retrouver face à l'impuissance – qui n'est que relative à ses ambitions irréfléchies – ; et il s'avoue ainsi indirectement dans une disposition, que je n’hésite pas à nommer « Idéal »... et cet idéal est un plaie.

J'ai longtemps cru que l'Homme est bon, mais c'est l'humain qui est bon : l'homme ou la femme sont bons individuellement, assez souvent, mais collectivement, ils sont très loin de mon Idéal. Ce sera donc mon Idéal qui devra perdre sa majuscule ! D'ailleurs, la grande majorité de ses oeuvres d'art sont des Idéals : corps parfait de Michel Ange, détermination optimale dans les sculptures soviétiques, maoïstes ou coréennes, le stakanoviste moderne qu'incarne le cadre, etc. toutes les allégories veulent montrer et montrent un Idéal, qui du poète, qui du dirigeant gouvernemental, qui du « père » d'une pensée, qui du sexe le plus performant (dont il est fait un usage irréfrénément stakanoviste), qui de la voiture la plus belle (qui cherchera à correspondre le plus exactement possible à un caractère adaptatif singulier et donc, dans la mesure de ce caractère, à une fortune, une manière de l'acquérir – qui est toujours d’appauvrir ses congénères ), qui de la nana la plus belle, la plus attractive sexuellement, la plus séduisante, la plus sexy-bandante-suceuse-baiseuse, etc. L'Idéal est la plaie de l'humain.

Ainsi, j'organise ma vie selon cet Idéal, qui n'a rien à voir avec la réalité. C'est peut-être une idée que je me fais de moi d'après la perception que j'ai de moi et qui doit par ailleurs correspondre à ma manière de vivre, tout en étant persuadé que  j'en suis loin, personnellement, que c'est quelque chose que je voudrais atteindre... et corrélativement où je ne suis pas présentement. Non pas que je n'essaie pas d'y parvenir, ou que je ne sache pas que je ne pourrai jamais L'atteindre, mais que je refuse de penser que je ne pourrai jamais y arriver, que je n'en suis pas capable... et les autres tout autant. Je ne suis pas assez idiot pour penser que je doive demander aux autres ce que je ne suis pas capable de réaliser moi-même, pourtant, cette image filigranique macule le fond de ma manière de voir le monde. Penser que l'Homme (je dis bien homme, pas avec un « F » majuscule), lui qui a massacré, violé, pillé, et le reste, est bon, n'est plus un filigrane, mais un voile d'une opacité d'au moins 25 % porté devant ma vision de ce monde et de la perception que j'en ai. L'humain est bon, sans doute, mais individuellement ; dès qu'il est en meute, il devient délirant, il lui faut un Idéal qui focalise ses actions  pour les rendre communes et, généralement, c'est assez loin de cet Idéal, affectivement aimant, socialement agissant, sexuellement parlant et intellectuellement pensant. Il arrive parfois, hélas, que cette opacité obstrue de ses 75 % la vision de certains de mes congénères, au moins, et pas obligatoirement des plus religieux.

Pour peu que cet Idéal soit appliqué dans les préceptes que reçoit l’enfance dans son grandissement, et nous, chez lui, voilà face à trois problèmes :
- l’enfant sait qu'il ne pourra jamais l'atteindre (il a raison) ;
- l'enfant veut l'atteindre (il a raison) ;
- l'enfant n'en a rien à faire (et il a raison) ;
avec pour chacune de ces trois manières d'y réagir, des conséquences très particulières. Car pour chacune de ces trois manières de réagir face à une mise en demeure devant l'Idéal, l’enseignement, lui, va réagir d'une manière qu'il trouvera toujours opportune, suivant la période d'une époque et de cette époque dans son évolution ; manière à laquelle l'enfant va lui-même réagir suivant son caractère, son être adaptatif.  Sans prendre en compte l'influence des différents Idéals de chaque personne qui le côtoie sur lui, l’enfant doit s'adapter à ce qu'on lui demande, c'est une loi biologique immédiatement liée à l'enfance, et, à mon avis, on devrait faire beaucoup plus attention à l'application des modalités de cette loi, à certains de ses critères d'application et principalement pour ce qui regarde le petit humain. (En fait, de cette loi, il n'en est rien su et ce qu'on veut en savoir l'est d'aussi loin que la galaxie Andromède, car elle détruit l'Idéal).

L'enseignement contient et l'Idéal et la manière de mettre face à lui l'enfant, c'est à dire le but à atteindre et la manière de l'atteindre, par ordre chronologique. Il est possible d'imaginer un Idéal qui laisse à l'enfance le soin de se comprendre soi-même, avec l'aide de l'adulte puisque cette loi qui remarque pour la spécifier la relation de l’enfant à l'adulte dans le cours de son grandissement, n'a pas du tout exclu la présence de cet adulte comme support vital. Ce support vital n'est pas suffisant pour certains, il faut aussi y adjoindre un Idéal dans lequel il puisse se reconnaître et justifier affectivement cette présence avec l'enfant. Ici, cet Idéal est une transformation (pour le moins) de l'amour de l'adulte pour l'enfant, ce sentiment qui le lie à lui biologiquement, du fait de sa dépendance biologique à l'adulte ; et par « dépendance biologique » j'entends l'amour, le bon soin, la protection, la nourriture et la réponse aux questions. 

C'est comme si l'Homme et la Femme avait quelque chose à justifier de son existence et qu'on veuille le faire comprendre à l'enfant qui n'en a rien à faire, par la persuasion invasive et le plus souvent par les coups et les blessures physiques (circoncision, infibulation, scarification, tatouage, coups de fibules, tortures diverses, etc.), le chantage affectif et les interdits relatifs à la sexuation (le seul fait d'être pourvu d'un des deux sexes).

Mais l'Idéal ne vient pas seulement de l'enseignement, enfin... toujours directement. Suivant le cas d'un des trois que j'ai dénombrés, l’enfant va réagir suivant ce qu'il, lui, consent de ce qui serait parfait pour lui, c’est-à-dire, au mieux de cette adaptation qu'il voudrait la plus aisée possible, la moins pourvue en anicroches, souffrances, douleurs, obstructions, buttes, interdits, etc. auxquels il doit se confronter.  Sans se mettre immédiatement en butte, comme chez l'adulte, au paradoxe de l'Idéal qui se trouve être dépourvu du perfectible puisqu'il est LE parfait, comme fait de conscience et d'infériorité que son détenteur supplante avec plus ou moins de malheurs et d'impuissance, l’enfant n'en ressent pas moins dans son fors intérieur, ce qui lui coûterait le moins des peines qu'il y a à vivre... lorsqu'elles se présentent à lui.  C'est l'Idéal qui transforme les avanies en coups du sort et résout ces avanies selon ce qu'elles ne sont pas : des coups du sort.

Et l'éducation, au lieu de bien montrer, tranquillement, que l'Idéal est une solution d'impuissant, en ce sens qu'Il manifeste un retrait quant à des solutions, des options, des choix, des positions qui ne font pas parti de Ses positions, choix, options, solutions, loin de suivre le chemin évolutif (assez semblable à sa compréhension de la mort) par l'enfant, module cette impuissance manifeste de l'Idéal à appréhender le monde selon ce qu'il ou Il est, par une autre forme d'Idéal : religion ou mécanisme, principalement. Cette éducation s 'appuie pour cela, on le sait bien, sur la satisfaction sexuelle emprisonnée dans cet Idéal. De sorte que l'on peut comprendre que son énergie, l'énergie qui lui est nécessaire pour exister et manifester son existence en pratique, provient de cette satisfaction sexué de la vie qu'Il a emprisonnée.

Arrivé à un tel stade de dépassement de la vie individuelle, personnelle comme simple élément de la vie intégré dans la vie comme général à la vie, l'amour devient un Idéal, au même titre que la haine ou la poursuite du travail, de la richesse argenteuse ou la recherche d'une énergie supra-efficiente comme le nucléaire qui n'a jamais fait ses preuves depuis tant d'années qu'il cherche à vous en remontrer sinon, précisément que dans les formes de cet emprisonnement enracinées dans le futur et dans le présent, dans ce qu'il est, ce présent futur et sa consommation de travail dont l'unité est de l'ordre, maintenant, du millier de tera-watt avec une rentabilité minimale de 70 % pour ce qui est de son gaspillage, de sa pollution, de son excédentaire, en tant que mesure d'économie, l'idéalisation de l’interdépendance de chacun de nous avec le nous, ayant pour base de mesure la mesquinerie de chacun pour le malheur de tous, l'argent.

La raideur de l'Idéal est telle que, même lorsqu'Il se spécifie comme un laisser-aller, ce laisser-aller devient une obligation. Il déforme les relations entre amoureux à tel point que des séparations sont inutiles ou d'autres absolument nécessaire et immédiates sans qu'elles s'opèrent. L'Idéal a son mot à dire sur la liberté alors qu'Il est une prison et ne voit la liberté que selon Ses critères et ne l'admet que selon Eux. L'Idéal est la plaie de l'humain, plaie affective, sociale, intellectuelle.

Je pourrais dire, à la manière d'un livre qui parle de la position sociale de la femme dans les quelques variations d'organisations humaines, qui remarquait que la femme n'a jamais été plus libre que dans les société où son frère (matriarcat) comme son mari (patriarcat) ont les mêmes pouvoirs sur elle : ne pouvant jamais s'entendre entre eux de ce qu'elle doit faire, elle fait ce qu'elle veut ; hé  bé, c'est parce qu'il y a tant d'Idéals que je puis trouver un semblant de liberté, car chacun d'eux trouve en moi une part qu'il chérit alors que je ne suis rien de tout ce qu'Il désire. Les mailles de chacun de Leur filet m'ont ici ou là rarement emprisonné – et je me débats parfois avec tant d'énergie que je préfère, comme le renard, y perdre une patte que de me voir entre Leurs mains – : il suffit de se montrer simplement sous les couleurs de la porte de sortie qu'Ils voilent, qu'Ils auto-voilent chacun à sa manière, pour qu'Ils ne vous aperçoivent plus. Car la frayeur que soulève la vue de la porte de leur liberté est telle qu'Ils trouveraient tous les moyens possibles et imaginaires pour vous tuer cette liberté et la vie qui va avec.

Je redois à Frédéric Wolff, dans son livre « Qu'est-ce que la démocratie ? » une porte de sortie formulée dans les interlignes de son ouvrage : pour nous extraire de ce marasme, il y a finalement une solution qu'il est aisé de formuler : « Nous devons organiser notre monde dans le savoir abrupte que l'humain est certes bon, individuellement, mais mauvais, collectivement ». Autrement dit, nous devons nous organiser de sorte que l'Idéal ne nous gouverne pas, ni celui-ci ni celui-là.  Nous devons nous organiser de sorte qu'il nous soit indispensable de diviser le pouvoir que le pouvoir délégué octroie dans l'accomplissement d'une tâche, à tel point que l'humain, détenteur de ce pouvoir, ne devienne jamais nocif : nous n'avons QUE cela à faire !

dimanche, 05 septembre 2010

Multitudes d'identiques uniformes

Ce mec, c'est un plouc. Je n'oublie pas que son objectif est de protéger le capital de ses copains, je le sais. Je suis heureux que cela mène à sa perte, car il nous pense selon des critères complètement délirants ; et ses potes pareil. Une amie hier soir de s'alarmer parce qu'il a gagné 4 points aux sondages. Je lui réponds : … mais à partir de quel stade, de 30% ? Cela ne fait que 34, c'est ridicule... Et qui sont ces 4 points ? Ses derniers ? C'est pas très fort... tout juste de quoi exciter un journaliste...

C'est sa manière de se cacher (kascher ou kärscher ?) derrière le scandale politique dont il est le représentant suprême. On veut nous faire travailler encore et encore, alors qu'il faut, pour le moins répartir ce « travail » entre tous pour travailler « tous et moins ». Je n'ai jamais entendu, dans mon pays, autant de gens parler de politique dans la rue, entre eux, au marché : la rue gronde, les gens ne sont pas d'accord, nous sommes touchés dans ce qui fait notre identité, notre multitude multicolore et polyglotte et nous n'avons pas la mémoire aussi courte que les jambes de ce géant de l'entourloupe, de la poudre de perlimpinpin qu'il jette à qui veut aux yeux ouverts avec trop peu de discrimination pour ce qui est de l'usage du mot « race ».

Nous avons donc un personnage de l'Etat, à demi-français par son père, époux d'une femme naturalisée par mariage, qui voudrait faire une sorte de propre dans notre pays qui a accueilli les mocos, les bicos, les ritals, les portos, les polichs, les grecs et les métèques, les bougnouls, les négros, les porto-ricos, les usonniens, les mexicos, les bochs, les suédois, les spanichs, les teutons, les gens des Îles et ceux du voyage, les bataves, les berbères, les arabes du pourtour méditerranéen, les proches et lointains orientaux, les chintocs, les vièts, les ruskovs, les soviétiques, les roms, les gens du Laos, de Birmanie, les Noirs d'Afrique, qui a été traversé par les Burgondes, les Vandales, les Arabes, les Visigoths, et j'en passe : ce sont toujours ceux qui ont à se reprocher le plus un supposé manque de pureté quant à la légitimité de leurs prétentions sociales, qui vont vous chercher chez les autres ce qu'ils ont fait leur proche tâche et leur paraît, à eux, peu légitime. Il y a eu le même topo il y a 80 ans par un plouc pour soit-disant tenter de résoudre une organisation des gens déplorables par un manque de générosité des nantis de l'époque, du vouloir accaparant de pôvres riches à réduire à la misère leurs congénères.

Ce personnage de l'Etat touche ici à quelque chose qui fait notre identité : précisément ce « sang multicolore et polyglotte » qui est une de nos caractéristiques et qui, lui, s'assimile avec suffisamment de plaisir pour adopter les modalités de notre langue. Selon moi, sans que j'en fasse une règle, pour se dire natif d'un pays de sorte à prétendre en connaître les entournures, il faut être de la seconde génération né dans ce pays : les grands parents peuvent alors instruire leurs petits-enfants de ses us et coutumes qui sont acquis sur le tas comme adaptation et les bercer des chansons d'une époque qui contiennent une langue d'une époque et sa syntaxe. Notre personnage de l'Etat n'est que d'une première génération. Il ne sait pas ce que ce que d'être français, il organise des colloques, des forums, pour reconnaître que ce qu'il pense nous correspondre à ce que nous sommes, sans rien vouloir en reconnaître, parce qu'il, lui, ne sait pas qui nous sommes.

Ce mec qui a la nationalité française parce que sa mère est française, veut déchoir de la leur ceux qui sont des délinquants : en quoi donc cela peut-il intéresser un brigand d'avoir ou non la nationalité française ? Pour aller pointer au commissariat ? Et pour combien de personnes ? Des pets de mouches. Toutes ses « grandes mesures » sont de cet acabit, toutes : des pets de moustiques armées de l'« Assemblée » nationale, de la justice, de la police et des gendarmes et quand ça n'ira plus du tout, de l'armée.

Je me demande parfois s'il parle notre langue, tant est étrange sa manière d'en tordre la syntaxe. La syntaxe est la marque de l'intention d'un auteur : lorsqu'elle est mauvaise, celui qui l'exprime n'a pas des intentions très clairs. L'ensemble de l'organisation de la société s'oriente vers l'obligation de l'achat, de sorte à être coincé par l'obligation au travail. Le loyer ? Ca vous bouffe plus de la moité de ce que l'on touche en allant au travail. Et pourquoi ? Parce qu'un gonze a eu du pognon pour acheter un appart tout fini en plus du sien et qu'il le loue parce qu'il n'en a pas besoin, lui ou ses proches. Et comme les gens sont dans la misère, ils prennent ce qui se présente, au prix fort : allez dormir dans des cartons, pour voir. Pour la viande, c'est pareil (il faut être étourdi pour manger du boeuf qui n'est pas nourri à l'herbe : il a besoin 8 parts de protéines végétales pour produire 1 part de protéine, alors qu'il en faut 2,5 pour la volaille et 3 pour le porc et autres petits bétails) : la meilleure est la moins accessible, le reste est pollué pour vous polluer la vie.

Ceux que l'on vire ailleurs sont précisément ceux qui sont soupçonnés de ne pouvoir pas procéder à l'achat ritualisé par le salariat. Quel est l'intérêt d'un slogan tel que « travaillez plus : vous achèterez plus » (travaillez plus pour gagner plus) ? Acheter quoi ? Des grosses bêtises fabriquées à Usine-Péter-où-Chnoque ; ces petites choses devant lesquelles on espère vous faire baver dans une télé avec plein de couleurs vives et fugaces et des femmes à demi à poil aux grands sourires. C'est par la syntaxe que l'on évoque la peur de paraître ridicule de ne pas posséder ceci ou cela qui est à la mode de l'achat du moment : le blanc lave plus blanc que le plus blanc des plus blancs, la 3G vous pousse au firmament des étoiles par l'accès cosmique qu'elle donne au temps qui passe comme une flèche propulsée au méga-herz, accédez au plaisir de la télévision en hyper-petit écran partout transportable pour ne rien perdre de ce qui vous perd. L'amélioration de notre sort, acquis de haute lutte par nos plus immédiats ancêtres, est détruite, saccagée, piétinée par la haine de ces nantis chapardeurs et leur manière de vivre.

Ne serait-ce que nous ne savons plus la manière dont sont tués, pour nous, les animaux que nous mangeons, montre la transformation insidieuse de la société qui s'opère : les batailles pour plus d'humanité dans cette mort, qui commençaient à porter un peu de fruit, se sont rompues contre les contreforts des religions circoncisantes. Le chef de l'Etat le sait et y concoure : il en connait les effets séparateurs où les uns qui mangent du cochon, et des autres qui veulent en empêcher les uns, ces derniers justifiant moins de cruauté pour une naguère même prétention religieuse sur la vie. Former des armées virtuelles qui s'affrontent sur des broutilles lorsque c'est l'ensemble de la vie qui porte le voile de la soumission est la plus dérisoire des prisons. Nos relations sociales y sont réduites à poussière. Ce pourquoi je vis, la société des humains, est délité par cette organisation gouvernementale de la société. J'ai trop de choses à dire pour être cohérent.

 

mercredi, 01 septembre 2010

Et qui vaut taille

Ces films de guerre sont vraiment là pour spécifier que le peuple et ceux qui le composent, c’est de la vale-taille, bon à être sacrifié pour une cause dont il ne soupçonne pas la grandeur, tant il est petit et à laquelle on demande pourtant d’immoler de la vie. C’est de bonne guerre lorsqu’on veut que ceux qu’on voudrait qui se contemplent dans de telles images, restent sans critique, cois, et supporters ; et aussi un bon apprentissage à acquiescer la vue du sang d’un autre, étranger à cette cause qui le dépasse, mais dont il a fait sienne comme un pomme dans une bauge, prêt à en découdre pour fendre la peau, percer les cuirs et trancher les trucs qui peuvent saillir qu’on a eu le malheur de laisser dépasser au mauvais moment et au mauvais endroit. Le seul fait que ce peuple va se porter devant de telles images, montre son approbation à un tel projet d’endoctrinement qui signifie, ma foi, qu’il ne sait pas faire autre chose de son temps.

Bon, j’exagère : il est possible que ces films où il faut sauver une fille ou un soldat, ou encore où un héros doit démontrer la justesse de ses vues quant à la justice, l’équité relatives des classes et leur maintien, soient comme une purge du pire et comme un médicament préventif, à ceci près que la dose est assez brutale, pesante, congrue et rouge. Je ne sais. Et puis il y a du rustique dans ces évocations, des barbes, du muscle et des regards furibonds. C’est, dis-je, peut-être une distraction, je ne sais car ce sont là des mœurs que je découvre soudain.

N’empêche, la pédagogie consistant à montrer par l’exemple des possibles aussi violents laisse songeur. Tous ces efforts, tous ces cris, toutes ces tourmentes, ces abattements, ces trucs d’hommes, en gros (deux muscles, un cerveau) qui en veulent dur à cette tâche qui consiste à se défaire d’un autre homme, dénommé « ennemi » alors qu’on ne le connaît pas… il y a comme un goût de revenu, de vomi qui rend amère la bouche. Je suppose qu’on attribut à cet ennemi la même alacrité à défendre la cause de ceux qui le commandent et qui lui disent qu’il est bon, non pas pour lui-même, mais pour un ensemble dans lequel sa présence future restera dans l’aléa des conjonctures au regard de la manière dont il s’en sortira plus ou moins sauf, avec la même hargne, finalement, à défendre, dans cette attaque viscérale les pensées qui donnent une direction guerrière à ses gestes. D’ailleurs, il a subit un entraînement, le gars de l’image, propre à précisément l’obnubiler dans l’exécution de cette entreprise propice à lui donner du cœur à l’ouvrage, une sorte de conditionnement où le sujet de sa propre personne passera sans penser outre à son accomplissement. Décerveler un humain, finalement, ce n’est pas bien difficile : il suffit de lui crier dessus, de le forcer à faire ce qu’il n’a pas envie de faire et de le confronter à une mort sociale s’il n’est pas d’accord de n’avoir pas envie ou même, pour de plus rétifs, à l’enfermer dans un espace exigu en le nourrissant de pain sec et d’eau. Ca s’est vu, ne croyez pas que j’exagère ! D’autres, pour moins encore, se sont vu brûlés, décapités, empalés, écartelés, boursouflés d’eau, les os broyés aux coins, les yeux crevés et d’autres organes encore totalement et soigneusement maltraités pour ne plus fonctionner correctement.

C’est pourtant ce que montrent ces films et par le menu. Il faut bien admettre, du bout d’un regard comme un long bâton dérange un cadavre de chat assez avancé, qu’il doit y résider un plaisir ou un autre à tant d’exposition. Ces charges pleines de fureur, de cris et d’explosions, de projectiles, surtout, propulsés à bras d’humain suite au déclenchement volontaire que stimule la gâchette (un relent de puissance : « ha ! je l’ai eu ! » dans son désir bouffi d’orgueil) ou encore à l’aide d’une poudre noire, dite « à canon », lancés dans une seule direction en escomptant que le hasard, aidé du nombre, portera une efficacité des plus rentables en blessures mortelles, que l’on distingue comme dans un brouillard tant est dense la hargne qui fourmille l’air de la quantité mise en œuvre, abasourdissent par leur ampleur. A nouveau, c’est précisément l’objectif de telles images : le nombre. Pour faire une guerre, il faut du nombre et beaucoup et de tout.

C’est le nombre qui fait l’armée et si Napoléon a gagné ses premières guerres en s’appuyant sur une technique inédite, celle du tirailleur en ligne - individu qui prend sur lui seul la victoire, en beaucoup - plus tard il a admis que c’est le nombre qui la provoque ; à peu près correspondant à celui du succès en nombre de ce spectateur de ces films, spectateur qui retrouve fidèlement ses mêmes figures de figue sous des déguisements différents qui le rassure quant à ce succès dont il veut avoir la certitude ferme. C’est pour cette raison que je doute de sa sincérité lorsqu’il m’affirme qu’il va visionner ces films comme moyen cathartique ou préventif. Ce serait plutôt libérateur, à mon sens. De tels films le libère de cette agressivité qu’il a accumulé ailleurs et dont il n’a pas pu, d’une part se défendre et d’autre part se défaire. Ces atrocités le libèrent de son manque de liberté qu’il ne sait pas entretenir, caresser, choyer, conserver, aggraver, déployer. Outre la rencontre amoureuse, c’est la conquête de la liberté qui sert d’appui à cette constitution affective qu’il veut retrouver en images et qui lui fait débourser ses menus sous à l’entrée du cinéma. La conquête de la liberté, vue au cinéma, est paradoxale, puisqu’en images, alors qu’elle est un fait social, individuel, une relation en partage et une réalité qui trouve sa description dans et à travers ses mots. Or, au cinéma, en images, elle n’a que la consistance de l’image, une vision et une vision qui se déroule dans un accomplissement qui restera en images puisque les lumières revenues, rien n’a changé, tout est comme avant, peut-être une sensation de rêve persiste comme l’absence d’un temps mort, une mi-temps, un entracte, mais rien de plus, matériellement, socialement ou collectivement responsable de ce qui arrive.

Suivant ce schéma simplissime de la conquête de la liberté mise à mal, les gens se satisfont de ce qui est, car, même en image, cette liberté chérie a trouvé à se manifester et cela peut satisfaire celui qui l’a perdue. Et pour cela, les armes détonantes de toutes leurs pétarades, de leurs estafilades sanguinolentes, de leurs entailles béantes, de leurs coups bas, traîtres, vicelards, pervers et maudits, que des trucages méticuleux s’efforcent de rendre les plus vraisemblables possibles, les déplacements de forces et de force, les subtiles moqueries d’un hasard ourdi, les précautions rendues dérisoires d’accéder à cette liberté comme les espoirs tendus à l’extrême de l’acceptable toujours repoussé dans les limites de l’improbable, loin de le faire jouir de cette conquête de la liberté parce que réellement vécue, le pose plutôt dans des stades d’angoisse dont il se sent sécuritairement protégé par l’image qu’il contemple et dont il connaît la consistance, et lui montre un aveu : son peu de puissance qu’il puise en lui de la comprendre, de comprendre ses modalités – qui sont souvent à une distance astronomique de ce qui lui est montré car beaucoup plus proche de la réalité – ses entournures et sa multiplicité de formes, et désagrège son appétence à l’accomplissement d’un tel projet en le comblant d’ersatz, d’images d’icelle.

Non, ce n’est pas moi qui suis moral, ce soir, ce sont ces films : par rapport à eux, j’en suis dépourvu.