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lundi, 14 janvier 2008

La policité publitique

Submergés par le nombre et la surface, tout le monde connaît la « publicité ». Il s’agit d’un procédé, arrivant selon l’ONU, troisième dans le monde selon le budget qu’on y consacre (après les ventes d’armes et celles des drogues illicites — dans lesquelles ont ne compte pas les « licites, je veux dire). C’est le troisième budget des dépenses de la planète.

La publicité c’est donner une image plus acceptable que d’autres à des produits mis en vente afin qu’ils soient davantage achetés que d’autres. On doit, bien sûr, faire ressortir ce produit, face à d’autres aussi mauvais, pour que l’intérêt de chaque particule composant le public, chacune en son âme et conscience propre, juge opportun d’en faire l’acquisition ; et pour les ceux-ce dont le sens critique est des plus cabossé, sans en avoir spécialement besoin.

D’autre part, ces produits doivent se vendre vite car d’autres suivent qui contiennent plus de « progrès » dedans c’est-à-dire dont l’aspect est plus attrayant idéellement ; et cette idée est que l’humain travaille moins, bien sûr. Mais, on le sait bien, en fait, il ne travaille pas moins quand il acquière de tels produits. La publicité est de rendre attrayant, par n’importe quel moyen (par omission, par pensée et par action) un truc, un chose, un bidule, une babiole, une baliverne. Souvent, dans ces pages que tu lis, cher lecteur, je parle de vin : c’est que pour manger la nourriture que nous propose le marché que la publicité nous fait accepter par la vénération qu’elle en donne, payée, il faut du mauvais vin ; et comme il n’y a plus sur ce marché que des choses (pas de la nourriture, de l’habit, du logement, non : des produits de l’agriculture, de l’industrie du vêtement, du parpaing, des choses) que du mauvais pollué, dé-goûté, aseptisé, etc., de boire du bon vin reviendrait à en faire la critique pratique : de prendre des dispositions pour pouvoir en boire du bon. C’est pour cela que celui que l’on trouve bon ici, est médiocre ailleurs, faute de gaité.

Le progrès consiste aujourd’hui à plus de police dans tout ce que l’on mange, boit, utilise pour se vêtir, pour se loger, pour se distraire : c’est ce qui lui donne sa consistance particulière. Le progrès est nécessaire à la publicité pour faire acquérir des produits du marché de la marchandise, des trucs, choses, bidules, fabriqués essentiellement dans le but précis d’être vendu : dont l’âme ne contient que cette destination qui est une série de transactions dont le dernier sujet est le « consommateur ». Le progrès, lui, est l’adjuvant permettant à la publicité de venter (mettre en vent ou faire du vent avec) tel ou tel aspect d’un truc, bidule, chose afin de justifier à la fois sa propre existence, à la fois l’existence du produit qui contient ce progrès et à la fois ce progrès lui-même, bien sûr. Et ce progrès (je me répète pour qu’on ne l’oublie pas) n’en est un que par rapport au produit lui-même, à sa relation avec d’autres produits similaires, analogues, identiques, c’est une technicité et rien d’autre ; une utilisation diversement ingénieuse appliquée à une chose, un truc, un bidule.

Pour vous montrer que vous êtes vraiment abrutis, la publicité suppose que vous faites de la purée avec des gants de boxe, par exemple, non pas pour tenir l’outil (un presse purée) à l’aide de ces gants (il peut y avoir des petites mains, n’est-ce pas) mais pour écraser les pommes de terre avant même qu’elles ne soient cuites. Il doit s’agir de rubymens, je pense pour savoir de la sorte faire de la purée. Et pourquoi cela, que vous êtes pris pour un abruti ? Pour vous montrer que vous seriez plus intelligent en employant un truc. Déjà je connaissais, au plus prompt, la simple fourchette, sans utiliser de gants de boxe, maintenant il y a un truc qui va me sortir de la connerie dans laquelle me noie la publicité pour me faire acheter son truc. Mais ce truc, est-il vraiment moins stupide ? Je vous laisse juge.

Un autre exemple : on voit un type, dans un rue brunâtre, seul, avec des cailloux assez gros derrière lui, comme s’il les semait.
On pense :
— Si c’est le Petit Pousset, il doit avoir une sacrée poche et il doit pas aller bien loin car une telle dose de cailloux aussi gros dans un tel but nécessite obligatoirement une brouette, or je ne vois pas de brouette. S’il ne s’agit pas ce personnage imaginaire, il doit s’agir d’un imbécile qui ne sait pas avoir la mémoire des lieux où il passe, parce que dans le forêt, je veux bien (encore que ????) et pour un enfant petit et maigrelet, mais dans la rue ? Et ce type ne semble pas petit et maigrelet. Il doit donc s’agir d’un paumé : le personnage que ce 3 X 4 me présente doit être un paumé. Il ne sait pas lire, demander sa direction aux gens, comparer un plan à une situation, et avoir peur de se perdre. Ce type, le pauvre, est mal barré.
D’autant qu’il s’agit d’un personnage isolé ; je veux dire : supposont que quelques autres personnes (parce qu’aussi stupides que la publicité voudraient qu’elles soient) se mettent à utiliser ce procédé pour revenir chez soi le nombre de cailloux qui jaloneraient le trottoir le rendrait dérisoire. Mais il s’agit précisément de cela : d’isoler les gens les uns des autres pour rendre (faire percevoir comme) indispensable et la politique et le produit de la publicité.
Alors je lis le laïus de l’image : on fait penser que le transport avec soi d’un appareil serait plus judicieux que la méthode que le sujet de cette image utilise. Ha bon ? Un type aussi abruti, savoir utiliser un truc moins stupide que lui ? Mais serait-il le trouver, déjà, qu’il risquerait fort de ne savoir pas à quoi cela sert ! Et, pour le trouver il faut savoir trouver un magasin (entrepôt distingué) où ce truc, bidule, machin-chose serait déposé et comme il est paumé, de toutes façons, cela ne va pas être facile pour lui. Alors, il va se mettre à demander aux gens sa direction, il va trouver un plan pour s’orienter, il va être obligé de se souvenir du nom de certaines rues. Ainsi, la démarche même d’acquérir le produit venté lui permettrait de s’en dispenser : il faut chercher à l'acquérir en toute conscience, en n'oubliant pas de trouver la méthode pour s’en dispenser. Cette pub est vraiment abruti ou alors il faut détenir une sacrée couche pour acquérir ce qu'elle vente.

Mais il y a des publicistes qui prennent encore les gens pour plus cons qu’ils ne sont eux-mêmes, et sans vergogne : je veux parler des politiques. Bon, je vois des réprobations dans la salle, aussi je vais employer la même méthode pour démontrer la réalité.

Il y a deux jours, on apprend que l’Angleterre a opté pour le retour au nucléaire, à travers des moyens privés. Il va être consacré environ (aujourd’hui ! on sait ce qu’il va en être demain : 4 ou 10 fois plus !) 100 milliards d’euros à l’affaire. Bien. Mais cette décision vient d’où, émane de quoi ? Des politiques. Et à qui profite ce genre de décision politique : aux industries en question, bien sûr. Depuis un moment, il existe pourtant plusieurs alternatives au nucléaire : d’abord stopper, sinon RALENTIR, cette énorme hémorragie énergétique, c’est-à-dire, réfléchir à la finalité du TRAVAIL (pour faire des trucs, des machins, des bidules bourrés de progrès comme des canards pour du foi gras ?). Ensuite l’utilisation d’autres dispositifs qui relève aussi de décisions politiques.

Mais ce ne sont pas là les mêmes intérêts. Un politique, donc, est bien une publicité en chair et en os destinée à faire accepter l’invasion de la vie par des procédés pourrissant la vie, le vivant : j’en veux pour preuve le résultat dans lequel nous sommes aujourd’hui (ceux qui ne sont pas d’accord ne sont pas obligés de rester dans la salle : la porte leur est ouverte pour qu’ils puissent respirer l’air pur de nos villes, boire l’eau pure de nos robinets — quand il est encore autorisé de s’en servir pour s’en désaltérer —, de faire naître nos enfants dans des conditions humaines, pas selon des critères marchands pour le moins, de voir s’égayer nos bambins, librement, dans des espaces un peu plus larges qu’une maternelle, de faciliter l’attraction qu’éprouvent entre eux nos adolescents, et le reste : et en sortant de cette salle, ils peuvent le constater, c’est cela qui est de bien, dans notre monde : on l’a devant nos yeux ou derrière un écran publicitaire ou politique).

Un politique est une publicité sur deux pattes, qui vous parle personnellement en sollicitant personnellement votre approbation, votre vote, avec une intelligence autoformée pour faire admettre son indispensable présence (comme un syndicaliste, finalement, ou un avocat) émergeant du commun par une adaptation mièvre aux dispositions du commun déresponsabilisé de son action sur le monde, personnellement, dont l’objet est cette émergence et qui doit, pour cela, bien comprendre que son intérêt est celui de quelques autres, ou bien réellement, (industries pour faire travailler, oups « pour donner du travail ») ou idéellement en vous bourrant à la gueule des produits de progrès, comme des produits du progrès que nous ne cessons d’être d’ailleurs (le lait maternel contient plus de pesticides que des légumes frais).

Un politique est un maquignon : quelque chose qui vous achète à moindre prix à l’aide de toutes les ruses qu’il dispose et qu’il a apprise dans ce but et que vous êtes prêts à gober ; et c’est un margoulin : quelqu’un d’intermédiaire qui vous fait acheter n’importe quoi à n’importe quel prix. Vu que ni l’un ni l’autre n’ont d’âme que le vent qu’ils possèdent et professent pour des intérêts qu’ils sont obligés de dissimiler (comme la publicité « normale » ne parlera jamais de l’impact du produit qu’elle vente sur le monde), ils ne risquent pas d’aller en enfer puisqu’ils y sont déjà (sinon ils ne feraient pas ce drôle de métier, ils seraient honnêtes), ni de percevoir celui qu’ils génèrent dans notre monde par leur maquignonerie et leur margoulinerie. Et la publicité comme le politique sont on ne peut plus « sincères » ! Vive la policité publitique.

Bien sûr, je ne renie pas que la douche, la machine à laver, la maternité assistée, les contraceptifs, etc., sont là des progrès humains. Ce dont je suis sûr, est de tenter de comprendre pourquoi cela a mis tant de temps à venir, car il ne s’agit pas de progrès, de technicité, mais bien d’une compréhension du monde, de ce que l’on y est, de ce que l’on est et de ce que l’on veut y être. La publicité et le politique masquent ce progrès-là pour des intérêts beaucoup plus avariés, bien que divers.

En conséquence, il y a donc un dispositif destiné à faire acheter au fretin du fifrelin, c'est la « publicité » ; et il y a un dispositif destiné à faire accepter, à faire admettre la nécessité au fretin du gros tirefond : c'est la « politique ». Qu'on se le dise. Quand l’ONU a calculé l’importance du budget de la politique, elle l’a certainement compris dans celui de la publicité !

Commentaires

Merci pour ce merveilleux texte. C’est un authentique plaisir de lire l’avis de personnes connaissant le sujet ! Bonne continuation dans votre travail. Au plaisir de vous commenter à nouveau !

Écrit par : table basse | jeudi, 16 octobre 2014

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