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dimanche, 23 mai 2010

De l'affectivité comme universelle poésie

L'être humain est un être affectif : s'il veut gagner tant d'argent, même en écrasant et en réduisant à la misère d'autres, c'est pour gagner l'affection de ceux qu'ils considèrent comme essentiels à son existence : sa « famille affective » où l'argent détient une forte charge affective. Les mouvements sociaux actuels qui tournent autour de l'admission de l'étranger remettent en cause cette forme de l'affectivité du xénophobe, qu'ils veulent voir plus universelle ; mais ce n'est seulement qu'en tournant ainsi sa propre affectivité dans cette direction que ce mouvement se veut plus universel.

L'être humain est un être essentiellement affectif : c'est pour gagner l'affection de son maître (qui est alors la société et son organisation des relations affectives derrières lesquelles une stabilité de ces relations affectives rassure) que le sbire (esclave, militaire, policier, tortionnaire, etc.) s'emploie à faire respecter les relations affectives implicites de cette société, que cette organisation sociale induit. La reconnaissance mutuelle de l'être humain lui est indispensable... affectivement. De même, on sait pourquoi nos politiques sont si friants des gens - qu'ils rétribuent à l'aune de la monnaie de singe de leur discours et de leur sourire - et se sentent retrouver une importance à leurs yeux lorsqu'ils reçoivent, à travers les moyens de la "démocratie" qu'ils réglent-et-mentent, le choix de leurs électeurs.

L'affectivité est une nourriture que l'on boit avec le lait de sa mère en la regardant dans ses yeux ou en ressentant ses caresses.

En ne se penchant que sur la « psyché », l'esprit de l'être humain, on a peur de redevoir à son affectivité les lauriers qu'on lui doit... on a peur de cette affectivité parce qu'elle est malade et que, si on ne le sait pas, on le sent et ressent. Et c'est parce qu'elle est malade, qu'elle ne sait pas se définir (la maladie est effectivement une tautologie !). Mais en reconnaissant une relation entre la « psyché » et le comportement affectif d'une personne, on a fait un grand pas vis-à-vis duquel celui sur la lune équivaut à celui d'une fourmi qui est pourtant pourvue de six pattes.

La trahison affective est un mal absolu. Pour comprendre ce que je viens de dire, on est obligé de rentrer en soi et d'admettre comme équivalent le ressenti qu'évoque mes mots avec son ressenti passé peut-être impensé de cette manière. Mais nous n'avons pas là à seulement se souvenir de ce fait en tant que simple intellectualité (comme des mots écrits sur un papier) mais à procéder à une résonance (une compréhension de ces mots comme ressenti, une « poésie » de ces mots), une rencontre entre vous et moi à travers des mots, un vécu quelque part commun et un ressenti énoncé de ce commun comme vécu. Tout cela c'est de l'affectif, c'est ce qui nous unit dans le vaste univers du vivant.

Le mode d'emploi de toutes les psy-quelque-chose, revient à faire comprendre les diverses « trahisons affectives » que la personne a eu à subir, qu'elle n'a pu comprendre et qu'elle a intronisée sous forme de « cuirasse caractérielle » (Wilhelm Reich), son mode d'adaptation à de telles blessures affectives, qui devient comportemental.

Si j'écris, c'est certes pour tenter de comprendre la violence et l'origine de la violence présente aujourd'hui et hier dans nos sociétés et sa naissance, mais aussi bien parce que j'ambitionne la reconnaissance de mes contemporains, ou d'une petite partie, et cette reconnaissance est affective, bien évidemment : je la ressentirais intérieurement comme une eau de mer au cours d'un bain estival, ou comme une onde de plaisir donné. Enfin... j'aimerais bien ambitionner la reconnaissance de mes contemporains : hélas, je ne cherche la correspondance qu'à travers la forme de mes formulations, pfeu !

De fait, il s'agit d'un partage différé et indirect (le propre de l’humain : se raconter des histoires) dont je serais l'initiateur, pour cette partie, dans la solution d'un problème universel, solution qui ne trouvera pas obligatoirement d'universalité dans ma formulation, bien évidemment, mais dont le schéma énoncé mène à une piste sure, adéquate et opportune, et dont me revaudraient certains de mes contemporains par leur acquiescement, leur jugement positif sans être pour autant absolu, qu'ils feraient de l'à-propos de mes assertions, jugement auquel un plus grand nombre sera d'autant plus gratifiant, et qui soulagerait une tension comme un bonheur conduisant à une certaine complicité : je me sentirais alors intégré à une « société » à laquelle je serais fier d'appartenir et de collaborer, de nourrir et de combler, de nombrer et de donner vie. Voilà l'affectif, ou tout au moins, encore un autre de ses aspects.

Et je préfère être seul plutôt que d'employer, dans une relation, des schémas affectifs malades. C'est un choix douloureux, très douloureux, mais je ne sais pas faire autrement, hélas ! Mais, c'est quoi des « schémas affectifs malade » ? Si je suis rebelle à employer ces schémas affectifs malades, est-ce parce qu'ils sont malades ou est-ce parce qu'ils ne me plaisent pas ? Et ne dis-je pas qu'ils sont malades parce qu'ils ne me plaisent pas ? Ou peut-être est-ce que je ne veux plus employer de relations du type « famille patriarcale » que je regimbe à de cette forme de relations. Peut-être n'est-ce qu'une mystérieuse prédisposition qui m'a rendu si sensible à certains aspects pourrissant de ces relations sur ma propre personne, dans les compromis demandés, les chantages « affectifs » (que tout un chacun connait), dans les rétributions affectives qu'on m'a demandées et l'implication affective à des contributions auxquelles je ne voyais que des désagrément du point de vue de mon intégration dans une universalité (ce qui a raté, de toutes façons !), l'incohérence de la sagesse (que d'autres nomment « punitions ») ne tenant qu'à de l'autorité sans cohérence (sinon le monde ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui), les récompenses méta-sociales (les honneurs, l'argent, le « sexe » de Freud et l'expression de celui des femmes) et ce qu'elles demandent d'investissement, d'espoir de gain, poussant aux retranchements des méthodes de gambistes, n'étant pas à mon goût ?

Ainsi, je pourrais préciser que les relations affectives malades sont celles qui, sur la base innée de l'affectivité comme relation universelle ou comme poésie entre l'ensemble des mammifères, des oiseaux et d'autres encore, utilisent un outil, un moyen de l'intelligence pour passer outre cette affectivité ; ou bien utilisent cette affectivité à d'autres fins que la relation affective immédiate, telles que le pouvoir sur l'autre, la chéfitude, etc. C'est encore une fois une définition tautologique, me direz-vous, mais, je le répète, la maladie est un système tautologique : qui se mord la queue, qui tourne en rond, ne reconnait plus rien de l'aspect centripète de la vie, juste son aspect centrifuge.

Pour saisir ce qu'est une « cuirasse caractérielle » ou « cuirasse affective » il faut comprendre les travaux de Wilhelm Reich et de Rike Geerd Hamer. L'un et l'autre selon le contexte technique de son époque (Reich n'avait pas le scanner, par exemple, pour observer cette concrétion de la cuirasse sous la forme de « foyer de Hamer » dans le cerveau - et non pas seulement sous sa forme neuro-musculaire, mais aussi cérébrale ; et Hamer est né dans un contexte qui lui fait égarer l'aspect éthérique de la vie). Ce sera l'objet d'un autre post !

11:48 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : poésie, politique

jeudi, 08 octobre 2009

Pfeu !

Le ciel s'ouvre comme une pluie de senteurs
qui surgit des couleurs des coquelicots
germination d'un cœur sans gènes
et scansion de nous l'alternante étrenne.

 

Pas pfeu !

Le 23 octobre 2010, à ..., donné, écrit sur papier de soie, plié et emballé avec cordon de papier de soie, à Axa, le 24 vers midi moins le quart.

Axa,
J'attends le week-end pour te voir,
car alors pousse en moi une fleur,
    douce, soyeuse et jolie
comme ce que je perçois de toi.
Elle s'épanouie de tous ces mots
que je n'ai pu te dire au cours
de ce court passage devant toi,
    assise et occupée à tout autre chose
que d'entendre des discours d'amour,
de ces mots de tendresse qui se voudraient
de douces lèvres de caresses qui vont
rejoindre les flammèches des cheveux du cou.
Ho !
et cette fleur, il ne faut guère que
    mon amour pour la tenir fraîche,
    des pensées, des caresses de mes
    yeux intérieurs et mon imaginaire ;
    parfois une masturbation.
Parfois ces mots se glissent le long de tes seins,
descendent sur la courbe de tes fesses
        et de tes cuisses,
    se réchauffer dans ton entre-jambe sur
        les bouclettes de ton pubis
    ou la toison de ton clitoris, en
soupirant sur la moiteur de ton vagin, Axa !
Cette fleur croit dès que je te vois, la
    minute de notre croisement,
et cette eau de toi la fait durer longtemps
    sans que je fasse rien : elle se
nourrit de l'écoulement de ma vie,
satisfaite d'être là à combler mon âme,
car elle meuble véritablement mes heures
dès ce moment là, comme un ballon
gonflé par le souffle de ton image
qui occupe toute la place
    de mon vide amoureux
et se presse contre les parois de ma solitude
pour les réchauffer de ton sourire moqueur.

mardi, 29 septembre 2009

L'ombre des instants

La vous voile ombre le ralenti
une ligne après l'autre
plongée dans la grandeur de te contenir

Le sang est battu de nos débats

Une solution océanne du loin de l'autre
Pas si résolue
Regarde le convexe alternatif aux cambrures
Aux pudeurs immergées des deux sexes
Mouroir vivoir miroir mouvant du vivant.

Puis détumescence des sens et des forces
Arabesques endiablées, jadis, et
Finitudes d'entrelassement.

Résiste une marge d'histoire
Qu'une emprunte interne, une splendeur externe
Ayant acquis le fonds si
Fiduciaire des âmes et persistance du port
Alors que l'âme saute et devient cœur.

Pousse le remord d'un inacquit fors de son présent
Doré comme le Veau jadis
Au moment des perdus initiaux instants.

21:48 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poésie

jeudi, 27 août 2009

Le temps de l'étang

Le vent frissonne par nappes

la surface de l'eau

dynamiquement.

Et on voit ces plis résonnant le ciel

s'évanouir, pas même sur la berge.

La libellule semble portée sur

des glissements d'air sans la

lasser de ne jamais y tomber.

Des circulations d'ondes sillonnent

la face du ciel, des arbres et des ombres

toutes fluettes que, subrepticement, un rayon

de soleil vous fait identifier

comme le mouvement saccadé

d'un insecte flottant.

D'autres décrivent des volutes aériennes

dans la poursuite souvent éphémère

de l'attraction d'un sexe pour l'autre et

revient flotter à deux doigts du glacis

des eaux en balancements élégants !

Toujours frissonnant, le reflet du ciel

contraste celui des déclivités

dans les verts feuillus des arbres.

Je suis , depuis deux heures et

quatre bières, contemplant le temps qui

passe à l'ombre d'un grand frêne.

Tout se passe et repasse sans cesse

sans se reproduire pourtant

sans que cesse le temps.

Je suis hors du monde des

bruyants - ho ! combien bruyants ! -

humains mécaniques à 4 temps.

Déjà le vent gire, comme la lumière

ne vient plus à gauche et le frêne

trop haut pour me protéger

plus longtemps

de l'ardence du soleil : quittons

plus loin cet étang du temps.

13:16 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie

mercredi, 29 avril 2009

Fassaye l'oreille du vent

Les écartées lèvres de la dépliure
Hésitent à se résigner à n'être pas :
Elles rougissent à leur rêve
Qui s'acharne à la tessiture du silence
pour ne s'écouter pas.

Le geyser point ne s'étrangle
à son insuffisance :
il se confond à sa verticale,
à la résolution de ses facettes
comme solution à sa puissance
et s'apparie dans ses flaques toquantes
à son inter-sourire.

L'ivresse va souvent son cours
et se parachève, douceur ou saillie
où s'engouffrent les crins de l'existence.

Un visage se confond à l'horizon rafraîchissant,
pavage du zénith hurlant de chaleur,
plein du sens d'une ride aux cheveux blancs.

Au loin, le pavillon, au son d'un baiser
aussi sûr que le coin de tes lèvres,
Hésite à s'abjurer là où l'art de
l'*où* généreux se déshabite.

00:10 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie

jeudi, 09 avril 2009

Mélange de virtualité

Diable ! Je suis trahi : ces mots de paresse
Doublure traversant le tain flottant
Que je voulais passer pour de l'adresse
Comme on regarde ailleurs en sifflotant
À ciseler leurs sens dans la caresse
Se révèlent un subterfuge haletant
Pour parcourir en douce la forme de tes fesses !

Mais oui, tout cela nage en virtuel
Le délectable reste pour moi, miroir,
Une image ou quelques mots sensuels
Approfondissant le sens de l'ivoire
— lisse sculpture aux mains mutuelle —
Le tendre imaginaire d'un à-valoir
Qui repose en nos sens textuel.

La poésie ne s'exprime jamais mieux
Que dans la perception de la relation
Et n'atteint jamais plus haut les cieux
Que comme pure et seule communication :
Le sujet-autre, perceptible à nos propres yeux
Au devant d'une lecture la sensation
Nous en fait ressentir le précieux d'un dieu !

Elle est l'espace entre les gens, leurs sens,
Qui la choient, la caressent, l'ondoient
La veulent rendre palpable et dense
Réelle, sexuelle et immédiate soie
À se réverbérer dans l'immense
Distance abolie entre toi et moi
Et nous bousculer jouissive par sa danse !

Je pénètre, comme un poisson l'eau
Ou un oiseau de ses ailes l'air
Comme un devin les entrailles de tes mots
Et jouit du frémissement d'éther
De la vie qu'il sent dans ce féminin chaud
Qu'il aime à remuer de son subtil flair
Pour qu'en nous résonnent les plaisirs boréaux !

10:18 Publié dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie

vendredi, 31 octobre 2008

La poésie : le centre humain d’une manifestation du monde

Diverses circonstances ont fait que nous nous sommes rencontrés, avec Patrick Viveret (deux fois dans le cadre des SEL — système d’échange local — et une autre fois dans le cadre de son SOL). Bon… pour, comment dirais-je… poser le tapis de sorte à s’y assoir, je sais que c’est lui qui a initié (ou c’est ce qu’on m’en a dit, mais du fait qu’il est employé par le Conseil économique, je suppose que cela n’est pas injuste) le RMI qui, à l’époque confinait plus de la recherche de paix sociale en achetant les fouteurs de m… qu’aujourd’hui en permettant à des pauvres de sortir la tête de l’eau (on se souvient de De Gaule : « …vu que je suis plus grand que vous, elle ne m’arrive qu’au nez »).

Cette dernière fois, donc, Patick Viveret énonce que c’est la mort, enfin… c’est « la conscience de la mort qui a été le début de l’humanité ». Et j’ai rencontré un autre homme qui faisait référence à cette phrase dans un contexte différent. Je ne suis pas tout à fait d’accord. C’est l’objet de ce message.

C’est donc en partie vrai, mais en seconde instance, que l’humanité s’est bâtie sur la conscience qu’elle a éprouvée de la mort. Selon moi, c’est la conscience de la perte d’amour, le mésamour, qui est le commencement de l’humanité et de sa conscience de la mort.

En d’autres mots. L’amour est le contact avec le cosmos. Sa déficience revient à une déficience du contact indispensable d’avec le cosmos, la vie. Il ressort du mésamour une nostalgie du contact avec lui, le cosmos. La « POÉSIE », l’indiscible explication de la vérité et de la réalité de ce contact (quelqu’en soit la forme, cela n’a aucune importance — c’est la poésie qui prévaut à tout, peu importe la forme qu’elle a adopté au moment où elle s’énonce) est le mot que je donne à ce contact. Car, finalement, l’humain en est arrivé à la perte de la conscience de la poésie.

Le phénomène poétique m’a de toujours étonné : comment un vers peut-il m’envoler aussi haut dans le ciel de mon contact avec la vie ? « Tes beaux yeux sont las, pauvre amante : reste longtemps sans les rouvrir… » « Beau… comme un jour sans enfant battu… », « Toutes les révolutions vont à l’histoire et l’histoire n’en regorge point », « L’injustice est un poison qui, sous des doses excessives, s’avère létal (et il n’en a pas été encore trouvé de dose homéopathique car il n’a pas encore été trouvé de solvant à la réduction à l’impuissance) », « La vie qui passe, passe, passe, passe, la vie qui passe temps / Le temps qui trace, trace, trace, trace, le temps qui trace vie… ».

En d’autres mots. Le mésamour génère une angoisse. Cette angoisse est la perte du contact avec la vie, le cosmos. La perte du contact avec la vie, le cosmos est la source d’une angoisse de la vie, et comme on est en vie, une forme de la vie, la vie angoisse de se perdre. C’est la conscience, c’est la prise de conscience de cette angoisse qui crée l’humanité par la prise secondaire de la conscience de la mort, conscience qui est fille de l’angoisse générée par le mésamour.

Mais la poésie est corrolaire à la vie humaine puisque la vie humaine est de mettre des mots, de la musique verbale, sur la vie. La poésie, sans le mésamour, est différente que la poésie du mésamour. Vous commencez à me comprendre ? Ainsi, la poésie du mésamour deviendra mystique : elle tentera de donner un ordre au monde (ordre directement tributaire de la technologie du moment), compréhension de cet ordre qu’elle considèrera comme UN, LE, contact avec le monde, la vie, le cosmos.

Et le monde humain lui-même sera distancifié par cette forme donnée au monde : tout chez lui devra trouver une explication… qui ne correspondra qu’à SA séparation d’avec le monde, la vie, le cosmos : le mésamour.

Et pour autant, la poésie restera ce contact indiscible qui outrepassera la mésamour. À la question de savoir pourquoi les gens s’agglutinent dans des messes (foots, concerts, meetings, etc.) il sera répondu que les gens courent après la poésie qu’ils veulent apprécier selon leur multitude. La poésie restera toujours l’espace indiscible entre les dires, les images, les formes, les inventions ; même dans les cas de l’horreur, de l’abject et du pourri. Car elle est le fondement de l’humanité : donner des mots aux choses, aux événements, aux êtres pour s’y retrouvent — et non pas l’angoisse de la mort ou de l’abscence qui ne trouvera qu’une forme particulière poétique à chaque étape du temps humain.

Je dois beaucoup à la lecture de Robert Graves (La déesse blanche, les mythes grecs et le Roi Jésus), car c’est lui qui m’a fait contourner son problème ; et aussi à Jennifer. Je veux montrer le même courage que lui pour qu’un autre contourne la perception du mien : lorsque l’humain aura compris que le fait d’aller le matin à son turbin est une forme de poésie qu’il ne peut que manifester, il se posera (peut-être !) la question de la forme qu’il veut lui donner.

Cependant, doutant qu’il fasse la relation entre le mésamour qu’il entretient contre lui dans son âme et le vide de sa vie, la petitesse de l’amour cosmique qu’il réalise, je ne me pose pas du tout comme solution à NOTRE problème vital : l’entretien de la vie pour vivre.

Comment voulez-vous que quelqu’un qui ignore tout
a) qu’il est en perpétuel recherche de ce que j’appelle « état poétique » ;
b) qu’il ignore totalement ce qu’est un « état poétique » sinon que devant sa télé, un but marqué par son équipe de foot préférée ou un coup de pine de son acteur pornographique adoré dans le con de la plus belle nana qu’il ait trouvé à voir sur un écran tactitilographique ;
c) qui, du fait du mésamour, n’entretiendra un « état poétique » que comme handicapé ou déficient amoureux ;
d) qui ne soit pas ce qu’il réalise alors qu’il le fait : qu’il ne sait pas ce qu’il réalise POÉTIQUEMENT de sa vie (a, b, c) ; ce qui rend sa poésie poussive, toussive, rébarbative, indécente, nocive même au monde dans lequel il vit et ne peut QUE vivre,
résolve le problème de la poésie ?

Il TRAVAILLE à la poésie : ce qui dénude sa poésie de vibration trans-miscible ; ce qui extrait sa poésie de correspondance alternative ; ce qui réduit sa poésie à une branche hivernale au cours de l’été et rend étrange la chatoyance d’un vert de granie-smith sur les étals d’hivers. Le sens du poétique, de l’amour, été perdu, la vie a été égarée et le cosmos oublié ; l’intégration de l’humain par son humanité au monde a été inventorié dans les relents des comptes en banques constipés, des obligations étatiques calculiques, dans les culs de basses-fosses des rigueurs policières qui répondent finalement à cette sorte — et toujours temporelle — peur de la mort : le mésamour.

Qu’importe la forme ! Vous comprenez ? Comment voulez-vous qu’un tel être s’en sorte ? sans, justement, ce qui lui est nécessaire pour s’en sortir ? sans ce qui ferait qu’il s’en sorte ? LUI ?

Car, le plus étrange dans cette étrange histoire est qu’on a, à aucun moment, conscience du mésamour : on ne sait absolument pas qu’il existe, ce mésamour et, donc, comment y remédier ? Ô dieux de la poésie, ô dieux de l'amour, quel perte !