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vendredi, 15 mars 2019

Le rôle du travail dans la transformation de l'humain en homoncule

Quels ont été les éléments du passage d’une société à filiation matrilinéaire, à la sexualité libre ignorant la vertu du sperme, à celle du patriarcat, à la sexualité contrainte basée sur l’homoncule ?

Quand on parle des temps anciens ou des sociétés présentes sans technologie, on trouve partout l’expression « chasseur-cueilleur » alors que la base sociale de la nourriture était la cueillette... qui est principalement exécutée par les *femmes* ? Ceci n’empêche pas la participation des femmes à la chasse et celle des hommes à la cueillette : il s’agit de rétablir la proportion des importances d’apport de la nourriture pour l’un et l’autre sexe. Ainsi, les apport de la femme au pot commun est-il au moins deux fois plus important que celle de l’homme avec sa chasse ! La cueillette consiste, certes, en cueillette de racines, feuilles, etc. mais aussi de l’élevage de larves, de champignons, etc. qui sont *aussi* important en protéines que la viande ! (En y pensant un peu, le premier outil en bois, a été inventé par la femme : le bâton fouisseur et non pas la lance dont on voit partout les hommes, encore eux, à la poursuite des animaux. Et la chasse consistait essentiellement à courir après l’animal pour l’épuiser : la lance arrivant pour l’achever).

Ainsi, de parler de « société de chasseur-cueilleur » est dépréciatif par rapport à l’empreinte de la présence de la femme dans cette dite-société. En conséquence, on devrait *toujours* parler de sociétés de cueilleuses-chasseurs ; car *ensuite* il a toujours s’agit d’agriculture. L’importance de la femme par son apport pratique de nourriture à la société est sans appel, aujourd’hui encore dans ces sociétés « primitives », société dont on peut considérer l’ensemble des femmes et des hommes comme *ensemble*. Je suis sûr que vous avez déjà compris l’affaire...

Le néolithique n’a pas commencé par l’agriculture, mais par l’élevage, dont la domestication des ovins semble être le point de départ. La chasse devient beaucoup moins indispensable, mais l’apport de la cueillette reste le même. Ici, l’élevage était une pratique mâle, quand la traite reste femelle, ou au moins la transformation du lait et de la chair en aliment, comme auparavant (encore qu’il s’agissait de la position du feu : intérieur -> femelle – ou extérieur –> mâle). Cet élevage a induit une « mentalité » – je parle *d’état d’esprit* – qui interprète la relation humaine à son nouvel environnement. Ici, il s’agit de *multiplier* les animaux, alors qu’auparavant, l’ensemble de la pensée était orientée vers l’idée de *division*. Pourquoi passe-t-on de la « fertilité » à la *fécondation* ? On disait d’un troupeau fertile qu’il se divisait en beaucoup (un, deux, beaucoup), on parle de la fécondation quand on multiplie (un, deux, quatre, huit...).

Ce qui m’a étonné jusqu’à maintenant, est que la légende qui « certifie » le caractère fécondant du sperme (au point d’en faire l’élément fondamental et unique de la reproduction de l’espèce : l’homoncule) date de 4 à 6 milles ans avant JC, ce qui est tardif au regard de l’invention, et de l’élevage et de l’agriculture (12 milles pour le premier, 8 milles pour le second). L’apparition du patriarcat n’est pas concomitant à l’invention de l’agriculture, mais postérieur... pourquoi ?

L’agriculture a déprécié l’importance de la femme dans l’apport de la nourriture, en ceci qu’elle a déprécié la cueillette, cueillette initialement à la base *sociale* de l'apport de nourriture, tandis que la chasse restait un mieux-être. Cette importance a été *socialement* dépréciée par l’agriculture qui apportait la nourriture à partir du *travail* de l’homme, une activité *autre*, alors que l’ensemble de l’activité féminine était considérée comme une  *activité naturelle*, dont, la cueillette, la grossesse et l’accouchement... d’où son importance *sociale*.

Chez les Trobriandais (La Paternité dans la psychologie primitive), les hommes émettent quelques doutes quand à l’absence socialement affirmée de non-correspondance entre le coït et la reproduction de l’espèce. Nous sommes dans une société de *jardinage*, où c’est le frère qui « nourrit » la sœur (bien qu’elle participe à la production maraîchère). L’activité liée à la nourriture est l’occupation des deux sexes, concomitamment. Ici encore, les femmes se moquent totalement de savoir *si* elles sont engrossées par les esprits ou par les mecs : c’est conforme à leur constitution de femme, à leur spécificité de femme que de mettre au monde des nouveaux-nés ! Et, chez les Trobriandaises, cela n’a aucune relation immédiate avec le coït. Il doit donc exister des dispositions pratiques où le procédé de la reproduction de l’espèce devient un questionnement *mâle*, sinon cela n’a aucun intérêt, ou même un intérêt extrêmement négatif, sachant ce qu’on connait du patriarcat.

Cette décrépitude de l’importance *sociale* de la femme qui mène à l’importance de la reproduction de l’espèce ayant pour centre social le mâle, provient du délitement de son importance dans l'apport de la nourriture, du fait que l’activité agricole est d’abord une activité mâle, dirigée par le mâle : ce sera donc lui qui prend la prééminence sociale de l’apport de nourriture. Cette situation est *sociale*, c’est-à-dire que l’homme a *droit sur* la femme et incidemment en matière sexuelle, outrepassant la femme consentante. C’est l’invention stupide et délirante du viol. Dès lors, la femme perd (comme je l’ai montré ailleurs) sa capacité naturelle à la régulation des naissances, et c’est *elle* qui fait la relation immédiate entre le coït forcé (le travail de l’homme) et la grossesse. S’instille alors une crainte du mâle qui vient confirmer à ce dernier qu’il *est* le mâle.

Le passage d’une société de filliation à celle à filiation (de mère à fille à celle de père à fils) se passe par la dépréciation de la femme dans l’importance de son apport *social* qui était de nourriture, importance vis-à-vis du *travail* du mâle à suer agricole. Le patriarcat se caractérise par le « moi-je », « c’est moi qui » (d’où le dieu mono), et disparait alors tout ce qui produit une cohésion sociale de partage et de sexualité « libre » ; bref, apparition de gens d’armes, d’État, d’impôts, de fainéants, de l'obnubilation de la plus-value. En inventant le *travail*, le patriarcat a inventé le viol. Et avec le viol, la grossesse est devenue une maladie.

C’est donc à cause du *travail* – alors qu’elle participait à une occupation sociale de son temps au cours d’une activité nourricière – dédié à la femme, travail qui induit la dépréciation sociale lde a cueillette dans l’apport commun à la nourriture, qu’est né le patriarcat, et avec lui son lot de malheurs *sociaux*, la découverte de la vertu fécondante du sperme – émissaire de l’homoncule, loin d'une vertu « fertilisante », mais procréatrice où la femme devient le vase de l’enfant à naître émis par le père – et les maladies inhérentes à la *désocialisation de l’humain*. Il a séparé le corps en deux entités : la chair et l’esprit.

Qu’importe les représentations du Primitif ignorant de la vertu du sperme, elles sont toujours liées à l’immédiat de la vie de son environnement sur la planète (religion animiste), tandis que le patriarcat a inventé, alors qu’il était soul de bière, le Verbe et celui qui l’énonce – Dieu – pour se dissocier de la vie sur la planète, de son environnement.

Avec l’agriculture, le mâle a inventé le travail en s’imaginant (il a fallu attendre Oscar Hertwig en 1876 pour montrer la coparticipation des deux sexes dans l’union des gamètes femelle et mâle) qu’en éjaculant il dépose dans la matrice de « sa » femme un *homoncule* (idée saugrenue qui montre l’étroitesse de sa pensée du monde). Il se destine à imposer le travail à tous et principalement à la parturiente. Le travail et l’homoncule sont l’essence du patriarcat. L’humain a disparu... reste un pantomime souffreteux socialement, affectivement et sexuellement.

Le patriarcat est une erreur humaine. C’est une erreur pataugeant dans l’insatisfaction sociale, affective, sexuelle. Elle est rectifiable. Le capitalisme est aujourd’hui le petit doigt qui cache le patriarcat en mouvement. Le patriarcat a inventé la souffrance socialement homicide – il s’agit du travail – pour remplacer l’occupation sociale, bienveillante, collaborative et partageuse, communiante. Il a inventé la mécanique et la béquille de la plus-value, insistant sur la fait que notre cerveau est destiné à cette technologie et aux « eaux glaciales du calcul égoïste », qui pourrissent tout. Or, notre cerveau est destiné à la suprême socialité. Nous savons quoi faire !

vendredi, 30 juillet 2010

Les transports du sort

La transformation d’un des aspects de l’animal en humain s’est opéré lorsque, pour lui, les avanies sont devenues des coups du sort : c’est dès lors qu’il a commencé à se raconter des histoires. Il fallait, c’est entendu, un fond pour une telle transsubstantiation, une réalité comprenant les rudiments nécessaires du langage, c’est-à-dire, déjà, cette aptitude à reposer en image ce que dispose la réalité et, ensuite, la transmission de ces images à un congénère ayant une charge affective sensiblement identique sur un objet identique.

On peut ergoter sur le fait de savoir si cette transformation de l’avanie en sort correspond à l’émergence de la pensée spéculative sans pour autant ôter sa validité à son concept : il s’agit d’une relation au monde quelle qu’en puisse être la relation interprétative, ce qui est dit et la manière de le dire.

L’expression « se raconter des histoires » contient deux sens, en français :

- raconter, de personne à autre, une histoire qui est toujours une interprétation, que ce soit de l’émetteur ou du récepteur ou des deux ;
- se réinterpréter un fait, en meilleur ou en pire, rarement en juste.

Il s’agit toujours de se réapproprier la réalité comme une réalité, d’un refus de ce qui arrive par un revirement où, de moteur que l’on était, on devient objet subissant alors que le destin est une simplicité combinatoire (où le hasard et la détermination se manifestent comme des éléments puissants) dont on est un élément sinon actif, du moins présent, inévitablement (j’évoquerai le différé plus tard). Que cela arrive et cela est versus ce qui est advenu contre moi.

Ce sera donc cette constatation que l’humain fuit constamment ce qu’il est, son action sur le monde et les conséquences de cette action sur le monde, que je voudrais modifier en la rendant plus immédiate : jusqu’au peut aller le spectacle comme refus de la réalité de l’être en tant qu’élément déterminant de son devenir dans CE refus de la réalité de l’être en tant qu’élément déterminant de son devenir ? Car cette manière d’être etc. est pour le moins inadaptée par les malheurs, comme à-cotés, qu’elle génère.

Pour cela, il va me falloir ratisser assez vaste. Au risque de ne pouvoir pas faire saisir la démarche ou le cheminement de cette démarche, il me serait extrêmement simple, en effet, puisqu’il s’agit d’une relation érotique à la réalité, d’aborder immédiatement cette constatation au regard de la sexuation (le simple fait d’être pourvu d’un des deux sexes) particularisée par les images que s’en donne spécifiquement l’humain ; de sorte à ne pas heurter mon lecteur ou ma lectrice et les rebuter dans leur curiosité à vouloir poursuivre ma démonstration, car cette propension à la fuite est si forte et si vive, si exclusive, qu’il leur est aussi très facile de sauter dans le train de la facilité, comme ils le font habituellement, sans doute par lassitude intellectuelle (c’est dur de se vouloir comprendre !) ou bien d’en sauter dès que c’est un peu compliqué, à l’exacte mesure de la complication humaine de cette sexuation et de son être au monde, qui est pourtant assez évidente.

vendredi, 09 mai 2008

Étalonnage du « pharmakos » /2

(l'article précédent)

Cependant, il y a un placebo-pharmakos de taille qu’il me faut évoquer : le « sport », car, loin d’être une pratique individuelle, c’est ici avant tout un exutoire de masse des masses.

La liesse que le sport soulève, ses peurs, ses espoirs, ses ruses pour contrer les avanies, etc. tout cela étant par excellence particulièrement dérisoire puisque cela n’affecte en rien les conditions matérielles proprement dites des adulateurs, répond au plus près à la fonction du pharmakos et à son aspect placebo pour ce qui est des guérisons que ces émotions provoquent et qui guérissent les autres aspects de la vie qui deviennent ainsi beaucoup plus soutenables sans être en rien modifiés.

La haine, la hargne dont font preuve ces adulateurs montrent bien cette « ardoise » formée du placebo sur une de ses faces et du pharmakos sur l’autre face. Choisir son camp et expurger un autre camp, dont la définition s’arrête à celle-là : être autre, permet de centraliser, de monopoliser et de concentrer toute une énorme quantité d’« affects » sur un court moment d’énergie n’ayant trouvé aucune autre expression plus sociale, conviviale, amoureuse. Lorsqu’on saisit la profondeur de cette émotion, l’endroit où elle puise son énergie, sa forme nous montre une mixture faite d’angoisse et de haine, d’incertitude flottante et de crainte de la réalité, de revanche sans exécution et de trahison subie, d’amour humilié et d’autosatisfaction interdite, de l’attraction irrésistible à l’orgasme et de la fuite devant sa profondeur. Les explosions de « joie » que seul le monde humain peut montrer comme spécificité sous cette forme, les quolibets fermement mûris qui s’appuient sur de vieux adages sans substance, et les vociférations dont la spontanéité est du plus pur calcul d’anticipation, sont, elles, d’une réalité semblable à ces crises d’hypocrisie enfantine dues à une frustration de sucrerie : pas assez mûr pour se comprendre dans le grand tout de la vie.

L’être assis tape du pied, crie, siffle, vitupère, hue, s’indigne d’une injustice commise à l’encontre du camp sur lequel il a collé la teneur affective de sa « valeur » ; tandis qu’au même moment l’autre camp s'enthousiasme devant cette décision, la gratifie de ses exclamations, l’encourage de ses frappements de mains, la couvre de la chaleur de ses emports. Il se lève à l’accomplissement de l’exploit, porte au ciel les bras comme on débande un ressort que la compression de l’attente a maintenu jusque-là comprimé et il se remercie réciproquement à coups d’embrassades, dressé sur ses jambes d’humain, tape des mains avec vivacité, célérité et ardeur, siffle en regardant du déplacement de son chef l’alentour de mouvements rapides le sourire lui déchirant la bouche, les poumons broyés par les spasmes de ses côtes, ayant le mal de respirer jusqu’à l’extase. Dieu que c’est bon !

Le camp « adverse », tout à coup téléporté sur l’ubac de la gloire, saisi par la tenaille de ses jambes coinçant la vigueur d’une queue qui se cache à cette ombre glaciale, la tête basse, ronchonnant, de mauvaise humeur, la moue de l’acariâtre ciselée par l’âpreté de la défaite sur un visage renfermé, quitte les rangs, dans un ordre de défaite, sans unité, sans communauté car chacun prend sur soi cette perte et son amertume et refuse d’en faire une généralité qui compromettrait davantage ses chances de salut futur : ce n’est que partie remise ! Il faudra simplement travailler plus pour gagner plus.

La victoire fonctionne comme une bobinette de fil qui tombe par terre mais dont on tient encore l’extrémité : elle court en se dévidant, trottinant de droite et de gauche, par sursauts. Mais la victoire fonctione aussi comme la tension que représente la gravité qui va, ou non, attiré au sol cette bobinette de fil. La joie de la lâcher viendra de celle provoquée par la victoire de la partie du drame sur laquelle a été déposée cette tension affective. Il faut donc bien comprendre que la valeur de la victoire correspondra à la tension affective qui s’accumulera dans l’expectative du cours du mouvement du temps (et par conséquent par son côté éphémère) auquel on va donner une limite indispensable. Cette tension que retient la victoire, avers de l’ardoise dont le revers est une défaite, sera d’autant plus prégnante qu’incertaine, fluctuante, hésitante. Il s’agit de vivre, de sentir en soi la vie durant tout ce temps et rien que ce temps permi comme un émonctoire permet l’élimination des vieilles choses de la vie restées immobilisées et indésirables.

La victoire est le placebo ; au moins une des équipes le pharmakos ; l'ensemble du processus, une cérémonie religeuse. Il s’agit là bien d’une expression de l’orgasme qui ne se retrouve pas, c’est-à-dire qui ne se retrouve pas ailleurs selon ses propres conditions qui sont l’abandon sexuel ; orgasme qui, par cette démonstration même d’inachevé sinon qu’en image, montre la puissance de la course qui vous sert de fuite.

Je ne puis dire si l’humain implique le « pharmakos » et son « effet placebo » comme obligation ; j’en doute fort mais parfois submergé par la bêtise de son monde, je ne sais plus grand-chose. Nous participons à un truc immense (on va chercher des planètes qui seraient susceptibles de ressembler à la nôtre pour, peut-être, pouvoir y reconnaître des congénères extérieurs — alors que l'on sait, aujourd'hui et maintenant ce qui est fait de l'« étranger »), même s’il se résume parfois à la dimension d’un écran de télévision, dans lequel on baigne, gigantesque, cosmique, la VIE, mais qui est ressenti comme une angoisse se traduisant par une inutilité de tant de souffrance, de plaisir épars et de quotidien : cela ne sert à rien. Depuis quelques millénaires, il y a toujours des malades affectifs qui se montent la tête pour faire chier le peuple, le monde dont nous voyons les changements rapides de formes que cette action induit. Je ne suis en rien étonné, dès lors, que, placés devant une telle vacuité dont le ressenti n’est pas réfléchi par la conscience, des gens devinent le besoin d’inventer un placebo, un ou des dieux, dont ces gens seraient des protégés suivant les mêmes conditions de souffrance et de petit plaisirs, des enfants perdus aux formulations incomplètes dont ils laissent la formule à ce/s dieu/x et les procédures à ces malades dont je parlais il y a un instant.

Ce/s dieu/x demande/nt des pharmakos (ou des bouc-émissaires, moins tardifs dans le temps de notre histoire) simplement parce que ces gens ne se comprennent pas, ne savent pas ce qu’ils sont dans le monde, le leur et pour eux-mêmes, ce qu’ils SE représentent ; alors que c’est essentiellement affectif.

lundi, 05 mai 2008

Étalonnage du « pharmakos »

Il a été dit beaucoup sur le « placebo », mais peu sur le comment et le pourquoi du placebo ; et encore moins et mal sur le pharmakos et sa phénoménologie, que j’ai nommés ailleurs « érotique agricole ». Ainsi, je ne suis pas bien sûr d’avoir donné les éléments suffisant pour me faire comprendre.

Dans Science & Vie de mai 2008, page 44, on relate une expérience relative à la mesure de l’« effet placebo ». Des gens se sont prêtés à une expérience consistant à accepter un jeu de « pharmakos » dont on ne leur a laissé aucun doute sur l’efficacité à être protégés par un placebo des désagréments provoqués par une faible décharge électrique de 80 volts et à se laisser soumettre à cette décharge. Ce « placebo » (LA raison d'être du pharmakos : protection plus ou moins consciente contre le « mauvais sort ») était vendu sous deux formes à contenant identique, cela va de soi, l’un à 2,50$, l’autre à 0,10$.

Hébé… 85% de ces gens ont trouvé davantage « atténuant » leur souffrance le placebo à 2,50$ ; et 61% seulement ont ressenti une efficacité à celui qu’ils ont acheté 0,10$. Le « pharmakos » (placebo) le plus efficace est celui qui vous coûte le plus : cela semble aller de soi, non ?

Loin de moi de dénigrer, puisque j’en reconnais le pouvoir, l’« effet placebo », le pharmakos dont l’efficience paraît ici évidente. Avoir la sensation de se protéger est du plus efficace face à une douleur, à un malheur ; à moins d’être anesthésié de drogues ou de cette douleur. Et inversement, en cas de malheur, trouver un pharmakos sera du plus agissant contre celui-ci, même en placebo.

La nature du placebo est ici l’argent, l’affectif injecté dans une substance abstraite, ne servant que comme relation humaine quantitativement (plus on en a, plus on est content, n’est-il pas ?) et dont il faut se séparer. Et, intuitivement (nous sommes toujours dans le placebo) plus on en donne comme protection, comme « valeur », et plus l’objet dans lequel est investie cette valeur aura de pouvoir ; pouvoir sur soi, les autres, les choses, les êtres certes, mais pouvoir BIDON, en creux, je veux dire, qui n’a d’existence qu’en lui-même, pour peu qu’on le lui accorde. C’est un aspect de l’être humain des plus intéressants, cela va sans dire.

Quelle est la relation entre le placebo et le pharmakos. Ils sont tous deux les faces d’une même ardoise. Prenons le plus gros exemple au monde : Jésus-Christ (à ce propos, pour les lieux, si on m’en donnait l’occasion, je proposerais que tous les noms commençant par « saint/e) » soit reliés par un tiret au nom qui suit, puisque qu’il s’agit de dénomination et non pas de sanctification de ces lieux). JC est le placebo et le pharmakos du monde chrétien : il adoucit les douleurs et les provoque chez d’autres que soi. Et, pour cela, il y a toute une armada de théorèmes, d’hypothèses, d’assertions, etc., pour l’affirmer, le confirmer et l’infirmer. Et tout ne tient que sur la « valeur » qu’on accorde à cela. Mon propos, donc, est de découvrir comment cela puit-il être !

Qu’est-ce que le placebo ; qu’est-ce que le pharmakos ? C’est attribuer à quelque chose ou une action hors de soi une efficacité tandis que l’on en est, soi-seul, le moteur unique, véritable et valable, alors que la recherche et l’obtention de cette efficacité ne proviennent que de soi. Accuser le Christ pour le mettre en croix et dire ensuite qu’il l’a fait pour vous sauver du péché. Dire qu’un placebo amoindrit une douleur et ce, d’autant plus, qu’on s’implique affectivement dans son acquisition. Montrer du doigt un pauvre bougre, non moins pauvre que soi mais d’une autre manière, en disant qu’il est l’origine de vos malheurs et le tuer pour vous purifier alors que c’est VOUS l’origine de votre malheur tandis que vous restez passif devant lui. Etc.

Placé face à un phénomène auquel il se trouve confronté et qui le laisse impuissant (genre : famine, diverses épidémies, d’autres maladies graves et invalidantes, les catastrophes naturelles ; ou plus individuellement : la perte d’un être cher ou d’un espoir, un malheur, et le reste), afin de s’en désengager, l’être humain doit trouver quelque chose d’extérieur à lui-même, il doit trouver un secours aussi puissant, sinon plus, que l’avanie à laquelle il se trouve confronté et ce, en tant que moyen-tentative de s’en défaire… en image. Certes, il aura moins mal (et encore !), mais, bien souvent, il trouvera qu’un de ses congénères sera plus représentatif de la source de ce malheur, ou bien sera l’étincelle du bonheur qui suivra immanquablement sa mise à mort, qui devra être à la mesure de sa propre souffrance, bien évidemment.

De même, le plus puissant placebo qui ne se nomme pas ainsi mais qui a reçu l’appellation de « salaire », est le baume le plus puissant devant le fait de souffrir sa vie à « gagner sa vie », à TRAVAILLER. Et le pharmakos est pour ce cas précis, soit le patron — sous toutes ses formes : consortium, personnel, étatique, etc. (pour les syndicalistes « toujours prompts à prolonger d’un millénaire l’existence du prolétariat pour avoir le loisir d'en défendre la cause », par exemple) — soit la vie chère, soit l’impossibilité de se prendre en main, les enfants à nourrir, à habiller, à loger, soit l’amour que l’on sacrifie au grand totem du temps à tuer à faire quelque chose d’inconvenant face à cet amour que l’on délaisse dans ses draps, mais totem qui, apparemment, semble indispensable et impératif. Et puis il y a le vol, bien sûr, devant lequel on ne réfléchit pas trop parce qu’on n’a pas la possibilité d’être soi-même malhonnête… et pourquoi ? Parce que c’est le reste de dignité qu’il vous reste de plaisir d’être face à ce que l’on subit soi-même et que l’on s’en voudrait de reproduire. Cet émolument est à la fois source d’espoir d’un meilleur et à la fois source d’aigreur des plus tenaces, des amertumes les plus opiniâtres, les sécheresses de bouche est plus ardues, des révoltes les plus ténues aussi bien (comme « intérieures », n’est-il pas ?), la satisfaction d’une soumission dont le pharmakos reportera toujours à plus loin et à plus tard l’infamie et le dérisoire.

Un autre placebo qui ne manque pas d'attendrissement, est la télévision, la « télé ». Le fait de gagner sa vie, assis devant une télé, devient, comme par magie, naturel, et oui. Auto-placé devant cet appareil de trans-mission (mission qui consiste à vous laisser assis devant lui, je n’en vois pas d’autre, le plus longtemps possible et le plus vacuitèrement possible ; mission, dis-je, que le « réalisateur » se charge de vous communiquer le plus efficacement possible en recevant pour cela l’aide active d’autres salariés que ce spectacle-placebo rend des plus hardis tant dans la forme qu’il présente des manques dont vous êtes les PREMIERS à vouloir profiter et les DERNIERS à pouvoir satisfaire, que dans le fond qu’ils reproduisent avec cœur et ardeur, stupide autant que ce qu’il laisse d’entre-jambe) la satisfaction vous guette à la moindre des images qui s’y succèdent sans fin, sinon parfois que par la montre d’un pharmakos qui y a la vie plus dure, plus âpre, plus sordide que la vôtre et que l’on voit mourir devant soi, en différé. Cela montre aussi la conscience que l’on a de son propre sort et l’énergie que l’on développe pour s’en sortir.

Peut-on affirmer que l’humain est essentiellement un être affectif lorsque l’on sait, que l’on connaît l’intensité affective avec laquelle il tient à la valeur de l’argent (l’affectivité qui lui est concédée) qui est ici, précisément, LE placebo et ses diverses représentations, la « valeur » et les espoirs de gains qu’elle contient ? Pour une grande part, le pharmakos (comme l’objet que contient, CACHÉ, l’espoir, le placebo) veut trouver la résolution des souffrances de celui qui l’identifie, qui le montre du doigt pour le reconnaître. Cette manière de faire agit depuis environ 8 millénaires, guère plus, guère moins.Est-ce la manière la plus opportune pour résoudre le problème de la souffrance du vivre ? Je n’en suis pas si sûr.

Prenons un exsudat du placebo : la maladie. Enfin, disons plutôt : une maladie du placebo. Si un placebo « guérit » un malade, c’est que le malade n’avait pour maladie que sa relation sociale médiasable par le placebo apporté par un être de « valeur ». Si le malade est guéri, la « valeur » de cet être est plus « forte » que la maladie. En somme (et j’espère ne faire ni de lapalissade, ni de tautologie, ni de solipsisme) lorsque la maladie est guérie par un placebo, ce n’est pas à vraiment parler une maladie mais un « état d’esprit » adopté lors de sa vie qui vous rend inopérable suivant les critères de la vie. Il suffit, dès lors, que l’on oriente cet « état d’esprit » d’une manière tergiverse pour que vous trouviez, en vous, la résolution de cette maladie. Ainsi, en allant chercher un espoir chez votre médecin, vous êtes sur le point d’en faire un pharmakos s’il ne réussit pas à vous sortir de votre « état d’esprit » pour vous « guérir ».

Qu’est-ce à dire, dès lors, de la « maladie » et des moyens entrepris pour la guérir ? Et puis, c’est quoi la « maladie » chez un être doté d’une telle intensité affective ? Quels sont les moyens mis en œuvres, aujourd’hui, pour une telle disposition de l’affectivité de l’être humain et quelles sont les dispositions pour le rendre plus à même de se reconnaître en tant que tel, avec ses « déboires », si je puis dire, sa propension à rejeter sur autrui le résultat de ses malheurs, à en faire un « pharmakos », cette sorte de dérisoire qui ne veut tromper que lui-même ?

Comment, alors, se mettre à « guérir » la maladie « travail » ? Et c’est quoi l’argent, ça sert à quoi, dans ce contexte et le nôtre ?

Qui a osé entreprendre des études sur le « pharmakos », le placebo de l’érotique agricole ? Moi. Ne me laissez pas seul !

(suite ici)

lundi, 14 avril 2008

Le dieu du sacrifice /2

(première partie ici)

Tu vas me dire, cher lecteur, que je me trompe : que ce n’est pas le travail, le dieu de nos temps, mais la poursuite éhontée du profit qui est la source de tous nos malheurs. Tu n’as pas tord, mais je n’en ai pas moins raison.

Inversons les choses : c’est pour trouver à faire travailler les autres qu’a été inventée la poursuite éhontée du profit ; c’est pour sacrifier son prochain (je pense y revenir plus tard à cette maladie affective) qu’a été inventé le dieu « travail ». Le travail, moyen d’une disposition affective de l’un vis-à-vis de son congénère, est la coercition nécessaire à cette maladie affective qu’est la recherche éhontée du profit pour se manifester, trouver une effectivité.

Bien sûr, pour cela, il faut sacrifier l’aspect humain chez l’humain, c’est-à-dire la liberté, l’amour sans contrainte, la collaboration, le collectif, la vivacité. Pour cela, la soumission, dès le plus jeune âge, est nécessaire. Et ce n’est pas à cet âge que l’on peut en dire grand-chose pour s’en défendre.

Par exemple : J’ai vécu ceci à ma bibliothèque : un papa et sa petite fille. Le papa feuillette quelques revues. La petite fille (3ans ?) vaque. Elle va vers son père, au demeurant sympathique.
La petite fille : — Papa, caca.
Le père : — Attend un peu, voyons…. La petite fille va se blottir dans les jambes de son père pour intérioriser le désir de l’autre vis-à-vis du sien, d’autant, bien évidemment, que ce père est son pourvoyeur en tout : chaleur, amour, nourriture, abri, permission, assurance, etc. Difficile, même dépourvu d’un jugement critique que cet âge très précoce — 3 ans peut-être— ne permet pas de réfléchir, de trouver à redire.
Mais deux ou trois minutes plus tard, rebelote :
La petite fille : — Papa, caca.
Rebelote, le papa, perdu dans ses lectures : — Attend un peu, voyons…
Je me lève, et vais dire au père : — Bonjour, vous savez qu’il y a des toilettes au rez-de-chaussée et qu’elles sont ouvertes ?
Le père : — Oui, oui, je sais…
Moi : — Votre fille semble avoir envie…
Lui : — Elle va attendre un peu.
Je lui dis : — Cela me semble peu judicieux de la faire attendre.
Lui : — Si, si (c’est lui le « père de l’enfant », n’est-il pas ? c’est lui qui a l’autorité sur cette enfant. Je l’aurais bien prise pour l’apporter aux toilettes, qu’on en finisse avec cette souffrance stupide !), je vais m’en occuper.
Moi : — De mon point de vue, elle n’a pas à attendre.
Ne pouvant tout de même pas chercher la bagarre, j’ai cessé là.

Mais ici on voit ce qu’est la SOUMISSION à l’autre. Et c’est inculqué dès le plus jeune âge, tout connement et inutilement. Comme si d’acquiescer au désir de son OBLIGÉe n’avait pas à vous obliger vous-même : cette petite fille, elle, elle n’a pas demandé à vivre, que je sache : pourquoi donc la faire ainsi souffrir ? Rude période que d’être enfant dans ce bas monde qui se reproduit sans cesse.

C’est ici une des manifestations de cette maladie affective imposée à l’autre : de le faire TRAVAILLER : — « Travaille tes sphincters, ma petite, tu sauras plus tard serrer bien du cul quand tu devras te soumettre à un patron ! ». Pour cela, dis-je, la soumission, dès le plus jeune âge, est nécessaire. Et ce n’est pas à cet âge que l’on peut en dire grand-chose pour s’en défendre.

Pourquoi donc « maladie affective » ? L’exemple donné plus haut montre que pour satisfaire un moment d’accommodement, on sacrifie la liberté de l’autre qui vous la doit. Vous comprenez ? Et cela n’est possible que du moment précis où la considération que l’on a de l’autre commence dans une déficience reconnue, consciente de cette relation à l’autre, dès lors qu’on sursoit à une affectivité réciproque, qu’on la transforme en une forme de pouvoir sur l’autre alors que ce pouvoir c’est soi-même qui le détenons comme règlement d’un problème pratique, directement en relation avec la VIE immédiate : on sait qu’on empiète sur la liberté de l’autre, mais on continue d’empiéter sur cette liberté ; pour divers raisons et moyens : la force, l’autorité matérielle et/ou affective, la prérogative, l’adulation.

((Pour un enfant, ses parents sont des DIEUX qui pourvoient en tout ; c’est une des raisons de l’éducation bien comprise que de faire comprendre, entendre et savoir qu’il n’en est rien, de sorte que l’enfant soit adulte, pas spectateur, comme eux.
Une religion, quelle qu’elle soit, n’est pas seulement la recherche d’une réflexion sur le sentiment cosmique qu’on éprouve de vivre, elle est aussi une tentative de matérialisation de ce sentiment ; et comme on ne matérialise qu’à partir de ce que l’on a sous le nez, la personnification des dieux ressemblera toujours, dans notre cas et encore aujourd’hui, à celle que l’on se souvient de la puissance véritablement véritable de ses parents, pourvoyeurs en tout de sa vie qui ne demande qu’à vivre. Que le parent soit méchant et le dieu sera méchant ; que le parent soit gentil et agréable, attentif et droit, aimant et compréhensif, bien souvent il n’y aura pas grand besoin de personnification à ce sens cosmique : on en jouira pour ce qu’il est : cosmique)).

On voit donc, selon ma démonstration, que le dieu sacrificiel est bien le travail et non pas la poursuite éhontée du profit : on sacrifiera à ce dieu « travail » toute humanité, même la possibilité de guérir cette maladie affective qu’est la recherche éhontée du profit, à laquelle il ne faudra surtout pas toucher.

Force est de constater qu’il y a tout de même quelque chose de paradoxal, ici même : on sait que l’activité humaine détruit la planète et pourtant on n’a jamais été aussi actif qu’à présent ? Faut-il ne pas être malade, affectivement, pour se comporter ainsi ?

Les maîtres ne sont que des esclaves, des soumis, qui règnent sur d’autres esclaves, plus soumis qu’eux. À bas le travail ! Arrangeons-nous.

vendredi, 11 avril 2008

Le dieu du sacrifice

À l’Île de Pâques, c’est le dieu de pierre debout qui a été la source de la disparition de la civilisation qui la peuplait du fait qu’on lui sacrifiait tout pour sa représentation : l’abattage des arbres pour les déplacer de la carrière jusqu’à l’endroit choisi par les prêtres a éradiqué toute forêt. Plus aucune forêt, plus de feu, plus d’humus, plus d’endroits pour la protection animale, plus d’ombre, etc. Les gens commencent à se tirer dessus, à s’entretuer et, pouf ! plus personne, sinon que les moins intellectuels, bien sûr, qui sont les plus habiles à une adaptation à de telles conditions.

Aujourd’hui, le dieu auquel on consacre tout est le TRAVAIL ; à ceci près que son évolution correspondant à celle de l’entendement humain dans son « évolution », et que ce dieu a plusieurs représentations : l’automobile permet à ses adorateurs de parcourir le monde (parfois sur quelques mètres seulement, mais c’est si bon ce contact avec son dieu) ; son sang : le pétrole et ses transformations ; l’argent son système de pensée.

C’est ce système de pensée qui est le plus enivrant : le posséder est posséder la vie de ce dieu et la quantité possédée vous montre la puissance relationnelle entretenue avec le dieu sur les autres. Les prêtres sont divers, variés, dissimulés pour la plupart se réunissant selon des conventions que seule la certification d’une quantité du fluide du dieu vous donne la clé à sa participation.

Toute religion ne peut se déployer que selon une ou deux modalités et, notamment, un immense nombre de pseudo adorateurs (je veux dire qu’ils adorent sans en voir revenir d’avantages, ou au moins ceux que cette pensée pense) placés dans une situation qui correspond exactement à l’opposé de ce que ce dieu vous fait miroiter du paradis que sa pratique sous-entend : cette immense quantité de gens, sans aucun rapport avec les prêtres quantitativement et qualitativement, au contraire d’avoir les facilités du vivre que ce dieu se targue de rendre heureuse, vivent dans la misère et eux-mêmes, tellement abrutis par la drogue du dieu, variété de la misère, se voient incapables de se prendre en main pour s’en ébrouer.

Les prêtres, décideurs irrémédiables et incontournables de l’organisation de la vie quotidienne, transforment tout en marchandise, substance qui n’a plus lieu d’être comme favorable à la vie en général, mais substance qui transforme la vie en argent, car, par un tour de passe-passe, basé essentiellement sur le pouvoir de cet argent auquel on consacre tout, même l’annihilation de sa pensée, inclus dans les choses de la vie comme une substance qui n’est détectable que par un calcul dont la subtilité correspond à cet état d'esprit injecté dans ces choses. Et on transforme TOUT en marchandise : l’objet des prêtres est cette transformation et la création, jusqu’au moindre détail de la vie, des choses en marchandise, non plus en une chose nécessaire à la vie et à son entendement, la joie qui est inhérente à la vie, mais à la tristesse de la vie mortifiée que l’on doit, malgré tout, acquérir selon les modalités du système de pensée de cette religion : le travail. "au moins un quart des surfaces américaines de maïs et plus de la moitié de celles de canne à sucre au Brésil sont consacrées à la production de bioéthanol".

On transforme même ce qui est la source du maintien de la vie : la nourriture. Mais cela n’était pas si important jusqu’au moment où, pour satisfaire une des représentations de ce dieu, l’automobile, on lui a sacrifié les céréales (en donnant un mot très joli à son résultat : bio- ou agro-carburant). Et aujourd’hui nous voyons des gens qui, auparavant plus ou moins débrouillards et qui se sustentaient des miettes que le dieu du travail leur octroyait, en sont arrivé à crier famine. Le dieu TRAVAIL leur avait fait miroiter que dans une obéissance quasi-aveugle, on pouvait accéder à du confort par l’objet ; aujourd’hui, ils en sont à crier famine. "L'un des facteurs expliquant cette envolée des prix est l'utilisation d'une part croissante et significative des terres arables pour produire des biocarburants. Pratiquement tout le supplément de récolte mondiale de maïs entre 2004 et 2007 a servi à fabriquer aux Etats-Unis cette alternative au pétrole".

Le travail a produit de tels dégâts sur la planète sur laquelle on pose nos pieds, sur laquelle on s’allonge pour dormir, qu’elle est devenue irrespirable, sale, laide et nos relations à nous, êtres humains, deviennent de plus en plus exécrables.

J’avais écrit une formule, il y a un temps, selon laquelle : « La pollution est l’exacte mesure du travail excédentaire ». C’était une demi-mesure. Il faut supprimer le travail, cesser d’inclure dans nos enfants la notion de LABEUR, d’en chier pour l’obtention de quelque chose, car une utilisation autre de intelligence, non plus consacrée au dieu, est l’antidote de ce travail auquel les 7 milliards de personnes peuplant cette malheureuse planète consacre son temps, son énergie, sa saveur, sa joie, ses rires. Comment ne pas admettre que cette puissance dont est doté l’être humain, consacrant son énergie vitale à l’élaboration d’une entité qui lui échappe, chez tous, individuellement, ne peut pas détruire l’environnement qui lui donne vie sur une telle échelle ? Zut ! C’est bien à autre chose que cette forme d’être, que l’être humain doit consacrer la puissance dont elle est pourvue : sinon, on voit le résultat, là, devant nos yeux, nez, bouches, peau, entre nous, en nous !

(la suite ici)