lundi, 30 août 2010
La rencontre : trois mots
Il n'y a pas d'articles "trialectique" sur l'encyclopédie Wikipédia, la police qui y règne en maîtresse est trop peu apte à admettre une telle liberté, à moins de la serrer de très près pour la rendre indigente. Il y gît cependant discrètement un unique article qui l'évoque indirectement : celui sur la rencontre.
La rencontre est un évènement : c'est la conjonction de trois facteurs dont deux sont dynamiques et un statique, ou bien le plus souvent deux de ces facteurs sont statiques (ils ne bougent pas dans leur être-soi) tandis que le troisième est dynamique et vient bouleverser leur immobilité pour les fondre ensemble.
La rencontre est le résultat de cette conjonction comme nouvel élément, un fruit du temps.
Par éléments statiques, il est entendu que ces éléments sont dans la continuité de leur être, de leur état d'être, et par conjonction dynamique, il est entendu que l'élément en question n'est pas dans la continuité de son être : il se présente dans la rencontre comme un élément fortuit (temporel, social, conjoncturel), peu maîtrisable bien que pouvant être un objet prédictible ; il propose une altération à ce qui est et cette altération, acceptée par les deux éléments statiques, est intégrée comme jonction à ces deux éléments qui se fusionnent dans un ensemble nouveau.
Ce facteur dynamique peut se trouver dans des moments sociaux prévus à cet effet (fêtes, vacances, manifestations diverses : bals, manifs, colloques, conférences, festivals, etc.) propices à son expression. Son caractère fortuit, cependant, ne pourra pas être à proprement parler provoqué, car c'est toujours la conjonction intime des trois éléments disparates de la définition qui produit la rencontre.
On peut parler de rencontre pour deux personnes, incitée par la sympathie, l'humour, la gentillesse, le respect (le fruit peut être un amour, une amitié, ou en cas de contraire, une haine), pour deux idées (le fruit peut alors être une invention), d'évènements sociaux qui sont la conjonction d'une disposition sociale et d'un contexte social : ici l'évènement détonateur ou détonnant, permettra à la société de s'ébrouer pour accoucher d'une forme plus moderne de la liberté de la rencontre.
Il y a encore rencontre entre la graine et le sol qui l'accueille auxquels vient s'ajouter l'eau de la pluie en permettant à cette graine de monter en température et de croître.
Une découverte est toujours le fruit d'une rencontre, de la conjonction intime de trois éléments. Et à propos de la découverte, chose remarquable, elle est toujours deux événements, au moins deux conjonctions au même moment en deux endroits différents de notre planète, sous une forme similaire d'une même rencontre, d'un même fruit : on ne se rencontre jamais seul.
Du point de vue de la philosophie, la rencontre est une nécessité sujette à une contingence : la rencontre est le paradoxe en soi (car le contingent qui règne sur le nécessaire n'est plus du contingent et, inversement, le nécessaire assujetti au contingent ne peut être nécessaire, car ce nécessaire peut ne jamais se réaliser, trouver son effectivité à travers la contingence où il perd son aspect obligatoire). Le paradoxe réside particulièrement en ceci que pourtant, la rencontre se réalise et réalise à la fois sa nécessité et la contingence qui l'a créée : c'est ce qui en fait son côté merveilleux qui se renouvelle toujours.
Certains la cherche sans fin dans le jeu, d'autres la trouve fortuitement chez les autres. La rencontre est la négation et le parachèvement du hasard.
09:34 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, poésie
mercredi, 11 août 2010
Que sont nos trêves devenues ?
Il y a plusieurs confusions qui règnent sur le rêve, la conscience à l’état de veille durant le sommeil. On parle de « contrôler » les rêves comme de saisir les manettes d’une machine à faire des frites sans trop savoir quelles sont les patates et si elles sont épluchées ou démonter la pédale d’un machine à décolleter qui se mettrait tout à coup à pondre des œufs, ou encore à la rencontre d’une machine à coudre et d’un parapluie sur une table d’opération. On ne sait pas de quoi on parle et on parle surtout pour contrôler la pensée, celle qui fuse sans morale, en toute vigueur sans rigueur, dont on a du mal à maîtriser les fusions et les fissions tant elles sont trop souvent subrepticement en dés-adéquation avec la morale de l’époque ; ce qui est très gênant. Et c’est là que c’est prenant de contrôler les rêves car on sait qu’il y demeurera toujours un aspect érotique à ceci près qu’on le voudrait plus sage.
Le rêve a une fonction, le rêve est une fonction en fonctionnement dont l’intérêt est précisément de rester sans contrôle. Au cours de la veille, une quantité d’événements se passent hors du champ de la conscience (soit qu’elle n’en ai rien à faire, soit qu’ils la gênent, soit autre chose) qui sont pourtant imprimés dans la vie qui passe ce cours du temps et qui sont plus ou moins contradictoires, sinon sources de déplaisir. Ces événements sont imprimés dans le systèmes nerveux neurovégétatif. Le sommeil est la résolution de ces contradictions et leur digestion. C’est un phénomène indispensable, même lorsqu’on dit ne rien vivre ou ne faisons rien vivre, comme dans ces prisons aux murs blancs et insonorisés. Le rêve est la régulation autonome de la vie pour le maintien en vie correct de la vie, pour le maintien fonctionnel de la vie. Penser contrôler le rêve revient à dire qu’il y a du progrès dans l'ITER et son petit frère d'EPR, par exemple, qu’on serait susceptible de pouvoir contrôler, déjà qu’on en maîtrise pas les coûts de construction.
Cette régulation du système neurovégétatif se formule sous forme de faits du jour ou des deux jours précédents le sommeil, parfois de plus loin lorsque la tension impliquée à ce système neurovégétatif est très dure, tenace ou inavouable. Ces reviviscences de moments se manifestent sous forme d’images associées aux sens, de celles vécues ou assez proches d’un vécu contradictoire. L’association de sens (ouïe, odorat, tact, goût, vue, équilibre, etc.) permet à l’organisme de résoudre plusieurs facteurs en lot, car l’objectif est l’homogénéité du système vivant, la conservation de son intégrité. Et tout cela se passe en fonction de l’animal en question, bien sûr et je suis quasiment sûr que les insectes rêves, ceux qui vivent plus de une journée.
Et le rêve se manifeste par des décharges énergétiques (ou hormonales, c’est kif-kif). On voit un chien courir, un chèvre bondir, etc. et on voit parfois de la souffrance.
Je pense que les animaux qui ont dissocié le coït du rut (la crème des primates), doivent avoir une relation avec la mémoire des rêves. Et j’en suis arrivé à penser que la pensée est une émanation sophistiquée du rêve, une fille du rêve. Vouloir le contrôler, revient à contrôler la vie, vieux rêve débile d’un humain désaffectionné. La pensée est un rêve conscient, un rêve qui se constate rêver et comprend son rêve. C’est ce que je pense. La pensée, loin d’être cet attribut mirifique des dieux n’est que le résultat du rêve arrivé au stade d’une mémoire particulière. La pensée peut être autre chose que ce qu’on en connaît, à un autre stade de la mémoire d’être elle-même. Comme les dieux, Dieu est un rêve.
C’est parce qu’on ne sait pas ce qu’est le rêve qu’on rêve d’une machine à rêver, ou de dispositifs, de drogues qui permettraient de maîtriser le rêve, de l’orienter dans un sens qui vous soit absolument propice, bénéfique, etc. On oublie que c’est la réalité vécue qui génère le rêve et que si on a de mauvais rêves, c’est la réalité vécue antérieurement qu’il faut changer, car la fonction du rêve est de résoudre et non de construire, de dissoudre et non pas de souder, de ressouder et non pas de bâtir.
Lorsque la réparation est heureuse ou malheureuse, on peut en avoir la mémoire, en cherchant un peu et cela se fait par association d’idées, terme qui exprime mal le fait qu’une idée va ou saute à une autre dans le cours du temps (il s’agit plus d’une succession d’idées dont on ne maîtrise pas l’association sinon qu’a posteriori). Mais généralement, la réparation se passe au nez du vécu somnifère et ne laisse pas de traces inutiles, encombrantes ou incommodes.
La mode est, en ce moment, de penser que le rêve est manipulable. Oui, il est manipulable, par le son, l’odeur, la teneur en vapeur d’eau de l’air, des idées suggérées à l’oreille. Mais dans quelle mesure et pour quel effet ? J’y reviendrai. Mais la première manipulation est celle du vécu antérieur au rêve, de la réalité à travers laquelle le vécu a dû passé et comment il s’en est sorti. On sait très bien que les rêves d’un riche ne sont pas les mêmes que ceux des pauvres, que les rêves d’un ouvrier ne sont pas ceux d’un patron, que ceux d’un croupier ne sont pas les mêmes que ceux d’un cambiste qui sont différents de ceux d’un chauffeur de taxi eux-mêmes différents de ceux d’un chauffeur de premier sinistre. Et chacun de ces protagonistes assument à sa manière une soumission à cette réalité avec plus ou moins de malheur. La manipulation première du rêve est ce qu’on vous impose de vivre, ce qui vous est imposé de vie et ce que vous en faites, dans une réalité située hors du sommeil, à l'état de veille. Et qu’on vous susurre des mots doux ou des langues étrangères durant votre sommeil, ne changera rien à cette soumission à la réalité, au système neurovégétatif qui est déterminé à résoudre les problèmes énergétiques que cause cette réalité, cet éveil. Et les tensions sont parfois si fortes et si diffuses, si confuses et si rétives qu’il arrive qu’on ne puisse s’endormir. Pourtant, le sommeil est bien là pour vous rendre heureux, n’est-il pas ?
Je vais expliquer comment la pensée est fille du rêve. A l’origine, il n’y a pas de nerf. Ce n’est que lorsqu’un organisme s’est formé de plus d’une cellule que cet organisme a eu besoin d’une système de communication entre les cellules qui le composent. Le nerf est né de la nécessité d’un pluricellulaire d’avoir une coordination entre les cellules qui le composent. De ce fait, certaines cellules se sont permises de prendre un rôle plus particulier dans l’organisation de cet organisme. Le nerf a suivi et il a dû, lui aussi, s'organiser pour faire communiquer l’ensemble de ces diversitudes, en un nœud. Nous appelons ce nœud central. Sinon, il est absolument intégré à l’ensemble de l’organisme. Ce système nerveux nous le nommons à ce stade « système végétatif » car sa fonction est de réguler, comme un « végétal » (c’est dire combien, académiquement on l’aime, ce fonctionnement !) l’ensemble de l’organisme en question. Cette distinction du "végétal" est due au fait qu’il a été nommé un autre système nerveux présent chez quelques-uns des animaux, comme central et plus particulièrement « conscient » ou volontaire chez l’humain. Physiologiquement, rien ne distingue foncièrement l’un de l’autre, sinon que la disposition géographique de l’un et de l’autre, encore qu’on ne peut soustraire la présence de nerfs communs à ces deux systèmes. L’un, le central, prend le chemin de la colonne vertébrale interne, tandis que l’autre prend un chemin externe à cette colonne vertébrale, d’une part et d’autre part que l’un commande principalement le muscle strié tandis que l’autre régule les muscles lisses et le fonctionnement végétatif des organes, leur vie à eux, tout seuls.
Ainsi, lorsqu’on voit une image terrifiante qui fait battre le cœur et vous met en sueur, est-ce le système végétatif qui est en marche, ou alors cela provient-il de la conscience que vous avez de cette image, qui est dite venir du système central, de la volonté. C’est confus, tout cela. Alors je vais faire un peu de biologie. Le cerveau, ce nœud nerveux, est composé de nerfs, et d’une substance de soutien, la glie elle-même composée de trois sortes de cellules, au moins, et qui ont un comportement très particulier. Elles sont là pour réparer, nourrir, soulager, alléger, joindre, soutenir, isoler, et on n’en trouve que trois ou quatre pages dans les manuels d’anatomie. Il y en a une aussi qui voyage dans le cerveau. Bien sûr, c’est par millions qu’elles sont. Et puis, en cherchant bien et longtemps, j’ai lu que la proportion entre la glie et le reste des cellules cérébrales est différent chez la souris, chez l’éléphant, le singe et l’humain. Et c’est énorme ! Chez la souris, ce rapport est de 20% ; chez l’humain, la présence de la glie par rapport au « cerveau » est de 80%. Et cela, dans une échelle croissante en fonction de l’animal dans l’arbre généalogie du temps. C’est là, tout à coup, que j’ai compris ce qu’est une « idée » : c’est la jonction entre deux parties du cerveau réalisée par cette cellule voyageuse qui a pris une charge ici pour la mener là-bas. Et que la pensée est cette circulation train-train de ces charges-décharges, liée à la charge vitale global de l’organisme et cela en fonction de la nécessité d’adaptation de l’organisme à son environnement. Si la pensée humaine est devenue si complexe, ce n’est pas à cause d’une complexité accrue de sa cervelle, mais simplement dû à la complexité accrue de son environnement qui oblige à des associations « d’idées » plus variées. Et plus tard, il n’a fallu qu’un saut pour comprendre que la pensée est une extension du rêve à l’état de veille.
Mais ce n’est pas venu aussi facilement. J’ai dû d’abord passer par la compréhension de la « cuirasse caractérielle » de Wilhelm Reich. Le caractère selon Reich, est l’adaptation plus ou moins heureuse de l’individu à un environnement qui devient le sien obligé. Le dressage, par exemple, est l’adaptation d’un animal à un environnement qu’on lui impose et auquel on lui donne les meilleures adaptations possibles pour son bonheur meilleur. Pour l’humain ce n’est pas pareil : ses rêves ont une telle mémoire sur sa réalité, que chez lui, cette rémanence devient une fonction qui bouleverse tout. L’humain a des plaisirs (il s’agit bien de plaisir et non de désir, car le support du désir se dérobe continûment sous les pas de l’irrésolu et pour le combler il faut produire de la tension et de l’indécis ; le plaisir est le soluble de la tension, c’est ce qui nourrit la vie). Le bambin a faim ; il doit attendre ; sa faim, c’est organique, se fait de plus en plus présente et donc pressente ; il attend encore sa tétée ou son bib ; rien ne vient ; pour ne pas souffrir davantage, le bambin « cuirasse » sa faim en l’enfermant dans un non-ressenti. Lorsque sa nourricière vient, le bambin n’a plus faim, enfin… elle est cachée et la nourrice doit la réveiller pour la satisfaire sinon le bambin ne mangera rien. L’amour de l’enfant, c’est la nourriture qui nourrit son corps ; ensuite elle nourrit son âme par l’amour qu’il reçoit d'elle. C’est là le schéma de la naissance de la cuirasse caractérielle : ne PLUS souffrir davantage à ce vis-à-vis de quoi on est ORGANIQUEMENT tributaire, à ce que ses propres organes ont besoin pour respirer ; et cela se passe de telle sorte que ce non-ressenti est lui-même non-ressenti : il n'y a pas même de manque. Il faut opérer toute une démarche d'esprit (psychanalyse, etc.) ou bio-psychique (analyse reichienne) pour qu'apparaisse d'abord le manque - ce qui est douloureux - et ensuite la raison du manque - ce qui est douloureux - et pour finir abolir cette raison, si tant faire se peut et est opportun.
L’apport de Ryke G. Hamer a été de découvrir, par le biais de l'amnésie de la maladie, que la cuirasse caractérielle se « voit » dans le cerveau : c’est une gangue de substance gliale qui « isole » le point de réception de la douleur correspondant à l’organe ou la région musculaire douloureuse, du reste de la vie et de sa perception. C’est-à-dire que la partie nerveusement « centrale » devient une partie nerveusement « végétative » de l’organisme. Car, si le système nerveux « central » est une spécialisation du système nerveux « végétatif », le premier peut à tout moment revenir à l’état du second à travers des processus tels que le cuirassement caractériel. De toutes les façons, un organisme DOIT se cuirasser, mais les conditions de cette cuirasse correspondent à une adaptation matérielle, visible, tangible et logique : irréfutable : mets ta main au feu, et ça brûle, fait attention où tu mets les pieds, cette plante est dangereuse, ne la mange pas, etc. Mais une cuirasse qui s’est faite sur une souffrance psychique n’a pas de tangibilité qu’elle-même. Interdisez à un enfant de toucher, alors qu'il n'en fait pas une affaire publique, ses organes génitaux ou d’embrasser sa/son petit/e camarade et vous n’avez aucune raison tangible de répondre à cette interdiction sinon qu’une cuirasse psychique et la cuirasse psychique, chez l’humain correspond au retour au végétatif de ce qui est central. On comprend ainsi le retour du refoulé à travers des symptômes musculaires.
Le rêve reprend ici son droit qui est de résoudre l’incompréhensible pour l’organisme donné à s’adapter à son environnement et lorsqu’on sait ce que l’humain fait de son environnement – une poubelle – on comprend le désarroi de certains organismes, la révolte d’autres, le suicide d’autres et la prise de neuroleptique pour la généralité.
Ce que signifient donc des films comme Inception ou Paprika, ce n’est pas que quelqu’un puisse rentrer volontairement dans le rêve d’un autre ou qu’une personne puisse vous emporter contre votre gré dans son rêve, ce qui est faux, mais qu’on puisse vous le laisser imaginer. Vous ne pourrez pas trouvez de solution en rêve à une telle contradiction ! La manipulation durant VOTRE réparation, ce que vous avez de plus intime, en somme, ce qui fait que vous êtes vous et comment vous l’êtes, de vous laisser croire qu’il est possible à votre insu d’en faire ce que bon semble à un autre, correspond d’abord à ce qu’on aimerait que vous fassiez – une adaptation parfaite à une société à laquelle vous ne vous adaptez que mal – en vous laissant ainsi manipulés par impuissance, tel que vous l’êtes aujourd’hui devant la vie de vos rêves qui est tributaire de vos états en veille. Cela signifie, bien sûr, le point de la connaissance du rêve et de ce qu’en imagine cette société de l’absurde, et les moyens qu'elle utilise pour vous amener à croire à de telles absurdités.
Les rêves collectifs se construisent ensemble, par la conscience de chacun de l’autre à l’état de veille, éveillé et non pas endormis, conscient et non pas inconscient.
L’immixtion dans le rêve d’une pensée étrangère est un processus policier, tyrannique et ne peut se faire que par la douleur physique. Philip K. Dick a beaucoup travaillé le rêve sous drogue et il n’est pas d’un avis dissemblable lorsqu’il fait usage de la logique protectrice à l’état de veille et non pas endormi, car la logique du système végétatif, d’abord est totalement incomprise par la cuirasse caractérielle, sinon qu’indirectement à travers des compilations statistiques, et ensuite n’a rien à voir avec la logique de l’éveil, sinon que la folie parfois douce. Les rêves éveillés d’un écran noir manipulent votre réalité endormie. Cette folie, on veut réellement la rendre douce, sans révolte contre ce qu’on lui fait endurer la veille.
Lorsqu’on dit qu’on rentre dans la folie de quelqu’un d’autre, cela signifie qu’on entre dans son irrésolution de sommeil qui déborde sur l'état de veille, irrésolution à laquelle nous sommes tous sujets, car tous à peu près sommes soumis aux même contradictions de soumission. Dans Loving Annabelle, c’est le combat de l’amour contre la cuirasse ; l’amour est vainqueur et le résultat aboutit à la prison. Vous saisissez ? Dans Inception ou Paprika, on vous propose d’admettre que vous entrez dans le rêve d’une autre personne ; dans le dernier clip de Eminem et Rihanna, la révolte de la jeune fille est finalement, à la dernière image, un rêve. Mais quel est donc le plaisir irrésolu de tous, ici bas, dans ce monde d’exploitation répondant au slogan « faire du fric » de la vie, et dont on rêve éveillé ? L’amour et tout ce qu’on nous montre est une copie de ce monde en pire ! La première des choses que vous rencontreriez si vous entriez dans le rêve d’une autre personne, est son amour et la manière dont cette personne a résolu cet amour, rien d’autre ; et c’est bien ce qu’on veut faire oublier en vous faisant, éveillé, rêver à autres choses.
21:28 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique
mardi, 10 août 2010
Le corps de l'os
Je viens de visionner, pour la quatrième fois, le dernier tube de Eminem et de Rihanna. D’abord, la manière de chacun des deux sexes est très bien défini : respect des proportions physiques et des conventions sociales, ressenti d’une cage que jouent les rôles conventionnels dans la relation entre les sexes et de vouloir faire autre chose, les acteurs sont beaux et la relation semble normale.
J’ai trouvé les paroles sur le web.
Ca commence par la fille, mais pas celle du film, celle du texte, la chanteuse. Elle part sur une mélodie au tempo de 90 à la noire, avec deux ou trois croches par-ci par-là et appuyée par un piano quasi-arpège et discret. C’est une mélodie qui part bien dans les aigus sur le temps fort (2 et 4) et c’est super entraînant et très féminin. Puis vient le mec en marcel : même tempo (c’est de l’à-peu-près car la musique a du rubato) mais à la double croche, scandé par le rythme des mots en mélopée et avec le temps fort sur la levée des temps (le propre du rap, quoi). Ce qui fait que lorsque revient à nouveau en refrain la mélodie féminine et qu’on garde les mêmes temps forts du mec sur le même rythme, un frisson vous prend la tête et le cou et peut même descendre dans le dos. J’adore tant ça se complémente.
On voit très bien la diction de la chanteuse et, à la prononciation du mot « hurts » (blesser), le mouvement de la lèvre qui se redresse pour montrer des dents signifiant « ce bousculement que tu m’obliges sans douceur alors que tu voudrais que je l’approuve totalement, me heurte, je suis bien marrie de devoir le supporter » et elle répète la mimique au dernier refrain. Ca n’a pas l’air facile entre tous les deux.
On comprend vite au ton du gars qu’il y a quelque chose qui cloche pas. Le gars est au lit avec la fille, en position ventre contre dos. Ils dorment. On voit ensuite la fille assise en tailleur, jouer du regard avec le feu qu’elle porte dans ses mains. La fille se réveille et remarque sa main dans la main du gars (tatouage). Hic. Geste de colère (« Je me suis faite encore avoir ! Zut ! ») Le garc pige pas. Il chante dans un champ d’herbes sèches, l’air déterminé à vouloir s’expliquer coûte que coûte, à vouloir se faire comprendre. Et d’ailleurs, dans le texte, il semble bien qu’il s’agisse d’une explication. Il est fou amoureux de la fille qui ne veut pas de ses manières. Mais lui, ne sait pas comment faire autrement, il a pas appris et la chanteuse d’admettre alors :
Just gonna stand there and watch me burn
Well that’s allright because I like the way it hurts
Just gonna stand there and hear me cry
Well that’s allright because I love the way you lie
I love the way you lie
(en mauvais modern français, ça donnerait un truc dans le genre :
Je te demande de rester là où tu es et de me regarder embrasée
Rien d’autre, parce que c’est la manière dont j’affectionne cette brûlure
Je te demande de rester là où tu es et de m’écouter crier
Il en est ainsi parce que j’aime la manière dont tu mens
J’aime comme tu mens.)
La pilule qui contient le fait de se faire berner et d’aimer cela, a du mal à passer ! « Oui, mais… tu comprends, je ne peux pas m’expliquer autrement, c’est ma manière de faire, le comment je vis et même l’unique voie que j’ai de vivre. » dit le gars en frappant dans les murs. Bien sûr, des moments heureux existent, pour la fille, dans de telles conditions, mais est-ce pérenne ou même vivable en dehors de ces moments agréables ?
La fille doit supporter le mec… et finit par le faire, faute de mieux. La violence masculine qui n’est en rien et nulle part obligatoire, due à sa force physique accompagnée d’un volume musculaire plus importante que celle féminine, trouverait une justification dans sa propre violence et non pas dans sa tendresse. Ici, précisément, il s’agit d’affirmer que la tendresse est violente chez l’homme et qu’il n’y a rien à faire : il a ça dans le sang. C’est l’adrénaline inhérente aux androgènes, à la testostérone, aux couilles. Ce n’est pas que la violence ne doit pas exister quelque part, mais ici elle est présentée comme indispensable à la relation pour que le masculin puisse y trouver son compte. Il faut être raide si on veut pénétrer et cette raideur est encore et toujours ressentie comme une raideur musculaire alors que le corps caverneux et le corps spongieux ne sont en rien des muscles : il n’y a rien de musculaire dans le pénis, sa raideur n’est en rien due à de la musculature : pas besoin de faire de l’haltérophilie pour bander, mon pote ! C’est un mythe. Même les filles s’y trompent.
La naissance physique de ce mythe de la musculature comme seule source de raideur est la violence. C’est la violence qui excite et cette excitation est une ouverture du système artériel du bassin réagissant par la mise en fonction du système nerveux para-sympathique dominant le système nerveux sympathique. Il n’y a de musculaire que l’expression de la violence dans le reste du corps, mais dans le pénis, du muscle que tchique : que du SANG et du nerf à la pression artérielle augmentée par la violence, l’adrénaline de la violence.
Ainsi, si la copulation est liée à la violence, ce n’est, dans ce cas, que parce que le masculin, du fait de cette violence augmentant substantiellement la pression artérielle de l’ensemble du corps par le rapetissement du système veineux, peut, alors, bander… du fait d’avoir égaré la tendresse. Car, la tendresse, elle aussi, agit sur le système nerveux para-sympathique, avec une montée de tension plus douce et une coordination à l’autre plus concordante et sans violence remarquable aux deux personnes en présence.
Cette conformation du pénis sans muscle aucun est si universelle dans les formes que dans les temps, se trouve confirmée dans ce fait que certains animaux (les poissons et les reptiles, par exemple) ont besoin d’un os spécial à la place d’un muscle que l’on trouve chez les mammifère, à la base du pénis, destiné à faciliter l’intromission ; mais, d’expérience, ce muscle serait-il absent que rien n’empêcherait pour autant cette intromission : le muscle n’a rien à voir avec la force sexuelle attribuée au pénis, c’est un leurre, les filles !
D’ailleurs on le voit bien dans ce clip : la seule mélodie est du féminin, la mélopée masculine est martelée, incisée, puissante, musculaire autant que son comportement et notre héros se sent bien diminué de ne pouvoir plus s’exprimer hors de sa musculation. Les relations dans nos banlieues sont de cet ordre : la force masculine avec les grosses chaînes et les autres gros trucs, contre la douceur de la féminité perchée, la raie des fesses moulées, sur des talons qui l’empêche de courir, prisonnière de son rôle. Pour la femme, la force masculine est un jeu, un jeu sérieux. Elle en est réduite à l’objet : voilée ou dévoilée.
Dans les civilisations où son rôle social, à la femme, est prédominant, le masculin qui a le plus de succès est celui qui est pourvu du plus d’humour, et non pas de muscle. La force masculine sert, normalement, de défense ; elle a peu d’usage autrement : la chasse, c’est affaire de ruse et de finesse. Elle est devenue nécessaire avec l’arrivée du labourage. Auparavant, c’était la femme qui s’occupait du jardin. Puis est venu l’observation du retour du grain à l’endroit où on l’a trouvé l’année précédente pour comprendre qu’on pouvait provoquer, comme dans le jardinage, ce retour en un endroit choisi. Là où la seule force féminine suffisait, ici la force masculine est devenue nécessaire, car semer c’est bien, mais il faut protéger la graine des autres animaux et donc l’enfouir, la cacher. Et retourner la terre ce n’est pas facile. Ce n’est qu’au fur et à mesure que la technique culturale s’est améliorée que ce travail a été laissé aux moins violents, car les plus musculeux pouvait s’en dispenser d’une part du fait du rendement nouveau apporté par cette technique et d’autre part en l’imposant aux plus faibles. Et comme l'importance alimentaire de l'apport de l'agriculture se faisait de plus en plus sentir, de même qu'on parle de "chasseurs-cueilleuses" par ordre d'importance (alors qu'en réalité, l'apport de nourriture animale a toujours été nettement moindre que l'apport féminin de la cueuillette), on parle de prépondérance du cultivateur et plus des jardineuses.
D’autant que les plus rusés avaient profité de la « faiblesse » féminine pour usurper ses pouvoirs « de fécondité » en devenant son intermédiaire dans la prêtrise et ainsi dominer, par la violence, cette femme. C’est que les hommes avaient la vie menée dure, dans cet intercalaire entre le paléo- et le néo-lithique. Ils étaient sacrifiés à la vie (on ne savait encore rien de leur « utilité » dans la reproduction) pour le retour du foisonnement de la vie. Mais enfin, ils réussirent à supplanter le féminin et ainsi est né le patriarcat.
A ce sujet, j’ai un petit mot sur l’énigme soulevée par Sigmund Freud à propos du « meurtre du père ». Cette expression n’est valable que dans la société patriarcale, car ça ne s’est pas tout à fait passé comme il l’a compris, avec Œdipe. Il faut se replonger dans le contexte où le père est un père social et en rien un père géniteur, car ce n’est que tardivement que l’on remonte à cette connaissance de la relation entre le coït et la reproduction de l’espèce, avec ses aberrations qui n’ont été remises en cause qu’au xixème siècle. Il ne s’agira donc pas du meurtre du « père » mais de celui du mari de la mère. Et cette constatation ouvre un peu la fenêtre du passé. Pourquoi donc, le fils tuerait-il le mari de sa mère ?
Il n’a pas le droit de copuler avec elle, ni avec ses sœurs (même si les légendes relatives à la naissance du monde le montrent : sans doute que par logique, le fait d’être alors frère et sœur parce que sortis tous deux de la matrice du temps, autorise, cette fois-là, cet « inceste » encore pratiqué par les reines dans la société égyptienne assez tardivement) car il est de son sang, du sang de la même lignée de ses ancêtres : ses ancêtres sont ceux de sa mère et tous ses ancêtres sont féminins, bien sûr. Faut bien piger ça, sinon, ça va grincer.
La femme est la détentrice de la lignée d’un groupe humain, l’homme en est le soutien, rien de plus. Il n’était pas concevable, à l’époque, de se défaire de l’homme, du sexe masculin (comment baiser sinon, comment pratiquer l’amour si bon ?) à la différence des rancœurs d’aujourd’hui. Mais pour autant, l’utilité de l’homme était le plaisir d’être ENSEMBLE, chacun dans ses attributions. C’est de ce lointain que descendent encore nos attributions sexuelles. Le patriarcat voudrait bien l’ignorer, mais je suis là, avec d’autres, qui veille à ce que cette lumière, avec d’autres, reste bien brillante, hors de l’obturant champ wikipédien. Il est probable que ce « meurtre » ne soit perpétré qu’uniquement vis-à-vis du roi, du mari de la reine. La reine ne peut avoir qu’un seul homme et l’homme n’a d’utilité que pratique, avec son éjaculation humectante et sa détumescence. De plus, ce con, il éjacule à n’importe quoi : on le pend, il éjacule ; on le dépèce, il éjacule ; on le bat, il éjacule ; etc. Ce cycle d’érection et de détumescence n’est pas toujours bien en adéquation avec son moment.
Le fils n’a pas pour objet de remplacer le mari de sa mère, tel que l’énonce Freud : ici le mari de sa mère n’est pas son père génétique, mais son père social. C’est loin d’être identique. Pour exemple : l’inceste, chez nous tabou, du père et de la fille, n’a pas lieu d’être entre la fille de sa femme, au mari, puisqu’il n’est pas de sa lignée, à elle, à la fille. Et, effectivement, s’il n’est pas toléré, il est admis, dans les sociétés à filiation matrilinéaire. Par contre, chez nous où le père est le « chef » de lignée, cet inceste est absolument tabou, mais pas vis-à-vis de sa nièce : la fille de sa sœur, comme deux-trois mariages de rois en France, car elle n’est pas de sa lignée mais de celle du mari de sa sœur. J’avais trouvé un livre qui établissait ainsi une gradation du tabou de l’inceste en fonction de la forme de la lignée – et je l’ai établi en fonction de l’héritage : on hérite pas des mêmes choses ici que là ! Et la constatation de cette auteure a été de dire que là où la femme est le plus libre, c’est dans une société où le frère et le mari ont exactement le même pouvoir social sur elle et comme ils sont incapables de s’entendre, elle y fait ce qu’elle veut !
C'est que face à ce sentiment d'inutilité, lorsque le masculin est en-dehors de la relation amoureuse profonde, l'homme a besoin de se sentir comme indispensable: il émet le désir de protéger et il se met à protéger. L'amour de la femme n'est pourtant pas si compliqué, du moment où il se donne. Elle garde ce qui lui semble opportun et n'hésite pas à rejeter ce qui lui empêche d'accéder à cet opportun avec la satisfaction de la confiance... même si le résultat n'est pas toujours à la hauteur de ses attentes. Cette protection du masculin ne correspond donc pas tout à fait à ses attentes, sinon que la confiance sans faille en elle, au moment opportun. Mais, en dehors de l'amour profond, il y a là encore une faille dambigüité que toutes les confiances du monde ne pourront pas dissoudre. Et, finalement, la paternité répond à cette incertitude par des chaînes en voulant se donner l'importance d'une possession qu'il pourra donner en héritage. Si l'enfant appartient encore à ses parents, c'est que chez ces parents, un est propriétaire de l'autre, par ordre hiérarchique : ce désir de détenir ne correspond en rien au plaisir de donner.
Ce plaisir (pas désir : plaisir) de son contact de chair, cette gigantesque et savoureuse douceur, la grâce qui y répond et l'attente que l'on vit d'y correspondre, de sentir le proche de la chaleur et de la sensation qui vient, attentives et perdues de soi : le baiser d'amour ! qui unit si fort les corps à l'âme et cheville deux âmes à un corps ; l'intime contact intime et sa force profonde. Il n'y a pas de technique pour aimer, il n'y a que la sensation d'aimer qui se vérifie en elle, en soi, en nous. C'est le ciment de la confiance en soi et en la vie, en l'autre. C'est précisément ce que ne peut supporter la violence et qu'elle détruit par tous ses moyens de malade. Elle nomme l'amour de loin, le nez et les lèvres pincés pour n'en être pas submergée par la vague.
Nous ne sommes pas encore sortis de ce truc selon lequel la femme devait être protégée par un homme, frère ou mari. Et je pense, hélas, que nous sommes loin d’en être sortis ! Mais poursuivons l’Histoire, la nôtre. Pour ce que j’en sais, c’est que le mari de la reine devait renaître chaque printemps, après avoir été enfoui dans la terre, avoir traversé les Enfers, goûté à la pomme d’or et réapparaître avec l’étoile du printemps : suivant la latitude ce sera Vénus ou Sirius. Et pour revenir des Enfers de la froidure de l’hivers, il faut y être enterré. A mon avis, c’est le Fils de la Reine qui devait s’en charger : le Fils tuait le Mari de sa Mère pour que celui-ci ressuscite au printemps, donnant matérialité et visibilité au désir de la vie jaillissante. Bien évidemment, sera choisi pour donner réalité à ce phénomène, un autre beau jeune-homme qui deviendra le Mari de la Reine, le roi. Légitimement, dans une société à filiation matrilinéaire, le fils n'a fait que protéger la mère et sa lignée en tuant son mari violent.
Le complexe d'Œdipe interprété par S. Freud demandait cette précision. Ce n'est que dans le contexte présent, et sans doute pour une raison sensiblement identique, que le fils veut se "substituer" au père-mari dont l'autorité est une violence socialisée, car ce fils est détenteur d'un amour incommensurablement plus fort que celui de son père pour sa mère, selon lui, car vécu. Régler ce problème est facile : dire à l'enfant qu'il peut aller voir ailleurs s'il en est de même et pour se faire, de l'exprimer, cet amour, aussi ailleurs. C'est ce qu'autorise une société à filiation matrilinéaire (où le père-mari est rarement violent) mais interdit de nos jours, car l'expression sexuée est dissociée de l'amour et inversement. J'en parlerai ailleurs, sans doute.
Le différé et l’indirect, le propre de l’humain comparé à l’ensemble des autres animaux et qui est le seul élément en quoi il diffère, se manifestent premièrement dans la mémoire et sa coagulation : les mots ou images verbales. Le siège de la mémoire n’est pas la cervelle, enfin… uniquement la cervelle, la mémoire se situe dans l’ensemble du corps et de ses organes, muscles, nerfs, sang, lymphe, etc. Souvenez-vous de cette fois-ci où vous êtes piqué avec cette aiguille, ou bien de cette peur effroyable que vous avez ressenti à la vue de cette scène terrible : la mémoire est dans le corps, le cerveau lui donne la substance du mot, de l’image verbale et cette image verbale devient à son tour motrice de mots, d’autres images verbales : c’est le différé et l’indirect. Il lui arrive aussi de créer des mots, des images de mémoire pour se cacher à elle-même, cacher ses hontes ou des douleurs trop fortes.
De même que l’invention de l’agriculture repose sur une série de constatations naturelles ayant trouvé une logique applicable par une technologie évolutive, de même l’emprise du monde sur l’esprit humain, avec ses craintes reposant sur des images verbales, intérieures, des ombres et la peur pour sa vie, a besoin de lumière, d’autres mots, pour se rassurer en « s’accaparant » le monde, comme le disent les philosophes et les capitalos, par les mots. Ainsi s’instaure une autorité sur le monde dont la manipulation est plus ou moins adroitement socialisée et où la force musculaire n’a plus le répondant qu’on en attendrait. C’est compliqué tout ça.
La violence contre la femme est née lorsque ce mâle s’est rebellé contre ce « sacrifice » du mâle. Cette rebellion, cette violence a été aussi une violence sexuelle. C’est la femme qui a fait l’immédiate relation entre la grossesse et cette violence de l’homme sur elle, car elle y perd sa régulation des naissances. De nos jours, c’est encore la femme qui s’occupe de ses affaires contre l’homme qui veut l’asservir par la grossesse. C’est de cette manière qu’est née, en Mésopotamie, peu avant la naissance de l’écriture, du Verbe, la conscience de la relation entre la grossesse et la paternité ; et guère plus longtemps après, celle de la religion monodéiste, dans une région un peu plus au sud. A notre niveau, s’il faut quarante générations pour faire une nouvelle « race » stable, je crois qu’il en faudra encore quelques-unes de la notre pour qu’une telle empreinte disparaisse définitivement… si notre bêtise nous en laisse le temps, bien sûr.
S’il y a mensonge, on le voit bien, il est bipartite. Le féminin et le masculin ont toutes les occasions de se mentir et la femme d’en faire, en CE moment, les frais. C’est bien que ce clip de Rihanna et de Eminem se soit fait à eux deux. Elle reste seulement la Femme au cheveux rouge et aux lèvres pulpeuses, au corps de déesse et lui, l’homme qui se bat contre l’ombre d’elle, blanche et fluette. Ca fleure bon !
19:44 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, poésie
dimanche, 08 août 2010
Intime solitude
Pas d’idée, c’est la cague. Tant de choses à dire, pourtant, mais radio : nada. Le sexe, les femmes, le travail, le pouvoir : pfeu ! Rien que de l’ennui, finalement. En fait, tout le monde se moque de tout le monde, d’en dire plus serait rajouter à l’ennui l’ennui, sans plus. Et il n’est vraiment pas facile de sortir de l’ordinaire où on trouve de tout pour vous en soustraire. Des films, des romans, des histoires, des malheurs à la télé et le petit qui chope la varicelle ; d’autant qu’il n’y a plus de pain et que c’est dimanche soir et que le congélo est en dégivrage.
Sortir de l’ennui est un problème qui va jusqu’à l’ennui quelque fois. C’est ennuyant, les problèmes : ça apporte souvent des ennuis. Mais je me trompe : ce n’est pas de celui-là dont je voulais parlé, je voulais de l’autre ennui-là, celui où on ne trouve rien à faire, pas même à respirer tant il vous ennuie. Passion : que tchique ! Pas de sang mouvant et brûlant qui circule dans les veines et le cœur est sans cœur, lui-aussi : il vous lâche, le lâche, dans un moment si prégnant où vous auriez tant besoin de sa pulsation, de son tonus, de son don. Ha ! donner son cœur ! et la vie s’allège comme une plume sèche sur un gazon ras à cette caresse aérienne qui passait par-là. Et il y a pire, peut-être, que le don du cœur : c’est l’absence de l’intime. Rien que d’y penser la peur me saisit dans un mouvement descendant où le sang qui réchauffe mes mains s’en va vers je ne sais où des pieds. La présence de l’intime. Voilà un sujet intéressant, mais de discuter de son absence, c’est beaucoup plus flippant ! Il n’y a rien de palpable, de tangible, de chaud, de son, d’odeur et de goût : il n’y a rien. Et ce rien est terrible, car rien ne le peut définir que sa constatation qui passe immanquablement par la résonance de l’intellect branché, dans ce cas, en direct sur l’émetteur de la crainte qui trouve, précisément, sa justification dans cette absence. Terrible, non ? La raisonnance de l’intime absent.
Glurp.
Quand j’étais jeune, vers 20 ans, j’avais un don : je savais ne pas flipper, j’avais acquis, je ne sais comment, le pouvoir de ne pas craindre et de ne pas craindre, non plus, la peur. C’est un don magnifique et je l’aimais beaucoup. Même si je ne puis retrouver précisément les circonstance de sa perte, j’en reconnais encore, dans une ou deux de mes réactions, des traces qui, pour aussi infimes qu’elles transparaissent dans le cours du mouvement du temps (et conséquemment par son côté éphémère) sa présence ne se laisse pas de se faire reconnaître. Et j’adore. Isidore veut dire « cadeau d’Isis ». Isis est cette déesse égyptienne qui, avant de copuler avec son frère, l’a retrouvé en douze morceaux, je crois et le treizième étant son pénis (ce qui signifie que nous sommes dans une société matriarcale : 13 mois de 28 jours + un jour ou deux) pour la féconder (ce qui signifie que nous sommes alors dans une société patriarcale). Je me demande bien quel pourrait être ce « cadeau d’Isis ». Et à destination de qui. Isis en fait est déjà le résultat d’une deuxième transformation du monde : il n’était pas, ensuite il a été et Isis en est la conséquence. Comme dans toutes les société à filiation matrilinéaire, le garçon vient après. Du fait qu’on ne sait d’où il provient, sinon que de ce qui a produit Isis, il vient de la même matrice, il devient inévitablement le frère d’Isis… et en conséquence, elle, sa sœur. La société patriarcale retient qu’elle a été sa sœur et beaucoup moins que lui est son frère. Je dis cela, juste pour situer d’où est le plaisir : c’est toujours intéressant de décrire la topologie affective d’un lieu, afin de mieux le saisir dans un conte qui relate l’origine de l’univers et de l’humain.
Mais pour autant que je possède ce don, dont je parlais précédemment, je me demande parfois comment je fais pour survivre avec si peu d’intime. Et il y a tant de bruits autour de moi ! Et essentiellement des bruits de gens qui travaillent. Les gens qui travaillent sont toujours bruyants, ils font toujours du bruit. Je n’ai jamais compris pourquoi, enfin… l’intérêt qu’ils y trouvent, à être bruyant au travail. Il faut qu’ils se fassent remarquer, ils ne peuvent pas laisser les autres tranquilles : ils travaillent ! Le travail c’est légitime, et oui ! Et quand on travaille, on travaille : rien d’autre que du travail, le reste, macache. L’environnement : walou – vous savez, les PCB, la dioxine, l’agent orange, le Roundup, la radio-activité, les nitrates, les produits issus du pétrole relativement à la quantité extraite, traitée et non-traitée (pollution directe : pipelines, marée noire, etc.) que je ne saurait calculer ce soir, à moins d’y vouloir passer 364 autres ; et de fait, tout est permis ! Le travail tue tout : l’amour, la joie, la vie, le rire, la paresse, l’intelligence en la rapetissant tant que la cervelle d’un alcoolique est encore plus volumineuse, et l’intimité, bien sûr. Le premier meurtrier de l’intime, c’est l’travail. Tout le monde le sait et tout le monde l’oublie pour aller au travail. On le sait, mais on le fait. L’intime ça rapporte pas un rond, n’est-ce pas ? C’est pas lui qui va nous faire bouffer ! Et qui va s’occuper des enfants, qui va les nourrir, les habiller, les protéger ? L’argent ! Et l’argent va s’acquérir en vendant sa force de travail contre la perte de l’intime. Le cercle est bouclé.
J’ai lu, enfin, tourné des pages parce que c’était un peu longuet et vide de sens, d'un bouquin qui parle, entre les lignes, des moyens de l’aliénation de masse de l’aliénation des masses : cinoch, zique, bouquins. C’est tout un monde, bien ficelé avec de l’argent, bien relié avec des histoires à dormir debout dans une ambiance de boîte. Et une opiniâtre détermination qui emporte tout et dont on ne sait d’où elle sort : il faut faire de l’argent. Et la question que je me posais était de savoir comment j’allais bien pouvoir comprendre l’agencement de la trame et du fil de ce baise-gueule de façon à pouvoir le décrire de sorte que mes contemporains s’en rendent suffisamment compte pour que, non pas que mon action soit efficace – ce dont je me contrefous dès le moment où ça marche –, mais que, finalement, ils se déterminent à y mettre fin. J’avoue que j’ai tant l’esprit un peu confus, en ce moment – et j’admettais que c’était là un prétexte à revivigoration – que je m’ai pas réussi dans ce projet. Je pose cela, avec la conscience qui tire la langue après avoir humecté mon crayon, sur l’ardoise de l’absence d’intime… au cas où ! Mais, je ne suis peut-être pas aussi intelligent que je le voudrais, alors que demande pardon.
Ce don, dont je parlais tout à l’heure, je l’aime beaucoup : on peut jouer avec. Pas tous les jours bien sûr ; non : de temps à autre. Son usage est, pour moi, un plaisir des dieux. Le hic, c’est que je trouve très peu de personnes pour jouer avec. Beaucoup très peu, même. Le plaisir de soulever le plaisir. Vous savez… vous voyez un plaisir, par terre. Alors vous vous penchez et faisant un coupe d’accueil de vos deux mains, vous soulevez ce plaisir. On l’entend le plaisir dans une voix, on le voit le vrai plaisir sur un visage : il rayonne, il pétille dans les yeux de l’autre : c’est une merveille. Bien sûr, pour le voir, il faut l’avoir face à soi, du regard. Mais on peut le saisir dans une musique différée, aussi. Je me demande parfois, faute de n’en percevoir pas d’autres sensibles qui peuvent être limités par moi, si ce n’est pas le seul plaisir qui puisse de saisir différé. Non… il y a les images, aussi.
Alors je me demandais, toujours à travers les lignes de ce livre que j’ai épluché aujourd’hui, si le rapport à la réalité qu’implique cette organisation de l’abrutissement des gens ne tenait pas aux gens eux-mêmes ; je veux dire, si ce n’est pas inhérent au genre humain d’être si con et que j’en serais alors, sine qua non mon désarroi, un extra-terrestre, une erreur de la nature dont la conformité n’a plus rien à voir avec mes frères et mes sœurs. Et je comprends ainsi que je sois seul, cela expliquant ceci. Car il est bien vrai que j’ai parfois beaucoup de mal à supporter mes frères et sœurs : ils m’agacent proprement dans une mesure difficilement quantifiable tant le volume, pourtant sec, de son existence, n’équivaut pas à celui du cœur d’un ivrogne (c’est la même, mais la signification change) plein de gras autour et proche de la rupture à celui de ma détresse personnelle.
L’incohérence, cette forme de la formulation mal formulée, ne cache pas obligatoirement quelque chose, elle ne sait souvent pas dire ce qu’elle voudrait dire plus simplement. Et lorsqu’on la détecte, on peut aussi détecter ce qu’elle essaye de dire, en le lui demandant, souvent. Mais ce monde est cohérent et bien cimenté. De sorte qu’on doive possiblement revenir sur son jugement et dire que je suis identique aux autres et qu’il me faut, moi, comprendre, en prenant tout sur moi, que je ne puisse m’y intégrer. Et ça demande quelques explications qui ne sont pas toujours possibles !
Le plaisir n’est pas facile, dans ces conditions mal comprises, à trouver. On ne peut, dit le proverbe, être au four et au moulin. Faut choisir : ou l’un ou l’autre. « Une cervelle, deux muscles, dit-il, en se claquant des deux mains les biceps et le front, successivement ». Et non, ce n’est pas facile et j’ai toujours, dans la plus grande mesure de mon possible, opté pour la facilité : travail ? Ciao ! Je me souviens du matin du sur-lendemain de notre rencontre avec Isabelle : je devais aller au travail, le matin, ou bien rester avec elle. Je suis resté avec elle, bien sûr et je me suis fait viré, pour absentéisme, mais contre la douceur de sa peau, quel bonheur !
Il y a donc toute une organisation autour du travail. Des gens ont râlé suffisamment pour que son bruit reçoive une légère réglementation, mais elle n’est pas aisée à faire appliquée : le travail reçoit un prestige que le reste des choses n’a pas et que malgré leur nombre (dont on peut trouver une proportion logique dans la comparaison de la fortune cumulée des 155 personnes les plus riches à celle cumulée à ce milliard et demi de personnes les plus pauvres) ce reste incommensurable n’en a rien reçu, ne serait-ce qu’une équivalence. Le prestige est parcimonieux, il est très radin et sélectionne ses attributions avec préciosité, intérêt et capital.
La question que je me pose est : comment les gens peuvent-ils être si soustraits de la réalité, de la leur, par des images ; quel est le processus de ce processus qui les immunisent contre leur réalité ? Pense-vous que c’est par modestie que je ne propose pas d’en partager les connaissances, du fait de me croire seul suffisamment intelligent pour résoudre une telle équation ? Non : je pense sincèrement que le partage, entre nous, de cette question pour en tenter de résoudre l’énigme, est très important, crucial et indispensable. S’agit d’en causer les modalités. Faut passer un contrat, une convention et une charte entre nous pour que cela puisse être possible, sinon se réaliser.
Si l’humain contient en soi, comme don, l’hypnotisme de l’image, il doit faire avec et cesser de se faire des morales qu’il ne pourra jamais atteindre, car elles ne font tout simplement pas partie de ses possibles. Il faut reconsidérer les religions, toutes les religions dans cette direction, sinon elles sont un cul-de-sac, pour rester propre. Tout ce que veulent atteindre les religions est hors-propos, hors nous : pas la peine de se mettre en peine pour l’atteindre. Et il faut l’ADMETTRE ! Je crois que c’est là le plus difficile. Admettre que l’on est pas ce qu’on se voit d’idéal est du genre à coincer aux entournures. Pourtant c’est logique : comment un idéal peut-il n’être pas une hypnose ? Ou alors, bien que nous puissions avoir une définition assez proche de l’hypnose, nous n’avons pas la même définition de l’idéal. Et c’est quoi un « idéal » ? Humm ? Un idéal c’est une idée, une pensée repensée, un « concept » dirait Hegel, « l’idée d’une idée », c’est une idée, dis-je, de ce qu’on voudrait pouvoir être (le « pouvoir vouloir être » - ce que je pourrais vouloir être - est plus terre à terre et n’entre pas en ligne de compte). Un idéal est quelque chose qu’on ne peut pas atteindre, soi. Alors on va le chercher chez un/e autre. Et comme, de toutes façons, il ne peut pas vivre chez un autre, cet idéal va chercher à gommer ce qui empêcherait qu’il se manifeste. L’hypnose, c’est ce coup de gomme, pour moi.
Revenir à l’état de grâce du présent procure de l’ivresse que d’aucuns n’hésitent à nommer plaisir. Alors, parfois, lorsque j’utilisais ce don dont je parlais précédemment, je me faisais figure de manipulateur : « les gens avaient du plaisir contre leur gré » me disais-je, « tu n’as pas le droit de faire cela ! » Et je me mettais à avoir peur. Mais il faut du temps pour se l’apercevoir et se l’admettre, le monde humain est continuellement de cet ordre : la manipulation de l’autre et de soi, dans les cas plus avancés. Il y a un mot pour dire le contraire de « manipulation » qui est « sincérité », mais je n’ai pas eu beaucoup l’occasion de l’utiliser : il doit être bien noir, encore, dans les pages du dictionnaire : peu de doigts l’ont caressé.
Le problème de la sincérité est qu’elle est sans détour, alors que le différé et l’indirect qui sont propres à l’humain demandent immanquablement ce détour qui déqualifie la sincérité. C’est quelque chose, là, qui m’échappe : c’est pour moi un grave problème. C’est un grave problème car, si il existe, ce problème pour moi, j’ai tout faux : tout s’écroule à la fois, les temps et les lieux, les joies et les peines, les pierres et les tuiles. Je me joue de vous, n’est-ce pas ? Tendez la seconde. Le différé et l’indirect qui caractérise l’action de l’humain sur le monde, en tout et partout, n’est pas dissociable de la sincérité : ils peuvent contenir la sincérité, c’est un choix ou plutôt la décision que cela n’en soit pas autrement. Sinon ça ne marche pas ! Les uns perdent de leur sens et l’autre est bafouée !
Et mon système tient car il invente, voyez la perversité, le concept de « Spectacle » qu’un autre a défini très bien, mais sans notoire référence à l’existence de la sexuation et de ses implications dans le monde en général, global… enfin.. comme moteur énergétique, bien sûr, comme pompe à pouvoir, comme bulldozer dont le conducteur répond à la loi hébraïque en outrepassant son dissentiment affectif personnel, comme étincelle donnant naissance à tout, donc au spectacle, sans que je veuille donner plus d’importance à mon idée que les gens vivent sans sa perception, à cette sexuation, sans elle et que l’on peut trouver ici une « raison » de cette énergie qui les fait quand même agir. Compliqué, tout ça.
Le renversement de la vie en non-vie ; l’organisation de la marchandise et de sa gestion ; le lien social et le travail. Rien ne fait défaut dans la théorie du spectacle de Guy Debord qui a affirmé avoir beaucoup bu, plus qu’il n’a lu, et je le crois. L’organisation de la frustration. Dixit un spectacleux : « notre métier est d’organiser le désir » et non pas le plaisir : c’est là, dans le désir pour le désir, que la sincérité est dissociée du différé et de l’indirect : un monde où il faut payer de sa vie pour voir et perdre le moment historique et la mémoire de ce que l'on est. Et, pour revenir à ce don, dont je parlais précédemment, une de ses caractéristiques était qu’il remettait là ce qui est là. Qu’est-ce que les gens ont peur du là ! Combien ils en sont effrayés ! L’idéal et le là… ils le vivent pourtant, ce là.
Donc, de loin, dans ce livre que j’ai haché cet après midi, j’ai entrevu que l’hypnose des masses est tributaire de l’absence de leur sens de l’être-là, l’absence de l’intime, indispensable pour devenir. Une pédagogie qui s’est faite peut être défaite. La solution est immanquable : il faut arrêter de travailler pour la découvrir. Arrangeons-nous ! car je ne pourrai le faire seul.
21:14 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, politique
samedi, 07 août 2010
Etat des lieux pendant déménagement
Le destin est combinatoire. Une partie de la combinaison est la marche de l’humanité, comme ensemble organique ; située dans un environnement duquel elle ne peut se séparer : elle y est donc intégrée en respectant ou non cette intégration, car l’humanité peut se séparer de ses bénéfices, de ses avantages, en les matérialisant bêtement et en les coagulant sous formes de richesses extérieures à elle-même et générant, par ailleurs et sur une plus grande surface, une pauvreté. Je fais parti de cette combinaison, à ma mesure, bien sûr. Mais, je suis seul : je ne peux pas dire que cette combinaison me sied et pour défaire cette solitude, il faudrait que je sois un autre qui ne le suis : que je modifie des paramètres dans ces combinaisons, en restant ce que je suis. Mais comment ? « Être ou ne pas être » c'est ne pas être encore et n'être toujours pas !
Pour l’heure, je tente de me débarrasser de ce qui me gène, des aspects matériels d’une certaine existence. Il reste le problème du stockage de mes affaires ; et tel que je suis parti, je ne sais si je pourrai passer un contrat avec quelqu’un pour ce stockage qui ne me soit pas trop désavantageux… si j’en trouve un !
En fait, le premier, si je pouvais, truc dont je voudrais me défaire, est cette solitude. Je ne vois personne, je n’ai pas d’intime, d’intimité, de correspondance et j’ai l’impression que je ne peux pas en avoir, que je ne pourrai plus en avoir.
Mais c’est pareil ! Etant qui et ce que je suis, je m’attends à autant d’ennuis que je causerai de par mon caractère, que ce soit de moi ou des « autres » (et de moi, principalement). J’ai la sensation que je ne pourrai jamais faire en sorte que quelque chose fonctionne sans anicroche, simplement. J’ai le sentiment d’être entacher de cette tare : les emmerdes, je cherche inconsciemment les emmerdes ; et s’il n’y en a pas, j’en crée !
Je pense que le problème combinatoire se situe là : ma propension à créer des emmerdes.
Cette création d’emmerdes peut simplement venir des « autres », mais provient essentiellement de ne savoir pas faire avec les « autres ». En fait, je n’aime pas les « autres », je suis misanthrope, profondément misanthrope. Sous des couverts d’humaniste universel, je hais les gens et je ne peux pas les supporter tels qu’ils sont.
La combinaison est tordue de ne pas apprécier la compagnie des gens : je préfère rester seul que de les fréquenter. Je ne les comprends pas, je ne saisi pas comment ils fonctionnent, comme ils marchent. Je devrais peut-être l’ignorer, encore qu'il faille penser que c’est ici plutôt une attitude défensive à leur égard.
Et lorsque je pense cela, je pense à ma mère et aux coups qu’elle m’a donnés. Une sorte de nostalgie des coups de ma part ? Quelle misère que l’être humain ! Il (je) a (ai) tant de problèmes à résoudre, sinon qu’à vivre en misérable, soit qu’il y persiste soit qu’il ne les résolve pas ! Mais peut-être que les « autres », les gens ne sont pas moins misérables que moi de SE fréquenter : ils y retrouvent une affectivité qui, pour être ce qu’elle est, les satisfait et d’autant plus que moi qui n’en ai aucune expression ! Je n’aime pas la forme de cette affectivité comme je n’aimais pas la forme de l’affectivité de ma mère envers moi. J’ai cherché d’autres formes sans parvenir à trouver une forme qui, non seulement me convienne, mais convienne aussi à plus que moi, puisque l’affectivité est au moins binaire, l’intimité ne peut être que par soi : elle nécessite l’« autre », le tiers, l’altérité !
En fait, c’est cela : j’ai orienté ma vie dans la recherche d’une autre affectivité en gardant les tares de l’ancienne. Et je suis coincé. J’ai bien trouvé des moyens affectifs différents, mais je suis seul à pouvoir les appliquer selon les seules modalités (qui contiennent ces tares) que j’ai trouvées à établir. Tout ce que j’ai fait de ma vie est un ensemble de coups d’essai qui ont abouti de toute évidence à des échecs qui n’ont de sensible que d’avoir été vécus comme coups d’essai.
Mais, finalement, c’est le résumé de cette existence, comme d’un coup d’essai, qui est un échec affectif. Je ne regrette pas ce que j’ai vécu, sinon que ce résultat, ce vide conclusif. Je pensais pouvoir accéder de cette manière au bonheur, à une rencontre, à des rencontres, sans que cela se produise. J’ai bon espoir que l’amour existe pour les autres, sans que j’y accède personnellement, pour n’en rien reconnaître. Je suis obtus, belliqueux et interdit à l’amour. Les modalités que je peux sincèrement entrevoir d’une cessation de cette solitude, ce que je peux, à partir de mon expérience qui est indéniable, entrevoir d’un futur de possibles, ne me montre que la vision d’un impossible matériel du fait de ces tares dont je parlais précédemment. Tel que je suis, je ne peux rencontrer personne, à moins d’un miracle ! Le miracle est une partie de ce combinatoire, du destin, mais autant ne pas trop compter dessus tant il est rare et précisément octroyé.
Comment donc changer ? Paresseux, je suis bien en peine de répondre à cette question et les efforts déjà déployés dans mes précédentes tentatives d’adaptation à l’« autre » n’ont passagèrement éreinté. Car mon intelligence est comme voilée à entrevoir d’autres manières aussi passionnantes (et qui vaudraient ainsi le « coup » d’essai affectif) : à la fois à cause de ces tares et à la fois du fait d’un manque d’énergie patent, de fatigue. Impasse.
Ce que j’ai pour le présent entrepris est de cesser de m'abreuver de boissons alcoolisées et de maigrir pour m’alléger le corps, le poids, la pondération physique de mon appui sur la planète. Il me faut un peu de patience, encore. Dans ces conditions de traverses, la cervelle doit reprendre un autre volume, la graisse doit s’épurer, le muscle doit se raffermir. Cela prend du temps. Cette solitude peut ne pas durer.
Ce qui augmente encore l’état d’impuissance dans lequel je me trouve est cette impuissance où je me trouve de ne pas trouver de solution à cette impuissance.
Seulement, je suis la solution de ma rencontre avec l’autre, au moins en partie. La richesse dont je me dis dépositaire n’intéresse que moi : c’est un puits d’eau fraîche, je suppose, dans une contrée déserte et très peu fréquentée car peu fréquentable. Car, encore une fois, je serais capable de chercher des poux sur la surface d'une boule de billard pour avoir le plaisir de provoquer l'excitation d'une dissension douloureuse pour une réconciliation heureuse. Si je suis si « intelligent » pourquoi donc ai-je perdu Annie ? Intelligent, mais con. Cicatrices. Se défaire d’une telle connerie n’est pas facile… Faut vraiment être con pour être à ce point con !
J’ai peut-être trouvé le désagrément du monde et son origine – et que je veuille aider à s’en défaire est on ne peut plus légitime – mais les modalités d’applications de ce désagrément sont si diverses, si multiples, si variables, si labiles et se manifestent sous tant de formes différentes pour un même fond, que je ne vois comment, collectivement, il pourrait être possible de s’en défaire – même en le sachant et peut-être moins encore à travers ce que je dis. Ainsi, l’échec est là, et il me dépasse de ses moyens. Apprendre à faire avec, à en jouer, je ne sais si je puis le pouvoir et… si j’en ai le temps !
C’est qu’il me faudrait d’abord me confondre à l’érotisme du féminin, et parfois dans son aspect porno, son adaptation à ces conditions, que je ne suis pas capable d’assumer, sinon que ivre ; et encore : c’est alors elle qui en a peur à moins de le provoquer, ce qui n’est pas loin de me faire peur par sa violence. Blablabla...... Le marchandage n'est pas équitable, car ce ne sont pas les mêmes mesures de poids que pèsent les plateaux de la balance. La chair.
13:34 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, politique
jeudi, 05 août 2010
L'angoisse et moi
Une caractéristique dans la démarche des "grandes personnes" vis-à-vis de moi est assez fréquente : au début, je suis sympa et tout et tout, et puis, mon côté "enfant" leur fait penser que je suis UN enfant, c'est-à-dire, à leur yeux, quelqu'un qui n'est pas encore responsable. Un enfant est une personne qui est toujours et encore dépendante des adultes de par la protection d'une agressivité qui provient principalement des autres adultes.
Mais il ne s'agit pas de ce genre de protection, dans mon cas, car ce sont eux qui se protègent d'un enfant que leur adulte a renié pour être et rester adulte, le paraître aux yeux de tous et s'y faire reconnaître. Leur bienveillance initiale à mon égard, émane de cette légèreté, de cette sorte d'insouciance, d'extrême parfois qu'ils perçoivent dans ma fréquentation comme une nouveauté, une fraîcheur peut-être, au moins un exemple d'allant confiant au monde qui les charment par cet aspect "enfant". Puis, ils transforment ceci en enfantillage, autrement dit, ils dégradent cette attitude qui leur devient insupportable, non pas par un comportement d'enfant, mais par un comportement d'adulte qu'ils ne comprennent plus, sinon que comme enfantillage.
Car ce qui caractérise le monde des adultes, de ces adultes, est la maîtrise d'une angoisse qui ne doit pas SE montrer : l'adulte est adulte parce qu'il est adulte et non plus enfant et le social présent de cet adulte est précisément une vision de l'enfant et de ses angoisses, alors que les angoisses de l'enfant n'ont rien à voir avec celles de l'adulte. Ce qui distingue l'enfant de l'adulte est que ce dernier a traversé la période de la puberté, on le sait bien ! Mais comment ? Le souvenir que cet adulte en a, reste entâché d'enfance inachevée de sorte à penser l'enfant comme un adulte inachevé et l'adulte comme une absence d'enfant.
Si, pour eux, j'étais responsable, ils me revaudraient convenablement de mes participations au monde, mais cette vision fait que je ne vaux pas le prix normal du fait de cette angoisse que je soulève et que eux ne sont pas capable d'assumer ; angoisse à l'aide de laquelle ils me rendent rendre responsable en me transformant en irresponsable.
Ma manière de vivre, qui prend ce qui vient comme il vient et opte pour le meilleur plaisir (qui est un choix responsable), se heurte à la leur qui est de se confronter à ce qui vient, de craindre ce qui va venir. Ainsi, leur responsabilité d'adultes de rémunérer ou de compenser les dépenses d'un autre adulte pour le travail qu'il va accomplir, est-il réduit à une activité d'enfant et ils payent en conséquence de cette manière de le concidérer.
J'aiguillonne leur angoisse, malgré moi, par ma manière de voir le monde et d'y vivre. Ils ne connaissent pas le plaisir qu'il y a de vivre de se défaire de la crainte par l'intelligence de l'angoisse.
Car, à leurs yeux, mon attitude exempte de cette agressivité qui est, pour eux, le répondant naturel à cette angoisse, revient à tout admettre et tout prendre, sans distinction. J'en suis loin, bien évidemment. Il y a quelques années, j'ai été étonné de reconnaître le monde du secret (la dissimulation de la satisfaction de la sexuation) et quelques années plus tard de découvrir le secret du monde (l'angoisse humanisée de la sexuation) ; aujourd'hui, je découvre que le monde n'a pas même le courage de se découvrir à l'intelligence de l'angoisse qui lui dissimule le monde, c'est-à-dire : lui.
Et, en tant que "grandes personnes", ils profitent de cet aspect "enfant" pour assoir un pouvoir sur cet "enfant". L'enfant a besoin de l'angoisse comme moteur de croissance et de compréhension du monde ; l'adulte devrait en avoir l'intelligence : il ne l'a pas suffisamment comprise de sorte qu'elle s'est transformée en un voile qui lui voile la compréhension du monde et de lui-même, surtout. C'est un adulte qui voit le monde dépassé par les angoisses de l'enfance, à travers les yeux de l'angoisse de l'enfant passé dépassé par l'adulte présent.
De plus, ce qui est triste, c'est que si l'enfant râle, si je râle, si je dis que je ne suis pas content de leur attitude, ils se redressent alors sur l'estrade qu'ils ont montée pour étaler leur pouvoir et me rejettent comme "agressif" en me pointant du doigt à la vindicte de cette angoisse dont ils n'ont pas l'intelligence. Et ceux qui en sont le moins pourvus, qu'ils rassurent par cette exhibition, sont prompts à exécuter les oeuvres de cette angoisse dérangée dans son manque d'intelligence alors qu'ils tentent d'y mettre bon ordre.
Les travaux d'un Freud et d'un Wilhelm Reich ont tous été orientés convenablement vers l'intelligence de l'angoisse : c'est QUOI cette angoisse, en QUOI m'aide-t-elle à vivre en me protégeant, de QUELLE manière se manifeste-t-elle et QUAND, COMMENT est-elle intelligente et Où. De ne saisir l'angoisse que comme source de craintes et peurs et châtiments ne donne aucune réponse à ces questions. Au pire, je peux poser cette question : "qu'est-ce que cette angoisse-émoi ?" qui renvoie à la notion de "plaisir-angoisse" soulevée par Wilhelm Reich restée jusqu'à présent avec si peu de résolution, sinon que comme angoisse-plaisir qui résonne dans tous les bruits que génère cette société.
C'est quoi l'autorité que se donnent les plus angoissés de cette société coroborée par ceux qui s'en savent le moins exprimer que la muscularité ou un bulletin de vote, qui veut absolument l'inoculer à l'ensemble de la vie et comment, de sorte à emprisonner cette vie dans le carcan de cette angoisse sans intelligence, sans compréhension d'elle-même par son sujet ?
12:27 Publié dans Pharmacos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, politique
dimanche, 01 août 2010
Succès damné du futur passé
J’ai visionné deux films dernièrement, dont on ne doute pas de la trame comme transparence d’une problématique sociale présente. Il s’agit du Schrek 4 et de Prince of Persia :
- dans le Schrek, le héros se retrouve à vivre dans un monde où son existence sociale a disparue et réussit à annuler cette absence ;
- dans le PoP, le héros se retrouve à défaire un vécu qui a été une erreur grave.
Dans les deux cas, le héros se retrouve dans un présent qui, après une expérience douloureuse et un zest de magie, obère ce passé malheureux.
Je pourrais seulement jouer avec les temps que ces transpositions d’une personnalité nous montre et, donc, relever une conception du temps un peu étrange, mais ce qui m’a le plus interrogé est cette idée de défaire un passé : chez Schrek, son pacte avec le diablotin, chez PoP, l’usage de la poudre à Temps, du sable qui remonte le sablier.
S’il ici remarquable que deux films d’une même période d’une époque soulignent simultanément, chacun à sa manière, la possibilité de vivre l’intolérable et de n’en garder qu’un souvenir absolument secret, il est aussi pendable que l’on puisse faire vivre à deux héros si différents le regret d’un choix dont ils se refusent à assumer les conséquences désastreuses d’une part et d’autre part que le présent, devenu une partie du futur, est rétractable et pour finir, que ce retrait se pose comme une solution au présent, à la fois dans l’ennui que ce présent possède en masse et à la fois dans ses inconvénients divers comme conséquence des décisions du passé ; à ceci près que ces héros ont été, chacun, les seuls à avoir eu ce vécu qui n’est donc historique que pour eux seul et pour eux seul sans partage possible. On désire vivre le pire de manière anodine.
C’est un bon signe : le pire commence à être fatiguant à vivre. A mon avis, le mieux, pour l’éviter, est de ne pas le faire vivre et de le penser avant de le vivre. Et c’est là que pèche ces deux films : pour anticiper le pire, il ne faut pas seulement intégrer le présent comme simple succession d’événements et comme conclusion du passé, il faut comprendre ce fait historique comme résultat de l’Histoire qui, elle est irréversible quel qu’en soit le désir du vivant de sorte à le vivre sans doute avec la tentation de l’excitation du pire, mais aussi l’intelligence de s’en passer.
On ne peut revenir sur la pollution chimique, radio-active et électromagnétique, par exemple, déjà produite, même et seulement par désir et un peu de magie, d’images ; ou bien il faudra un bon bout de temps qui est irréversible et qui est déjà perdu pour cette cause. Il est encore possible de se demander quelle aurait été la nature du progrès sans l’exploitation de la femme et de l’enfant par l’homme ; je veux dire : quelles auraient été les relations entre nous dans de telles conditions de sorte à rendre désirable un retour irréversible à des dispositions prenant en compte un tel arrangement de la vie humaine. Le pire qui serait évité serait le présent présent, bien sûr, qui ne tient pas compte de ce fait désolant mais réel que l’humain est peut-être bon, individuellement, mais déplorable, collectivement et qu’il ne sait pas encore – sans doute pour ne l’avoir pas admis et qu’il croit à la magie de ses images – comment s’arranger d’un tel pire qui sera, de par sa nature, toujours présent comme moteur d'une excitation à détourner !
15:34 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, poésie