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mardi, 30 mars 2010

L'indélition de l'expédiant

Je souhaite sincèrement que tous fassent cette expérimentation qu'un jour j'avais entreprise à st-Sernin, chacun dans son milieu naturel :

- prenons un point de départ dans l'architecture de la ville. Prenons une pièce assez large - à l'époque, cinq francs - et selon la règle suivante :

* en jetant deux fois consécutives la pièce en l'air, si elle tombe face-face, vous allez à droite,

*si elle tombe face-revers vous allez tout droit et

*si elle tombe revers-revers vous allez à gauche lorsque vous vous trouvez arrivé à un carrefour,

dirigeons-nous ensuite dans cet espace géographique et architectural selon ce qui advient de vos jets. Le fait d'être esclave du hasard, pour nous, êtres humains, chamboule bien des perceptions de soi.

J'ai parcouru cette pâle et quasi uniforme partie de la ville nord de Toulouse tant frileux que je désespérais de m'y retrouver, d'y retrouver une partie de moi qui cherche la rencontre, l'abolition du hasard. Hélas ! le hasard existe et il est frigide et imbordel !

Mais, comme finitude de mon obstination conséquentielle sans laquelle rien ne puit exister sinon que, selon moi, un faux soupir, après plus de trois heures de marche désertique, j'ai ré-atterri quasiment au même point à partir duquel j'avais décidé de ce départ expéditeur, peut-être plus proche d'un bar.

Il arrive ensuite qu'on se demande ce qu'il est bien possible de concrétiser architecturalement parlant pour aisancer tous les possibles de nos rencontres et de s'appercevoir de ce qui a été réellement réalisé comme séparation de nous-autres afin de ne pas nous accomplir.

jeudi, 25 mars 2010

Négligé d'amour

Divers objets d'amour peuvent se porter sous le microscope du vrai ou celui du faux, le tout dépendant du grossissement adopté. Il y a celui qu'éprouve l'homme pour la femme (et qu'elle n'a pas toujours saisi) ; celui de la femme pour l'homme (dont il est au cosmos comme le but au goal) ; celui du père pour son fils qui n'est généralement qu'une projection d'un héréditaire plus ou moins caractérisée ; celui de la femme pour son fils qui est souvent une pointe sociale désirée prépondérante ; celui de la femme pour sa fille qu'elle voudrait préserver les douleurs des affres des incertitudes ; celui du père pour sa fille qui ne se doit pas d'être incestueux et qui l'est de ce fait faute d'un manque d'irrespect ; de la fille pour son père qui reste à jamais sans bander et celui du fils pour sa mère qu'il ne pénétrera qu'un jour où toutes ses rides le dégouteront d'un tel projet. Il y a aussi d'autres amours, plus tangentielles, du timbre, de la maquette, du vinyle (en galette ou en forme de tissu), bref une quantité d'objets amoureux dont il faut admettre qu'ils fondent la vie humaine comme la crasse à la baignoire ou la crotte de chien collante comme un spaghetti à un mur de cellule de prison au trottoir, ou comme le temps qu'il faudra ne pouvoir pas s'occuper des nucléides issus de nos centrales nucléaires chaudes pour encore environ vingt milles ans.

Je ne peux mesurer à l'aide de mon pendule ou de ma balance à perles le poids des différentes formes que l'amour adopte pour se rasséréner dans le cœur des diverses personnes qui vont d'ici de là, selon ce qu'elles sont. Ce n'est pas mon objet de ce soir. Je suis contrarié plutôt par des formes d'amour isolantes, à la manière prédéterminée ou quasi anticipée d'une protection de l'extérieur vers soi : l'usage de la musique (poésie réglée suivant les normes toujours en vigueur du clavier bien tempéré de Bach, aujourd'hui) à des décibels près de l'assourdissement de la perte de l'inaquit.

Ce soir je ne fais pas dans la dentelle. Tous les sujets que j'aborde ici sont ruminés, à la manière de l'insomnie figée sur son siège envahie par ses terreurs qu'elle combat de la lame aiguë et assidue de la logique issue du sentiment sûr et perspicace de sa pénétration affectueuse de la vie, durant plusieurs heures et parfois plusieurs jours ou semaines, avant de se voir sabordés par les sons intérieurs de ces mots pirates qui veulent aborder le réel de l'existence dans le feu et la foudre, les éclats et les frappes de taille et de pointe, le tranchant qui sectionne les cordages comme l'amoureux descend doucement (tout est relatif) les bretelles du soutien-gorge de sa bien-aimée ou l'ombrelle qui dissimule au soleil la chaleur de sa caresse afin d'éviter de ne le rendre pas jaloux.

N'empêche, si je veux discuter de l'amour que cette société me montre dans ses productions, l'honnêteté intrinsèque à la profondeur de l'humain me fait sortir de mes gongs le fouet de l'indignation, de la solitude et de l'inepte. Rien ici me donne l'affirmation que l'humain puit se correspondre à travers ses actes, en matière et en manière d'amour ; jusqu'à souligner qu'il en est impotent, difforme et nécessiteux.

Ignorant qui perdure son ignorance, stupide de sa stupeur d'aimer, débile du corroyage de ses incertitudes qu'il poursuit comme une banane au bout d'une perche, placé devant son sexe dont il ne connaît aucune assoiffitude, n'en sait se désaltérer, vit l'événement (non plus comme passage mais) comme transition, il vaque au salariat comme d'une naturalité insensée, impensée et pérenne.

De ce lieu d'oubli d'où je parle, de ce lieu d'inconscience, ce soir, je parle d'une autre langue, désuette, délavée et somme toute de loin. Sans effort, les formes d'amour que ce monde m'ont proposées n'ont valu que comme complétude à l'autre, découvertes qui se suivent l'une l'autre dans le champ du corps qui poursuit ses caresses à la résonance du ressenti qu'elles poursuivent... et je m'y suis toute âme donnée en tout temps et tout lieu perdu.

lundi, 22 mars 2010

Péloche du cinoche

Qu'on le veuille ou non, qu'on en ait conscience ou non, qu'on le sache ou non, nous sommes immanquablement influencés, dans nos comportements, par les images que cette société donne à trouver comme reconnaissance de comportement social. Excepté dans la plus stricte propagande, ce procédé n'est pas assimilable à un bourrage de crâne, mais plutôt à un apprentissage étalé sur le long terme. A tel comportement, telle action ou réaction sont possibles et l'éventail des réponses possibles est de l'ordre de la vastitude de la variété des caractères qui sont eux-mêmes une adaptation à la vie sociale selon le critère de la moindre souffrance. Mais il s'agit bien de comportement stéréotypés, ne nous y trompons pas : l''objet est d'y trouver son choix, sa manière, sa propre forme d'adaptation qui facilitera ensuite vos relations sociales.

En règle générale, ces comportements sont montrés dans un contexte faramineux, complètement hors de la réalité et c'est pour cela que le cinéma a tant d'importance dans notre société où chacun de nous court après lui-même sans vraiment y trouver sa correspondance. Le conte qui, dès les origines, expliquait le rapport et la relation entre l'humain et la nature, est devenu un scénario, une forme de parodie de relation entre les humains entre eux où la nature (et principalement de ce qu'ils sont, eux) devient un accessoire, un moyen, un inconvénient. Et, dans ce cas de figure, il y aura toujours quelqu'un de stoïque, présenté comme un type rationnel, genre flic ou savant ou psychiatre, qui cherchera à comprendre l'incompréhensible incompréhensible, bien évidemment, puisqu'il s'agit de ce qui n'existe pas, n'a jamais existé et ne trouvera jamais consistance sinon qu'en image.

L'adoption d'un ou des quelques uns de ces comportements stéréotypés, passera par la tétanisation de l'entendement qui sera la substance de ce scénario, de ce conte modernisé selon la sauce du moment à cela près que le conte montrait une adaptation possible et tangentielle au monde, tandis que le scénario en montre une adaptation inévitable, indispensable et indubitable, dont l'automobile semble un élément inextricable. Cette tétanisation de l'entendement repose la plupart du temps sur l'excitation de l'angoisse qui est, elle, bien réelle, chez le spectateur. L'angoisse est une « motion », un mouvement de l'organisme à un stimuli qui lui fait craindre pour sa vie, la vie qu'il incarne en tant qu'identité, la vie dont il est une manifestation qui a pour but primaire de vivre puisqu'il vit, de ne pas mourir, d'éviter de mourir, d'échapper à la mort. C'est une émotion princeps de la vie particulière. Et ce scénario pluriel tendra à provoquer cette émotion, tout en restant assis, immobile, sans « motion » de l'organisme.

Pour forclore un tel état, le scénario proposera des jonctions entre cet impossible et cette réalité, des pauses de satisfaction, des rapprochements entre deux entités comme solution, sinon même comme résolution. Et l'amour, ce qu'en entend le spectateur moderne disposé dans cette position assise où il aime ressentir de tels mouvements provoqués dans son être sans solution immédiate (il n'a pas même le droit de parler, à peine les filles de crier parfois devant l'horreur), suggéré et palpable passe comme un ange sur la putréfaction des enfers, le nez bouché par sa propre solution à de tels drames.

Les procédés de la police (encloisonnement, menottage) ou de la psychiatrie (médicament ou camisole) ou du savant qui vous fait passé pour timbré total, de temps à autre par une forme humoristique, vous font penser et admettre que ces procédés sont nécessaires, pas obligatoirement indispensables, mais tout de même, comment faire autrement, quasi indiscutables. C'est ici un schéma d'auto-permission de l'intolérable qui fonctionne assez bien lorsqu'on voit ce qui se passe dans la rue.

L'angoisse est une tension de l'organisme, innée placé devant un danger. Cette tension a un destin : sa décharge. La mécanique de ce mouvement (n'oublions pas que le spectateur est immobilisé dans son fauteuil !) est suscité par des images, à nouveau, et par des bruits plus ou moins musicaux. De plus, ce mouvement doit donner à voir une rationalité sociale, il doit être socialement intégré dans la société réelle sous une forme ou une autre de questionnement, d'interrogation, de bureaucratie (rigidité des solutions), de dispositifs réels que le scénario reconnait comme inadaptés ; ce qui rassure somme toute, car l'ensemble des dispositifs sociaux destinés à résoudre les problèmes de l'existence humaine, ne sont adaptés ni à la nature humaine, ni à la nature tout court, ni au plaisir de vivre ensemble, surtout pas.

Un trait encore sur ces comportements présentés comme évidents pas le cinéma, hors le contexte même du support de la péloche ou de la caméra, est le rôle octroyé à l'humain mâle, l'homme, vis-à-vis de la femme, l'humain femelle : il a le rôle du décideur, même con, de la destinée de la solution qui passe par la femme. Fort ou nul, intelligent ou brave, étourdi ou stupide, c'est par lui que la solution du problème passera, sans faille. D'ailleurs, toutes les « autorités » sont mâles, dans ces contes, décisionnaires et décisives, même brutales, débiles et impotentes. A croire que les metteurs en scènes apprécient de mettre en image cette débilité, cette brutalité et cette impotence sinon que dans la réduction à rien de celui ou celle qui n'a rien demandé d'autant de bêtise policièrement secondée. Il faudra admettre que c'est leur gagne-pain, finalement, pour comprendre ces comportements dont j'ai fait l'objet de cet article.

Ce n'est ni plus ni moins que de présenter nos politiques comme des personnes rationnelles, au fond, alors que cette angoisse nous fait penser qu'il ne pourrait en être ainsi que de notre perdition à tous. Les politiques ne sont pas rationnels pour la simple raison qu'ils obéissent au peuple qui n'est pas rationnel, selon eux et maintiennent cette irrationalité par leur seul présence. On retrouvera ce dilemme de la conscience de perception du monde dans tous les scénarios, quoi qu'ils traitent : de la mafia, qu'il s'agisse de sauver une femme, un amour ou le monde, des « raisons » de la guerre, de la position relative de la femme et de l'homme, de la femme, de l'enfant ou de l'enfance, de l'imaginaire et de la réalité quotidienne.

On suppose d'emblée que l'humain a besoin de retrouver ses « rêves » dans une sorte de réalité faite d'images puisque que, effectivement, l'humain entre en correspondance avec lui-même à travers des « images verbales », des mots dont il se sert pour se retransmettre des émotions, transmettre les idées issues de ces émotions, tâcher de faire ressentir les émotions que suscitent ces idées et correspondre à l'autre à travers une émotion communément ressentie. Ainsi, l'événement « magique » est le baiser qui scelle l'amour que le spectateur ressent comme inévitable.

J'ai déjà dit que cette magie, cette digression de la réalité, cette correspondance correspond à la poésie qui sublime l'angoisse du monde en la reconnaissant ; mais le cinéma la renie. L'armée, la violence, la politique, la description logique de la mafia, les actions délirantes de la police, la muabilité des dictateurs, l'Ordre, les prescriptions religieuses, le piétinement de l'amour, de la vivacité de l'enfance et de la langueur de la nostalgie, les rigueurs de la morale comme les tentatives de supprimer le Planning familial, le rapprochement amoureux et les entreprises concernant la suppression de la circoncision, de l'excision, de l'infibulation ou le déploiement des affections réciproques, reconnues et véritables, le cinéma, et sa petite fille la publicité, justifiera ces nauséabondes vilenies de l'esprit humain séparé de son angoisse qu'il ne comprend pas, n'admet pas et ressuscite sans fin pour ne pas avoir à se retrouver.

mercredi, 17 mars 2010

Aveu d'impuissance

Si un jour j'ai été ou pu être intelligent, je n'ai jamais réussi à l'être suffisamment pour vivre avec des gens dont je n'ai rien à faire et dont l'entendement me dépasse tant je le trouve stupide. Ce n'ai pas faute d'avoir essayé : j'étais gai et inconscient, je n'ai trouvé de solution que dans la mélancolie et la méfiance. D'ailleurs, on ne peut plus faire un pas dans la vie sans marcher sur une merde de chien : c'est dire la convivialité de mes contemporains, et leur sens du partage.

La richesse ne s'est jamais posée pour moi comme facilitation à la vie, car j'ai toujours considéré que la vie pourvoie en tout ce qui m'est nécessaire pour vivre et le lendemain et sa thésaurisation me sont totalement incompréhensibles. Je n'ai d'ailleurs pas mieux réussi à différer de cette manière de vivre et n'ai jamais eu à m'en plaindre. Cette angoisse qui fourmille les nerfs de ces animaux qui se nomment humains (on se demande quelle définition ils donnent eux-mêmes à ce mot lorsqu'ils éventrent la femme enceinte, emprisonne leur semblable pour de l'argent, fusillent ceux avec lesquels ils ne sont pas d'accord, prostituent la fille qui leur a donné sa confiance, tabassent ceux qui vont librement et l'enfant qui ne suit pas leur route de crottes ou encore tente sans fin de laisser dans leur crasse leur contemporain pour éprouver la sensation de lui être supérieur) je l'ai calmée par l'amour ou le vin : ils tuent l'amour dès le giron ("ça bouge ! ha ! ça bouge !") et rendent le vin à eux seuls buvables selon leur goût, empoisonnant le reste.

Il est donc difficile d'être un peu intelligent, pas suffisamment pour s'adapter à ce monde et trop pour n'en avoir pas conscience et continuer à vivre la vie que la vie vous a donnée.

Je n'ai jamais aimé le travail, jamais. Le travail est le pire des moments de vie à passer pour moi et j'y ai rarement été assujetti, quitte à mourir. Je ne comprends pas que, doté d'un semblant d'intelligence, on s'en serve pour en souffrir et en faire souffrir les autres. C'est qu'il s'agit là d'une intelligence particulière, sur laquelle bien trop peu se sont penchés. Et c'est là le hic, car eussiez-vous été doté de celle nécessaire à cette compréhension que vous préféreriez vous faire achever devant tant de malheur, de souffrance, de torture que les uns s'infligent et aux autres.

Et c'est dans cette sorte de succession des événements du temps que j'ai été piégé, comme l'histoire de la grenouille dans un bocal placé sur une source de chaleur, où on ne se rend pas compte qu'on avance vers la perte de son âme, à moins d'un refus catégorique du système qui risque de vous porter à la folie socialement disruptive. Il est malaisé de n'être que peu intelligent ou pas assez, sans avoir cette inclination qui vous fait l'utiliser pour le malheur des autres, comme un politicien, par exemple, ou un curé d'une des quatre religions monodéistes, ou un policier, ou un militaire. La différence entre un fonctionnaire et un bureaucrate c'est que ce dernier a perdu son âme.

Il n'est pas si difficile pourtant de ne pas aimer la misère ou le misérabilisme, si ce n'est que d'en avoir un penchant à la vue comme au cœur dissimulé au cœur ou à la vue. L'humain a inventé la musique pour fortifier sa certitude de vivre gai et il l'a réduite à panser ses malheurs.

samedi, 13 mars 2010

L'âge de défaire

La démarche présente de l'animal humain est de renier son aspect animal. Il est parfaitement congru d'anticiper la douleur, puisque cet animal, comme bien d'autres, est pourvu d'une mémoire. Mais il joue sans cesse sur ce seul aspect comme contact avec le vivant : la peur de perdre la vie ; alors qu'il est évident que l'on perd, un jour un moment, la vie. Mais il s'en remet au moyen, au lieu et au temps pour dissoudre cette angoisse de l'inévitable. Et cela devient son obsession.

Alors qu'il fait parti d'une chaîne, il se croit un individu
ex-trait de cette chaîne : c'est UN individu dans une chaîne. Il perd son intégration à la chaîne en se revendiquant maillon personnel de cette chaîne. Tranquillisez-vous, je ne suis pas bête : je sais que j'existe, en tant que moi, et vous aussi : je discute de ces modalités et de leurs conséquences.

Ainsi, toute la vie est sans ce chaînage au monde et présenté uniquement sous le seul aspect du maillon qui est en soi assez ridicule, seul. Le contexte de l'affectivité sociale, promulgué par les « médias » est cette individualité soulignée d'importance susceptible de disparaître, de sombrer dans le néant, de ne plus exister. Les films modernes n'évoquent que cet aspect des choses.

Il est important pour celui qui possède les moyens de productions qui nécessitent encore des humains pour les faire fonctionner, de montrer que les fonctionnateurs de ces moyens sont des chaînons indispensables au fonctionnement de ces moyens ; et les images dont ils ont la possibilité de divulguer comme justification à ce mode d'organisation social, correspondront évidemment, à justifier l'individualisation de ces fonctionnateurs, un à un indispensable à ce fonctionnement. Et, bien sûr, l'objet princeps de ce fonctionnement est de SE reproduire.

Ainsi on portera une grande part de l'angoisse que cette organisation sociale sollicite sur la parenté, la reproduction dont la femme est le giron, la matrice et l'homme le défendeur, le muscle valeureux. La rigidité de ce système, effectivement, se retransmet dans une mécanique de l'existence faite de fer, d'ennemis où la grâce féminine est un Graal au même titre que l'obtention d'une chéfitude.

Je n'oublierai pas que la découverte du zygote comme résultat et non plus comme implication ou comme cause, la cessation « scientifiquement prouvée » du mélange des deux gamètes femelle et mâle ne date que de 1850 et des prunelles ; c'est-à-dire qu'auparavant (et bien après encore pour les plus ploucs) le spermatozoïde était le zygote lui-même que la femme faisait croitre en son giron et cela depuis plus de 8 000 ans, que c'est le mâle qui donne forme au fils ou à la fille, et lui seul. Si on fait le compte, cela ne remonte qu'à à peine 160 années pleines. Et, pour autant que ce fait eut dû être prouvé par la science, la morale en est encore au même stade d'il y a 8 00 ans auparavant quant à la sexuation (le simple fait d'être doté d'un des deux sexes) et sa fonction et ses conséquences.

D'autre part, le sur-lignage extensif de la reproduction en tant que moyen de survivance de l'individu qui se réplique dans ses rejetons ou ses seules traces, montre la faiblesse de la compréhension que
cet individu a de son intégration à un ensemble social dont il est un « maillon » qui n'a précisément d'existence que par sa seule représentativité, à un moment, comme moyen en un lieu, sans indispensable présence, tel qu'il le formule personnellement.

De sorte que tout ce qui ne correspond pas à ce qu'il perçoit être, vient comme une destruction de ce qu'il est : le problème est que l'ensemble de la vie sociale est imbibée de cette
idée sotte du monde. Cet « être » humain, tant séparé de cet « être » qu'il n' a pas saisi hors de l'exploitation bête et méchante, ne ressent plus son temps pérenne que comme une finitude. Et si je voulais montrer quelque chose, ce sera bien l'abrutissement d'une telle idée calquée sur sa vie ; mais il n'en a cure : le temps du présent est la force de sa continuité puisque ce qu'il vit, sans conscience, a au moins le résultat de lui faire admettre qu'il a échappé à la mort immédiate... qu'il vit encore (aussi bête !).

Lorsque dans un tel contexte, on songe au salariat, on reste songeur longtemps, comme abruti sous le coup d'une massue inattendue et dont la compréhension regimbe à se faire comprendre. S'il s'agissait de me faire mourir, quel est cet étrange moyen ! et s'il s'agissait de me laisser vivre : quel étrange moyen ? Ici la souffrance sans finitude, sans mort et là la vie sans finitude, inachevée... avortée ?

C'est dans ce sentiment d'abortion que réside la pérennité du Capital qui se reproduit outre mesure (quelqu'un a écrit qu'un gramme d'or placé à 5% en l'an zéro, aurait généré plus de richesse aujourd'hui que la planète n'en pourrait produire) comme monstruosité mathématique.

vendredi, 12 mars 2010

Quelle colle !

Cette histoire de glie dans le cerveau, j'allais l'oublier, on s'en fout royalement si ce n'est que la CONSCIENCE DE SOI et l'IMAGINAIRE ne tient pas au SNC (système nerveux central) mais au SNV, au système neuro-végétatif.

C'est cela que je veux, moi, dire. La poésie réside dans le SNV et non pas comme ces mécanistes le disent parce qu'ils n'y comprennent rien, dans la conscience, qu'ils situent dans le SNC.

Je me suis aperçu de cela un jour où je recherchais l'endroit d'un lieu en voiture. Je ne me souvenais pas du nom de ce lieu : je savais qu'il était vers là. En suivant les bornes de ma mémoire, comme des petits cailloux, j'ai réussi, du premier coup, à revenir en un lieu où je n'étais venu que quatre fois, à partir de Guingamp, perdu dans les méandres des routes bretonnes. C'est à ce moment que je me suis dit que la mémoire ne réside pas dans le cerveau mais dans les mouvements du corps, dans la musculature de cet ensemble du corps et que le cerveau ne fait que suivre les mouvements de ce corps qui sait se situer, se retrouver ses lieux de plaisir pour leur dire à nouveau bonjour.

La mémoire, donc, ne se situe pas dans le CERVEAU mais dans les mouvements des muscles. Et en cela je rejoints et Wilhelm Reich et sa cuirasse caractérielle et Rick Hamer et son traumatisme, car c'est précisément la jonction entre la réalité et ses désirs acceptés qui fondent la MEMOIRE d'iceux et d'icelle.

De ce fait, les mathématiques qui sont considérées comme le summum de l'intelligence et qui n'utilisent que la logique au pire quaternaire du SNC, sont complètement à côté de la plaque de la vie qui, elle, est immédiatement liée au SNV. Et le plaisir que ces mathématiciens éprouvent à leurs élucubrations correspond précisément à cette « poésie » qui les fait entrer en contact avec le SNV alors qu'ils veulent restreindre leur entendement du monde au stricte SNC, veulent le prouver ainsi et selon leur seuls critères absolus et circonscripteurs.

La déduction logique est une « course » d'un point à un autre qui se doit de se démontrer selon des jalons reconnus indubitables, repérables et fixes. Ce mot d'Isidore Ducasse qui ne voulait procéder que par INDUCTION en s'évitant de lire « Le problème du Mal » de Naville, tient ici tout à sa légèreté dans sa formule : « Je veux que ma poésie puisse être lue par une jeune fille de quatorze ans ».

La poésie est de l'ordre du SNV : je parle à des nourrissons et ils me sourient de plaisir, la poésie est de l'ordre de l'amour qui est neuro-végétatif. Et c'est précisément cet INCONTRÔLABLE qui donnent aux flics le pouvoir d'en être l'abération : « Les sentiments sont la forme de raisonnement la plus incomplète qui se puisse imaginer ». « La transition se perd. L'esprit regimbe contre la ferraille, la mystagogie. Le cœur est ahuri devant ces pages qu'un fantoche griffonna. Cette violence l'éclaire. Il ferme le livre. Il verse une larme à la mémoire des auteurs sauvages. Les poètes contemporains ont abusé de leur intelligence. Les philosophes n'ont pas abusé de la leur. Le souvenir des premiers s'éteindra. Les derniers sont classiques ».

Là, dans cette déessitude de la déduction, chacun tend à résoudre son problème au dieu qu'il vénère : une forme du parfait dont il a établit lui-même les critères (je peux m'inclure dans ce lot) ou bien qui se plie à des critères déjà établis et qu'il espère pouvoir un jour chambouler afin de devenir à son tour une référence, un dieu autre, référentiel.

Toutes les révolutions sont organiquement de l'ordre de SNV que le SNC tend de réduire à ses vues du monde !

La manière de poser le monde selon la dialectique (du fait que la dialectique -- ce mouvement qui s'entame après la cessation de la complémentarité -- est le mouvement qui tendra à retrouver la complémentarité --- lui-même moment plus ou moins court de « repos » dans le cours de la vie--- est tendancieux : je vois ce mouvement de la vie comme plutôt quadralectique (le sens trialectique de Hervé Morin est la perception simultanée et concomitante de trois effets de la vie ensembles comme cause, conséquence et tiers) c'est-à-dire aussi comme solution... car le temps passe et fuit dans nos mains comme le sable sec ou du verre, la gorgée de bière.

Lorsque Bakounine parle de rejet de l'autorité, il cause implicitement du rejet de la tyrannie du SNC sur le SNV : la bataille de Bakounine et de Marx ne revient qu'à ces modalités de domination, id est, de défection de la dépendance du prolétariat vis-à-vis de son assujettissement au salariat : le moyen d'appauvrir les gens pour les rendre misérables.

jeudi, 04 mars 2010

Poésie, one more time again

Je suis de pure spéculation : je n'apporterai aucune preuve à mes dires. J'ai remarqué que quoi qu'on dise qui soit vrai, rien ne passera s'il n'est perçu comme tel ; et pour qu'il le soit, il faut l'admettre. Comme je vais le montrer, pour l'admettre, il faut être libre d'une forme de ce monde. Car quand ce qui est dit est faux et passe, il passe du fait qu'il correspond à la satisfaction d'une angoisse.

Aussi, si je me trompe, je ne tromperai personne qui soit sain, mais lui apporterai au contraire bien du matériel pour poursuivre sa propre réflexion sur le monde, le comprendre et tenter d'y apporter son lot de solutions. Et pour celui qui se satisfera de la satisfaction de son angoisse par moi énoncée comme fausse, je lui en aurai montré, pour le moins, sans qu'il en admette la perception immédiate, mais différée à un moment ultérieur, une teneur : c'est que j'ai aussi pensé que l'énoncé du faux qui se reconnaît tel, le cauchemar, est la solution adoptée par l'enfant pour se rendre le monde tangible, faute de s'y adapter sans heurt.

J'ai mis longtemps à comprendre et surtout à admettre que quoi qu'on dise, on ne tombera juste que chez le juste ; ailleurs, l'évitement saura inévitablement éviter le juste, car il en a peur. Aussi, des preuves ? Rien n'y fera : il faut d'abord apprendre à penser juste, à confronter sans crainte son jugement au monde réel, pour me concéder que je n'ai pas été loin de la justesse, aujourd'hui, et que ces spéculations sont des moyens de preuves qui ne veulent prouver qu'elles-mêmes.

Des preuves ? Elles ne servent à rien à qui ne veut rien entendre qui ne lui correspondent pas, qui ne correspondent pas à ce qu'il attend entendre pour le rassurer et se rassurer, rassurer qu'il n' a rien à craindre de ce qui excite son angoisse du monde, apprentissage dont il a oublié les modalités.

De plus, n'importe qui sachant aussi peu écrire que moi, peut affirmer la même chose, sinon en des termes différents, sans que cela apportât quoi qui soit de valable à celui qui ne saura pas les lire, de quelque camp soit-il.

J'écris donc en toute connaissance de cause que je ne rassurerai personne puisque celui qui n'a pas besoin de me lire pourra peut-être jouir d'un autre point de vue que le sien ; que celui qui ne pourra pas le lire pour le comprendre n'y trouvera au pire qu'une autre ressource à son angoisse ; et que celui ou celle qui, sur le fil de cette lame qui ne détient que deux bords, placée en équilibre voudra se vouloir choir sur un flanc pour se reposer, le dos sur l'herbe et les fleurs à contempler les nuages qui passent, la tête sur le giron d'un ami, à ouïr les chants des oiseaux du ciel et des arbres, les narines frémissantes à l'odeur des fruits qui mûrissent.

Des preuves ? Des références scientifiques ? Que nenni ! Il faut, cependant, que je me méfie de mes propres dires, car ils pourront être interprétés pour renforcer la chasse au juste, le maquiller du sang des souffrances et des tortures, des jour sans pain dans un monde d'abondance. Non pas que je craigne d'être personnellement banni du monde du socialement correct, des verres de champagnes bus sous le catimini des polices privées, et des lumières criardes ; ou des costumes-cravate, des tailleurs trois pièces (et les sous-accessoires réhaussés de la séduction sexiste qui font que les hommes ont un sexe et que les femmes en sont un) ; de me retrouver démuni d'un véhicule « automobile » représentation de la puissance d'une présence unidividuelle, face aux autres ; de la perte de l'amour d'un de mes enfants qui aurait égaré sa reconnaissance en mes bienfaits pour lui, l'amour que j'ai éprouvé de le soigner, à prendre soin de ses besoins et de lui attacher héréditairement mes angoisses culturelles ; de perdre la révérence que j'ai pour les chefs que je n'ai jamais eu (là se pose un problème grammatical : « eus » ou « eue » ?) ; de me voir spolié de la bénédiction d'un dieu ; de craindre qu'une femme ne m'aimât pas en sachant que si elle ne m'aime pas, je ne l'aurai pas rendue moins sèche ; de me forfaire que je ne dusse qu'à moi seul d'être heureux ? Je suis assez bien conscient de la grandeur de mes imperfections que je ne voudrais pas éviter de les partager avec mon lecteur, ma lectrice, et ne vouloir pas l'enduire outre mesure de la teinte de mes erreurs : pourtant un léger effort lui sera demandé de sorte que, de mes éclaboussures de couleur, il ne s'en imbibera point davantage, « comme l'eau le sucre » !

Finalement, le testament ne sera que de poésie : partout où elle vit, elle inonde son monde de ses bienveillances ; ailleurs, c'est dans les chaînes qu'elle devient nocive, comme l'animal sauvage de Wilhelm Reich qu'on a enfermé dans une prison. La poésie transperce les preuves ; pour elle, il n'y a pas d'épreuve : elle vit. S'il me fallait user de mots modernes, je dirais qu'elle est l'information après laquelle tous ces tordus par l'angoisse de ne pouvoir simplement l'atteindre courent pour démontrer qu'elle est la vie cosmique, l'incommensurable de l'existence. Et, effectivement, elle est de mots, car nul autre que l'humain ne peut lui donner la consistance de cette « information », de cette communication au-delà du discible qui vous remplit l'âme (le cœur et le corps accomplis comme un ensemble), la comble sans le pouvoir du pouvoir de la combler sans fin en la rassasiant du moment vécu disciblement, vous rend humble comme le pouvoir de la joie partageable partagée, la division de soi dans l'éparpillement heureux du plaisir d'autrui, la poésie est de mots qui vous rend l'amour palpable en vous donnant la joie de le palper quand vous en êtes un canal.