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mercredi, 13 octobre 2010

Le fi du dé

Putain ! Je ne sais rien faire, je refuse de travailler et je suis seul. Je me meurs. Je ne m'entends avec personne. Putain ! Merde ! Quel géhenne ! Quel raté ! Quelle erreur magistrale je fais ! Qu'est-ce donc que je fais ici ? Vivre tant de douleur ? Mais c'est quoi cette vie ? Pourquoi m'a-t-on fait naître pour ne pas pouvoir vivre autre chose que ce que je vis ? Cela tient-il seulement à moi que de ne pas aimer cette société ? de ne pas aimer ces « relations » sociales faites de bassesses, d'hypocrisie, d'érotisme débile, surtout d'érotisme débile ? Zut ! En fait, ce n'est pas que je ne sache rien faire, c'est faux : je sais faire un large panel de choses, cause à ma curiosité et pas si mal. Mais je ne sais pas m'adapter au salariat, au patron, au sérieux de ce travail de production qui produit que de la m.rde, je ne sais quoi faire avec les autres que nous puissions faire ensemble : j'aime me sentir avec les autres, j'aime ce cocon qui fait que nous soyons nous, que NOUS sommes et pas à faire n'importe quoi pour gagner de l'argent pour gangréner le monde de NOTRE production. Je ne peux faire mienne cette production du monde. J'en entends au-devant de la classe de me dire que je devrais être heureux : j'ai à manger, je suis protégé du froid et des intempéries – par mes propres moyens, bien sûr –, je n'ai pas le fisc aux trousses (et encore !), aucune police ne m'a présentement enfermé pour mes opinions dans une geôle. Ce sont là les conditions minimum du bonheur pour ce devant de parterre qui devraient me satisfaire et qui les satisfont et dans lesquelles ils pataugent. Quelle misère ! Mais qu'attends-je de si mirifique que je ne l'ai pas et qui est si rare en ce monde ? Je ne suis pas drogué, je ne suis pas malade... mais qu'est-ce que j'attends pour être heureux ? Nom de non ? Qu'est-ce qui repousse les autres en moi ? Qu'ai-je de trop ? ou de pas assez ! Un emploi ! Un emploi pour mon coeur ! Je paye cache !

Je suis maudit, je n'arriverai pas à être heureux. Je ne suis pas pourvu du sérieux nécessaire pour prendre ce qui est sérieux dans cette société au sérieux. Pire : ce qui est sérieux pour cette société mérite des rires pour moi ! Je n'ai donc aucune chance de survie amoureuse, car je n'ai pas le même sens du dérisoire qu'elle, un sens de l'important identique, un recul de la futilité diamétralement opposé, on pourrait dire, et de l'indispensable, n'en parlons pas. Lorsque je rencontre une femme, il y a quelque chose qui m'attire et je suis près à payer de moi pour en vivre la réalité. Quelle femme est prête à payer pour voir ma réalité ? Que des emm.rdes, voilà ce à quoi elle s'attend, que du non-bonheur (alors qu'elle vit déjà dans le non-bonheur, la non-implication dans l'autre, l'absence de découverte d'un autre) que des lourdeurs, des adaptations compromettantes ou insipides ou à l'opposé, une demande de satisfaction impossible soit par jeux érotiques ou par situation qui demanderaient de ma part une disposition que je ne peux avoir que très soul – et devant laquelle je ne rechigne pas – à cela près que les lendemains qui peuvent être quelques années plus tard, ne sont pas toujours aussi enchanteurs. Et puis les filles se lassent, on ne les sent pas aussi disposées au renouvellement du présent que plutôt d'en sortir de l'ornière pour aller voir ailleurs. Bon, je ne dis pas que je ne me suis pas vu, de mon côté, obligé de rompre, mais il y a eu une ou deux fois où j'étais vraiment amoureux sans être compris et c'est assez douloureux... et long. Bref, j'ai souvent payé de ma personne pour savoir qui j'avais envie de rencontrer ; aujourd'hui, il faut de la certitude : l'aventure c'est d'la daube ! que des ennuis et des embrouilles et si le mec l'est pas content qu'on n'en veuille p'us, il devient méchant, hargneux ou teigneux et même violent : pourquoi donc s'insérer dans une galère imprévisible ?!?

C'est dans cette condition d'isolement (c'est de contact qu'il s'agit : une simple couche d'air suffit pour vous montrer de l'indifférence ambigüe) que je me trouve à me morfondre le moral qui remâche ses semelles usées par tant de marche solitaire. Si le temps qui passe s'y met, vous avez beau vous lancer dans l'espace comme un dé à la recherche de son nombre, son fi vous tempère comme une balle qui va courir s'enfourrager dans les eaux cagneuses de l'étang du perdu où des feux s'escament comme autant d'espoirs rendus nauséabonds d'immobile en flammèches démontrant qu'ils furent et puis s'en va.

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