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dimanche, 31 octobre 2010

Mal de pieds

Pour se rencontrer il faut d’abord se croiser ; pour se croiser il faut se trouver au même endroit, à la même heure et sensiblement dans deux directions opposées. Ce n'est que de cet instant-là que la rencontre est possible en brisant le sens du mouvement inducteur pour en faire un mouvement déducteur à la mesure de la grandeur d’un étonnement ou d’une surprise qu’il faut avoir perçue, sinon c’est lettre indifférente ou morte. Ainsi, on croise une multitude de gens sans qu’il y ait pour autant de rencontre.

Depuis un bon bout de temps, j’ai remarqué qu’il y a un rythme dans le croisement des gens (pas la rencontre : le croisement des gens) et cela m’intrigue. Il arrive souvent de croiser des personnes alors qu’on se rend quelque part pour une course ou un rendez-vous et que lorsqu’on revient de cette course ou ce rendez-vous, on croise, en sens inverse, la même personne qui, elle, a eu aussi sa course ou son rendez-vous, et sensiblement -- à quelques dizaines de mètres près -- au même endroit. Cela arrive assez souvent, dès lors, bien sûr, où on n’a pas le nez dans le guidon de la vie quotidienne ou les yeux au-dessus de grosses poches de fatigue pour pouvoir le remarquer. Le temps, l’espace de temps entre les deux événements n’a pas de règle précise : il peut être de l’ordre de la vingtaine de minutes aux deux heures bien tassées. Mais pendant tout ce temps, il s’est passé deux choses de totalement différentes, dont un des résultats est ce re-croisement furtif. Amusant, non ?

Si je ne me suis pas encore arrêté, c’est que je ne sais pas trop ce que je pourrais faire avec précisément ces personnes, sinon que leur poser des questions qu’elles ne comprendraient pas, je suppose. Je suis un peu bête, parfois, je l’avoue, ou pas assez courageux. Et pour ce qui est d'aborder une femme, dans de telles conditions, c’est comme si vous alliez, pour elle, directement lui demander de lui monter dessus, en ces temps de liberté chérie, ou plus simplement vous porter au devant de recevoir un dédain, un mépris ou une moquerie à vous cacher sous terre pour une simple affirmation : « je vous ai croisée tout à l'heure et croyez bien que cela m'intrigue ».

Bien sûr que cela m’intrigue de l'avoir remarquée ! Si je réfléchis « prédestination », je ne vois pas où elle me mènerait dans l'impasse que j'ai dite tout à l'heure ; si je réfléchis « hasard », ce croisement n’a aucun intérêt en soi : il se passe, sans plus et sa fréquence est de l’ordre de la courbe de Gauss matérialisée par l’aboutissement de plusieurs billes tombant d’une hauteur et retardées par des obstacles régulièrement disposés ; si je réfléchis « humain », je n’ai pas de réponse sinon que de dire : « ça arrive ! » à quoi je  réponds : « Oui, mais, à une telle fréquence ? » car il arrive certains jours où on croise trois fois la même personne qui vous était auparavant inconnue.

Les croisements sont donc nombreux, repérables et fréquents, mais, bien que tributaires de ces croisements, les rencontres sont d’un autre ordre. Et là aussi, il y a des choses à remarquer. Il y a des périodes où on croise telle ou telle personne et on se doute bien qu’il y a comme une politique derrière tout ça dont on est le sujet, parfois bénéficiaire ou maléficiaire, ou bien elle de quelque chose de vous. C’est très lol !  Il y a comme un message à transmettre de l’un à l’autre, à un moment donné dont on ne doute pas, lorsqu’il est bénéfique, qu’il est tout à fait opportun et le contraire dans le cas contraire… mais qui est pourtant ! En y songeant un peu, on se dit qu'il est évident que, dès ce moment où l’on est un sujet de l’humanité, l’humanité se manifeste à vous en tant qu’objet intégrant. Mais pour autant, on ne rencontre pas n’importe qui n’importe quand !

Très lol, comme je disais tout à l’heure. Je ne vois pas cela comme un fortuit, bien que j’y sois obligé par la nature du hasard (billes-chemin-obstacles) ; disons que j’aimerais bien que cela ne soit pas fortuit pour me sentir comme intégré dans une immense toile de relations dont je ne suis pas toujours à même de percevoir l’enchevêtrement ou les relations causales, car ça me fait comme du bien de ne pas me sentir seul dans ce grand tout, ce grand chaudron qui contient une soupe si bigarrée, polyglotte et multiculturelle, où je le suis pourtant, affectivement. C’est se placer comme centre du monde en sachant qu’on ne l’est pas, et supposer que tout le monde se pose en centre du monde en sachant qu’il ne l’est pas ; simplement pour tenter de répondre à une question qui pourrait très bien ne pas être formulée puisqu’elle ne tient que sur l’hypothèse que l’on est le centre du monde alors qu’on sait très bien qu’on ne l’est pas tant !

Et pourtant, s’il n’y avait pas ces croisements, il n’y aurait pas de rencontre possible. La rencontre comme résultat d’un croisement particulier mène à penser que le croisement a pour but la rencontre, parfois ; selon des critères que je cherche à percer ! Imaginons que je réussisse à rendre translucide ce phénomène du croisement, combien de croisements ne provoquerai-je pas pour que les gens se rencontrent ! Les journaux titreraient, en gras : « Le maniaque de la rencontre a encore frappé » comme chapô d’article qui contiendrait en gros ceci : « Encore une fois, le maniaque de la rencontre a frappé : muni de sa théorie qu’il pense, ce fou, infaillible, il a encore poussé deux personnes à se rencontrer. Hélas, ne maîtrisant qu’à moitié son sujet, cette rencontre s’est encore soldée par une rupture : les deux personnes, initialement bien disposées l'une à l'autre, les yeux en larmes, le cœur blessé, ont dû se séparer pour partir dans des directions opposées, l’une au couchant, l’autre au levant, une main tenant un mouchoir et l’autre le vague à l’âme comme le couteau damassé des émotions fortes dont elles ont fait usage, tâché de sang cordial. Pourquoi donc, tel de piètres journalistes ou les politiques à l'âme morte, ne retient-il pas de la rencontre que le but, le peu qu'ils savent vivre ne leur permettant pas d'y percevoir davantage que les fins, pour que, comme eux, avant la fin, il n'y ai rien ? Ni la découverte, ni l'aventure du vécu, celle des approches, l'évolution et les changements, l'adaptation volontaire et celle, curieuse, involontaire dont on retire parfois des délices insoupçonnés ou des erreurs qui se retournent à vous comme des claques cinglantes, les imaginations fausses et les intuitions géniales, les déductions faramineuses et les totaux abruptement brutaux, les tentatives de solutions, leur échec comme leur réussite, les bonheurs fugaces et leur tenace persistance, ces douloureuses expériences qui s'effacent comme la brume au soleil qui se décide enfin à apparaitre, en bref la masse — dont on ne pourrait se dispenser de vivre sinon que mort — de l'histoire de ces personnes, qui se trouve à leur yeux dépourvue d'existence compréhensible ou plus simplement, plausible ou envisageable, si fatigués qu'ils sont d'avoir si peu vécu tant de petitesses ! Quand allons-nous arrêter cette folie qui crée tant de malheur dans nos foules de solitude ! Que fait la police des solitaires ! Pourquoi amener les gens à vivre vraiment ce qu'ils ont dans le cœur et qui peut avec tant d'aisance apporter accessoirement le bonheur autant que le malheur ? Combien devrons-nous subir de ses lacunes que ce démoniaque nous montre, acerbe, dans la gouverne communication mentale, dans les brochures et les sites ad hoc, dans la presse et la télévision qui n’en parlent pourtant quasiment jamais ou de manière si vicieuse ! Elles en parlent déjà trop, de cette tendance qu’ont les gens à se laisser emporter par la moindre des poésies malhabilement placardée sur les murs léchés par l’ombre sombre de nos villes. Nos efforts pour rendre malade la rencontre, en réussissant que les gens ne se croisent que toujours, sans fin occupés à une occupation inexorable et futile, resteront-ils vains tant de temps ? Que cesse cette infamie, que l’on passe à l’autodafé cette théorie mortifère pour notre morale ! Que cela cesse ! Que l’on nous protège de la rencontre ! ».

Hélas, croyez bien que si je pouvais être un tel bandit, je me donnerai avec plaisir à une telle vergogne, d’autant que je serais moins seul… encore qu’on affirme souvent que le cordonnier est le plus mal chaussé.

vendredi, 29 octobre 2010

À narchie, anarchie et demi

Pour ne plus se faire entuber par ceux-ce qui veulent tout s’accaparer pour eux, je propose une ou deux solutions.

Préambule :

Les gens aiment qu’on les hypnotise par les paroles, par les images, par les sons. On ne peut pas faire autrement, sinon le monde ne serait pas ce qu’il est ; les gens aiment oublier leur condition d’être humain par ces moyens et d’autres encore : on ne peut rien y faire, c’est la nature de l’humain. L'humain a besoin de se savoir et de se sentir plus vrai que nature et ce vrai est l'affectivité sociale qu'il reçoit. L’humain n’est ni bon ni mauvais, il EST selon lui-elle : point. Il doit cependant se méfier de lui, de ses réactions, comme de ses décisions dès lors qu’il lui est attribué une responsabilité, car il aime aussi dominer : l’ivresse du pouvoir est d’un attrait irrésistible pour beaucoup trop d’entre nous et elle est la plus dure des drogues, plus dure encore que celle du vin et celle de pouvoir faire souffrir légitimement l’autre.

Il est indiscutable que nous devons nous organiser et, en conséquence, trouver une organisation pour cela. Dès qu’un humain, à d’extrêmement rares exceptions quasi-mythologiques, est mis au pouvoir, il se corrompt : à penser que l’humain et le pouvoir, ça ne va pas ensemble. Mais pour autant, il est besoin d’une organisation collective, c’est-à-dire de gens, de personnes à qui on délègue, car on ne peut soi, s’occuper de tout, de telle et telle tâche qui font parties de l’organisation normale de notre société. S’il faut un pouvoir, il faut un contre-pouvoir. Mais les gens se lassent et sont paresseux : la passion du commandement n’entraîne que quelques lambins qui veulent faire les lanternes. On peut pourtant poser une ou deux règles.

L’objet de ces règles est de protéger l’humain contre lui-même. L’humain, pris collectivement, doit savoir qu’il est nuisible à son genre et doit l’admettre, le reconnaître pour prendre des dispositions qui restreignent cette aptitude. L’humain tue, éventre, castre, circoncit, infibule, meurtrit, torture, maltraite par mille chemins divers ; il sait que cela doit cesser car cela l’incommode, mais il ne sait comment. L’humain n’est pas un « ange » ni un « démon » qui sont des vues de son aptitude à la création d’images qui le rassurent sur ses propres pensées diffuses desquelles il ne peut rien faire et ne sait généralement rien faire. De plus, il aime la cachotterie, la dissimulation, l’intrigue, les affaires, les scandales, le sang et les affrontements et est friand de ce qui se rapporte à la sexualité des autres, mais cela ne doit pas nous empêcher de vivre chacun notre vie comme on l’entend.

L’organisation politique simple que je propose vise à ce but de sorte que cette disposition de l’humain voit sa nocivité diminuée notablement. Mais c’est surtout lui qui doit trouver des solutions pour qu’il se rende des comptes sur cette nocivité, devant tous car c’est un problème commun de tous à tous contre tous. En conséquence, y trouver une solution conviendra à tous. L’humain doit pouvoir se donner à ses vices comme à ses vertus sans poser de problèmes de danger général.

La problématique se situe au niveau de l’amour social, de l’affectivité sociale. Cet amour ne se manifeste aujourd’hui que dans les supporters sportifs et les adhérents d'associations : ça donne une mesure de ce dont je parle et de ce qui est ; comme on voit son antithèse dans la xénophobie et les diverses ségrégations, classes politiques, coteries, etc.

Et c’est ici que la correspondance entre l’amour individuel et social, celui qui est socialement donné, se retrouve. L’amour social correspond exactement à l’ensemble, manifesté comme une entité, des possibilités d’amours particuliers. Que l’amour particulier se manifeste « égoïstement » (accaparement de l’affectivité de la progéniture, dédain pour l’autre sexe, pour son propre sexe, mépris de l’enfance, de la femme enceinte, de la parturiente, orientation de l’affectivité de l’enfant vers un but, une fin, une prédestination, l’amour particulier quoi ! comme celui qu’on éprouve pour un chien que vous faites déféquer dans les jardins publiques ou les rues !), l’amour social, la manière dont l’humain, comme manifestation collective de lui-même, manifeste son amour pour lui-même et ses modalités, y correspondra comme une moyenne arithmétique de l’ensemble des amours qui le composent. C’est dire la qualité de l’amour des particuliers, aujourd’hui, dans certaines parties de cette planète ! J’ai bien dit « arithmétique » : le grand amour particulier existe, mais il se diluera dans l’amour social pour ce qui est de sa manifestation sociale, tout comme le scandale amoureux de la torture et de l’assassinat ; et comme dans ce jalon de mesure de la douleur qui s’étale de 1 à 10, il pourra se situer à gauche de l’amour ou à droite de la haine autour du chiffre 5 qui n’est pourtant pas encore de l’amour.

Le plus gravitique problème que doit donc affronter l’humain, est de revivifier l’amour social qui est lui-même relatif à l’amour particulier. Rude tâche. La solution commence par la critique du TRAVAIL puisque c’est ce qui le relie immédiatement à sa propre condition d’animal, d'être existant. L’humain travaille parce qu’il s’ennuie et il ennuie tout le monde, toute la planète avec son satané travail. Il s’ennuie parce qu’il ne sait pas aimer, parce qu’il ne s’aime pas et surtout socialement. Socialement, certains inventent des tâches imbéciles, humiliantes, délirantes que d’autres, beaucoup plus nombreux, pourtant, exécutent bêtement, stupidement, opiniâtrement ; et qui pleurent parce qu’ils n’auraient pas leur part du gâteau qui résulte de LEUR travail ; l’astuce consistant à leur faire penser, que dis-je CROIRE qu’ils ne sont responsables de rien de ce qu’ils réalisent, mais ceux qui les payent qui ne sont responsables de rien, pas même de leur propre maladie sociale qu’ils étalent aux yeux de tous par les moyens modernes de communications, comme à l’époque grecque où l’énergie de la vapeur était utilisée pour hypnotiser le peuple par des cérémonies religieuses et non pour soulager sa tâche car elle aurait supprimé l’esclavage ou au Moyen-Âge où les seigneurs empêchaient les progrès techniques agricoles à seule fin d’éviter que le peuple s’émancipe en refusant sa pauvreté : il suffit toujours pour cela d’accabler ce peuple, détenteur de la plus grande part de l’affectivité sociale, de TRAVAIL en l’assommant d’impôts de toutes sortes, c’est-à-dire en capturant une équivalence sociale à son travail uniquement en raison directe de sa soumission, avec son esclavage affectif très généralement, comme dans la famille, certifié par la peur des coups.

La petitesse d’espace qui est donnée, individuellement, au résultat de sa propre activité, salariée ou non, est la prison monétaire de sa révolte. La « dialectique du maître et de l’esclave » a montré que ce sont les deux pôles de ce couple infernal qui sont malades, chacun l’un de l’autre, en tant que système, que mode de relation affective, sociale. La mesquinerie en est le miroir le plus évident et le plus immédiat, tant dans la relation entre ce maître et cet esclave et inversement, que dans la conception même que l’un demande à l’autre, et inversement, de la Vie, l’usure comme système et comme modalité injectée dès la naissance de ce qui va bientôt exister, dès la conception même de tout. On a saisi que le mot « usure » a deux sens, bien gras : le sens monétaire et le sens mécanique.

En conséquence, le monde doit faire d’abord avec ce qu’il est et non avec ce qu’il voudrait être ; l’idéal est une idée, pas un but. Ainsi, il doit faire avec la paresse, la fainéantise, le vice, tout autant qu’avec la vertu, la générosité, la grandeur d’âme. Les plus disposés à l’entendement se doivent de composer avec ceux qui en ont le moins, non pas pour les exploiter, les avilir ou les écraser, mais pour les sortir de leur crasse : l’intelligence est un moyen, pas une fin, l’affectivité est une fin et un moyen, c’est lorsqu’elle fait défaut qu’elle est la fin de l’intelligence.

L’humain n’a pas le choix d’être bon, sinon il le serait déjà depuis belle lurette ; il ne le sera jamais, il faut donc faire avec et prendre des dispositions pour que ce mal-bon fasse, chez d’autres, le moins de dégâts possibles. Les rêves humains sont trop grands pour la petitesse et la faiblesse de l’énergie affective qu’il met à les réaliser, car plus il est écrasé et plus il rêve et plus ses rêves deviennent grandioses moins il peut les réaliser, et ainsi de suite : son énergie affective s'évapore dans ses rêves. L’humain doit se désabuser quant à sa condition qu’il croit être relative aux cieux où, j’en suis persuadé, on doit vous demander une obole pour uriner dans un endroit ad hoc, comme au Carrousel du Louvre où tant de modernité insiste à coups d’enseignes de lumières, à faire oublier tout simplement que vous vivez, que vous êtes doté d’une vitalité qui a des conséquences immédiates… et monnayable, c’est-à-dire une chose-âme morte hissable au stade des dieux de sa fumée.

Par ailleurs, ses grands rêves sont si ténus qu’il suffit d’un ou deux discours pour les rendre totalement inefficients, sans substance : quand on est encore jeune, une claque; quand on a un peu plus vieilli, quelques gendarmes, un loyer et un emprunt ; plus vieux encore, les enfants dont on doit s’occuper à faire vieillir le plus rapidement possible ; vieux avant l’âge, on n’a plus la force de même s’en souvenir et vieillard, ils restent ce qu’ils ont toujours été : des rêves. Bien sûr, l’humanité évolue, mais ce n’a jamais été qu’indirectement, à cause de ce qui la plombe, l’argent, la modalité de recherche effrénée du profit dont on veut toujours ignorer que, pris ici, il est soustrait là et d’autant que la masse est importante, comme dans les vases à osmose inverse.

L'humanité n'a évolué qu'à cause de la technologie qu’implique la marchandise comme mode de fonctionnement : la classe sociale diffuse qui ne demande qu’à se défaire d’une conséquence pour elle aussi fâcheuse y est passive. Ses rêves doivent être plus terre-à-terre, moins soutenables pour être durables, ce durable dont elle doit cesser de faire l’économie. C'est l'hygiène de l'eau qui est technique, qui a éradiqué les maladies d'une époque ; c'est l'hygiène mentale, affective, qui est relative aux conditions affective de la vie sociale, qui amoindrit la crasse intellectuelle.

Loin d’évoluer directement à cause de son affectivité (qui est encore de l’ordre de Louis Capet dit le quatorzième), l’affectivité de l'humanité évolue indirectement à cause de sa technique : l'humanité n'a pas encore d'emprise directe sur son affectivité sociale. Et le peu qui est entrepris pour améliorer cette « chose » dont parlait Charcot lorsqu’il évoquait l’hystérie à Freud, est si infime, si minime, si dérisoire que cette humanité qui va dans le mur à cause de cet aveuglement, va droit dans ce mur avec un sentiment d’impuissance irrévocable, soutenable et indéniable. Certains pleurent déjà de la catastrophe, à chaudes larmes, d’autres veulent l’ignorer, mais le résultat est le même : on ne fait rien pour changer cette lacune fantastique de l’entendement humain sur lui-même et le monde dans lequel il vit et qu’il détruit à coups de hache, de bulldozer, de parkings à supermarché, de raffineries de pétroles, de pneus dont la gomme s’en va dans les égouts à chaque pluie et des fuites d'huiles de ses individu-mobiles, de pesticides, de poisons, d’usines à poisons, de guerre, de violence à l’enfance, d’ignorance, de petit Jésus sans sexe et de Vierge sans pénétration ni même de tâche de sperme, de coups de matraque, de règles salariales et syndiquées, d’affamement, de bouffe dégueulasse, et j’en passe comme de devoir déshabiller une pomme de sa robe pour ne pas être empoisonné par la pelure de la marchandise. Le résultat est là, devant les yeux, le nez, le goût, les oreilles de tous, mais l’ensemble ne fait rien. L’humain est sans doute bon en tant qu’individu – si si, pour une très grande majorité – , mais en tant qu’ensemble, en tant que collectif, il est impotent. C’est un étrange animal qui se renie en tant que tel, animal, pourvu d’un pouvoir de nuisance incommensurable n’ayant pour limite que la numération inverse de son nombre, et encore ! qui rêve de soumission pour les autres – et fanatiquement pour ses enfants ou son chien qui lui servent d’instruments de mépris – et lorsqu’il ne le peut, de se soumettre au moins pire avec une déférence à la mesure de son hypocrisie, cette crainte de ne pas être ce qu’on ne voudrait pas paraître ne pas être : un pleutre face à cette « chose » que Freud a développé plus tard dans ses essais sur la sexualité enfantine, enfance dont Reich disait qu’on n’y comprenait rien parce qu’on ne comprend rien à la Vie. Et, pourtant, la vie est là, ici et maintenant et partout, comme la vérité.

La politique sera donc ce qui regarde l’humain en tant que collectif et la manière dont il comprend, agit sur et réagit à ce collectif pour qu’il nuise le moins possible à chacun qui est doté de la liberté, dès la naissance, qui, dès sa naissance, est doté de la libre disposition de soi.

Ligne de conduite :

La première règle concerne la DURÉE du mandat politique : un mandat pour une action, une tâche, etc. ne doit durer qu’une année et une seule. On va me dire : « oui, mais un an, ce n’est pas suffisant pour faire quoi que ce soit » : obtus, répondis-je, car ne penses-tu pas que 1 - c'est TOI qui délègue, 2 – pour UN mandat, 3 – que tous tes délégués actuels sont INCAPABLES en CINQ ans de faire quoi que ce soit qui eut pu amélioré ton cas et donc, qu’un mandat de un an n’aura pas plus d’inefficacité qu’un de cinq ou sept ans.

Ces mandats sont des MANDATS, c’est-à-dire des ORDRES du peuple pour effectuer telle ou telle chose, pas des desideratas de particulier. Le contre-pouvoir est là pour constater que ce mandat est correctement exécuté et que seul CE mandat est exécuté. Aux gens donc de discuter du mandat à exécuter : c’est de cette manière et de cette manière seule qu’ils auront le pouvoir sur LEUR vie en prenant les décisions qui les concernent au moment où elles doivent être prises et où elles sont prises en vue d’être réalisées.

La seconde règle : Nul ne peut prendre plus d’une fois le MÊME mandat politique. : il lui est loisible de se charger d’autant de mandats successifs qu’il veut, mais jamais deux fois le même. Non pas qu’il ait pu se montrer incompétent ou non pour l’exécution d’un mandat, mais que nul ne doit devenir spécialiste politique sous peine de massacrer l’organisation sociale, l’humain en tant que collectif, on le sait. Il ne doit plus y avoir de spécialiste politique, la politique doit se diluer dans les gens, dans le peuple. Il serait étonnant que soit élu à un poste quelqu’un de vraiment incompétent : si tel est le cas, le contre-pouvoir a le pouvoir de restreindre, comme son propre mandat l’autorise, la marche du mandaté qui n’exécute pas son mandat, ou le dévie.

Puisque les gens l’ont choisi, c’est le mandaté qui adopte la forme et les moyens de l’exécution de son mandat ; si la tâche se voit devoir être orientée dans une autre direction que celle initialement posée car à l’exécution, comme bien souvent, il se présente une solution plus aisée, il est de la responsabilité du mandaté de la réaliser (une durée de mandat de un an ne peut mener à de grandes catastrophes) selon cette nouvelle forme et ces nouveaux moyens. Le mandaté n’engage pas seulement SA responsabilité, il engage aussi celle de l’humanité et de ses choix.

Chaque différend d’ordre politique est porté devant un Conseil formé de trente trois personnes élues ou tirées au sort qui juge de l’opportunité de porter l’affaire devant tous, sinon il statue. Cette affaire, portée devant tous, est jugée par tous. Les différends d’ordre privé sont réglés par un Conseil formé de trente trois personnes élues ou tirées au sort qui juge de l’opportunité de porter l’affaire devant tous, sinon il statue.

Je peux ajouter d’autres règles, annexes :

- nul ne peut détenir plus d’un logement (un logement comprend ce qui est nécessaire pour être confortablement logé : salle de bain, cuisine, buanderie, cave, deux pièces par personne plus une commune). Chacun est autorisé à avoir son propre logement dès une année et une seule, après sa puberté, à charge de pouvoir l’entretenir dans le cadre de la collectivité. Des logements collectifs sont possibles. Chacun fait ce qu’il veut chez soi, sauf à gêner son entourage.

-  pour ce qui est de la monnaie : le prêt à intérêt est interdit, l’intérêt est aboli : il n’est pas autorisé de faire de l’argent sur de l’argent, de créer de l’argent à partir de l’argent par l’usure sous quelque prétexte qui soit. Nul n’est autorisé à détenir plus de la richesse cumulée que celle des trente trois personnes les plus pauvres (à eux de les enrichir !). L’héritage en numéraire est interdit ; l’héritage en biens est soumis à un Conseil, spécialement élu pour un an, comme les autres Conseils, de sorte que la richesse passée ne s’accumule pas à celle du présent qui doit être toujours suffisante.

- chacun fait de lui-même ce qu’il veut, l’esclavage est aboli, il y a autorisation de production artisanale libre, sans emploi de travail salarié. Le salariat est aboli. Il n’y a pas d’ennemis du peuple à moins que le peuple soit impotent auquel cas, sa soumission le regarde. Il est accordé la liberté de la parole et de presse à tous, sans exception. La liberté de réunion et la liberté d'association est octroyée à tous, sans exception. Une association de personnes ne peut revendiquer de propriété de quelque nature qui soit, seule la Commune peut se dire propriétaire de biens communs, qui appartiennent à tous et dont tous sont responsables. L’État ne possède rien. La rotation des lieux de juridiction permet de régler le problème de l’entretien des bâtiments à usage collectif, comme les lieux de réunion de pays. La police est une organisation des gens pour régler les problèmes, pas en créer : il n’y a donc pas de corps payé pour faire la police. L’enfant ni la femme, ni l’homme ne peuvent être soumis, arrangeons-nous. Les criminels de quelque nature doivent être compris comme des affectivités socialement dérangées.

- la terre : celui qui veut s’occuper d’une exploitation peut revendiquer un droit d’appartenance jusqu’à dix hectares de labour, de prés et/ou de bois, dont il fait ce qu’il veut. Il ne peut avoir de salarié. S’il peut s’occuper de plus de dix hectares, il doit le prouver pour assurer une appartenance, sinon n’importe qui peut revendiquer ce surplus pour l’exploiter soi-même dans cette limite des dix hectares d’occupation totale. Un Conseil de dix personnes nommées pour un an, règle les différends.

- la question de l’argent et de la publicité des mandats. Ceux-ce qui sont riches ? Modérer la richesse : une personne ne peut pas être plus riche que, mettons, dix personnes ensemble prises parmi les plus pauvres, même si ces pauvres le sont volontairement à ne vouloir pas s’activer pour l’obtention des richesses. Le riche est tributaire des pauvres, de toutes les manières, ici cela ne changera rien, sinon que d’en limiter les dégâts.

L’expérience (Asturies, Communes, Kronstadt) montre qu’il n’y a pas nécessité pour les mandatés de recevoir compensation pour leur mandat, ce qui pourrait doubler le sujet de leur possibilité de corruption. Il n’y a de progrès social qu’affectif, la résignation est la résignation de l’affectivité à ne pas vouloir être ce qu’elle est ; point.

mardi, 26 octobre 2010

En faim, le baiser qui tut parle

Outre ses cheveux fins et blonds comme les rayons du soleil, son sourire, les battements éclectiques de son cœur, sa malice et son angoisse féminine, Annie était tout simplement la femme la plus baisable que j’ai rencontrée de ma vie… et qui me le rendait bien ! Elle est aussi grande que moi, blondinette, un agréable visage et sourire, pas grosse, les fesses juste ce qu’il faut pour être très jolie : ni garçonne ni popotin, et ses seins ont grossi assez fortement lors de notre fréquentation. Et c’est là que se pose le problème : la satisfaction sexuée. Car, cette satisfaction et ses conséquences la gênaient beaucoup : de voir ses seins devenir si beaux la dérangeait, de même que de voir son visage s’adoucir, d’avoir envie de laisser pousser ses cheveux, de porter des robes ! et peut-être même des jupes : de devenir un peu plus féminine, en somme.

Je me pose la question souvent de savoir ce qu’une femme a besoin de guérir en moi qui lui fait me fréquenter : il me semble que, pour cette fois-ci, la guérison venait de moi et qu’elle a été refusée pour ses conséquences. Car la féminisation de la femme conduit à plus de féminin encore, c’est-à-dire à devenir amoureuse à cause de ce féminin et non plus seulement à cause d’une idée directrice, si je puis dire, morale. Si Annie a reconnu en moi une part de son « masculin » qu’elle pouvait exprimer, elle a reconnu que ce masculin implique SON féminin pour s’exulter et cela l’a gênée. Je me souviens d’un rendez-vous à la campagne où nous devions passer une semaine ensemble. Je dois préciser qu’elle était mariée mais que son mari ne l’avait pas touchée depuis les deux ans, au moins, précédant notre rencontre… alors qu’ils dormaient dans le même lit. J’ai un peu tiqué, intérieurement, sur ce fait, car, généralement, la disposition d’un tel refus vient de la femme (un homme quitte le lit lorsqu’il ne veut plus de sa compagne) et j’ai trouvé comme un trait de sadisme à se refuser de si près puisque déductivement, son homme, toujours dans ce lit, attendait d’elle son ouverture. Mais enfin… lorsqu’on trouve une telle femme, il est bien difficile de ne lui  pas laisser comme des flous volontairement entretenus pour profiter de ce que l’on a, sur le champ et qui vous donne tant de plaisir partagé. Cette fois-là, donc, à la campagne, Annie a été complètement sèche, tant des lèvres du haut que celles du bas et les baisers impossibles à poser : la culpabilité était si forte de pouvoir prendre tant de liberté sexuelle – aller avec un amant pour profiter de son amour – aussi bien vis-à-vis de son mari que de ses enfants (qui devaient, dans cette tournure d’esprit, prendre un soupçon d'illégitimité) – tout cela lui a été insupportable. La liberté du vivre est insupportable pour la culpabilité.

Et puis, j’avais remarqué que plus nous avions de plaisir au lit (ou ailleurs, comme couple) et plus une forme pernicieuse de distanciation s’opérait. Je l’avais prévenue du fait que l’orgasme, lorsqu’on n’y est pas trop habitué, fait peur, que l’on doit absolument le savoir pour pouvoir remarquer les réponses négatives que l’on peut avoir vis-à-vis de l’amour qu’on éprouve et qui se trouve dégradé pour des raisons ; et par des réactions ambiguës d’acceptation, de pleurs et de dénégation alternativement qui sont le pendant de la bataille qui se mène en vous de l’acceptation pleine de ce que vous vivez de bon, d’adapté à vous et vos besoins, opportun. Mais, quoi qu’on dise, il faut un sacré caractère déjà porté sur le plaisir pour réagir favorablement à de telles recommandations parce que, généralement, suivant les dispositions de cette société vis-à-vis du plaisir (genre ce qu’entend wikipédia de l’orgasme, de l’hétérosexualité, de la pornographie) le départ est faussé, et de loin pour une arrivée plus heureuse. Ainsi, on ne remarque pas qu’on adopte des attitudes sensiblement « hystériques » sur des points de détails qui ont, certes, une base légitime, mais dont on ne perçoit pas immédiatement que l’adoption est négativante, comme un ballon (le détail) trop gonflé qui éclate au moindre contact (le baiser) et vous fait refuser la sensation du don et de sa perception. Attention ! je ne suis pas bête : cet argument ne cache pas mes propres incapacités à donner de l’amour, à comprendre les besoins de mon amante et à m’y adapter ! Il s’agit du laisser-aller confiant, comme un don de soi au plaisir que l’on éprouve et que l’on doit mettre bien plus haut que bien des contingences qui jouxtent souvent des rejets de ce que l’on vit, ici & maintenant, comme quasiment inacceptables du point de vue de la morale que l’on n’oublie pas comme étant celle du sacrifice (dont l’Économie marchande est la démonstration parfaite). D’ailleurs, dans le cadre de cette morale, tant que la femme reste dans ce sacrifice, elle y trouve raison et autorisation de plaisir : cette société ne lui laisse que cette forme de légitimité (mais à la fois, lorsqu’elle regimbe à cette obligation, elle oublie aussi que tous les hommes ne sont pas totalement en faveur d’une telle morale et qu’ils éprouvent, eux aussi, des difficultés à s’y soustraire !).

J’avais, pour moi, rencontré en Annie, LA femme. Il n’est pas aisé de comprendre qu’un homme est un être entier, qu’on a cela parce qu’il est ceci à côté, en bon ou en moins bon et que l’amour vécu relie entre elles ces parties que l’on croyait éparses et que c’est avec grand plaisir que cela se passe. Il en est de même de la femme, bien évidemment, mais avec SA spécificité sociale. Ce n’est que tout dernièrement que j’ai compris pourquoi je l’aime tant et qu’elle me reste tant en mémoire (qui est chez moi physique) : parce que Annie est la femme la plus baisable que j’ai jamais rencontrée de ma vie (ce qui signifie, pour les obtus : celle que je peux le mieux aimer et dont j’éprouve le plus de plaisir à aimer et vivre AVECsi le plaisir est une cause, il est aussi une conséquence) ; et je comprends aussi pourquoi j’en ai tant de nostalgie jusqu’à me dire que cette séparation est une bien grande punition que m’inflige la vie, punition que je ne comprends évidemment pas, mais qui est là quand même. Je ne nie pas que je suis moi-même un peu compliqué et que mes calculs sont assez souvent nébuleux, encore qu’avec Annie, j’ai adopté comme ligne de conduite de toujours peser le bon que j’en recevais, de tout ce que je pouvais trouver de séparateur, et il y en avait : l’un surpassant l’autre, je n’ai eu aucun choix à faire. Je ne peux pas dire que ce genre de sacrifice (ceci contre cela) à l’amour a été trop loin en balance de ce plaisir et qu’en conséquence, il ne tient qu’à moi d’en pâtir, effectivement. Mais je sais aussi que celui-ci qu’elle a fait en pleurant à chaudes larmes de renier le plaisir que nous avions ensemble, sacrifice basé sur le contradictoire de devoir choisir entre une « fidélité » à son mariage (dont elle exclut sa sexualité) et le bonheur d’un homme (illégitime puisque non socialisé) et ce paraître femme débauchée car tant versée sur l’amour dit « physique », en préférant, aujourd’hui encore (ce me semble) vivre seule plutôt que bouleversée, me spolie d’un présent de la vie dont j’aurais pu parfaitement profiter.

Et je vais vous dire pourquoi : quand LA femme en arrive à un tel point de participation à l’acte d’amour qu’importe le moment ou le lieu qu’il en est très généralement réuni de la satisfaction car le commun ne se pose plus comme question mais se manifeste comme certitude, il y est perçu comme une humiliation d’être moralement tombée si BAS ; et c’est faire faute, corrélativement, à ce que son homme perçoit de soi qui ne correspond pas à ce qu'on attendait de si haut et qu'il vous arrive de partager pourtant. Pareillement du rire, de la cuisine, de la beauté des choses ou d’autre ; et qu’à la compréhension que le défaut de satisfaction provient d’un entêtement à dire un muet « Non ! » et de ses conséquences qui vous suspendent à une incompréhension qui vous dépasse, on s’aperçoit tout à coup du LIEN qui vous retient et qui peut facilement devenir une chaîne au bout de laquelle, non pas allégé par une plume, mais balourdisé par un boulet, comme ce muet « Non ! » qui vous oblige à la traîne… on a peur que cela soit. Ce « Non ! » muet n'est que rarement relatif à l'amour des corps ou des âmes, mais toujours à des choses du quotidien : c'est là qu'est le paradoxal : l'attente du désir confronté au besoin, des représentations devant lesquelles on ne sait quoi faire, auxquelles on ne s'attendait pas et qui ne correspondent pas à ce qu'on attendait de soi dans la vie. C’est un manque flagrant de confiance en la vie, en soi, en l’autre (le contexte social y est pour énormément). Et c’est pourtant cette fragilité qui vous a permis cette ouverture à propos de laquelle on ne reste toutefois que sur le seuil.

On retombe alors dans cette faculté du pardon face à la perte irrémédiable, à la façon de la réparation qui vous laisse désappointé souvent, que l’on égare pour ne plus savoir les réaliser et vous donne ce sentiment d’impuissance devant cet amour que vous éprouvez comme un claudiquant… que vous ne voulez plus être par amour-propre. Soupire. Pour moi, tout cela est une erreur, bien sûr, car fondé sur des dispositions relatives à sa position sociale que l'on ne veut pas perdre, alors qu'on ne perd rien, sinon qu'une image, un paraître qui semble, je dis bien semble, d'une importance telle qu'elle vaut toutes les autres pertes ; comme le cinéma 3D n'est que la colorisation de l'ombre.

samedi, 23 octobre 2010

Tract comburant

[j'ai recopié à la main ce tract trouvé sur le toile d'araignée mondiale encore libre]


Le retour de la croissance n'est ni possible ni souhaitable

Puisque nous vivons dans un monde dont les ressources finies ne sauraient soutenir une croissance sans fin et que nous parvenons de plus en plus précisément à envisager le moment où la Terre sera entièrement consumée par notre mode de vie, nous invitons les salariés, chômeurs, précaires, étudiants, retraités à réfléchir à ce que pourrait être une vie pérenne et souhaitable.

En ces temps de désastre écologique très avancé, nous pensons qu'aucune position politique et auc [ou] une revendication qui n'intègre ni le caractère d'impasse du développement économique, ni l'aspect suicidaire de la croissance, ne peuvent avoir la moindre valeur.

Nous sommes donc à la fois fantastiquement utopistes et radicalement pragmatiques, bien plus pragmatiques au fond que tous les gestionnaires "crédibles" du capitalisme et des mouvements sociaux, syndicats de cogestion, partis opportunistes et autre tenants de la croissance comme planche de salut.

Le retour au plein emploi n'est ni réalisable ni désirable

Nous voulons ainsi briser le culte de la création d'emplois et de richesses, réhabilités avec le concours de la gauche dite socialiste dans les années 1980. Aucun discours sur l'exploitation et la précarité n'a de sens et d'efficacité, s'il fait l'économie de la remise en question du travail et d'une interrogation profonde sur la nature de la production.

La perspective du plein-emploi, qui sous-tend la plupart des mots d'ordre et des revendications, n'est ni réaliste ni désirable. En effet, [la matérialité du] le travail humain, en Occident, est supprimée massivement par les machines et les coordinateurs depuis plusieurs dizaines d'années. Il est évident que le capitalisme ne peut plus créer assez d'emplois pour tous. Et ceux qu'il crée encore péniblement sont de plus ne plus vides, déconnectés de nos besoins fondamentaux. De plus, les importants bénéfices [relatifs aux] des gains croissants de productivité, ne profitent toujours qu'à la même classe, pendant que les travailleurs doivent se dévouer encore et craindre pour leur avenir.

Dans ce système, la production matérielle est délocalisée vers les pays dit "en voie de développement", où se concentrent le désastre écologique -- même si nous ne sommes pas en reste… -- et les pires conditions de travail. Dans notre économie de services, fleurissent les emplois de serviteurs : esclaves des cadences robotique, domestiques des "services à la personne", petits soldats du management.

Soyons conséquents, détruisons l'industrie et son monde !

Nous pensons qu'un mouvement social conséquent doit se donner pour but d'aider l'économie à s'effondrer. Le monde actuel ne connaît pas d'en-dehors, on ne peut pas espérer le fuir. Il faut donc y constituer des milieux de vie où émergent de nouveaux rapports humains et où l'on puisse produir ses moyens de subsistance, hors logique capitaliste et sans le concours de la machinerie industrielle.

Il faut dans le même temps entreprendre le démantèlement de pans entiers de l'appareil de production existant, inutiles et nuisibles. Bien sûr, tout cela exige, dans nos discours comme dans nos pratiques, un refus du capitalisme et un rejet de l'Etat et de ses représentants, qui sont et seront toujours des obstacles à nos projets d'autonomie.

Cessons de réclamer un emploi stable et une retraite correcte pour chacun ! Il n'y en aura pas, organisons-nous pour ne plus en avoir besoin !

Que la crise s'aggrave !
Grèves, sabotages, occupations !
Que le capitalisme s'effondre !


Groupe libertaire de Lons et alentours

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[quand les anars commencent à avoir une syntaxe approchable, il y a de l'huile quelque part à ajouter au feu...]

samedi, 16 octobre 2010

Gnoséologie et quadrilectique

Henri Lefebvre a écrit des choses très intéressantes. Je me souviens d’un livre sur la pensée de Karl Marx (Pour connaître la pensée de Marx, Éditions Bordas, Paris, 1948) qu’on ne trouve plus, hélas. Il a aussi écrit un truc sur la cybernétique, très rigolo. Et, page 122 de « Problèmes actuels du marxisme » chez PUF (1958) : … la « gnoséologie » distingue plusieurs lois : celle de l’interaction entre les « choses » et les processus déjà distingués par une analyse concrète ; celle des rapports entre quantité et qualité ; celle du bond qualitatif à un moment donné ; celle enfin des contradictions comme raison du devenir. Il en oublie une, que votre serviteur a proposé : celle de l’hystérésis -- qui complète merveilleusement celle de changement de quantité en qualité et du saut qualitatif : le temps nécessaire pour qu’un état passe de son état à un autre : le moment du saut qualitatif.

Mais ce qui m’intéresse ici, c’est la confusion entre contradictions et devenir. « Les contradictions comme raison du devenir » signifie que pour devenir, le devenir a besoin des contradictions. Or, pour devenir, seul le temps qui ne passe pas l’empêche de ne pas devenir. On parlera plutôt du devenir de la (ou des) contradiction(s), comme raison des contradictions. L’inverse n’est pas juste : le devenir n’a pas besoin des contradictions pour devenir (ni être), sinon que comme prédestination et le devenir n’ayant pour prédestination que lui-même, ce ne peut être une contradiction, sinon que lui, et rien de plus. C’est comme une réflexion qu’on m’a faite hier soir : je disais que mon jardin (associatif) était un endroit d’expérimentation de modes de culture (et de moindre effort, bien évidemment) et on me recommandait d’écouter les idées des autres plus expérimentés et plus conventionnels ; ce à quoi j’ai répondu : « et qui me donneras les idées que j'ai dans la tête... ? » ; à quoi on me dit : « pas besoin puisqu'elles y sont déjà » sans comprendre qu’elles ne sont pas dans la tête des autres et que ces autres ne peuvent donc pas, parce qu’elles n’y apparaissent pas, me proposer celles que j’ai dans ma tête. J’ai réussi tout de même à garder mon jardin encore une année.

Le terme « gnoséologie » me plait beaucoup. La philosophie est l’énoncé d’une perception du monde et elle montre du même mouvement le monde selon une manière de le percevoir. C’est ce qui m’intéresse. L’interrelation entre les choses revient à reconnaître l’interrelation entre ces pensées énoncées et le monde, aussi bien ; donc entre les gens, entre les gens entre eux. Selon ce que pensent les gens de eux, ils le pensent du monde et de ses relations. La philo élargit, ou  tente d’élargir cet entendement. Seulement, le plus souvent, elle n’est qu’une énonciation de ce qui est, de ce que les gens sont et de ce qu’est leur perception du monde. Lorsqu’on découvre une « contradiction » dans la philosophie, on découvre en même temps la contradiction d’un moment du temps humain et de sa perception. Et je trouve amusant qu’on pense que le devenir trouve sa raison dans la contradiction, puisqu’il ne peut qu’être. Ce que veut dire Henri Lefebvre est qu’il est possible, en comprenant les contradictions du présent, de peut-être influencer les conclusions du présent dans l’avenir – ce qui est correct. Le monde du secret est de déni de la sexualité comme réalité ; le secret du monde est la fuite devant la satisfaction sexuée. Dire que les contradictions sont la raison du devenir revient au même : ce qui est empêche le saut qualitatif et il faut le triturer (le devenir) pour qu’il advienne.

Ce n’est pas très clair. Parce qu’on perçoit en soi le désir, il est supposé que sa solution est dans son devenir : c’est faux, enfin… non : c’est juste dans le faux. Le désir est contradictoire : il se formule comme déjà réalisé et il n’est pas ; à la différence du besoin qui demande à ne plus être, à se supprimer. Le désir contient ses propres contradictions : être ET ne pas être encore. Le besoin sait qu’il n’est pas ; le désir refuse de ne pas être. Ainsi, dans la règle du saut qualitatif, le désir ne se réalise pas, tandis que le besoin, oui, et comme satisfaction. Le devenir a donc pour raison les contradictions du présent dans la mesure où son devenir est prédestiné au présent, comme le désir ; mais pas comme le besoin. On va me dire alors que le désir est naturel chez l’humain car humain et le besoin est plus « bestial », si je puis dire, moins « humain ». C’est mal comprendre ce qu’est le besoin, c’est le comprendre comme contradictoire à son devenir : la satisfaction.

En étant moins brutal, je dirais que le désir est l’image d’un besoin, qu’elle serait donc inévitable. J’ai bien des images qui me passent par la tête, de viol, de meurtre, et de choses pires ou presque, sans que j’en veuille manifester une réalisation, car je sais que je n’en aurai pas de satisfaction : j’ai déjà vérifié et plus que vérifié. Je pense qu’il faut être dérangé affectivement, avoir en conséquence des modalités de satisfactions étranges, pour en trouver une dans la maltraitance, l’irrespect, la fin de l’autre ; ou de se mettre dans des circonstances extrêmes évitables. Et c’est là que vient s’immiscer la loi de l’hystérésis : le repu ou la pré-détente. Affirmer que le devenir a besoin de contradictions pour se manifester est donner au désir la place qui revient au besoin qui échappe à son devenir. Et de même qu’on fait fi de la satisfaction sexuée, on fait fi du contenu du besoin, car vil, terre-à-terre, bassement matérialiste : comme l’une est inatteignable, on la pose en image de sorte à ne pas pouvoir l’atteindre, comme ça c’est plus facile : elle reste un désir, une contradiction du besoin : d’une part : j’existe, d’autre part, mais jamais pas encore. Les modalités du repu ou de la pré-détente s’en trouvent fortement influencées : du fait que tout est éloigné en images (en « représentations » disait Guy Debord, un pote à Henri Lefebvre dans sa jeunesse jusqu’à ce que Henri Lefebvre fasse un très mauvais usage d’un texte de l’International situationniste sur la Commune de Paris) le besoin, pour se satisfaire, demande à se contredire, à se nier lui-même comme nécessité et à revendiquer sa réalisation ; et ce mouvement est celui typique du désir à ceci près que le désir peut ne pas être réalisé, que son porteur (pour le dire à la J.-P. Voyer) en soit sans fin le porteur, c’est-à-dire, séparé de son besoin qu’il ne sait plus reconnaître puisqu’il ne le perçoit pas même comme charge.

Or, si je mets mon grain de sel dans la gnoséologie (que j’avais, avant d’en connaître le mot, nommé quadrilectique), ce sera pour dire que le devenir se réalise dans les complémentaires du présent ; et les complémentaires des désirs, bien évidemment (les désirs ne correspondant qu’à des images de devenir) tendent à ne faire appréhender le présent que sous forme d’images : un monde de désir ne comprend rien aux besoins du monde et encore moins au monde des besoins qu'il met en images.

La quadrilectique (qui prend en compte la simultanéité de quatre éléments, comme la gnoséologie, avec la précision de l’hystérésis) se penche sur ce fait toujours mystérieux (encore qu’on en a une bonne approche lorsque l’on y est attentif) du moment déclanchant du saut qualitatif, l’orgasme, et la nature du repu, du repos ; et antérieurement, la nature de la tension et la force de la charge, la pré-détente comme détermination. Ce moment n’est pas contradictoire, il est l’addition de deux entités qui sont complémentaires, jusqu’à n’en faire qu’une qui se divise alors, car SON moment est devenu. Selon la dialectique, antérieurement à leur addition, les deux entités sont contradictoires à leur précédence en vue de donner ce résultat : cette addition qui aboutit à leur fin et à leur renouveau sous une nouvelle forme, synthèse d’une thèse et d’une antithèse : c’est un peu faible puisque ce qui paraît contradictoire dans la dialectique est qu’il faut trouver la contradiction qui sera le moment déclencheur par l’adéquation optimale d’un complémentaire et de sa raison d’être. La raison d’être des complémentaires est le devenir qu’ils vivent au présent.

Néanmoins, on va me faire remarquer que la dialectique est la recherche de l’antithèse, de ce qui empêche le devenir de devenir : là encore il y a prédestination, donc plantage. Le devenir est labile, il se manifeste tel qu’il se manifeste, avec ou sans recherche de solution : il est là au fur et à mesure qu’il se présente. On va insister en disant qu'on rend le devenir plus humain. Certes oui, il est possible de le prédire, de l’anticiper : si je mets du feu sous ma casserole, l’eau va bouillir. Mais selon cette méthode, il ne s’agira toujours que de recherches autour d’une cause et d’un effet ou vice-versa. Il ne s’agit pas encore de transformation en tant que saut qualitatif qui inclut la perception de la charge-décharge et de l’hystérésis. La dialectique ne s’intéresse pas à et ne veut rien connaître de l’énergie. La gnoséologie commence à s’y intéresser. En entrant dans la baignoire de la quadrilectique pour s’y immerger, on commence à prendre son temps. car il ne s’agit que d’addition d’énergies vitales dont la somme comme entité nouvelle se divise. Guy Debord parlait de tension sociale affective… et c’est bien de cela qu’il s’agit.

Parce que ce mouvement de charge-décharge passant par l’addition et se réalisant dans la division, implique obligatoirement une perte quelque part d’un excédentaire – excédentaire qui a provoqué cette addition et qui procure précisément le repu par sa disparition --, autrement dit un retour au don dans le mouvement même du processus de devenir, ce mouvement d’addition et ensuite de division ne plait pas à tout le monde et principalement au monde rigide des affaires. Cet excédentaire est l’objet-même de ce processus et je lui donne nom de « don » car c’est ce qui résulte de son usage où à la fois cet excédant, comme résidu de cette division qualitative, ne peut pas ne pas se trouver. Ainsi, il est don et pas don : l’eau que l’on trouve est-elle un don ? Oui, lorsqu’on a soif, sinon elle est là, tout simplement.

Par exemple, c’est là où ce processus est le plus manifeste, ce qui est nommé la « procréation » avec sa visée spéculative et intéressée de la multiplication, et que l’on comprend comme une re-production de l’espèce, qu’il est le plus malmené : l’amour (addition), le coït (division), la gestation après que se soient additionnées les deux gamètes qui donnent un œuf qui se met alors lui aussi à se diviser, et la gestation (don organique et échange de dons affectifs entre tous) et l’accouchement-allaitement jusque la séparation : tout cela va de guingois et est superbement bien capitalisé, rigidifié, multiplicatif. La quadrilectique permet de comprendre que le monde ne se multiplie pas, il se divise, et cherche à saisir pourquoi on comprend qu’il se multiplie et pour ce faire, qu'on cherche à prix de mort à le multiplier.

mercredi, 13 octobre 2010

Le fi du dé

Putain ! Je ne sais rien faire, je refuse de travailler et je suis seul. Je me meurs. Je ne m'entends avec personne. Putain ! Merde ! Quel géhenne ! Quel raté ! Quelle erreur magistrale je fais ! Qu'est-ce donc que je fais ici ? Vivre tant de douleur ? Mais c'est quoi cette vie ? Pourquoi m'a-t-on fait naître pour ne pas pouvoir vivre autre chose que ce que je vis ? Cela tient-il seulement à moi que de ne pas aimer cette société ? de ne pas aimer ces « relations » sociales faites de bassesses, d'hypocrisie, d'érotisme débile, surtout d'érotisme débile ? Zut ! En fait, ce n'est pas que je ne sache rien faire, c'est faux : je sais faire un large panel de choses, cause à ma curiosité et pas si mal. Mais je ne sais pas m'adapter au salariat, au patron, au sérieux de ce travail de production qui produit que de la m.rde, je ne sais quoi faire avec les autres que nous puissions faire ensemble : j'aime me sentir avec les autres, j'aime ce cocon qui fait que nous soyons nous, que NOUS sommes et pas à faire n'importe quoi pour gagner de l'argent pour gangréner le monde de NOTRE production. Je ne peux faire mienne cette production du monde. J'en entends au-devant de la classe de me dire que je devrais être heureux : j'ai à manger, je suis protégé du froid et des intempéries – par mes propres moyens, bien sûr –, je n'ai pas le fisc aux trousses (et encore !), aucune police ne m'a présentement enfermé pour mes opinions dans une geôle. Ce sont là les conditions minimum du bonheur pour ce devant de parterre qui devraient me satisfaire et qui les satisfont et dans lesquelles ils pataugent. Quelle misère ! Mais qu'attends-je de si mirifique que je ne l'ai pas et qui est si rare en ce monde ? Je ne suis pas drogué, je ne suis pas malade... mais qu'est-ce que j'attends pour être heureux ? Nom de non ? Qu'est-ce qui repousse les autres en moi ? Qu'ai-je de trop ? ou de pas assez ! Un emploi ! Un emploi pour mon coeur ! Je paye cache !

Je suis maudit, je n'arriverai pas à être heureux. Je ne suis pas pourvu du sérieux nécessaire pour prendre ce qui est sérieux dans cette société au sérieux. Pire : ce qui est sérieux pour cette société mérite des rires pour moi ! Je n'ai donc aucune chance de survie amoureuse, car je n'ai pas le même sens du dérisoire qu'elle, un sens de l'important identique, un recul de la futilité diamétralement opposé, on pourrait dire, et de l'indispensable, n'en parlons pas. Lorsque je rencontre une femme, il y a quelque chose qui m'attire et je suis près à payer de moi pour en vivre la réalité. Quelle femme est prête à payer pour voir ma réalité ? Que des emm.rdes, voilà ce à quoi elle s'attend, que du non-bonheur (alors qu'elle vit déjà dans le non-bonheur, la non-implication dans l'autre, l'absence de découverte d'un autre) que des lourdeurs, des adaptations compromettantes ou insipides ou à l'opposé, une demande de satisfaction impossible soit par jeux érotiques ou par situation qui demanderaient de ma part une disposition que je ne peux avoir que très soul – et devant laquelle je ne rechigne pas – à cela près que les lendemains qui peuvent être quelques années plus tard, ne sont pas toujours aussi enchanteurs. Et puis les filles se lassent, on ne les sent pas aussi disposées au renouvellement du présent que plutôt d'en sortir de l'ornière pour aller voir ailleurs. Bon, je ne dis pas que je ne me suis pas vu, de mon côté, obligé de rompre, mais il y a eu une ou deux fois où j'étais vraiment amoureux sans être compris et c'est assez douloureux... et long. Bref, j'ai souvent payé de ma personne pour savoir qui j'avais envie de rencontrer ; aujourd'hui, il faut de la certitude : l'aventure c'est d'la daube ! que des ennuis et des embrouilles et si le mec l'est pas content qu'on n'en veuille p'us, il devient méchant, hargneux ou teigneux et même violent : pourquoi donc s'insérer dans une galère imprévisible ?!?

C'est dans cette condition d'isolement (c'est de contact qu'il s'agit : une simple couche d'air suffit pour vous montrer de l'indifférence ambigüe) que je me trouve à me morfondre le moral qui remâche ses semelles usées par tant de marche solitaire. Si le temps qui passe s'y met, vous avez beau vous lancer dans l'espace comme un dé à la recherche de son nombre, son fi vous tempère comme une balle qui va courir s'enfourrager dans les eaux cagneuses de l'étang du perdu où des feux s'escament comme autant d'espoirs rendus nauséabonds d'immobile en flammèches démontrant qu'ils furent et puis s'en va.

jeudi, 07 octobre 2010

Fin du progrès des choses !

Le progrès des choses a suffisamment progressé, nous devons impérativement et très rapidement nous occuper, aujourd'hui, du progrès des gens (j'ai commencé à en entamer une liste, mais je me dis que, justement, ce n'est pas à moi d'en proposer une, mais aux gens de savoir ce qu'ils vont enfin faire de eux qui soit un peu différent de ce progrès manifesté dans les choses : au mieux, le meilleur des progrès serait qu'ils cessent d'être des choses ; il faut commencer par en percevoir la réalité, sa réalité. Seulement, les connaissant, je suis sûr qu'ils vont tout faire pour éviter ce qui les fâchent, leur demande un peu de courage, de détermination et qui fait que nous soyons dans cette situation où le travail est toujours obligatoire, ou le gain est recherché obstinément et par l'effort et par l'abnégation et/ou le sacrifice de soi ou des autres, l'esprit séparé de l'amour – la naissance de la mécanique « pure » –, l'amour séparé des coeurs ou mystique, l'irrespect de l'enfance – petite, moyenne et grande –, leur irresponsabilisation quasi-volontaire vis-à-vis des produits de leur activité, du fait qu'ils vivent ici et maintenant, leur attraction pour et la satisfaction qu'ils en retirent, des « choses » issus de leur imagination – dans le mot « imagination », il y a le mot « image » qui lui-même contient le mot « mage » – pour ce que j'en vois dans l’immédiat, mais je ne suis pas seul et je radote, aussi... je ne ferme pas cette parenthèse...

vendredi, 01 octobre 2010

Les messes qui ne rient s'tournent niaises et l'étalent

S'il y a bien quelque chose, plus qu'une chose ! une attitude face à la vie, un comportement, une cuirasse caractérielle, une conception et une praxis de la vie qui domine ce monde, c'est bien la mesquinerie. On la trouve partout, partout, partout. Ses prétextes sont multiples à la mesure excédentaire de ses résolutions, solutions, résultats et c'est ce qui la fait se reproduire. En fait, je sais très bien qu'elle n'a pas de solution à très cours ou cours terme : son ancrage dans les âmes se manifeste en tout lieu, tout temps, toute fonction, et jusque dans ce logiciel qui me sert à écrire ces lignes et qui est pourtant « gratuit » et qui, sous ce prétexte de « liberté », vous impose ceci ou cela, car cette mesquinerie obnibulant la tête de ses programmateurs, leur fait ne laisser aucune place de liberté à l'autre et donc, trouve incidemment à l'obliger à quelque acte dont il ne peut se départir.

C'est par erreur que ce monde est généreux et pour en profiter il faut être soi-même une erreur de ce monde, encore que, un film comme « Brasil » tente de montrer que de telles erreurs peuvent être pirement fatales pour les hasards de l'amour et pour cette liberté dont je parlais il y a un instant, à qui il ne reste plus d'être vécue que dans la folie. La majeure partie des déboires que subit l'humanité est due à la mesquinerie de chacun ou presque de ses membres qui y opère et y laisse sa trace, de la plus insignifiante à la plus importante, si tant il y en est, vu l'égale « importance » de tous dans ce vaste système. Et si la mesquinerie s’estompe parfois ici ou là, c'est par perfectionnement, car la générosité n'est pas dans la conception des choses produites par ce système social, mais qu'il se rétablit, par revirement d'un excès de cette mesquinerie, en revoyant ce qui l'empêche de pas trop mal fonctionner. Les choses s'améliorent, le sens des mots y participe mais par une orientation vers une perfection qui n'est qu'une des faces les plus cachées de la mesquinerie. La perfection n'est pas un plus pour l'humanité, est elle un moins pire, et encore ! Car très généralement, cette perfection est un pire dont on se passerait parfaitement bien.

D'ailleurs, que vous n'ayez pas la mesquinerie de penser que je tente de ne pas penser mesquinement, c'est gentil. Mais je suis moi-même mesquin, pas toujours mais trop s'en faut. C'est ce qui me perd avec mes amours, notamment ce qui m'a perdu avec Annie.

A-t-on caressé que la relation à Dieu ou aux dieux de l'humain est de cette forme ? On peut dire du Christ que, comme Fils de dieu et Dieu lui-même, sa mise à mort, fut-elle postérieurement imaginaire, est un avilissement de son dieu par l'humain : sa générosité est telle qu'elle ne peut supporter pour le salut de son âme que son dieu soit PLUS généreux qu'elle. Ce n'est qu'à la constatation du contexte historique – qui n'a plus lieu d'être plus tard – que l'on suppose que dans cette démarche de ressuscitation, l’humanité ait fait preuve de moins de mesquinerie car auparavant ce dieu était encore plus radin, espiègle même. La mesquinerie humaine est telle qu'elle doit amoindrir de ses pouvoirs-attributions-idéalisations-etc. tout ce qu'est pour elle un dieu et cela, après avoir attribué à ce dieu toutes ces bonnes choses, à postériori de sa « générosité ». Qu'elle ait ressuscité son dieu après l'avoir tué le souligne d'autant plus. Pour les mahométans, que dieu s'adresse à des hommes montre encore son avilissement : comme si un dieu avait à s'adresser à un ou deux hommes en particulier. Que dieu s'adresse aux hommes (je dis bien « hommes » et pas « femmes » : dieu a beau s’avilir, mais quand même...) c'est le corrompre du pécher que ce dieu est sensé montrer, c'est Le salir, c'est un rapetissement de ce qu'Il est, Son rabougrissement à l'état d'homme, réduire Sa grandeur à celle de l'homme qui a ainsi la possibilité de pouvoir Le piétiner. Le leurre est d'admettre que l'« appel de dieu » est une forme de courage alors qu'il est la manifestation d'une lâcheté de la part de la personne qui se dit en être le récipiendaire, c'est une lâcheté devant la sexuation et ses responsabilités dont il a dit de ce dieu qu'Il n'a qu'une forme comportementale : la négation sans compromis. L'appel de dieu est un tripatouillage qui permet de se sortir du problème de l'amour entre humains sans l'aborder, en le noyant dans la boue de ses propres rétentions, de sa mesquinerie et en le moralisant de sorte à justifier cette mesquinerie : il existe dans cette morale, bien distinctement, le cul, le coeur, l'esprit et l'Autre, chacun dans une case bien à lui, avec sa propre scolastique, ses propres circonvolutions tautologiques, à la rigueur pouvant fricoter avec le contenu de la case d'à côté, mais guère plus loin, car dans ce système, tout est plat, en deux dimensions et rien de spacieux, en trois dimensions qui redonneraient à ce quadriptique la consistance et l'aisance de se mouvoir qui lui convient.

On retrouve encore de la mesquinerie dans la dialectique : la mise en opposition extrême de deux éléments issus d'un seul, de sorte à les confronter afin qu'ils fusionnent ensuite pour donner un nouvel élément neuf. Le bien & le mal, le chaud et le froid, le mâle et le femelle, tout est en opposition, rien n'est complémentaire, c'est-à-dire que les seuls éléments qui joignent ces deux extrêmes sont le fil FUTUR de leur anéantissement, pas leur présent. Il n'y a pas d'étages, de gradation entre ces deux extrêmes, car c'est précisément leur opposition qui forme leur être destiné à se supprimer dans une forme « supérieure ». Je ne dis pas qu'il n'est pas possible de procéder ainsi, que les PURES oppositions n'existent pas en ESPRIT, qu'elles ne sont pas des Idéals qu'il faille trouver dans la réalité vivante ; je dis que cette manière de faire est mesquine est ceci qu'elle ne voit en rien ce qui complait la vie, la complète = être plus car avec. Je ne dis pas non plus que le Bien et le Mal n'existe pas : je sais quand j'ai Bien et je sais aussi quand j'ai Mal et je ne dis pas qu'il faut se dispenser de faire avec, puisque nous sommes humain : ne soyons pas si mesquins. Je dis que cette opposition n'a de construction qu’ailleurs de l'ici & maintenant et ne permet la résolution du problème posé que dans cette opposition de PURES IDÉALITÉS.

Je démontre très aisément qu'entre le chaud et le froid se situe le tiède ; pour autant, du fait que je ne trouve rien entre le mâle et la femelle, il n'existerait pas de milieu qui joigne ces deux extrémités de la vie ? Ne serait-ce pas plutôt le système que manie ma pensée qui faillirait dans sa compréhension du monde en ne trouvant point de point milieu entre l'homme et la femme qui me fait certifier que ce sont là deux extrêmes de la vie en opposition ? C'est mesquin. D'ailleurs (ça y est : je cause comme un philosophe !), d'ailleurs, dis-je, cela ne plait pas à tout le monde, et l'on en vient à affirmer qu'il y a une part de féminin chez le masculin et inversement. Là encore c'est mesquin, c'est vouloir scissionner les deux sexes : c'est sur un tronc commun formé d'un nombre d'os et d'organes semblables, mêmes ceux qui caractérisent le sexe, que sont formés les corps et vient se spécifier un sexe. C'est la sexuation qui fonde le monde et elle se distingue en deux sexes qui ne sont pas des oppositions. Le simple fait d'être pourvu d'un des deux sexes ne signifie pas que je sois différent de l'autre, mais que je suis détenteur d'une spécificité sexuée. C'est une curiosité qui cherche à se satisfaire que de chercher dans et où se situent les spécificités sexuelles et de quelles manières elles se manifestent corporellement pour en justifier, éventuellement, un comportement social dérivé d'un comportement lié à la sexualité, une manière de faire avec ce que l'on a de ce que l'on est. Quel malheur de voir tant de filles et tant de garçons si distants de ce qu'ils/elles sont ! Que peuvent elles/ils faire de ce qu'ils ont ? Un peu moins de mesquinerie, de chipoterie dans la compréhension de la sexuation règlerait CE problème de la mesquinerie.

C'est pourtant simple : la sexuation est le fait d'être pourvu d'un des deux sexes où le féminin se distingue en ce qu'il assure le résultat de la fusion des deux gamètes dont elle détient pour part la moitié et le masculin en son apport pour part de l'autre moitié à cette fusion ; les modalités ressortent de ce que nous nommons « sexualité ». Dans le règne animal, se distinguent les ceux-ce dont la sexualité est liée au rut et les autres, dont nous faisons partie, où le plaisir se situe plus précisément dans l'usage de la sexuation ; la reproduction ne relevant plus que de la relation sociale des impétrants. Rien ici n'autorise le viol ni du fonds ni de la forme.

Car la mesquinerie a une raison, au sens mathématique comme au sens morale qu'au sens de principe pensant. Le fait de ne pas pouvoir penser plus généreusement, de ne pas pouvoir laisser la liberté se manifester dans le général et de s'y retrouver, où elle – cette liberté – se retrouve, a une raison qui se dissimule derrière sa rigidité. Je vais donner un exemple. Certains pensent qu'il ne faut pas chercher à spécifier les sexes car cela les réduira à des comportements rigidifiés (ce qui donne exactement le contraire de ce qu'ils escomptent, idéalement, et assurent ce qu'ils veulent pratiquement : la séparation des sexes) ; c'est oublier que la multitude implique une multitude des formes, donc de variétés : un pommier va vous donner un million de fleurs odorantes et pourtant elles seront toutes différentes les unes des autres et chacune ne va pas recevoir la même abeille (s'il en reste) de la même manière au même moment. La peur de variance fige et la raison de cette fixation de l'émotion soulevée par la variance se situe dans cette peur de ne pas être partie de cette variance qui englobe tout de son universalité. Du point de vue moral, la variance n'implique pas – selon moi – le Mal, mais selon la morale de ces invariants, le Mal est la variance. Typique de la cuirasse caractérielle.

Le salariat, le biberon précoce, le nucléaire, la dispendieuse dépense d'énergie de la société humaine, la thésaurisation immatérielle d'équivalences attribuées au résultat de l'activité humaine et la gestion de cette immatérialité, la méthode facebook qui consiste à récupérer sans votre assentiment les adresses courrielles situées sur le serveur de votre boîte aux lettres pour s'en servir et faire croire à vos correspondants, sans votre assentiment, que vous les invitez à les joindre sur leur page d’accueil alors qu'il faut impérativement que vous y créiez la vôtre, la retenue des enfants assis pendant des heures durant sur les bancs des écoles, cette bataille de surface autour du partage des fichiers commerciaux sur l'Internet, l'esprit militaire ou religieux, la politique et le politicien, le Juge pour ceci ou cela, celui qui protège ses ouvrages comme celui qui les pirate, l'un parce qu'il a peur de perdre le fruit de ses entrailles cérébrales, l'autre parce qu'il ne respecte pas autrui en détruisant l'âme de son créateur pour ne pas le vouloir reconnaître, le tarissement de l'eau comme celui de la terre arabe ou leur pourrissement par des produits composés chimiquement issus d'esprits mercantiles qui donnent du travail à d'autres qui l'exécutent poussés par le dénuement véritable ou sollicité, l'usure préprogrammée de tout ce qui est vendu, vouloir échapper aux réponses cohérentes demandées par le questionnement de l'enfance, l'épuisement de la terre autour de tout ce qui en est retiré en minéraux de toutes sortes, déjà aux temps préhistoriques sans le discernement, l’empuantissement de l'air si généreux pourtant qu'il emplit sans faillir un jour, une nuit, tous les poumons qu'on n'étouffe pas par la peur ou les coups ou la noyade, et nourrit les plantes qui vous nourrissent ensuite, le travail, tout, la CRÉATION du MANQUE bien loin de le résoudre, sinon qu'en image, et encore ! est le sujet du monde. Et je craints fort que ce soit là une des caractéristiques spécifiques de l'être qui se nomme humain, qui induit toutes les autres !

Hé oui, cette mouture du Verbe torréfié à la chaleur de la bienveillance pour le passer au percolateur des idées déçues afin d'en extraire une déliquescente amertume adoucie du sucre de l'espoir non raffiné, ne nous donnera aucune solution qui nous sorte de cette impasse de nous-mêmes ; hé oui, je ne peux dire qu'hélas ! Ce n'est pas pour autant que ce moteur du sujet du monde doit se voir dispenser de discussion à laquelle je contribue de ce moulage du même Verbe en bandelettes sur les formes rodomontrices de la langue de bois pour l'agrémenter par dissimulation, de mes couleurs, aujourd'hui.