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jeudi, 05 août 2010

L'angoisse et moi

Une caractéristique dans la démarche des "grandes personnes" vis-à-vis de moi est assez fréquente : au début, je suis sympa et tout et tout, et puis, mon côté "enfant" leur fait penser que je suis UN enfant, c'est-à-dire, à leur yeux, quelqu'un qui n'est pas encore responsable. Un enfant est une personne qui est toujours et encore dépendante des adultes de par la protection d'une agressivité qui provient principalement des autres adultes.

Mais il ne s'agit pas de ce genre de protection, dans mon cas, car ce sont eux qui se protègent d'un enfant que leur adulte a renié pour être et rester adulte, le paraître aux yeux de tous et s'y faire reconnaître. Leur bienveillance initiale à mon égard, émane de cette légèreté, de cette sorte d'insouciance, d'extrême parfois qu'ils perçoivent dans ma fréquentation comme une nouveauté, une fraîcheur peut-être, au moins un exemple d'allant confiant au monde qui les charment par cet aspect "enfant". Puis, ils transforment ceci en enfantillage, autrement dit, ils dégradent cette attitude qui leur devient insupportable, non pas par un comportement d'enfant, mais par un comportement d'adulte qu'ils ne comprennent plus, sinon que comme enfantillage.

Car ce qui caractérise le monde des adultes, de ces adultes, est la maîtrise d'une angoisse qui ne doit pas SE montrer : l'adulte est adulte parce qu'il est adulte et non plus enfant et le social présent de cet adulte est précisément une vision de l'enfant et de ses angoisses, alors que les angoisses de l'enfant n'ont rien à voir avec celles de l'adulte. Ce qui distingue l'enfant de l'adulte est que ce dernier a traversé la période de la puberté, on le sait bien ! Mais comment ? Le souvenir que cet adulte en a, reste entâché d'enfance inachevée de sorte à penser l'enfant comme un adulte inachevé et l'adulte comme une absence d'enfant.

Si, pour eux, j'étais responsable, ils me revaudraient convenablement de mes participations au monde, mais cette vision fait que je ne vaux pas le prix normal du fait de cette angoisse que je soulève et que eux ne sont pas capable d'assumer ; angoisse à l'aide de laquelle ils me rendent rendre responsable en me transformant en irresponsable.

Ma manière de vivre, qui prend ce qui vient comme il vient et opte pour le meilleur plaisir (qui est un choix responsable), se heurte à la leur qui est de se confronter à ce qui vient, de craindre ce qui va venir. Ainsi, leur responsabilité d'adultes de rémunérer ou de compenser les dépenses d'un autre adulte pour le travail qu'il va accomplir, est-il réduit à une activité d'enfant et ils payent en conséquence de cette manière de le concidérer.

J'aiguillonne leur angoisse, malgré moi, par ma manière de voir le monde et d'y vivre. Ils ne connaissent pas le plaisir qu'il y a de vivre de se défaire de la crainte par l'intelligence de l'angoisse.

Car, à leurs yeux, mon attitude exempte de cette agressivité qui est, pour eux, le répondant naturel à cette angoisse, revient à tout admettre et tout prendre, sans distinction. J'en suis loin, bien évidemment.  Il y a quelques années, j'ai été étonné de reconnaître le monde du secret (la dissimulation de la satisfaction de la sexuation) et quelques années plus tard de découvrir le secret du monde (l'angoisse humanisée de la sexuation) ; aujourd'hui, je découvre que le monde n'a pas même le courage de se découvrir à l'intelligence de l'angoisse qui lui dissimule le monde, c'est-à-dire : lui.

Et, en tant que "grandes personnes", ils profitent de cet aspect "enfant" pour assoir un pouvoir sur cet "enfant". L'enfant a besoin de l'angoisse comme moteur de croissance et de compréhension du monde ; l'adulte devrait en avoir l'intelligence : il ne l'a pas suffisamment comprise de sorte qu'elle s'est transformée en un voile qui lui voile la compréhension du monde et de lui-même, surtout. C'est un adulte qui voit le monde dépassé par les angoisses de l'enfance, à travers les yeux de l'angoisse de l'enfant passé dépassé par l'adulte présent.

De plus, ce qui est triste, c'est que si l'enfant râle, si je râle, si je dis que je ne suis pas content de leur attitude, ils se redressent alors sur l'estrade qu'ils ont montée pour étaler leur pouvoir et me rejettent comme "agressif" en me pointant du doigt à la vindicte de cette angoisse dont ils n'ont pas l'intelligence. Et ceux qui en sont le moins pourvus, qu'ils rassurent par cette exhibition, sont prompts à exécuter les oeuvres de cette angoisse dérangée dans son manque d'intelligence alors qu'ils tentent d'y mettre bon ordre.

Les travaux d'un Freud et d'un Wilhelm Reich ont tous été orientés convenablement vers l'intelligence de l'angoisse : c'est QUOI cette angoisse, en QUOI m'aide-t-elle à vivre en me protégeant, de QUELLE manière se manifeste-t-elle et QUAND, COMMENT est-elle intelligente et Où. De ne saisir l'angoisse que comme source de craintes et peurs et châtiments ne donne aucune réponse à ces questions. Au pire, je peux poser cette question : "qu'est-ce que cette angoisse-émoi ?" qui renvoie à la notion de "plaisir-angoisse" soulevée par Wilhelm Reich restée jusqu'à présent avec si peu de résolution, sinon que comme angoisse-plaisir qui résonne dans tous les bruits que génère cette société.

C'est quoi l'autorité que se donnent les plus angoissés de cette société coroborée par ceux qui s'en savent le moins exprimer que la muscularité ou un bulletin de vote, qui veut absolument l'inoculer à l'ensemble de la vie et comment, de sorte à emprisonner cette vie dans le carcan de cette angoisse sans intelligence, sans compréhension d'elle-même par son sujet ?

12:27 Publié dans Pharmacos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, politique

mardi, 18 décembre 2007

Le malheur du pharmakos et sa valeur

Il fut un temps où les anicroches, les déboires de la vie quotidienne étaient pris pour des aléas. Arriva ensuite le temps où ces aléas devinrent, plus précisément au moment de l’invention de l’élevage, des coups du sort ; et pour finir ces derniers se transformèrent, après l’invention de l’agriculture, de l'araire, au néolithique, en avanies. En fait, la transition des « coups du sort » en « avanies » en très rapide.

Dans le lot de ces coups du sort, pour l’agriculture il y a la sécheresse. Je peux donner un exemple sensiblement parallèle : imaginons un instant une panne d’électricité qui dure environ deux semaines, au mois de février, à l’échelle de l’Europe. Le gaz aura lui aussi des difficultés à être acheminé vers les lieux où il serait très utile pour chauffer et les aliments et la maison. Les plus chanceux, ou prévoyants, ou ceux qui sont plus enclins à joindre l’utile à l’agréable, avec leur cheminée auront accès à la chaleur devenue indispensable aux animaux que nous sommes, animaux dotés d’une jolie peau rose et douce mais complètement inadaptée à de telles agressions climatiques.

Les plus malins iront rapidement chercher du bois, en voiture, et les pompes pour amener les liquides carburants des tanks au réservoir étant en panne, il y aura des maîtres-syphon qui auront inventé des dispositifs adéquats. Bien. Mais arrive rapidement le moment où les pompes des raffineries, elles aussi en panne depuis le début, hé bé, il n’y a plus rien dans les tanks. L’armée sera assaillie, ce qui n’est pas un mal et détroussée sera la grande muette, de ses réserves stratégique de carburant.

On retrouverait, tout à coup, un regain d’intérêt pour l’énergie solaire qui a toujours été là, à disposition, mais pas suffisamment monnayable pour avoir une valeur, un espoir de gain de cambiste. Je ne sais pas si la jugeotte de l’être humain sera assez prompte pour percevoir que l’énergie concentrée contenue dans le gaz et les hydrocarbures devra être immédiatement utilisée à des fins de transformations de l’énergie vitale, solaire, dans l’élaboration de dispositifs permettant de concentrer directement cette énergie à des fins humaines primaires (chauffage essentiellement)… je n’en suis pas sûr, parce qu’il va se mettre à espérer que son cas va s’améliorer, lui qui s’est tant endurci à la tâche et aux déboires, aux coups du sort, qu’espérer est devenu pour lui comme la quatrième roue de son carrosse, le bougre, une sorte de seconde nature, comme l’usage de l’électricité, par exemple.

Alors la grande majorité de nos êtres humains, désespérant de voir leur espoir s’étirer comme un élastique de plus en plus tendu et imaginant que cet espoir va les lâcher (alors que l’espoir est une interprétation de la passivité de leur attitude face à un déboire et non pas l’attitude positive adoptée face à ce déboire) et se rompre. La peur va saisir leurs entrailles et ils vont se mettre à prier le dieu du sort, celui qui assène des coups, qui gouverne si mal leur existence. « Ô dieu du sort, désortilège-nous, nous qui ne savons pourquoi tu nous affubles de ce sort qui pèse sur nous ! Nous sommes innocents, ou nous avons pêchés sans que nous en sachions exactement la manière, le mode, l’intention. Pardonne-nous ! Nous, pauvres pêcheurs ! ». Etc. Mais cela ne sera pas suffisant.

Dans de telles dispositions, l’être humain est borné (autrement aussi, d’ailleurs, mais sa légèreté naturelle, commune à tous les animaux à sang chaud ou froid, lui donne une sensation d’allégresse qui le met plus vigoureux quand à son action sur le monde, plus gai) et il reproduit, borné, ce qu’il est… ne pouvant faire autrement, sinon il ne serait pas, de cette manière borné, bien sûr. Donc, l’organisation qui lui a induit l’usage délirant d’une forme d’énergie dont la rentabilité — de l’élément encore en gangue à l’utilisation terminale — est de l’ordre de 13 à 15%, alors qu’avec l’usage d’un chauffage héliothermique l’utilisation de la chaleur solaire est quasi-immédiate (c’est pour cette raison précise qu’elle est dépourvue d’espoir de gain, de valeur), l’organisation, donc, de cette société autour de l’usage d’une énergie implique une organisation connexe : hiérarchie, marchandise, salariat et le reste.Donc (ter), notre animal humain, placé face à son grave déboire, priant, obéira d’autant mieux, irresponsable qu’il est, à ses chefs qui, mis dans l’obligation de trouver une solution, c’est-à-dire réagissant à ce qu’on leur demande de la même manière qu’ils le font aujourd’hui-même, trouveront des boucs émissaires pour calmer l’angoisse devenant dangereuse avec les propensions sanguinaires qu’on lui connaît lorsqu’elle arrive à un tel paroxysme (les stades de foot peuvent donner un aperçu de l’affaire, en microscopique). Ils trouveront des pharmakos, en grec ancien, de ces individus que l’on lançait du haut d’une falaise pour calmer les ardeurs du dieu des tempêtes, ces personnes qu’on dépeçait pour que le liquide lymphatique donne à la pluie le désir de mouiller, à des pendaisons pour que l’éjaculation fertilise la terre sèche, comme l’eau de la pluie (les deux tombent, n’est-il pas ?) et d’autres rites semblables ou différents.

Avec l'invention de l'élevage qui consiste essentiellement à infantiliser l'animal de sorte qu'il perde son indépendance naturelle (qui est pour lui une sauvegarde), l'humain a comme pris sur lui une disposition semblable en se rendant dépendant des dieux, en s'infantilisant. Le travail de Freud, avec son complexe d'Œudipe, finalement, n'est qu'une critique de cette dépendance enfantine et naturelle reportée et maintenue à l'âge adulte : c'est que les parents ne font rien pour que la conclusion de leur « éducation » soit précisément cette indépendance adulte vis-à-vis de l'enfantillage, d'une manière enfantine de résoudre un problème par ce que l'enfant suppose toute puissance : son imagination.

Mais, bien sûr, l’invention du pharmakos trouvera un moyen d’être utilisée parce que les gens sont ce qu’ils sont et tels qu’ils le sont. Je veux dire qu’avant la grande panne d’électricité évoquée tout à l’heure, son usage présageait de son utilisation. On a pris l’habitude de se défaire des insectes comme on a compris ce qu’est un microbe, un champignon ou un virus : par l’insecticide qu’on appelle antibiotique ou antiviral ailleurs, par un fongicide qu’on nomme fongicide ici-même. L’être humain est borné par la compréhension qu’il a de lui-même (et je ne saurais dire si c’est inhérent à sa constitution ou si c’est plus simplement culturel — culture où il y a à faire, tout de même) qu’il imagine toujours à l’extérieur de lui-même : il pense que ce qui lui arrive provient toujours de l’extérieur de lui, qu’il n’est jamais responsable (et c’est vrai qu’à un tel stade d’irresponsabilité il est irresponsable) de ce qui lui arrive, que c’est la faute, lui qui pêche par extraversion, du monde dont il se détache, se sépare, se dissocie.

Aujourd’hui, l’industrie pharmaceutique est un des aspects de la science du pharmakos et de son usage. On croit tant, on désire tant forte l’efficacité du pharmakos — cette résolution imaginaire à un problème réel différé et qui répond au désir de se défaire d’une souffrance en la différant, en la reportant sur un élément extérieur — qu’on pense solvable l’ensemble des problèmes réels que se pose à lui-même l’être humain, par un ensemble divers de dispositions pharmaceutiques : calmants, antidépresseurs, pesticides, antibiotiques, antiviraux, fongicides, engrais NPK, insecticides, transformation du pétillement concentré de certaines roches en énergie électrique, combustion de la transformation végétale dans le temps au moyen de l’oxygène du moment, et le reste, une concoction chimique détenant l’espoir tenace de s’en sortir par un bidouillage moléculaire. Certes, l’usage de plantes pour soulager la douleur d’un problème est utile, c’est sans conteste, mais de là à en faire un mode de vie, il y a un grand pas de franchi, trop grand pas. Dans les trois sources les plus importantes de revenus, l’industrie de la pharmacie (drogues licites) et celle des drogues (illicites) sont les deux dernières : la première provient de l’industrie des armes.

C’est en cessant de se dissocier du monde que l’humain trouvera une solution à son être et son mal-être, à ces catastrophes qu’il crée, génère, entretient, dans lesquelles il patauge avec tant de délice lorsqu’il regarde un programme télé élaboré par d’autres êtres humains qui s’y pataugent autant mais mieux payé : c’est qu’il y a plus de valeur à faire le clown que d'être face à lui. Mais le clown, lui, ne résoud rien, sinon qu'en imagination ! pour de rire ; et moins encore celui qui en rit.

Et, justement, puisqu’on parle de « valeur » (quel hasard !) : ne serait-ce pas précisément ici que se situerait l’extraversion de son intériorité perdue ? Hach’ ! Une grande panne générale, en somme.

11:10 Publié dans Pharmacos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, pharmacos