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vendredi, 17 septembre 2010

Éloge du chiotte à compost

On fait souvent usage des mots « toilettes sèches » pour insister sur le non-usage de l’eau dans l’évacuation des excréments par le tout-à-l’égout, à la place de ceux de « toilettes à compost » qui, eux, sous-entendent la participation à un cycle, la transformation de ces déchets sans l’usage de l’eau, certes, mais principalement avec celui du temps qui passe qui, lui, est le summum de la gratuité et agrémenté d’un ensemble de dispositions qui favorise cet usage. Dire qu’il n’est pas utilisé d’eau dans les « toilettes à compost » est beaucoup plus impliquant que de ne seulement pas utiliser d’eau comme dans les toilettes dites « sèches » : c’est une manière de penser la gestion de l’ensemble des déchets et ceux que vous produisez vous-même, chaque jour du simple fait de vivre. La séparation des « eaux grises » (eaux de lavages essentiellement) de manière à supprimer les « eaux noires » (eaux souillées par les excréments) est un ENTENDEMENT du monde.

Il est évident que les consortiums de l’eau ont tout intérêt à empêcher que cet entendement, cette compréhension des possibles, ne se fasse pas, car c’est leur gagne-pognon. Pourtant des immeubles sont déjà équipés de toilettes "sèches" et la gestion de leur compostage ne présente pas de difficulté ; et individuellement, ce n’est qu’une question d’organisation, au mieux, collective.

L’humanité aura bien changé en bien le jour où il y aura un ramassage municipal des sacs des toilettes à compost. Il s’agit de comprendre que la pollution de l’eau qui ne se pas fera de cette manière, mènera à comprendre qu’une autre pollution, l’industrielle, est étrange par sa balourdise et son obstination, car l’effort qui sera fait par les gens pour protéger, par les toilettes à compost, LEUR usage de l’eau, ne sera plus aussi tolérant pour ce qui est des autres manières de polluer l’eau, ce sang de la terre.

Faire la « promotion » des toilettes à compost n’est pas un truc de bobo ou de baba, c’est LA solution qui englobe une multitude d’autres résolutions qui mettront fin à l'emploi qui est fait des excréments par les firmes de dépollution de l’eau à usage ménager afin de gagner de l’argent lorsqu’ils favorisent la pollution des eaux par celles, noires, des WC... jusqu’aux résidus des médicaments qui servent à vous « guérir » des maladies engendrées par cette société. Il y a un lobbying contre les toilettes à compost qui fait passer des lois par nos chers délégués, nos députés parle-et-menteurs, qui en réfrènent l’expansion.

C’est parce que, dans ce contexte social, compréhension bien étrange et ambiguë est faite avec les organes génitaux, à la sexualité, que nos déchets corporels doivent cesser de rester anodins, ignorés, comme on veut cacher les fonctions liées à la sexuation (le fait d’être doté d’un des deux sexes) et incidemment la pollution générale qui inonde tout ici. Car c’est sans doute dans cette étrange et ambiguë relation entre les excréments et la sexualité, la confusion entre un organe sexuel et une fonction excrétrice que l’affaire achoppe et que réside cette résistance à tant de simplicité. L’usage des toilettes à compost facile cette discrimination qui, par conséquent, discriminera davantage leur différence et leurs spécificités et consécutivement ce qu’il faut faire et ne pas faire en matière de « pollution ».

J’insiste sur le mot « compost » vu que, à la différence du mot « sèches », il montre mieux ce que deviennent nos excréments : des éléments d’un recyclage, une intégration des déchets humains dans le cours du temps et son usage, ce que ne montre pas le mot « sèches » qui conserve encore un aspect séparé, donc séparable de ses propres productions. D’autant que, pratiquement, les toilettes sèches demanderaient une disposition qui sépare les urines des fèces qu’un particulier n’est pas toujours à même, dans un premier temps, de faire. On ignore souvent que les urines sont stériles, chez la personne saine ; elles peuvent contenir des résidus de médicamentation, comme les fèces, mais elles sont stériles à moins de provenir d’un être très malade. Elles peuvent donc, elles aussi, être considérées comme des eaux de lavage, des « eaux grises ». Un dispositif dans la cuvette des WC peut faire cette séparation. Mais si on utilise un seau qui réceptionne aussi les urines, ces toilettes ne sont plus sèches du tout. D’un point de vue plus collectif, le seau est protégé par un sac à compost (c’est-à-dire, lui-même compostable) d’une trentaine de litres que l’on referme à peine plein et place dans un dispositif ad hoc, et il est ramassé par des municipaux selon des critères hygiéniques correspondant et sans gêne pour eux.

Le principe des toilettes à compost est simple : les matières fécales sont composées principalement d’azote qui empêchent leur décomposition rapide. En y adjoignant une matière carbonée (« on recouvre ses déchets de sorte à ce que l’usager à venir n’en soit pas importuné ») tels que sciure ou copeaux de bois, feuilles sèches ou broyat de paille, la décomposition des matières azotées qui donne cette odeur si particulière, est stoppée et commence aussitôt une décomposition de type compost. Cette décomposition, suivant qu’on retourne ou non le fumier qui perd vite ses aspects repoussants, tous les trois à quatre mois environ, demande un temps de compostage de deux ans, maximum ; au mieux il demande, avec des soins, six mois. De sorte que l’on peut confectionner deux réceptacles de un mètre cube qui seront alternativement utilisés tous les deux ans et le terreau servira pour les jardins. Ce procédé est, bien évidemment, industrialisable par une accélération du processus, l’usage de la lombri-culture, etc. à l’échelle communale. L’hygiène liée au procédé est connue et sûre. Les résidus médicamenteux eux-mêmes disparaissent dans le processus de compostage.

La différence de traitement des eaux grises des eaux noires est considérable. Les eaux noires (la chasse d’eau des affaires) qui contiennent les excréments humains sont réellement pathogènes, nocives et délétères, mais seulement parce qu’elles contiennent ces excréments. Dès lors que les eaux domestiques sont exemptes de matières fécales, elles peuvent être considérablement mieux traitées par lagunage, sans aucun problème, qui est moins coûteux en énergie (c’est le soleil et les plantes qui travaillent pour nous). C’est une des raisons pour lesquelles les consortiums de traitement des eaux veulent conserver le tout-à-l’égout actuel qui ne fait pas cette discrimination, car c’est dans ces « eaux noires » qu’ils trouvent leur légitimité ; et la propagande qui va avec.

C’est donc l’approche que l’on a des déchets en général et de ceux qui vous sont les plus intimes et dont vous voulez vous débarrasser au plus vite (vade retro, satanas !) qui résoudra un des aspects les plus immédiats de la pollution et, pouvant déteindre sur une compréhension plus générale de la pollution générée par cette société qui n’a que faire de ses déchets, sinon, encore le même déchet, dès lors qu’elle y trouve son compte, l’argent qui est, lui, incompostable, ces toilettes à compost permettront de saisir une autre organisation sociale qui saura générer moins de travail pour moins de déchets !

Note d'avril 2017 : la difficulté, en ville, est de trouver de la sciure ou autre matière carbonée de bonne qualité. J'ai remarqué qu'en utilisant du pellet de bois (ou granulé de bois) légèrement humidifié et auquel on a jeté une dizaine de gouttes d'huile essentielle de cèdre ou autre résineux, fait très bien l'affaire, car la cohésion de ce granulé tient sur sa déshydratation. Un sac de 15 kg (4 €) doit pouvoir tenir un couple de mois...

Commentaires

Non seulement pour l'environnement, mais aussi pour la tête. S'occuper de ses déchets revient à n'en pas vouloir TROP produire qui vous soient nuisible. Quand je pense que des portions entières de notre planète deviennent des poubelles irradiées et infréquentables, on comprend ce qu'est de s'occuper, AVANT qu'ils n'arrivent, de nos déchets.

En fait, comprendre le chiotte à compost revient à saisir, selon moi, tout un ensemble de dispositions totalement insalubres qui ont été mises en place — certainement par ignorance pour finalement arriver à la conscience en les chassant de cette conscience comme *volontairement* nuisibles, s'agissant des connaissances que nous avons des diverses productions et de leurs impacts sur nos existences — revient à comprendre que nous produisons de la mort sans que cela soit vraiment indispensable, en étant moins mesquin.

Et d'ailleurs, selon moi, il y a encore une relation (que d'aucuns vont nommer "psychiatrique") entre ce que nous faisons de nos déchets corporels (*gérés* jusqu'à la constipation, souvent) et cette mesquinerie qui taraude tout de nos vies, et essentiellement l'intelligence, l'entendement du monde.

Écrit par : Kristaristeau | jeudi, 25 août 2011

Je comprend bien le sens général du propos. Mais j'ai un point de doute et un autre de désaccord.

Le doute porte sur les résidus médicamenteux. J'ai du mal à croire que ces molécules chimiques, parfois nombreuses, puisse totalement être métabolisées, ou neutralisées, par le processus de compostage (que ce soit la chaleur, la fermentation ou la décomposition par des bactéries). C'est un point qui est assez peu documenté. Et ça n'a rien de neutre, si je dois utiliser ce compost. On m'objectera que le problème est le même avec le fumier de cheval, les lisiers porcins...

Le point de désaccord porte sur les députés "parle-et-menteurs". C'est le pire moyen pour les empêcher de tenir votre propos à distance. En réalité, ils sont comme l'immense majorité des gens, travaillés par un discours dominant, imprégnant tous les milieux, toutes les couches de la société.

La pédagogie est toujours plus utile que l'insulte. C'est vrai avec des enfants. C'est tout aussi vrai avec des députés. Sauf à ne pas vouloir ni les convaincre, ni vraiment vouloir changer les choses.

Écrit par : Iker | mercredi, 15 août 2012

Merci Iker, pour vos remarques. Effectivement, je m'essaye pédagogue, parfois à travers des remarques aiguisées qui ne sont pas toujours du meilleur cru et sinon même, parfois gamines.

Les médicaments, de toutes façons sont des substances données en quantité excessive pour prouver leur efficacité et le reste s'en va dans la mature. C'est comme le nucléaire où on a beaucoup de peine à admettre que plus de 60% de l'énergie est NON-récupérée et s'en va dans réchauffer l'environnement et évaporer de l'eau dans un usage d'échange calorifique — sans compter que cette "énergie" n'est pas entièrement récupérée, puisque ces matières restent fissibles encore des milliers d'années. Donc, que le compostage passe ou pas : quelle importance ?

Cependant, si j'était âgé du tiers de moins qu'aujourd'hui, je me lancerais dans l'étude des champignons qui président en majeure partie à ce compostage. Et je m'apercevrais sans doute que celui des molécules médicamenteuses (vous avez vu, je n'ai pas fait de jeu de mots, genre "parle-menteur" !) **pourraient** être opéré pour les transformer, elles-aussi, en matières organiques non-nocives, ce que nos pédagogues de députés, ignares au possible de toute alternative présentant un progrès au bonheur qui ne soit pas une peine (pour voir, j'ai participé à l'élection d'un d'entre-eux, tout dernièrement et très activement, et en ai donc fréquenté plusieurs pour ce faire) ne favoriseront jamais, car ils ont d'autres **intérêts**, sans doute plus prosaïques, mais très "prioritaires".

Et puis, si une molécule médicamenteuse ne se décompose pas, qu'en est-il de la responsabilité du pharmacien qui l'a conçue ? Comment cela se peut-il qu'il y ait sur le marché de telles "molécules" dont on ne pense pas à la pérennité "curative" pour ceux qui n'en ont pas besoin ? Sans réellement se pencher sur le pouvoir curatif de telles molécules, on rejoint-là le même problème : in-produire des déchets est hors de portée commerciale !

Je vais donc oser le parallèle que vous me suggérez, entre ces **malades** qui prennent sans responsabilité sinon que celle qu'ils considèrent comme essentielles pour eux, consistant dans leur survie, coute-que-coute, sans penser à leur action environnementale dont nous faisons partie, et nos députés qui sélectionnent des dispositifs à notre intention et demeurent sans responsabilité quant à l'effectivité de la nocivité qu'ils induisent par leur in-décisions. Je n'ai pas besoin de gratter une croute très épaisse pour montrer que l'**intérêt** des uns et des autres — subtilement opposé selon un diamètre sur un même cercle — est bien éloigné de toute préoccupation sinon que leur propre intérêt immédiat : ici guérir d'une société qui rend malade, là en retirer un max de profit : pingrerie affective chaudement blottie contre pingrerie de l'espoir de gain.

Incidemment, je pense que mon "perle-et-menteur" vous a choqué — veuillez m'en excusez, je vous prie — parce qu'il a choqué la confiance que vous avez mise en ces personnages importants socialement, puisque c'est eux, grosso-modo, qui organisent la société, c'est-à-dire, la protection de cette organisation sociale contre ce qui l'agresse ou agresserait. J'ai vu et vécu la disparition du champ que laissait cette organisation sociale à ce qui n'est pas elle, se restreindre comme glaçon au soleil. Oui la femme peut accéder à une position dans **cette** société qui est bien plus acceptable qu'il y a quelques années seulement (encore que d'incliner son attention sur sa position au cours d'une période qui s'étend du X-ème au XIII-ème siècle, en France, la ferait un peu rosir), mais on voit toujours des "spiritualités" fondre sur sa sexualité à coup de genralité où on se pose la question de la reproduction comme plaisir ou plaisir contre reproduction, avant de penser plaisir pour plaisir qui est l'essentiel, finalement, de ce qui vit ; et la violence qu'on lui oppose, à cette femme, est encore suffisamment prégnante pour lui en ôter tout accès, à ce plaisir qu'on s'évertue à rendre illégitime ou à voiler. Finalement, un nouveau produit, lui non-plus compostable, le "genre", vient s'étaler sur l'ensemble sociale humain, comme une maladie dont le médoc serait le TRAVAIL, cette transmutation de l'activité humaine créatrice — que pourrait-on, diable !, faire d'autre ? — en une maîtrise indélicate, maladroite et boiteuse de la vie qu'on retrouve dans l'argent thésaurisable, spéculatif, bourré d'espoir auto-nourrissant comme fin d'un malheur ou du malheur et réglant tout à sa mesure selon **sa** valeur.

On mesure ici et là que les gens qui se décrivent en état de solitude a doublé (de 3 à 6 millions) en 10 ans et que 40% de femmes-cadre se disent seules. Les gens ne se rencontrent plus : je veux dire que la capacité de compostage de cette société a tant diminué que le terreau qu'elle procure à la vie, s'amenuise et s'assèche jusqu'à ne produire plus que des produits in-compostables, par manque d'eau, celle de l'amour, du sens gratifiant de la perte. Mon article, sur lequel vous avez eu la gentillesse de vous pencher, est un bel espoir que je sais pertinemment impossible, pour cette raison-là.

Écrit par : Kristaristeau | jeudi, 16 août 2012

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