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vendredi, 15 mars 2019

Le rôle du travail dans la transformation de l'humain en homoncule

Quels ont été les éléments du passage d’une société à filiation matrilinéaire, à la sexualité libre ignorant la vertu du sperme, à celle du patriarcat, à la sexualité contrainte basée sur l’homoncule ?

Quand on parle des temps anciens ou des sociétés présentes sans technologie, on trouve partout l’expression « chasseur-cueilleur » alors que la base sociale de la nourriture était la cueillette... qui est principalement exécutée par les *femmes* ? Ceci n’empêche pas la participation des femmes à la chasse et celle des hommes à la cueillette : il s’agit de rétablir la proportion des importances d’apport de la nourriture pour l’un et l’autre sexe. Ainsi, les apport de la femme au pot commun est-il au moins deux fois plus important que celle de l’homme avec sa chasse ! La cueillette consiste, certes, en cueillette de racines, feuilles, etc. mais aussi de l’élevage de larves, de champignons, etc. qui sont *aussi* important en protéines que la viande ! (En y pensant un peu, le premier outil en bois, a été inventé par la femme : le bâton fouisseur et non pas la lance dont on voit partout les hommes, encore eux, à la poursuite des animaux. Et la chasse consistait essentiellement à courir après l’animal pour l’épuiser : la lance arrivant pour l’achever).

Ainsi, de parler de « société de chasseur-cueilleur » est dépréciatif par rapport à l’empreinte de la présence de la femme dans cette dite-société. En conséquence, on devrait *toujours* parler de sociétés de cueilleuses-chasseurs ; car *ensuite* il a toujours s’agit d’agriculture. L’importance de la femme par son apport pratique de nourriture à la société est sans appel, aujourd’hui encore dans ces sociétés « primitives », société dont on peut considérer l’ensemble des femmes et des hommes comme *ensemble*. Je suis sûr que vous avez déjà compris l’affaire...

Le néolithique n’a pas commencé par l’agriculture, mais par l’élevage, dont la domestication des ovins semble être le point de départ. La chasse devient beaucoup moins indispensable, mais l’apport de la cueillette reste le même. Ici, l’élevage était une pratique mâle, quand la traite reste femelle, ou au moins la transformation du lait et de la chair en aliment, comme auparavant (encore qu’il s’agissait de la position du feu : intérieur -> femelle – ou extérieur –> mâle). Cet élevage a induit une « mentalité » – je parle *d’état d’esprit* – qui interprète la relation humaine à son nouvel environnement. Ici, il s’agit de *multiplier* les animaux, alors qu’auparavant, l’ensemble de la pensée était orientée vers l’idée de *division*. Pourquoi passe-t-on de la « fertilité » à la *fécondation* ? On disait d’un troupeau fertile qu’il se divisait en beaucoup (un, deux, beaucoup), on parle de la fécondation quand on multiplie (un, deux, quatre, huit...).

Ce qui m’a étonné jusqu’à maintenant, est que la légende qui « certifie » le caractère fécondant du sperme (au point d’en faire l’élément fondamental et unique de la reproduction de l’espèce : l’homoncule) date de 4 à 6 milles ans avant JC, ce qui est tardif au regard de l’invention, et de l’élevage et de l’agriculture (12 milles pour le premier, 8 milles pour le second). L’apparition du patriarcat n’est pas concomitant à l’invention de l’agriculture, mais postérieur... pourquoi ?

L’agriculture a déprécié l’importance de la femme dans l’apport de la nourriture, en ceci qu’elle a déprécié la cueillette, cueillette initialement à la base *sociale* de l'apport de nourriture, tandis que la chasse restait un mieux-être. Cette importance a été *socialement* dépréciée par l’agriculture qui apportait la nourriture à partir du *travail* de l’homme, une activité *autre*, alors que l’ensemble de l’activité féminine était considérée comme une  *activité naturelle*, dont, la cueillette, la grossesse et l’accouchement... d’où son importance *sociale*.

Chez les Trobriandais (La Paternité dans la psychologie primitive), les hommes émettent quelques doutes quand à l’absence socialement affirmée de non-correspondance entre le coït et la reproduction de l’espèce. Nous sommes dans une société de *jardinage*, où c’est le frère qui « nourrit » la sœur (bien qu’elle participe à la production maraîchère). L’activité liée à la nourriture est l’occupation des deux sexes, concomitamment. Ici encore, les femmes se moquent totalement de savoir *si* elles sont engrossées par les esprits ou par les mecs : c’est conforme à leur constitution de femme, à leur spécificité de femme que de mettre au monde des nouveaux-nés ! Et, chez les Trobriandaises, cela n’a aucune relation immédiate avec le coït. Il doit donc exister des dispositions pratiques où le procédé de la reproduction de l’espèce devient un questionnement *mâle*, sinon cela n’a aucun intérêt, ou même un intérêt extrêmement négatif, sachant ce qu’on connait du patriarcat.

Cette décrépitude de l’importance *sociale* de la femme qui mène à l’importance de la reproduction de l’espèce ayant pour centre social le mâle, provient du délitement de son importance dans l'apport de la nourriture, du fait que l’activité agricole est d’abord une activité mâle, dirigée par le mâle : ce sera donc lui qui prend la prééminence sociale de l’apport de nourriture. Cette situation est *sociale*, c’est-à-dire que l’homme a *droit sur* la femme et incidemment en matière sexuelle, outrepassant la femme consentante. C’est l’invention stupide et délirante du viol. Dès lors, la femme perd (comme je l’ai montré ailleurs) sa capacité naturelle à la régulation des naissances, et c’est *elle* qui fait la relation immédiate entre le coït forcé (le travail de l’homme) et la grossesse. S’instille alors une crainte du mâle qui vient confirmer à ce dernier qu’il *est* le mâle.

Le passage d’une société de filliation à celle à filiation (de mère à fille à celle de père à fils) se passe par la dépréciation de la femme dans l’importance de son apport *social* qui était de nourriture, importance vis-à-vis du *travail* du mâle à suer agricole. Le patriarcat se caractérise par le « moi-je », « c’est moi qui » (d’où le dieu mono), et disparait alors tout ce qui produit une cohésion sociale de partage et de sexualité « libre » ; bref, apparition de gens d’armes, d’État, d’impôts, de fainéants, de l'obnubilation de la plus-value. En inventant le *travail*, le patriarcat a inventé le viol. Et avec le viol, la grossesse est devenue une maladie.

C’est donc à cause du *travail* – alors qu’elle participait à une occupation sociale de son temps au cours d’une activité nourricière – dédié à la femme, travail qui induit la dépréciation sociale lde a cueillette dans l’apport commun à la nourriture, qu’est né le patriarcat, et avec lui son lot de malheurs *sociaux*, la découverte de la vertu fécondante du sperme – émissaire de l’homoncule, loin d'une vertu « fertilisante », mais procréatrice où la femme devient le vase de l’enfant à naître émis par le père – et les maladies inhérentes à la *désocialisation de l’humain*. Il a séparé le corps en deux entités : la chair et l’esprit.

Qu’importe les représentations du Primitif ignorant de la vertu du sperme, elles sont toujours liées à l’immédiat de la vie de son environnement sur la planète (religion animiste), tandis que le patriarcat a inventé, alors qu’il était soul de bière, le Verbe et celui qui l’énonce – Dieu – pour se dissocier de la vie sur la planète, de son environnement.

Avec l’agriculture, le mâle a inventé le travail en s’imaginant (il a fallu attendre Oscar Hertwig en 1876 pour montrer la coparticipation des deux sexes dans l’union des gamètes femelle et mâle) qu’en éjaculant il dépose dans la matrice de « sa » femme un *homoncule* (idée saugrenue qui montre l’étroitesse de sa pensée du monde). Il se destine à imposer le travail à tous et principalement à la parturiente. Le travail et l’homoncule sont l’essence du patriarcat. L’humain a disparu... reste un pantomime souffreteux socialement, affectivement et sexuellement.

Le patriarcat est une erreur humaine. C’est une erreur pataugeant dans l’insatisfaction sociale, affective, sexuelle. Elle est rectifiable. Le capitalisme est aujourd’hui le petit doigt qui cache le patriarcat en mouvement. Le patriarcat a inventé la souffrance socialement homicide – il s’agit du travail – pour remplacer l’occupation sociale, bienveillante, collaborative et partageuse, communiante. Il a inventé la mécanique et la béquille de la plus-value, insistant sur la fait que notre cerveau est destiné à cette technologie et aux « eaux glaciales du calcul égoïste », qui pourrissent tout. Or, notre cerveau est destiné à la suprême socialité. Nous savons quoi faire !

mardi, 01 avril 2008

Au près de l'Histoire

Restreindre la notion d’« Historique », d’Histoire, à la seule existence de l’écriture est réducteur car l’écriture étant apparue avec l’organisation sociale assise sur le patriarcat, c’est se dispenser d’en remonter plus haut. Tout comme l’organisation patriarcale de la société, l’écriture est fille de l’agriculture. Et comme il y a eu un temps avant l’agriculture, il y a un temps autrement historique, autrement humain. Seule une civilisation agricole et patriarcale peut inventer, par exemple, la naissance du monde à partir d’un dieu, mâle ou supposément asexué, et cette description se retrouve chez les Mésopotamiens, les Égyptiens, les Grecs et les Hébreux. Ces civilisations étaient donc des civilisations patriarcales.

Il semblerait évident que, par manque d'écriture, on ne puisse pas connaître la teneur de la civilisation qui précéda l’agricole. Ce n’est pas juste. Il est possible de reconnaître les temps précédant l’agricole, avec un petit peu d’entraînement. Il s’agit seulement de se dispenser de penser selon le mode agricole et surtout patriarcal ; c’est-à-dire de bien comprendre ce qu’est le monde agricole-patriarcal.

La critique du monde patriarcal existe dès la naissance de ce dernier. Les femmes et les enfants, les soi-disant faibles d’esprit subissant cette pensée n’ont pas immédiatement (sinon jamais puisque cette critique se formule encore de la même façon !) approuvé ce mode d’organisation de la société. On va trouver donc, dans le lointain, ces formulations cachées par le patriarcat (tout comme il cache l’existence du monde ayant eu vie avant son avenue), c’est-à-dire selon des formulations patriarcales.

(((Un chemin plus rapide nous mènera au mode de penser d’aujourd’hui avec plus d’acuité. La psychanalyse a découvert, pour s’y être confronté dans sa démarche thérapeutique, très tôt dans sa carrière la « cuirasse caractérielle » : une structure vago-végétative irrépringible dans sa manifestation musculaire agissant au cours d’émotions insupportables pour l’organisme en question ; un système protecteur d’un pire perçu dans le plaisir. C’est ce que je nomme un « état d’esprit » : impossible de penser ou d’agir autrement que selon le mode de vie, son interprétation et ses désirs que votre propre système neurovégétatif vous permet.)))

Le propre de l’humain est la capacité à raconter l’histoire. Se souvenir d’une technique est commun à tous les mammifères. Ce qui nous distingue est cette capacité à raconter ces techniques, non pas à montrer ces techniques, mais à les raconter ; c’est-à-dire à en différer l’application soit dans le futur soit dans le passé. Ainsi, l’Histoire ne commence pas avec l’écriture, n’en déplaise à plusieurs, mais bien dès l’humanité.

Cette marque de l’humanité fonctionne dès la naissance de l’humanité : la capacité à raconter une histoire : l’Histoire débute là où on raconte. Elle n’est pas dans les os, les formes d’un crâne ou d’un bassin ou une démarche : elle se situe là et quand on commence à raconter… une histoire.

Dans ce sens, l’humanité qui se raconte le bonheur n’est pas quelque chose exempte de malheur provoqué.

Mais approfondissons cet aspect des choses : raconter une histoire c’est avoir recours à un intermédiaire entre ce qui est arrivé (que ce soit à soi ou à un autre) et une autre personne : on s'adresse à quelqu'un capable de reproduire l'histoire. Donc, corrélativement, l’histoire commence à la naissance de l’intermédiaire, de la personne tierce et cette tierce personne n’existe pas ailleurs dans le monde animal que chez nous, les êtres humains.

Et toutes les considérations qui tournent autour de notre définition ne tiennent qu’à ces deux-là, dont l’une découle de l’autre : raconter une histoire à quelqu’un. Quelle étrange qualité la nature ne nous a-t-elle pas donné là ! Et quelles conséquences ! La misère pour plus de la moitié d’entre-elle à qui on dispute l’existence même, par exemple : il suffit pour cela de lui raconter des bobards dès sa naissance sur la réalité de sa réalité.