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dimanche, 01 août 2010

Succès damné du futur passé

J’ai visionné deux films dernièrement, dont on ne doute pas de la trame comme transparence d’une problématique sociale présente. Il s’agit du Schrek 4 et de Prince of Persia :

- dans le Schrek, le héros se retrouve à vivre dans un monde où son existence sociale a disparue et réussit à annuler cette absence ;
- dans le PoP, le héros se retrouve à défaire un vécu qui a été une erreur grave.

Dans les deux cas, le héros se retrouve dans un présent qui, après une expérience douloureuse et un zest de magie, obère ce passé malheureux.

Je pourrais seulement jouer avec les temps que ces transpositions d’une personnalité nous montre et, donc, relever une conception du temps un peu étrange, mais ce qui m’a le plus interrogé est cette idée de défaire un passé : chez Schrek, son pacte avec le diablotin, chez PoP, l’usage de la poudre à Temps, du sable qui remonte le sablier.

S’il ici remarquable que deux films d’une même période d’une époque soulignent simultanément, chacun à sa manière, la possibilité de vivre l’intolérable et de n’en garder qu’un souvenir absolument secret, il est aussi pendable que l’on puisse faire vivre à deux héros si différents le regret d’un choix dont ils se refusent à assumer les conséquences désastreuses d’une part et d’autre part que le présent, devenu une partie du futur, est rétractable et pour finir, que ce retrait se pose comme une solution au présent, à la fois dans l’ennui que ce présent possède en masse et à la fois dans ses inconvénients divers comme conséquence des décisions du passé ; à ceci près que ces héros ont été, chacun, les seuls à avoir eu ce vécu qui n’est donc historique que pour eux seul et pour eux seul sans partage possible. On désire vivre le pire de manière anodine.

C’est un bon signe : le pire commence à être fatiguant à vivre. A mon avis, le mieux, pour l’éviter, est de ne pas le faire vivre et de le penser avant de le vivre. Et c’est là que pèche ces deux films : pour anticiper le pire, il ne faut pas seulement intégrer le présent comme simple succession d’événements et comme conclusion du passé, il faut comprendre ce fait historique comme résultat de l’Histoire qui, elle est irréversible quel qu’en soit le désir du vivant de sorte à le vivre sans doute avec la tentation de l’excitation du pire, mais aussi l’intelligence de s’en passer.

On ne peut revenir sur la pollution chimique, radio-active et électromagnétique, par exemple, déjà produite, même et seulement par désir et un peu de magie, d’images ; ou bien il faudra un bon bout de temps qui est irréversible et qui est déjà perdu pour cette cause. Il est encore possible de se demander quelle aurait été la nature du progrès sans l’exploitation de la femme et de l’enfant par l’homme ; je veux dire : quelles auraient été les relations entre nous dans de telles conditions de sorte à rendre désirable un retour irréversible à des dispositions prenant en compte un tel arrangement de la vie humaine. Le pire qui serait évité serait le présent présent, bien sûr, qui ne tient pas compte de ce fait désolant mais réel que l’humain est peut-être bon, individuellement, mais déplorable, collectivement et qu’il ne sait pas encore – sans doute pour ne l’avoir pas admis et qu’il croit à la magie de ses images – comment s’arranger d’un tel pire qui sera, de par sa nature, toujours présent comme moteur d'une excitation à détourner !

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