mercredi, 17 mars 2010
Aveu d'impuissance
Si un jour j'ai été ou pu être intelligent, je n'ai jamais réussi à l'être suffisamment pour vivre avec des gens dont je n'ai rien à faire et dont l'entendement me dépasse tant je le trouve stupide. Ce n'ai pas faute d'avoir essayé : j'étais gai et inconscient, je n'ai trouvé de solution que dans la mélancolie et la méfiance. D'ailleurs, on ne peut plus faire un pas dans la vie sans marcher sur une merde de chien : c'est dire la convivialité de mes contemporains, et leur sens du partage.
La richesse ne s'est jamais posée pour moi comme facilitation à la vie, car j'ai toujours considéré que la vie pourvoie en tout ce qui m'est nécessaire pour vivre et le lendemain et sa thésaurisation me sont totalement incompréhensibles. Je n'ai d'ailleurs pas mieux réussi à différer de cette manière de vivre et n'ai jamais eu à m'en plaindre. Cette angoisse qui fourmille les nerfs de ces animaux qui se nomment humains (on se demande quelle définition ils donnent eux-mêmes à ce mot lorsqu'ils éventrent la femme enceinte, emprisonne leur semblable pour de l'argent, fusillent ceux avec lesquels ils ne sont pas d'accord, prostituent la fille qui leur a donné sa confiance, tabassent ceux qui vont librement et l'enfant qui ne suit pas leur route de crottes ou encore tente sans fin de laisser dans leur crasse leur contemporain pour éprouver la sensation de lui être supérieur) je l'ai calmée par l'amour ou le vin : ils tuent l'amour dès le giron ("ça bouge ! ha ! ça bouge !") et rendent le vin à eux seuls buvables selon leur goût, empoisonnant le reste.
Il est donc difficile d'être un peu intelligent, pas suffisamment pour s'adapter à ce monde et trop pour n'en avoir pas conscience et continuer à vivre la vie que la vie vous a donnée.
Je n'ai jamais aimé le travail, jamais. Le travail est le pire des moments de vie à passer pour moi et j'y ai rarement été assujetti, quitte à mourir. Je ne comprends pas que, doté d'un semblant d'intelligence, on s'en serve pour en souffrir et en faire souffrir les autres. C'est qu'il s'agit là d'une intelligence particulière, sur laquelle bien trop peu se sont penchés. Et c'est là le hic, car eussiez-vous été doté de celle nécessaire à cette compréhension que vous préféreriez vous faire achever devant tant de malheur, de souffrance, de torture que les uns s'infligent et aux autres.
Et c'est dans cette sorte de succession des événements du temps que j'ai été piégé, comme l'histoire de la grenouille dans un bocal placé sur une source de chaleur, où on ne se rend pas compte qu'on avance vers la perte de son âme, à moins d'un refus catégorique du système qui risque de vous porter à la folie socialement disruptive. Il est malaisé de n'être que peu intelligent ou pas assez, sans avoir cette inclination qui vous fait l'utiliser pour le malheur des autres, comme un politicien, par exemple, ou un curé d'une des quatre religions monodéistes, ou un policier, ou un militaire. La différence entre un fonctionnaire et un bureaucrate c'est que ce dernier a perdu son âme.
Il n'est pas si difficile pourtant de ne pas aimer la misère ou le misérabilisme, si ce n'est que d'en avoir un penchant à la vue comme au cœur dissimulé au cœur ou à la vue. L'humain a inventé la musique pour fortifier sa certitude de vivre gai et il l'a réduite à panser ses malheurs.
21:22 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poésie, politique
Commentaires
Pour ne pas en souffrir(ou du moins alléger la souffrance car comme vous le travail me pèse) ne faudrait-il pas en changer régulièrement?
Pour pouvoir reprendre sa respiration et ainsi continuer à penser puisque le changement, le mouvement, les nouveaux rythme me semblent propice à la réflexion et peuvent devenir un bouclier contre toute aliénation.
Écrit par : plurielle | jeudi, 18 mars 2010
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