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mercredi, 25 avril 2007

Basse base

Le matin je me réveille et j’ai déjà l’envie de mourir.

Je suis devenu un végétal : mon désir n’a pas lieu d’être car il ne trouvera pas d’accomplissement ; et sa manifestation m’est plus douloureuse encore. Autant qu’il reste dans ses racines.

Je n’ai pas envie de bouger : c’est lourd, c’est dur, c’est pénible : pourquoi bouger ? Pour n’atteindre pas ce que l’on désire ?

Je n’ai pas envie de penser puisque tout me ramène à toi et principalement ton manque et que les plaisirs que me donnent le mouvement naturel des idées restent dans la cage de ma cervelle.

Ce n’est pas seulement la solitude qui pèse de ses tonnes sur mon corps, c’est aussi de ne pouvoir pas m’alléger de l’amour que j’éprouve pour toi, de le donner ― si cela a encore un sens vu que tu le refuses. Hier matin je vois une rose jeune éclose rouge de mon jardin : en en sentant le parfum, je l’embrasse de ces petits bisous qui me manquent tant lorsque je te les donne sur un endroit doux de ton visage. Et le pétale est lui aussi doux que l’endroit doux de ton visage, même odeur.

Végétal ayant rejoint le végétal faute d’animal.

mardi, 24 avril 2007

Le leurre touche le fond

Cependant, je ne veux tromper personne : je ne suis rien, sinon que ma prétention, c’est à dire pas grand’chose.

Je n’ai rien fait, je n’ai pris plaisir qu’à paresser, à penser parfois, sinon à réfléchir sur un ou deux sujets sans jamais écrire une ligne sur ces réflexions, ou d’une manière si confuse que rien ne peut en sortir de fructifiant.

Vains mots pour un vain homme. Car, même si j’étais un peu doté d’un talent, quelqu’il soit, je ne serais pas si seul : un talent, comme son nom l’indique, attire des gens. Et du fait de me dire en être doté d’un (lequel ?) si intransigeant, je ne sais pas venir à ceux qui en possèdent un autre de sorte, à au moins, m’en faire un disciple, puisque tant j’aime le talent.

Car mon caractère rétif à admettre qu’il puit y avoir un être plus talentueux que moi, ne tolère pas, non plus, de me laisser aller, sans critique superflue, à ce à quoi j’aspire à l’extérieur de moi.

Piètre individu qui, finalement, n’a que le sort qu’il s’est donné ! Foi de vitupérentes, de vilenies somptueuses et de cafardages délétères : je ne suis rien, n’ai rien fait qui soit tangible et ne vaux pas plus que mes œuvres.

Tant pis pour moi.

Mais que faire aussi lorsque tant de gens, et des femmes surtout, prennent tant de psychotropes pour supporter la vie sans amour. J’ai rencontré une femme très jolie, à mon goût, intéressante, qui éveille mon esprit d’homme. Mais, hélas, la femme est sous anti-dépresseur : que peut-elle ne pas avoir peur d’un homme qui possède encore toute sa vigueur du fait qu’elle n’est pas altérée par ces psychotropes ? Vous l’approchez, lui dites des mots doux, caressants, sans aucune intrusion ou obligation : que voulez-vous que cette femme ne prenne pas peur de ses émotions, des émotions qu’elle ressent en elle, car c’est justement ce manque d’amour qui la rend dépressive, qui lui fait dire qu’elle n’y arrive pas, c’est le manque d’émotion positive qui la rend dépressive. Et le courage de se prendre en main à travers des médicaments correspondra toujours à celui de prendre en main son destin avec des béquilles.

Mais c’est cela ou la mort, me dites-vous. Et ma mort, à moi, qui refuse ces béquilles parce que je sais de quoi cette dépression est faite, quelle est son origine, et que pour résoudre son problème il faut toute sa tête garder ?

Je discute de ce problème avec une amie qui me dit : « hé oui, ces gens ont souffert et ne sont pas près à souffrir encore d’une nouvelle relation ». Je lui réponds : « C’est justement cela qui est désolant : que les gens n’ont plus d’énergie pour dépasser la souffrance passée en entamant une nouvelle orientation. C’est ce manque d’énergie vers le nouveau qui est désolant ». La souffrance sera toujours là lorsqu’il n’y a pas la joie pour l’effacer et ces médicaments effacent la joie même de se donner.

Les femmes ne sont que ce qu’elles sont, c’est-à-dire ce qu’on en fait et qu’elles acceptent, depuis la nuit des temps, depuis environ 750 000 ans, à peu près. Et les hommes, qui ne savent pas ce qu’ils sont du fait de ne se savoir pas se situer dans l’élément du couple humain qui n’est qu’un couple issu de la nature, animal, n’est qu’un présomptueux, et encore, quand il bande, car alors la femme s’attire cette disposition lorsqu’elle apparaît et qu’elle la retrouve opportune. Et quand il se manifeste par trop de cette manière, tout à coup, car c’est sa forme d’amour, elle se met à le fuir pour en prendre un autre moins présomptueux et plus docile.

Les gens iront toujours au travail, même après des événements terribles, ils se laisseront bernés par les syndicats, les beaux-dires politiques pleins d’espoir, et le reste. La femme aime la comédie, l’homme le drame, quoi faire, quoi dire : ils se supportent joyeusement l’une(e) l’autre !

Si tu ne me sens pas dans ce monde, mon ami, disparaît ! Que diable ! Que crains-tu ? Le vide ? Cesse de nous casser la tête ! Tu pestes comme un potiron que ne se voit pas transformé en carrosse ! Ou comme un Donald qui pleure de n’être pas plus réel qu’un papier dessin ; ou qu’une cuillère à pot sur la cheminée d’une centrale nucléaire pour l’éteindre.

De tout temps j’ai été hypnotisé par la beauté de la femme. C’est moi le con. Qu’on en parle plus ! Car ce que j’ai dû confronter pour admettre que le monde est fou et qu’il ne peut en être autrement, c’est bien ma propre folie.

vendredi, 20 avril 2007

La scène du monde

Sur la scène du théâtre, l’humain se joue ses propres sentiments, haines, affections, avec bassesse ou fierté, dans le meilleur des appareils, sous les meilleures hospices et sans aucune réelle souffrance ; peut-être de la joie : celle de jouer son rôle devant d’autres.

Mais toutes ces bonnes choses, ces morales, ces certitudes, ces explications, ces dévotions, ces conclusions ne sont que du vent et on peut se demander s’il ne les joue pas pour ne pas les vivre, ou parce qu’il n’est pas capable de les vivre autrement que comme représentation de lui-même.

On applaudit souvent pour la sincérité de la reproduction des sentiments, car cela a attendri un cœur qui se cache derrière la crainte de paraître ce qu’il est vraiment et que l’on voit reproduit devant soi.

On y voit parfois de la méchanceté guérie ou villipendée, mais c’est une vue de l’esprit car ce ne peut être réalisé ainsi, selon un schéma qui n’a rien d’autre qu’idéal, de l’ordre de l’idée.

On y voit des tords redressés, des enquêtes savantes pour rechercher la vérité, mais rien de toutes ces bonnes « œuvres » ne se retrouvent dans la réalité ; à croire même que plus elles sont représentées et davantage elles sont bafouées, comme à plaisir : celui de se voir dans sa pure réalité, le reflet de ce qu’on désire vraiment vivre, et le reflet seulement sur une mare d’eau croupie.

Ceux sont les vicères des mauvaises gens qui doivent être guéries, pas l’image de leur malfaisance, car cette malfaisance est vicérale (je n’ai pas dit « volontaire », j’ai dit « vicérale »). Il faut lier indissociablement les idées aux vicères, à la peau, au système nerveux (autonome et central), aux muscles (aux os, je ne sais pas, mais il y a des maladies des os, aussi bien).

Comme si le mal pouvait être commué en bien ; comme si le mauvais pouvait un jour sentir bon, comme par magie, la magie du théâtre ; comme si le bien pouvait être sauvé du mal en restant assis à le regarder souffrir, être meurtri, battu, écrasé ; comme si le monde pouvait être sauvé par un seul et unique individu et se maintenir sain lorsqu’il est malade, c’est-à-dire incapable de se prendre en main et qu’il lui faut un seul et unique sauveur pour le dispenser d’agir par lui-même sur sa propre destinée ? Hein ? Comment peut-on imaginer supprimer des souffrances comme d’un coup de gomme sur un dessin qu’on aurait mal fait ?

Tout cela c’est du pipeau, de la poudre aux yeux. Tout cela ne correspond qu’à un souhait, un profond désir, certes, d’en finir avec la douleur, les avanies du quotidien, la malfaisance des voisins, la vilénie de la police, l’irrespect de son patron, l’humiliation de la bureaucratie, le délétère des relations familiales, qu’un souhait, qu’un désir que l’on tente de réaliser dans une image. D’ailleurs, généralement, la beauté des personnages qui incarnent cette image n’est pas plus belle, sinon qu’en image, que la réalité qu’ils tentent de dissimuler par leur jeu, leur rôle, la directive de la comédie ou du drame, par ailleurs écrites par un autre, aussi bien. Et ils sont tout autant psychotopiques.

Et on sort satisfait de l’affaire pour retourner dans un monde puant, bruyant, misérable, qui se déglingue comme une déstructuration vitale, dans lequel règne sans partage tous ce que ce cinéma de théâtre vous met sous les yeux, minoré d'une solution valable.

jeudi, 19 avril 2007

Perdu à la sortie du dédale

Au début, l’idée que le monde puit être fou ne m’avait jamais effleuré.

Puis, au fur et à mesure que je vivais, quelque chose me grattait l’esprit : « Mais qu’est-ce donc tout ceci ? » me disais-je.

Alors je suis parti en expédition, pour voir et essayer de comprendre de quoi tout ceci ressortissait. Vous le voyez bien : déjà à l’emploi que je fais des mots et à ceux que j'opte pour exprimer mon idée, tout cela ne vous est pas commun : il y a comme quelque chose d’étrange dans mes propos, quelque chose qu’on ne saisit pas très bien, comme un verre de vin de plus vous engourdit l’entendement alors que vous n’y êtes absolument pas disposé ; comme une musique que vous comprenez et que vous suivez allègrement et qui, tout à coup, vous propose des notes et des consonances qui vous échappent. Je suis de cette eau là, c’est ainsi que ce que j’écris apparaît à votre esprit, celui qui me lit.

Dans cette expédition, j’ai bien failli perdre mon âme : sûr que je n’en étais pas loin. Mais pour comprendre, il faut donner, et on ne donne qu’à « prix d’âme » (Héraclite) dans ce cas là, sinon c’est du pipeau, du travail universitaire ou bureaucrate ; de la paperasserie de toilette. À vrai dire, je ne sais, pas même aujourd’hui, ce qui a fait que je ne l’ai pas perdue. Qu’elle soit abîmée, certes, aucun doute là-dessus, mais que je ne l’ai pas perdue, cela même me paraît étrange... le vin, l’amour, l’étude, l’aventure elle-même, je ne sais. Et bien que j’en sois ressorti par bien des côtés meurtri, je puis affirmer que je ne me suis pas perdu dans cette quête que je m’étais donné d’atteindre : la bizarerie que je trouvais au monde. Il fallait seulement s’y adonner. Et parfois les pieds dans le caniveau... pour se les rafraîchir au petit matin quand le cantonnier à ouvert ses vannes !

J’ai perdu beaucoup, beaucoup, beaucoup. J’aurais pu être un bon mari, un bon papa, un bon père, un bon ouvrier ou chef d’équipe, une personne sur laquelle on aurait pu compter, professionnellement, affectivement, sexuellement. J’ai perdu car je ne suis rien de tout cela, rien. Pour cela, en soi, je suis déjà un cas : n’est-il pas ?

J’ai perdu une vie tranquille, à payer mes impôts, réguler les crédits ; j’aurais même pu m’attacher à consommer modérément, à choisir la voiture (cette automobile) la moins consommatrice d’énergie possible, même si elle n’aurait pas correspondu à mon standing (et là encore je me serais quand même fait remarqué !), etc., etc., etc.

Mais rien de tout cela : je n’aime tout simplement pas le travail : c’est une bonnne cutie pour toutes ces joyeuses activités. C’est d’ailleurs peut-être le travail qui a fait que je n’ai pas perdu mon âme. Non pas que je n’aime pas œuvrer, exécuter une tâche, loin de là : non, je n’aime pas travailler, je hais le travail, la besogne, le gnangnan insignifiant du quotidien et son cortège de soumissions. Oui, finalement, non pas mes amours ou mes escapades, non, mais ma haine du travail : c’est cela qui a préservé mon âme de la perdition.

À vrai dire, je suis assez content de cette longue expédition (environ 31 années) : j’ai atteint beaucoup plus que je ne présageais ou présentais. Et, si cela a été souvent très dur à vivre, je suis content de ce que j’ai acquis : je suis arrivé à une berge, une rive soyeuse, lumineuse, sereine où, hélas, je suis bien seul. J’ai été loin, loin, loin sans considération aucune des conséquences « autres » que celles que je voulais que je voulais atteindre : cela a peu d’importance face à l’importance de « ne pas se marcher sur les pieds », comme je dis, c’est à dire de se respecter, profondément.

Le hic de la folie de ce monde se situe précisément ici : le respect de soi et de l’autre. Payer quelqu’un un SMIC est un manque profond de respect vis-à-vis de soi, car le smicard n’a pas plus que soi de temps à vivre et encore moins d’une moindre manière. Et cette manière, bien sûr, est le travail obligatoire, sinon tu meurs, avec toutes les facéties qui entourent cette croyance en ce soi-disant indispensable, alors que la chose ne réside pas ailleurs que dans l’indolence des gens à se laisser maltraiter, malmener.

Et la folie du monde c’est l’utilisation de l’indolence, qui est purement animale comme l’animal provient du végétal, exploitée contre elle-même par des êtres qui s’imaginent que le travail est essentiellement manuel et que l’humain résiderait dans le fait d’être l'intellectuel qui valorise ce travail manuel, les pauvres branleurs insatisfaits ! Marx a écrit un chapitre du Capital qui s’intitule « Le caractère fétichiste de la marchandise », j’en propose une relecture : « le caractère fétichiste de la valeur », car c’est là que se situe la folie du monde, dans la valeur, cette image qui semble résoudre une relation humaine en la dégradant.

L’illusion c’est ne pas voir ce qui est, l’hallucination c’est voir ce qui n’est pas.

Mais cela aussi m’a beaucoup séparé du monde dans lequel je vis : les mots n’ont plus le même sens, les images les mêmes significations, la valeur la même valeur. Et je paye rudement ce lot par la solitude. En somme, à chercher la raison de la folie du monde (car il a bien fallu que je m’y fasse : ce monde est fou) je suis moi-même entré dans le monde la folie, puisque l’être social qu’est l’être humain, ne traverse plus son genre à travers moi ; et c’est bien triste. Vaine conquète, vains espoirs, vaine vie : il eut mieux fallu pour moi rentrer dans le moule, ne pas répondre à ce grattage de mon esprit, que de me retrouver en cet endroit de solitude, d’incompréhension et de désuétude.

Ça, hélas, c’est irréversible, tout comme la folie de ce monde.

Solitude

Allo ! ? Y'a quelqu'un ? !

Je me demandais si ce tag existait ; et s'il existe ce qui s'y passe.