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mercredi, 30 mai 2007

Bonheur de qui ?

Nous sommes dans une société qui abhorre le bonheur de la femme. Toute manifestation profonde de sa félicité doit être cachée, corrompue ou vilipendée. Jamais ne doit transparaître sur une vue quelconque d’image le fait que la femme puit ressentir du bonheur de vivre ; je dis bien « ressentir » car on peut lui permettre d’exprimer du bonheur mais loin de la profondeur qu’elle peut en sentir, en ressentir.

Dans les textes mêmes, la femme doit souffrir et principalement de son sexe, de sa spécificité sexuelle : celle qui donne à sa nature le fait de mettre au monde, après l’avoir en son sein fait croître, le nouveau-né humain. Elle se doit de souffrir du fait de cette spécificité. Or ceci est une pure facétie, une idiotie doloriférante inutile. Pourquoi inutile ? Parce que la femme, dans notre société doit souffrir d’être ce qu’elle est !

Ainsi, on ne la trouvera jamais dans les diverses expressions permises par notre société dans des moments de bonheur sinon que dans la maternité souffrante, dans l’épouse souffrante, dans l’indépendance sociale souffrante, dans ses relations au sexe complémentaire souffrante, en bref, en perpétuelle souffrance tempérée de temps à autre par quelques instants de « bonheur » qui paraissent alors comme une simple absence d’une souffrance.

La féminité est assez portée sur la collaboration : sa sexuation même porte à la collaboration, à cette corroboration de la recherche du mieux être pluriel, car en n’y demeurant seulement que sous l’aspect purement reproductif, elle a besoin de l’autre, fut-il mâle ou femelle, pour y aboutir sous ce seul aspect.

Mais aussi sous l’aspect de la satisfaction sexuelle, que l’on peut aisément montrer comme princeps à l’existence humaine et qui laisse au loin le simple fait de la reproduction de l’espèce qui n’en est, au final, qu’un accessoire planétaire, un aboutissant auxiliaire plaisant de la relation de couple.

La femme aime la collaboration, le fait de faire partie d’un tout, d’un ensemble auquel elle participe activement sans qu’il y soit principalement détectable une hiérarchie des rôles, sinon que dans l’accomplissement d’une œuvre collective, selon des compétences régulièrement réparties pour le plaisir de parvenir ensembles à la réalisation de l’ouvrage dévolu.

La hiérarchie des rôles, nécessaire à l’ouvrage, n’est pas une hiérarchie rigide ou rigidifiante, mais elle ne correspond, pour l’ouvrage en question, au plaisir de le faire aboutir, d’y participer. La rigidification du rôle y est temporelle, peut-être même éphémère (bien qu’essentiellement orgastique) : en rien perpétuel, un idéal de la rigidification, une rigidification dont on a perdu l’espoir d’un jour l’atteindre (par déception, essentiellement) reportée dans un au-delà.

Et chez la femme, dans ce cas beaucoup plus que chez l’homme, cette perte de l’espoir de la rigidification est ponctuellement basée sur celle de son compagnon qui en aurait alors perdu (par arithmétique amoureuse) l’attrait amoureux.

C’est pour cela que l’on perçoit plus souvent la femme dans une forme de reniement de la rigidification mâle, ou alors dans une forme d’excès ; et que la relation qu’en ressent le mâle humain se situe précisément dans la « montrance » de la certitude de cette rigidification… dont elle serait profiteuse, débitrice et rédibitrice.

Dans l’accomplissement de l’ouvrage, la femme se soutient l’une l’autre ; tandis que le mec impose son pétant de sérieux, d’individualisme, de travail. En fait, c’est l’humain mâle, l’homme, qui a inventé le travail de la femme, principalement dans son enfantement. L’inventeur du travail sous toutes ses formes est l’humain mâle, l’homme, le rigide des rigides qui doit montrer sa rigidité dans des circonstances qui n’en ont rien, absolument rien, à faire ou affaire.

Le travail est l’absurdité de l’humain mâle présomptueusement rigide introduite dans tous les aspects de la vie où il veut affirmer sa virilité, rigidité intemporellement inadéquate, du fait que cette rigidité est dissociée de son affectivité transfondante, de son opportunité relationnelle, intime et relationnellement amoureuse, et qu’ainsi elle corrompt le temps de la vie en se manifestant en dehors de toute adéquation collaborative.

Je suis sûr que le repentir et la pénitence sont des inventions mâles. Mes longues études sur le comportement humain à travers les âges et ses contes, ses lacunes et ses possibles, ses précisions et ses incertitudes, ses déesses et ses dieux, ses désirs inachevés et ses errances d’enfant aux formulations incomplètes, montrent que le genre humain n’en est qu’au balbutiement de sa propre reconnaissance, à son « maman-papa », à son « NON ! », troisième mot de son vocabulaire dans l’ordre de son apprentissage du langage, expression réflective de ce que le monde lui apprend et qu’il reproduit comme forme de bonheur à lui resté sou scette seule forme alors accessible.

Pourquoi ce repentir et cette pénitence sont-ils issus de l’esprit mâle de notre espèce humaine ? Parce que lui seul peut culpabiliser (se rendre honteux sans solution possible autre que la fustigation) de ne pas avoir atteint ce qu’il s’est donné comme but d’atteindre. Et ce but est l’accaparement du pouvoir à travers celui que lui confère la femme de satisfaction… tandis qu’il cherche à y correspondre uniquement dans le cadre de cette quête.

Je veux dire : le fait que l’humain mâle dû un jour penser atteindre le pouvoir et ne pas l’atteindre, a fait qu’il s’est fustigé tant mentalement que physiquement de n’y être pas parvenu, le con. Et pas parvenu à quoi ? Au pouvoir que la femme lui octroyait par la satisfaction de son contentement, le contentement de sa satisfaction aussi bien. Dès lors que la conquête de la femme est devenue la conquête d’un pouvoir (vous saisissez, je n’en doute pas, les variations du mot pouvoir dans ce contexte, fins d’esprits comme vous êtes, chers lecteurs et lectrices) l’humain mâle s’est donné la mort de ne pas pouvoir y parvenir, parvenir à la satisfaction, devenue objet d’obligation et non plus de collaboration, du pouvoir de la duoté, de la sexuation de tous les genres animaux qui peuplent cette planète unique et indispensable, solitaire et positive.

On sait bien, depuis que l’humain mâle domine la société humaine, que le diable est la femme, son comparse qui l’induit dans les pertes de l’amour qu’il ne reconnaît plus, ou ne sait plus reconnaître. L’enfer de perdition est une invention du patriarcat tout comme la désuétisation de la femme. Le vagin, dans lequel l’humain mâle ne peut que se perdre, devient sa propre perte du fait qu’il en prend conscience sans vouloir la perdre ; c’est à dire sans vouloir perdre la conscience qu’il a de lui-même dans la perte de soi, le con.

Le travail est le retour de cette perte de soi sur la forme du rentable : la perte doit devenir la source d’un « revenu » d’un retour sur soi (je ne rigole pas, cher lecteur, chère lectrice, même si c’est vraiment ridicule… mais la cuirasse caractérielle est la rigidification du ridicule, nous le savons bien !). Le fait que le sperme ait retrouvé une consomption dans l’acte de la reproduction de l’espèce humaine (qui s’est dès lors reproduite sans le frein de sa propre reconnaissance) se retrouve dans la notion de travail. On trouve dans la Bible, le livre aussi vieux que la prostitution, le fameux mot « tu gagneras ton pain à la sueur de ton front » qu’on retrouve ici et là, tout aussi bien dans d’autre société patriarcale, dominée par l’humain mâle.

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