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samedi, 26 août 2006

Bovo-Sarko-Ségo et leurs gens

Le danger patent à l’existence humaine se montre lorsque ni l’innovateur ni le prophète n’accepte de demeurer dans l’inactif ou de mourir isolé dans le silence. Le danger réel découle du succès du prophète. Voici les étapes de cette catastrophe sociale dans son ensemble :
1. La masse des humains inertes s’empare du grand espoir que provoque le nouveau message dispersé par le truchement de quelques petits grands hommes ;
2. Ces petits grands hommes ne sont pas aussi inertes que l’énorme troupeau humain. Ils sont vifs, enthousiastes, à l’écart du succès et du pouvoir, mais pas pour autant à l’écart du pouvoir sur les gens ;
3. Les prophètes, qui ont eu à condamner l’existence pécheresse et ont entrouverts des contrées nouvelles, maintiennent leurs promesses sans se rendre compte qu’ils créent les fondements d’une nouvelle puissance nocive qu’ils auraient été les premiers à condamner. À moins qu’ils n’aient atteint un haut degré d’abnégation et de sagacité qui, en l’éclairant de l’éblouissante lumière du jour, les met à même de discerner le fossé entre l’espoir humain et l’agissement humain, la catastrophe sociale sera aux limites de l’éclatement.
4. Les petits grands hommes se saisiront de la nouvelle idée. Ils deviendront bientôt ivres des potentialités qu’apporte la nouvelle vision. Ils n’auront ni le savoir-faire, ni la patience pour entrevoir le danger, ni le savoir requis pour prendre en main la nouvelle vision. La nouvelle vision les rendra inévitablement ivres de rêves de pouvoir : l’ivresse du pouvoir jusqu’à la dépendance. Ces petits grands hommes ne voudront pas le pouvoir pour lui-même : l’ivresse du pouvoir est le résultat, certes involontaire, mais encore inéluctable du mélange entre une grand vision et un petit savoir-faire. De cette manière, à partir de la vision magnifique d’une rédemption se crée un mal nouveau, et qui est pire. C’est cette transformation d’une vision en ivresse de pouvoir qui est entré sur la scène sociale, qui s’est développé au cours des âges et au fur et à mesure de l’accroissement du nombre de prophètes et du nombre des gens dans le grand troupeau. L’expectative humaine, la vision du prophète et le retournement de la vision en dépendance de l’ivresse du pouvoir chez les petits apôtres des grands prophètes forment le triptyque de la reproduction de la misère humaine.
(extrait de Le meurtre du Christ, chapitre 6, de Wilhelm Reich)

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