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lundi, 28 août 2006

Politique décortiquée

Avec les empereurs vinrent les colporteurs de liberté, et avec les grands organisateurs de la masse humaine naquirent les prostitués politiques, les Barrabas et la vermine chapardeuse des chevaliers de carnaval ; le Péché et le Crime contre la loi et les juges du Péché et du Crime, et les exécuteurs de leur jugement ; la suppression de la liberté invivable dans le piège et les Associations pour la Liberté Civique dans le piège. Au surplus, de ce bourbier crûrent de grands corps politiques nommés « partis », dont le dessein des uns comme des autres est de conserver ce qu’ils nomment le « statu quo » dans la trappe ; les bien-nommés « conservateurs » (depuis qu’ils ont essayé de préserver la loi et l’ordre qui a été établi pour empêcher que ne s’évade la vie de la trappe) ; et, s’y opposant, les ainsi-nommés « progressistes » qui se disputent, souffrent et meurent au gibet pour s’être faits les avocats de plus de liberté dans la trappe. Ici ou là, de tels progressistes ont conquis le pouvoir sur les conservateurs et ont commencé de mettre sur pied la « Liberté dans la Trappe ! » ou « DU PAIN ET DE LA LIBERTE dans la Trappe ! ». Mais, su qu’il n’y a personne qui puisse « donner » à l’étendue du troupeau humain du pain et de la liberté, puisqu’il doit œuvrer pour cela, les progressistes deviendront bientôt eux-mêmes des conservateurs, qui auront pour tâche de maintenir la loi et l’ordre, exactement de la même manière que s’y étaient auparavant employés leurs sempiternels ennemis, les conservateurs.
Plus tard, un nouveau parti fera son apparition qui pensera que la masse elle-même de l’humanité souffrante dans la trappe doit gouverner la Vie dans l’embûche, et non pas les prêtres, les rois ou les duces. Ils essayeront avec fougue de mettre la masse du peuple sur ses jambes et de la porter à l’action ; mais, mis à part quelques assassinats et la destruction de quelques maisons de riches dans la trappe, il adviendra peu de choses. L’ample masse de l’humanité répétera seulement ce qu’elle a entendu et vu par de-là les millénaires, et rien ne sera modifié ; seule la misère s’amplifiera lorsqu’un parti très ingénieux prendra forme pour promettre à l’humanité une « LIBERTÉ DU PEUPLE DANS LE PIÈGE » et provoquera l’enfer, ici et là, par l’utilisation de tous les slogans éculés et éphémères jadis utilisés par les rois, les duces et les tyrans. Au début, et jusqu’à ce que leurs vrais desseins soient mis à découvert, les partis de la liberté du peuple auront un franc succès. Leur slogan d’une liberté « POPULAIRE » dans le piège, en tant que distincte des autres libertés dans le piège, et l’usage des vieilles méthodes des anciens rois, fonctionneront correctement, puisque les leaders de ce parti proviendront eux-mêmes, comme petits colporteurs de liberté, du troupeau des humains capturés. Et lorsqu’ils auront obtenu un pouvoir sur une petite région du monde, ils seront abasourdis de constater combien il était facile de pousser quelques boutons pour voir la police, les armées, les diplomates, les juges, les académies scientifiques et les représentants des pouvoirs étrangers réagir en fonction de pressions et pesées brèves, ponctuelles, actionnées dans l’ordre adéquat, exécutées sur ces boutons. Les petits colporteurs de liberté étaient si friands de ce jeu de poussée-du-bouton-du-pouvoir qu’ils en oublièrent tout ce qui regardait « LA LIBERTE DU PEUPLE DANS LE PIEGE » et se réjouirent simplement d’eux-mêmes en poussant des boutons partout où ils le pouvaient, dans les palaces de ces vieux gouvernants qu’ils avaient auparavant assassinés. Ils désiraient seulement s’abreuver de pouvoir avec cette joie provenant de la pression exercée sur les boutons des tables des machines à pouvoir. Mais ils ne purent le faire longtemps et furent rapidement remplacés par de bons vieux décents pousseurs-de-boutons-du-pouvoir, les bons vieux conservateurs qui avaient encore gardé quelque décence et quelque maintien dans leur âme, une mémoire pâlissante des jours paradisiaques.
Le meurtre du Christ, de Wilhelm Reich, chapitre 1

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