lundi, 26 juillet 2010
la poésie et ses neuf filles
La poésie et ses neuf filles (la musique ou le charme des sons ; l’histoire ou la mémoire des faits, du vécu ; la géométrie ou l’espace et la reproduction picturale ; la géographie ou la science du voyage et des lieux ; le chant et la danse du chant ; la méditation comme préalable de l’amour du cœur et du corps ; la syntaxe ou la cohérence et le charme de l’éloquence ; l’humour ou la comédie et le tour d’esprit) : devant tant de charmes, l’humain se sent ridicule alors qu’il les détient de lui seul et l’angoisse qui étreint son âme et ses parties génitales transforme tous en bruits, en fascisme ou en communisme, en murs de prison et en clapier à pauvres, en territoires et en frontières, en danses lascives et en femmes nues, en philosophies ou en monodéismes, en langues bureaucratiques, juridiques et militaires, en drames seuls propres, à ce stade, à remuer ses entrailles. Il se dote, en images (dans le mot « image » comme dans le mot « imagination », il y a le mot « mage ») de pouvoirs qu’il n’a pas et peut en aucun cas avoir autrement qu’en vision dans d’autres têtes aussi pleines des mêmes images ou de leur correspondance complémentaire, pouvoir de sang qui coule à celle horrible du sang œstral, et cache derrière ces images la réalité du « pouvoir » qu’il a sur autrui, comme si ce qu’il détient de par sa nature ne lui suffisait du fait qu’il n’a jamais appris à s’en servir, à se servir de la poésie pour lien vital, lien social : il ne le peut guère, vu la puissance, le pouvoir de son angoisse, ce couvercle dont le tout petit trou laisse passer de temps à autre un ou deux vers, une chanson et un peintre à l’oreille coupée qui s’est retranché dans la folie pour n’avoir pas à vivre comme ses semblables. Le peu de poésie qu’il lui reste, il s’en sert pour vénérer quelque autre qui lui a évoqué ce qu’il ne peut atteindre et qui s’en veut le représentant temporelle ou éternel, pour octroyer une décoration ou une statue ou un hymne à quelque limite matérialisée avec « bonheur » ici toujours synonyme de malheur pour d’autres qui n’ont rien demandé et que l’on forcera par les coups au travail obligatoire. Ces derniers, loin de se révolter, chanteront alors des poésies passionnelles évoquant un temps passé et un autre, futur, sans doute assez semblable, détenteurs d’un bonheur qui n’a pourtant jamais existé. L’intelligence, sa pensée structurée, qui est un entendement du monde dans un temps donné, lui permet de réaliser certains de ses rêves qu’il a choisis à prix d’immenses erreurs conceptuelles et tragiques parmi d’autres, mais loin de s’en contenter, il lui faut en faire des montagnes, justement, des montagnes qui bouffent tout sur leur passage, emportant leur poésie initiale dans les poubelles puantes des pots d’échappement ou des gueules de ses usines, des culs de ses « réacteurs » chimiques d’enfer, poubelles où se trouvent la manipulation d’images, les discours politiques et la justice de classe.
21:43 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, politique
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