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vendredi, 22 juin 2007

Premièrement

Le scénario de Così fan tutti de W.A. Mozart, est intéressant : on y retrouve un schéma qui peut s’appliquer sur bon nombre d’événements de la vie quotidienne : relation parent-enfant, après apprentissage enfant-enfant et relation, bien sûr, adulte-adulte.

Il s’agit de cette histoire : un pervert veut prouver à deux prétentieux que la fiancée de chacun d’eux n’est pas si fidèle qu’ils le pensent. Ce pervert imagine une épreuve dont les fiancés eux-mêmes sont les acteurs : ce sera les fiancés qui soumettront à l’épreuve la constance de leur fiancée, à ceci près que l’un va aller à la fiancée de l’autre et inversement.

Ayant trouvé un prétexte d’absence, on les voit alors revenir sous un déguisement. Et chacun d’eux de travailler au corps la fiancée de l’autre pour qu’elle lui cède. Ici tous les moyens sont permis : chantage, mensonge, duperie, bassesse, villénie et le reste. Ils sont aidés en cela par la gouvernante même de nos jeunes filles.

L’une cède. Ha ! la faiblesse féminine ; et le fiancé qui l’a séduite de pérorer devant l’autre comme un paon. Le fiancé lésé qui est un des maîtres du jeu qu’ils ont tous deux instigué à la requête d’un pervert (ils sont de fait devenus eux-mêmes pervers avec pour base l’honneur, la tenue d’une parole, etc.) se met alors à conspuer son infidèle fiancée, à se donner une autorité sur sa vie jusqu’à vouloir sa mort.

Et ce fiancé lésé entreprend de pervertir à son tour la fiancée de l’autre pour qu’elle lui cède, qu’elle se donne à lui : qu’il mette sa pine dans son con, soyons clair, car le but de ce jeu dérisoire est bien celui-là : éviter le viol par le don d’elle ; c’est plus civilisé.

À son tour, le prétentieux trahi de vilipender cette femme qui a souffert les affres de l’indécision, de l’injustice, du désir, de l’eau du baiser, des caresses chatoyantes du fait du jeu même qu’il a institué pour se prouver à lui-même qu’il ne peut en être autrement que selon ses vues perverses ; alors qu’elle aurait dû restée de glace, comme une morte, en somme, dont lui seul aurait le droit de lui donner à vivre la pulsation de la vie. Si l’honnêteté avait guidé sa pensée, il aurait tout de suite refuser de mettre à l’épreuve ce qui ne prouvera rien du tout, sinon que son propre malheur et celui dont il se dit si cher.

Ce schéma donc (aiguillonner le mal pour en reporter ensuite l’origine sur une autre personne une fois que ce « mal » éveillé eut donné un résultat pire que celui auquel on s’attendait) est visible partout et à tout moment. La mère qui, le frère ou la sœur qui, le père qui, le mari ou l’épouse qui. Cela se passe comme si cela ne pouvait pas ne pas se passer, par une sorte d’obligation (peut-être un mauvais traitement au problème de l’ennui, à celui de la morale ? Je ne sais) d’exécution à travers laquelle tout doit passer, sous le joug bêtasse de qui tout doit trouver soumission et blessure, un malheur en somme inévitable bien que pertinemment construit pour trouver son effectivité.

Et cela tient sur la déresponsabilisation de soi des événéments que l’on provoque soi : c’est se défaire soi de la responsabilité que ce que l’on a provoqué soi. La tournure n’est pas si évidente à saisir parce que l’énergie saillante se manifeste dans la catastrophe alors qu’elle se charge dans la mise en place de cette catastrophe, en amont du temps. Et un regard aiguisé perçoit très vite le changement du sain en sanie qui amplifie son écoulement, et tentera aussi vite d’en faire cesser le débit par une démonstration prospective de ce qui va advenir.

Cependant, ce regard se demande aussi si la manière dont se déroulent les choses n’est pas comme une source de plaisir (celui de se rouler dans la fange du malheur ?) car même le cas d’une démonstration pertinente de ce qui va inévitablement advenir des prémices qui se passent devant nos yeux, l’animal humain en rajoute, comme s’il voulait absolument que la catastrophe montre ses malheurs réellement. C’est le plus étonnant.

Comme s’il voulait avoir une raison de pleurer, non pas de bonheur, mais de malheur... d’une manière indispensable ! D’ailleurs, vu la difficulté qu’il a de comprendre ce scéma qui pourtant lui est montré, démontré et souligné de mille manières dans ses romans, films et pièces de théâtre, il est peu capable de construire son bonheur, par lui-même, qui ne consiste tout simplement qu’à s’éviter des malheurs, premièrement.

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