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vendredi, 13 avril 2007

Division solidaire

Que fais-je sur cette terre à souffrir de solitude ? Hein ? Dites-le-moi ! Qu’y fais-je ? C’est ridicule. Mon sens de l’entendement ne peut l’admettre et il faut pourtant que je m’y fasse puisque j’y nage, je m’y noie, qu’elle me submerge.

Mon âme erre d’île en île, s’y échoue, restant à elle-même son propre esquif pour n’avoir pas su un jour posséder l’ancre à mettre au bout de son orin. Ô cet orin est long : il me permet d’errer d’île en île, et parfois me sert d’ancre flottante lorsque, pris dans la tempête quand je traverse une contrée déserte plus large qu’une autre, je le laisse traîner dans l’eau, espérant qu’il s’accroche, comme par miracle, à quelque algue, rocher, entortillon qui se trouverait là opportunément dans ces eaux acariâtres.

C’est cette errance qui me fait dire que je n’aurais pas dû avoir le don de l’existence, don que je n’ai demandé à personne et qu’on m’a refourgué comme du vin dans un verre d’eau. D’ailleurs je suis ridicule d’en parler, et surtout à ma manière.

Le plus ridicule que je trouve, pardonnez-moi, dans cette existence, est d’être doté d’érogénéité et pas seulement sur la surface du corps, ou dans les profondeurs de mon cœur, mais aussi dans ma pensée, ce qu’on appelle « l’esprit » et c’est le plus pénible de tous, finalement, car on ne sait quoi faire de ce genre chose, alors qu’avec une bite on peut, au moins, avec un peu d’attention adéquate et sensible, se masturber.

De plus je suis pourvu comme d’une tare assez lourde à porter : je déteste le travail ; mais je suis, par contre, extrêmement intéressé par le processus de la transformation de la vie, de l’environnement, de l’idée même de la transformation, quitte parfois à mettre la main à la pâte car ce phénomène étrange qu’est la transformation désirée, subie ou dévolue, présente à mes sens comme une jouissance exquise, délicate et parfumée qu’aucun travail ne saurait me procurer. Je ne « travaille », en somme, que dans l’unique but de saisir cette transformation qui s’exécute à travers mon action sur le monde (pétrir du pain, peindre un mur, élaborer un projet et traverser les péripéties qui le mènent jusqu’à cette réalisation qui diffère toujours notamment de l’idée initiale qu’on en avait) qui, transportée par mon enthousiasme (ou le sien !) ne se sent plus d’ailes pour arriver à son accomplissement.

En amour, il en est de même : je rencontre, heureusement et hélas à la fois (mais sur le moment je n’en ai cure, bien sûr !) la compagne d’un moment qui participe à cette transformation, comme moi à la sienne sans doute, du temps qui passe avec cet avantage somptueux de l’amour, souvent des corps et parfois des âmes, ce qui est assez particulièrement délicieux. Et aussi très productif ! Car alors, le mien, d’enthousiasme, s’envole franchement vers ses idées, sans plus cette timidité, cette pudeur ou cette crainte d’y parvenir et de n’en devoir jouir que seul (pudeur, dis-je) car le partage, finalement, depuis que l’humain est l’humain, à la différence des autres animaux (sinon que quelques autres primates) est notre lot à tous et qu’il est bon de lui donner forme concrète, parfois !

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