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lundi, 05 février 2007

Au commencement était...

Au commencement était la respiration.

Le massage de l’impalpable était le monde, et ce monde allait dans un vaste mouvement de va-et-vient. La respiration était partout sans être précisément, car le monde n’avait pas de limite et la respiration n’avait de cesse d’exister, de passer, d’être là : elle était partout, il n’y avait qu’elle et personne n’était là pour la voir, car elle était unique ; il n’y avait qu’elle seule et elle ne pouvant se constater elle-même, elle n’existait pas tout en étant l’existence.

Au tout commencement était la respiration. Elle ne brassait pas « rien », elle se brassait elle-même : elle respirait. La respiration respirait parfois en mouvements amples et puissants passant comme un vent chaud et tenace ; parfois elle haletait en toutes petites goulées, comme pour voir si on est bien encore là pour la ressentir.

La respiration respirait comme une respiration et rien ne l’arrêtait : elle courrait son cours dans sa plénitude et son mouvement changeant et nul n’était là pour le constater, l’arrêter, le diminuer ou l’augmenter : la respiration était le monde, son volume et sa matière, son alternance et son unité, ce qui était et ce qui n’était pas à la fois, car même ce qui n’était pas respirait, s’enflait et se dégonflait, s’amplifiait et se vidait, se gonflait et se ridait.

La respiration était la limite entre le gonflé et de détendu tout en étant l’ensemble de ces trois éléments, comme indissociables : la limite et les deux bords sans qu’aucun de ces trois éléments ne put un jour, une fois, même à un moment précis, recevoir de détermination. La respiration était le commencement, l’intérieur et l’extérieur, l’esprit et la matière du monde, le nom du monde et sa substance.

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