Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 26 mars 2006

Le ciel sous terre 1/2

A quelqu'un qui n'est pas respecté, quand il se sent provoqué à nouveau, il reste trois solutions : la soumission, l'indifférence ou la violence.

Les journalistes protestent, eux aussi, mais d’être maltraités par les casseurs, et s’en offusquent. On ne fait que notre métier, finalement, laissez-nous travailler, que diable ! C’est vrai que ces journalistes ne s’offusquent en aucun cas de la maltraitance qu’ils font de ce que peuvent dire et disent ces casseurs, et ne comprennent pas, eux qui ne font que leur métier, que respecter ceux qui vous ne respectent pas c'est ne pas vous respecter. A moins d'être un moraliste (et on connait la résistance de la morale aux cailloux) maltraiter du journaliste semble, honnêtement, respectable lorsqu'on ne connait ni la soumission ni l'indifférence, pour avoir eu trop l'occasion de connaître l'une et d'être fatigué d'user de l'autre, donc, sinon que pour un faux-cul toujours du côté du pouvoir, avec un micro, une caméra, des articles de journaux.

Le journaliste n’est pas seulement un prêtre du pouvoir pour le plaisr d'être du côté du plus fort… enfin de qui a un pouvoir, mais principalement parce qu’il est absolument ignare de ce que peut être la vie pour ne l’avoir jamais vécue que derrière ce micro, cette plume ou cette prise de vue, devant les autres. On le constate à ce sur quoi il s’étonne, à cette manière de se rendre compte de certains aspects de la vie, lorsqu’ils lui sont portés à la connaissance.

Dans le monde journalistique, ce qui est évident sera interdit de certitude : la bouffe y est un simple composé commercial étiquetable, la pollution nucléaire y est une aberration d’illuminés, la prison y est une sorte de purgatoire thérapeutique, une révolte en acte le fait d’une horde sauvage, la liberté une licence bureaucratique, les médecins-mécaniciens-organiques comprendraient tout de la vie qui bouge ou qui ne bouge pas ou plus, la police se voit dotée des plumes de l’ange Gabriel qui, on le sait, a les plumes un peu dures, et les politiques sont des êtres compétents prêts à tout pour vous satisfaire, vous qui ne demandez pourtant pas grand-chose.

Il discute de la misère, des conflits sociaux, de l’amour, mais n’en sait rien, ni de leurs aspects sociaux, ni de leurs aspects physiques, ni de leurs aspects psychiques, affectifs ; ni des relations que ces trois aspects de la vie saucissonnée entretiennent entre eux.

Ce qui l’intéresse c’est les paillettes, les couleurs, les variances, ce qu’il considère comme des extravagances, mais même ici comme seules curiosités, jamais comme profonde réalité. Ce ne sont pas les choses qui ont une signification pour lui, mais ce qu’il peut en penser et comme ignare il pense à côté, à la mesure de son ignorance, celle du côté du pouvoir.

À la différence de son copain le politique qui détient un petit sens historique, le journaliste voit venir à lui les choses dépourvues d’histoire, toujours nues, comme est racontée la venue au monde du premier couple humain, cette seule fois là dépourvu de nombril, dans un livre aussi vieux que la prostitution.

Les commentaires sont fermés.