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jeudi, 03 juin 2010

Et en parlant de liberté…

« Aux Français, j’explique le logiciel libre en trois mots qui devraient leur être familiers : liberté, égalité, fraternité.
- Liberté, parce que chaque utilisateur est libre de l’usage qu’il veut faire du programme.
- Égalité, parce que le logiciel libre ne confère à personne de pouvoir sur personne.
- Fraternité, parce que les utilisateurs peuvent s’entraider, en partageant des copies et en développant en collaboration leurs versions.

« Il va sans dire qu’aujourd’hui, vue l’omniprésence de l’informatique dans la vie, la fraternité en informatique ne se limite plus aux seuls logiciels. Partager des copies des œuvres publiées est une pratique commune, fort utile. Cette pratique ne doit souffrir aucune entrave.

« Or, dans le monde, les États qui sont dominés par l’empire des entreprises mènent une guerre contre la pratique du partage, au point d’en faire paraître la simple notion comme aberrante, antinaturelle, voire barbare. Ils l’appellent « piraterie » comme si partager équivalait moralement à attaquer et piller un navire. Cette guerre est orchestrée par l’industrie du divertissement.

« Avec la loi HADOPI, la France en est la victime emblématique.

« Avec cette loi, je crois que l’actuel gouvernement français porte atteinte du même coup aux trois valeurs de liberté, d’égalité, et de fraternité.
- Liberté, parce que cette loi institutionnalise la chasse à ceux qui osent partager.
- Égalité, parce que cette loi n’octroie qu’à quelques organisations privées le pouvoir exclusif de la dénonciation.
- Fraternité, parce que son but est d’écraser l’entraide qui lie les citoyens.

« L’aspect qui révèle le plus clairement la nature tyrannique de la loi HADOPI est qu’elle cherche à imposer à chaque Français le rôle de soldat d’une guerre contre les autres : celui qui ne « sécurise » pas son réseau, c’est-à-dire, qui n’aide pas les maîtres à maintenir leur joug sur les autres, risque d’être puni pour être resté neutre.

« Cette pratique de « responsabilisation collective » est le recours classique des gouvernements injustes dont le but est d’exploiter leurs sujets.

« Défier la responsabilisation collective pour protéger les concitoyens contre l’empire est le premier pas naturel de la résistance. J’ai l’ardent espoir que les citoyens français sortent vainqueurs de la bataille qui les oppose aux entreprises impérialistes qui ont exigé l’HADOPI, et qu’ils résistent aux politiciens serviles qui, sous leurs ordres, l’ont imposée.

« Il faut en finir avec cette loi et son premier essai, DADVSI, mais aussi avec toute loi qui interdit aux gens de partager entre eux les copies d’une œuvre publiée. »

Richard Stallman dans Richard Stallman et la révolution du logiciel libre, page 274-275, de R. Stallman, S. Williams et C. Masutti, janvier 2010, éditions Eyrolles, Paris.