Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 11 décembre 2008

11 novembre 2008

L'ami,

Te rends-tu compte du désordre en trance
Qui règne dans notre beau pays de France :
La liberté s’enfuit, tout se débine
Car derrière elle, courent les sombres combines.

Des bruits de bottes surgissent avant l’aurore,
Boursculent l’enfant blotti qui dort encore,
Et tu te retrouves mains et pieds liés
À devoir obéir aux ordres, l’arme sous le nez.

Ils fouillent partout pour trouver quoi ?
Pour prouver les horreurs qu’ils pensent de toi !
La moiteur de leur peur qui les pourchasse
Va sur toi leur honte jeter, ouais, à ta face.

T’amener ils vont loin de tes tiens, perdu,
Te mettre à l’ombre sombre ou à la lumière crue,
T’accuser d’images et de méfaits, défait,
Décortiquées, compliquées, t’en faire porter le faît.

Ils scrupteront ton passé le plus vert intime,
Regarderont tes fautes les plus grises infimes,
Les mea cumpta que tu as refusés d'énoncé
Pour ne pas te soumettre à ce que tu crois de plus éhonté.

Ils vont trouver des broutilles, des bagatelles,
Afin d’échafauder leur échafaud, se mettre en selle,
Et te tenir, comme ils disent, à soutenir ta peine
Pour avoir osé désobéir à leur pensée si vaine.

Et c’est en vain que tu iras te débattre,
Te justifier de ces vieux liens au goût saumâtre,
Que tu as oublié dans les oubliettes de ton histoire
Pour garder au clair le plus clair de ton espoir.

Qu’ils n’en trouvent pas en adjuvante suffisance,
De ces « preuves » qui feraient leur assise aisance,
Ils en découvriront, par terre, pour aussi tangible et logique
Qu’un homme de promesse en campagne politique.

Te voilà donc dans de bien mauvais draps bien froids,
Affamé, assoifé, sans tendresse, face à ces murs roids,
Sans lacets aux souliers, sans ceinture au froc,
À digérer leur bêtise, leur bavure, leurs crocs.

Mais saches que tu n’es pas seul, esseulé
Seul et perdu dans ce marrasme désolé,
Car la solidarité qui unie les corps
Te chauffe de sa chaleur encore le corps.

C’est pourquoi rape ce triste couplet de décembre
Où on a vu la liberté bien bas descendre,
Nous qui croyions la justice protectrice et sincère,
Elle demeure une piètre chose que le politique lacère.

Ne te pense donc pas trop esseulé dans ta geôle
Toi qui fut arrêté et que ma pensée frôle
Ne te pense donc pas seul, car tu ne l’es pas :
Pense que nous sommes plusieurs et peut-être plus, sur tes pas !

N’oublie pas que cette mesquinerie pleutre et acerbe
Peut s’instiller à la manière incidieuse d’un mauvais verbe
Dans nos cœurs fragiles, vierges et malhabiles
Qu’à leur rang ils veulent rendre absolument débiles.

Les commentaires sont fermés.