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dimanche, 12 novembre 2006

Les dieux sont toujours ce qu’ils étaient, à quelque chose près !

Dieu est un enfantillage passé à l’âge adulte. La notion de dieu a une base véritable, pourtant, bien matérielle, affective, biopsychique, elle a une bonté. Les dieux créateurs de l’enfant sont ses parents, bien sûr. Ce sont ses parents qui l’ont véritablement créé, ce sont eux qui l’ont pourvu en tout ce qui permet de rester en vie, ce sont eux qui ont créé le monde dans lequel il est né, ou tout au moins qui ont entretenu celui qu’ils ont reçu de leurs propres parents, c’est la mère qui a donné les premiers mots intra-utérins, les toutes premières émotions (mis en mouvement, mise en vie), c’est des parents que l’on reçoit sa manière de s’adapter au monde par le choix de la nourriture, de l’environnement, de la langue et même de la position sociale.

Le sacrifice aux dieux de sa personne, c’est à dire la fusion de sa personne avec le dieu, correspond à ce don de soi dans la bonté du dieu, car la dissociation de sa personne (« dé-fusion », l’individualisation) correspond exactement, dans cet entendement enfantin du monde, à la perte du monde, de tout ce dont ses parents pourvoient, au présent. Ainsi, la valeur de sa propre vie n’ayant pour référence que ce qu’apporte le dieu, qui est pour soi une réalité, trouve son importance dans un retour fusionnel au dieu, une perpétuelle tentative de s’y refondre, car c’est de l’époque de sa prime enfance dont on a gardé ce délicieux souvenir de la félicité dont vous octroie vos dieux, vos parents, à laquelle on se réfère qualitativement. Quelque soit ce que l’on a vécu à ce moment là, ce sera toujours la référence de la bonté du dieu : malheur, douleur, plaisir, joie : nous avons gardé de cette époque la base du bonheur, le fondement de la félicité, le roc de notre manière de jouir du monde, les réponses (positives ou négatives, à l’époque de l’être, cela n’a pas d’importance : c’est) de son adpatation au monde.

Exemple simple : on dit d’une personne dotée d’une belle éloquence qu’elle parle comme un dieu, et à l’époque historique grecque ou latine particulièrement, elle était considérée comme un dieu, comme possédée par un dieu, comme contactée par un dieu et contact d’un dieu (c’est à dire que l’on avait l’opportunité d’avoir devant soi un dieu qui parle) du simple fait de pouvoir énoncer correctement (concordance des temps, des lieux et des actions) une, ou des idées que d’autres attendre de trouver leur formulation : comme on attendait nourriture ou caresses de nos parents lorsqu’on en avait faim. Prendre pour pain béni les paroles des Évangiles ou du Coran, ou un chanteur à la mode, c’est rester en contact fusionnel avec les dieux, avec cette réminiscence que l’on a de la félicité « à condition » (si tu fais ceci tu auras cela, si ne tu veux avoir cela, fais comme ceci), c’est se dispenser à compte (un, deux, trois, quatre, ...) de l’angoisse existentielle qui émerge tout autant de cette période fusionnelle de la prime enfance que les dieux (les parents, ou le père, ou la mère) ont su prolonger par éducation bien plus tardivement que nécessaire.

Car cette période fusionnelle est, bien sûr, un passage obligé du fait de l’entendement que l’on ne peut alors qu’avoir du monde (selon sa condition de totale dépendance – et elle n’est que joie ! – envers les dieux) tant que l’on n’accède pas à une indépendance de compréhension de ce monde auquel on est en train d’accéder, soi. Dans les conditions du contact fusionnel avec un dieu, la mort elle-même a peu d’importance, puisque l’on rentre en fusion, par la mort, avec ce dieu de la mort. Les jeux du cirque romain ne correspondaient qu’à entrer en contact avec le dieu de la mort qui avait autant de consistance pour certains d’entre nous que l’autorité de la police, d’un homme politique, qu’un footballeur, qu’une star de cinéma. C’est une charge affective qui donne consistance à un ou des dieux, rien d’autre. Et la genèse de cette charge se trouve dans la prime enfance : le dieu est une tentative de résolution du problème fusionnel de la personne d’avec sa prime enfance, d’avec ses parents. La personne habitée par un ou des dieux ne peut pas comprendre qu’on ne puit pas l’être !

Mais finalement, que nous présente notre société, qui pourvoit en tout à nos vies : nourriture, air, confort, bonté, amour ... ou leur contraire ? Car elle ne nous présente que des actions de dieux : exempts de lois, d’honnêteté, de bienveillance et même d’usage de l’intelligence ? À la télé (je n’ai pas de télé, j’en aperçois le contenu ici ou là, au hasard du temps) il ne nous est présenté que des dieux, c’est à dire des personnes avec lesquelles on a un contact fusionnel, auxquelles on s’identifie, dont on voit – et admet ! ― des actions extraordinaires, totalement détachées de la réalité, du possible.

L’être humain est un être d’image : sa particularité naturelle (pourvue par la nature, la vie qui passe son cours sur un lieu particulier : la planète) est de se transmettre des images : mots (images verbales), images proprement dites (images, sculptures, symboles) : il ne vit que par l’intermédiaire, l’usage d’images, et il a besoin d’objets pour matérialiser, fixer ces images qui lui sont, finalement, une assez grande source d’angoisse. (Je me demande parfois si ce n’est pas une erreur de la nature, d’ailleurs, au vu du résultat : elle s’essaye toujours dans ce genre de chose, cela fait partie de sa vie). Néanmoins, les gens, n’ayant pas saisi la « teneur » de ces images, persistent dans une perception paresseuse du monde, je veux dire infantile : l’enfance dans l’âge adulte.

L’humain s’est donné la possibilité d’une compréhension de lui-même, de se détacher de l’infantilisation de sa condition infantile, par la technique... que l’on a devant nos yeux. Cependant, son infantilisation, sa perpétuelle recherche de la fusion avec les dieux, le laisse dans son stade infantile et tous les moyens qu’il a extrait de la technique ne nous donne à voir, penser, réfléchir, constater, comprendre notre monde que pour corroborer cette infantilisation : on voit simultanément sur des milliers d’écrans des personnes se disputer un ballon, par exemple, ou des femmes à demi-nues, qui vous sourient béatement en restant totalement immobiles, comme des meubles. Parfois quelques bannières passent de-ci de-là pour énoncer quelques idées que ce monde a de lui-même et comment il compte le rester, malgré toute une série importante de conséquences délétères : la pub. Et les dieux eux-mêmes ont le sourire cynique du salarié fier de sa feuille de paye dont il voit le montant s’accroître à mesure de son pouvoir, et de son usage, de séduction fusionnel.

Et les gens gobent ces effets de dieux pour les adorer : ces gens sont malades, affectivement et cette maladie est leur dépendance à une quémande de fusion d’avec les dieux. Tout ce qu’il font, comme ensemble des dieux et des adorateurs, est d’oublier qu’ils sont malades car il bien plus facile de rester afffectivement fusionnel que de se prendre en main. La société empêche même cette prise d’indépendance qui aurait dû se situer dans l’enfance, précisément dans l’enfance, dans la prime, et déjà lointaine, enfance.

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