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dimanche, 13 juin 2010

Le Temps du pétrole

Depuis un peu plus d’une soixantaine d’années, cette société vit sur le pétrole : propulsion d’engins automoteurs, intrants agricoles (engrais, pesticides, fongicides, etc.), textiles, pharmacie qui traite des maladies induites par son usage, recherches « scientifiques », moyens de communication, mode de pensée.

On a vu déjà plusieurs autres civilisation qui nous ont précédé tomber en décrépitude pour n’avoir utiliser et épuiser qu’un seul aspect de la nature et voulu fonder leur pérennité chacune sur ce seul usage, cette seule idéologie. La nôtre, ce sera par EXCÈS qu’elle mourra et nous avec. Ses espoirs sont fondés sur ce pétrole, accessoirement sur d’autres formes exploitables de la Vie de la nature qui nous englobe, mais sans PLUS, c’est-à-dire, sans soumettre à une critique radicale l’EXCÈS de l’usage du pétrole.

De ce pétrole, sous des formes diverses, on en "découvre" partout : dans le lait maternel, comme dans la graisse des porcidés (qui sont les seuls animaux, par ailleurs, à pouvoir être mangés non-halals), sous formes de particules dans l’air et dans l’eau des océans, TOUT est bouffé par ce pétrole, TOUT ; nos vies mêmes, jusque nos rêves et nos amours.

Ce soir, ou demain matin, chacun de nous ira au turbin, en voiture à pétrole, pour faire quoi ?

C’est la question de ce Temps du pétrole : pour faire quoi ? Il suffit de voir les résultats de ce turbin : ils sont LÀ, sous nos yeux, dans notre nourriture emballée avec soin dans un produit du pétrole que quelques uns d’entre nous s’occupent, dans le caca-cola que d’autres embouteillent, le vin que certains traitent aux produits issus du pétrole, dans le mode d’élevage de nos animaux domestiques emparqués dans des cages de plastique aux propriétés de plus en plus « performantes ». Notre surnombre même implique l’usage du pétrole, car sinon, ce serait la disette pour tous les plus riches des pauvres.

C’est la question de ce Temps du pétrole : pour faire quoi ? Nous naissons avec le loisir de vivre, nous en faisons une charge, quotidiennement et sans relâche. Nous TRAVAILLONS à cette charge, quotidiennement, chacun dans notre coin, individuellement, bien emparqués dans des syndicats chacun dans son coin et la politique démocratique, devant SA télévision, dans son coin, dans SA maladie, dans son coin, SA famille, SA communauté...

Ce monde de pétrole a créé un monde de solitudes : paysan seul dans son tracteur durant SON travail dans ses champs de centaines d'hectares à lui tout seul, résidence dans des embouteillages durant des heures avec SA radio, sa branlette devant son ordinateur dans son coin, ou faire SA queue obligée aux caisses des magasins supers.

De cette vie, nous avons fait une charge de solitude, un monde de séparés et on en voit le résultat. Cessons de travailler que diable ! Ce ne sont pas les syndicats qui ont fait augmenter les salaires d’Apple en Chine, ce sont les suicidés, le scandale de ces suicides alors que ces salaires ont acheté la poursuite de cette société, la poursuite du surplus, de l’excès de l’inutile. Ce que nous possédons ici et maintenant est LARGEMENT suffisant pour vivre. Cessons de produire ! Cessons de bosser !

Pour moi, BP n'est qu'un outil, un instrument des gens qui usent et utilisent le pétrole. Bien sûr, les gens sont bernés pas les pubs et etc. de BP et du reste. Mais ce sont EUX, les gens, qui sont les responsables.

La question est de savoir pourquoi ils ne s'en rendent pas compte, pourquoi ils ne se rendent pas compte que ce sont eux qui font le monde, qu'ils en sont les « petites mains », que ce sont eux les « petites mains » de la fabrication du monde. Que les grands soient grands, cela n'est dû qu'à ce que les petits les adulent ou adulent leur mode de vie et l'adoptent ! en rêve que des écrans tentent en suffisance de « matérialiser » ou de structurer selon les désidératas de ceux qui les induisent par leur publicité, la publicité de CE monde.

C'est triste. On en voit le résultat. Le sauveur des gens c'est les gens eux-mêmes : tant qu'ils croiront en un sauveur, ils seront les mêmes qui ont produit CE monde qu'ils produisent.

Immensément très peu de gens, trop peu de gens posent cette simple question : pourquoi les gens font-ils ces conneries, tant des grands que les petites gens. Quel système régit cette bêtise qui produit CE monde, le monde dans lequel ils vivent et qu'ils reproduisent en pire. Quelle est cette « fatalité » qui les rend si inertes, gobeurs de phrases creuses,  pisseurs d'acide et chieurs de poisons. S'ils ne mangeaient pas ce qu'ils mangent - nul n'est obligé de manger ce qu'il trouve sur le marché de la marchandise spectaculaire - ils ne rejetteraient pas de si grosses insanités à la fois intellectuelles et à la fois matérielles à la face du monde, de LEUR monde, unique et limité.

Il y a une jeune fille qui a été écrasée par un bulldozer, en Palestine : quel est le conducteur de cet engin qui lui est passé sur le corps, quel respect cette personne a-t-elle de l'autre pour obéir à un ordre qui lui commande de tuer cette jeune femme avec un bulldozer ? Qu'est-ce qu'il y a dans la tête d'un flic qui tabasse un manifestant qui s'exprime contre la misère qu'on lui veut faire vivre et qu'il refuse ? Personne ne pose cette question et personne ne veut en entendre une réponse.

C'est trop profond. Mais tant qu'on n'osera pas s'atteler à ce problème de l'inertie des gens, le monde sera le même : police, gouvernement autoritaire, organisation sociale tournée autour du travail obligatoire et du salariat, exploitation de la femme et de l'enfant, misère sociale, familliarisme et communautarisme, justice à l'avenant et catastrophes *humaines* ridicules essentiellement pour due à de la *mesquinerie*. L'humain, si doué, si adaptable, si universel est un abime de mesquinerie, une absence de lui-même dans la mesquinerie.

Sur une même période de temps, au IXXème siècle, nous avons eu trois personnes qui ont bouleversé la compréhension du monde et de son explication : Karl Marx, Sigmund Freud et une troisième, quasi inconnu, qui a démontré que l'œuf embryonnaire est la fusion des gamètes mâle et femelle et non pas un petit bébé que le père déposait dans le giron de la mère : Oscar Hertwig, en 1876, alors qu'il travaillait sur les œufs d'oursins. Et il y a eu une synthèse de ces trois pensées (réalité de l'activité humaine sociale, teneur des relations affectives et dénégation biologique du patriarcat) 40 ans plus tard (deux générations) en la personne de Wilhelm Reich qui a posé la question simple : « Pourquoi les gens ne se révoltent-ils pas contre la misère qu'ils créent eux-mêmes ». D'avoir tenté d'apporter une réponse, il est mort en prison.

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